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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 17:30
Nous avons essayé jusqu'à présent de montrer en quoi le fonctionnement économique du web pouvait à la fois ressembler à des logiques déjà connues mais qu'il s'en distinguait par ses spécificités (pour aller vite, ce sont celles des réseaux sociaux).




Aujourd'hui, essayons de cerner les enjeux liés à deux problèmes de régulation marchande posés par le fonctionnement du web 2.0. Dans ce billet, c'est la question de la propriété intellectuelle qui sera envisagée.






Lawson Wood  bribery



Le fonds de commerce des opérateurs du web est constitué par les contenus informationnels fournis par les utilisateurs eux-mêmes.
Or, dans la grande majorité des cas, ces biens de contenus font l'objet d'une protection (celle du droit d'auteur).
Autrement dit, pour les diffuser, il faut au préalable demander l'accord des auteurs.

Quel est l'enjeu ? Comme souvent, il s'agit d'un problème de partage des richesses.

Mais ce qui complique un peu les choses, c'est la nature des biens échangés.

Prenons l'exemple de You Tube. Ce n'est pas ce site qui produit directement les biens de contenus violant les droits d'auteur (mais les utilisateurs qui mettent en ligne les vidéos illicites).

Cependant la responsabilité de You Tube n'est pas nulle: en effet, la stratégie commerciale de cette entreprise repose sur une intense circulation des biens de contenus qui lui permet de justifier ces tarifs publicitaires auprès des annonceurs (je ne sais pas si vous avez remarqué l'inflation publicitaire sur Dailymotion, le concurrent de You Tube).

On avait déjà rencontré ce cas de figure avec l'entreprise eBay. Le site de ventes en ligne doit son succès en partie au fait qu'on "trouve de tout chez eBay"...même des contrefaçons !
L'entreprise se défendait en mettant en avant le fait qu'elle se contentait de mettre en contact acheteurs et vendeurs.
Cependant l'intérêt d'eBay n'est pas que la contre-façon se multiplie, c'est pourquoi l'entreprise essaye de rechercher une collaboration avec les grandes marques de luxe . Les marques les plus contrefaites rechignent à cette collaboration - il y a quelques semaines, elles ont même réussi à faire condamner eBay
. On comprend aussi pourquoi: elles voient une partie de leurs produits se vendre sur eBay, ce qui représente pour elle un certain manque à gagner. (Hier, on apprenait qu'eBay était lourdement condamné voir article du monde).


Dans le domaine des biens de contenu, il y a quand même une différence de taille qui complique la donne: la diffusion massive sur les sites de partage représente certes une perte sèche pour les auteurs, mais leurs contenus deviennent beaucoup plus visibles, leur audience s'accroit. Ce qui permet indirectement d'améliorer leur audience, ayant ainsi acquis une "réputation" sur les différents sites de partage (on pourrait alors parler des
effets positifs liés aux externalités de réseau)

Cet argument fonctionne essentiellement avec des auteurs qui n'ont pas une forte notoriété.
Songez au succès de
Kamini, qui a d'abord mis en ligne sa vidéo sur le web avec des millions d'internautes qui ont pu visionner son clip. Repéré par une maison disque, il a pu réaliser et vendre son album, bénéficiant de sa réputation acquise sur le web.

Le problème est tout autre pour les artistes déjà reconnus.
Tout le monde sait que la part qui revient à l'auteur dans la vente marchande de son bien de contenu (CD, DVD...) est très faible (pour donner un ordre de grandeur, cette part est équivalente à moins de 10 % du prix payé, les artistes confirmés dégagent des revenus substantiels de leurs concerts), ce sont bien évidemment les distributeurs et la majors des industries culturelles qui ont été les principaux bénéficiaires. Ce sont elles qui voient donc leur rentabilité s'écrouler. Elles sont évidemment pour des sanctions plus fortes contre les utilisateurs qui refusent de s'acquitter des droits d'auteur.




                                                                Pablo Picasso le vieux guitariste


Quelles sont les alternatives ?
Sans prétendre à l'exhaustivité, j'ai essayé de faire une rapide synthèse.

stratégie A: agir sur l'oeuvre originale.

On peut avoir ici plusieurs axes stratégiques:

     - agir sur la compétitivité-prix: on a vu ces dernières années baisser le prix de certains CD et DVD qui concernent des oeuvres sorties il y a quelques années.

     - améliorer la compétitivité "structurelle"': vendre l'oeuvre originale en proposant des "bonus" : scènes coupées, interview du créateur, carte de membre du fan-club, gadgets divers et variés...En enrichissant le contenu informationnel, on rend l'original plus attractif pour l'acheteur.

     - autre stratégie: comme le groupe Radiohead, les artistes se passent de distributeur, et vendent eux-même leurs oeuvres en demandant une participation aux internautes (voir cet article:
quelques enseignements à tirer de l'expérience Radiohead source: numerama)


stratégie B: agir sur les copies.

On peut essayer de limiter techniquement les copies (objectif des
DRM), taxer davantage les supports (comme c'est le cas avec les CD et DVD vierges).



stratégie C: agir sur les diffuseurs

Comme naguère, un organisme est chargé de surveiller le respect des règles (par exemple la SACEM), et notamment les règles concernant les sites de partages en ligne qui doivent s'acquitter d'un certain nombre de taxes. Voir cet article: Deezer rapporte uniquement 70 000 € à la SACEM en 6 mois (source: Numerama)


Autre solution: proposer une offre de téléchargement légal : le succès sans précédent d'Apple avec son itunes store montre qu'il est possible de diffuser des biens culturels dans la sphère marchande.

Enfin, il reste la question de la licence globale dont on trouve un très bon schéma dans l'article de wikipédia ainsi qu'un rapide état des lieux des arguments pour / contre.



Pour prolonger:

-
l'article de Rue89
sur la nouvelle loi Hadopi
- les
réactions à ce projet de loi
regroupées par PC impact
-
la jurisprudence
opposant des artistes à des sites de partage en ligne (source: Légalis.net)
- Econoclaste en avait déjà parlé,
excellent article ici
et un autre article ici
- un point de vue radical et futurste: celui de Eben Moglen (à lire sur l'excellent Internetactu.net)


Il me manque encore un dernier aspect, cela fera donc l'objet d'un billet supplémentaire (épisode 4). A suivre donc...

Bah, je sais, pour le jingle, ce n'est pas très original, c'est un grand classique (pour tout vous dire, c'est le premier CD que je me suis acheté, c'était en l'an 20 avant iPod et eMule ^^)



Découvrez Pink Floyd!





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