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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 09:36
Décidément, après le choc de la modernisation (voir article), puis celui de la culture (voir article), on continue la série avec le choc de la crise financière.

Partout je suis assailli de questions sur cette crise (ce qui est bien normal)...

Mais cela n'est pas sans me pose des problèmes existentiels:





- soit je réponds en me fondant sur des concepts / mécanismes économiques qui nécessitent tout de même un certain laps de temps pour les comprendre / acquérir.

Je risque de lasser rapidement tout le monde et de ne pas répondre à cette demande (c'est en général la situation de l'interviewé qui est sommé par le journaliste de donner une "réponse concrète et courte", tout un art ^^).

- soit je réponds en me fondant sur des critères moraux, éthiques qui m'inclinent très rapidement vers la pente savoureusement glissante des débats à n'en plus finir du type: "est-ce la fin du capitalisme ?" "faut-il revenir à un capitalisme d'entrepreneur et encadrer le capitalisme financier ?" "les économistes ont-ils vu venir cette crise ?" "Dois-je retirer mes économies ?" etc...

Alors ? Que faire ? Cruel dilemme !

J'ai cherché sur le web... et j'ai trouvé des documents très différents qui permettent d'approcher ce que la science économique peut nous apporter pour décrypter les enjeux en cours.



Vous pouvez regarder un diaporama à la fin de ce billet qui tente d'expliquer ce qui est en train de se dérouler (source: voir l'excellent site de mes très estimés confrères Jay ses sur lequel se situe le document dont l'origine vient du CERAM voir ici)
.

Je voudrais d'abord l'enrichir de quelques remarques pour mieux faire comprendre quelques aspects qui pourraient vous paraître trop "techniques":

- le mécanisme des hypothèques: un ménage emprunte pour acheter un logement. Ce bien va lui servir de garantie de l'emprunt.
Autrement dit, le logement coûte 100, le ménage peut emprunter 100. Mais si on estime que le prix de l'immobilier va augmenter ), on estimera que ce logement aura une valeur de 150, par conséquent  le ménage pourra emprunter 50 de plus pour acheter d'autres richesses.

Cela permet de financer cette acquisition pour des ménages qui n'ont pas tous les moyens de suivre "l'american way of life".
Ils consomment à crédit, et dans ce cas, c'est la promesse de la valeur future de leur logement qui a servi de garantie aux crédits).




Problème: si cette promesse ne se réalise pas (baisse des prix de l'immobilier), le ménage ne peut plus honorer ses dettes (par exemple, il a emprunté pour 150 alors que la valeur réelle du bien immobilier n'est plus que de 80). Il doit donc céder son bien aux banques, ces ménages se retrouvent sans toit (voir les photos ici).


Mais l'histoire n'est pas terminée.




- La propagation de la crise:

Les banques vont être confrontées à  deux  problèmes:
   - d'abord, elles récupèrent des biens dont la valeur ne cesse de baisser...

  - ensuite, beaucoup de crédits ont été accordés par des courtiers spécialisés qui ne conservent pas les crédits mais les transfèrent à des banques d'affaires qui vont les transformer en titres financiers (c'est la titrisation) qui serviront de placements à d'autres banques.

Autrement dit, des investisseurs (banques, assurances...dans le monde entier) vont acheter à ces banques d'affaires des créances.
Ils y ont été incités par le fait que ces produits étaient regroupés avec d'autres dans un portefeuille (donc à priori moins risqués) et que les agences de notation chargées d'évaluer la qualité de ces placements (rendement / risque) et de leurs émetteurs ont accordé de très bonnes appréciations à ces titres.


Jusqu'au jour où les banques se sont rendues compte que ces titres ne pouvaient tenir les promesses qu'elles escomptaient.

Pour prendre une image, il suffit de se rappeller le jeu du mistigri.
Il fonctionne bien lorsque personne ne se doute que vous avez le mistigri (ou le pouilleux ^^).
A partir du moment où les autres joueurs savent que c'est vous qui avez cette carte, plus personne ne veut échanger avec vous !

Sauf que, dans le cas de la crise des subprimes, beaucoup de joueurs ont des "mistigris"  et que les investisseurs, pour acheter ces titres, avaient emprunté à court terme, ils ne peuvent donc plus trouver de liquidités pour se refinancer.
C'est le risque de la crise "de liquidités".
Dans cet extrait du long métrage "Mary Poppins", on a une illustration caricaturale d'une crise de liquidités: les clients vont paniquer suite à une rumeur....


Ainsi, un certain nombre d'établissements financiers peuvent faire des bénéfices et subir une crise de trésorerie.
Les acteurs qui ont des créances sur ces établissements ne veulent pas les renouveler. D'autre part, ces établissements doivent dans le même temps rembourser leurs créanciers, ils ont donc besoin de liquidités. Ils peuvent difficilement vendre une partie de leurs actifs puisque ceux-ci subissent une crise de confiance...



C'est pour cette raison que les banques centrales, prêteur en dernier ressort, ont dû alimenter d'urgence les marchés
en injectant des sommes très importantes.

Voici un schéma de l'agence AFP qui résume ces enchaînements



Je vous laisse regarder le diaporama qui met en en évidence :
- l'ampleur de la crise
- les conséquences sur l'économie réelle de la crise financière
(les schémas sont à cet égard particulièrement éclairants).

Il y a 89 diapositives, vous devez utiliser les commandes en haut à droite ^^



Le prochain billet sera consacré à un article d'un économiste français que j'ai beaucoup apprécié.

J'essayerais de le décrypter pour vous....

C'est aussi fait pour cela SOS...SES ! ^^




En ce moment, je me sens comme une banque...






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commentaires

D
Bonjour Christophe, bravo pour cet article  agréable et interessant. Tu trouveras quelques données statistiques sur les Montants des injections de liquidités sur le marché interbancaire par les banques centrales pendant la semaine du 15 septembre 2008 ici :http://democratieetavenir.over-blog.com/article-23532406.htmlA.plus, David
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P
Mary Poppins, il fallait y penser !Merci pour cette idée 
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I
Oui, Christophe, je sais bien que tu sais... seulement, je pense à tes jeunes étudiants auxquels il faut marteler (sous peine qu'ils ne deviennent des ânes savants) qu'un constat ou une analyse n'est vrai qu'en fonction du contexte dans lequel il s'énonce... Là c'est la conjonction de plusieurs facteurs cumulés qui nous conduisent à cette crise... C'est ça que je voulais souligner...<br /> Merci pour le lien et cet article qui me semble bien complet. Malheureusement, j'ai fait russe première langue et je reste un handicapé de l'anglais... Il faudrait que je retrouve ces données sous tableau Excel... J'ai dans l'idée une démonstration économique qui pourrait décoiffer...<br /> Pour le P.-S. : c'est à l'affichage de tes articles seuls que tes liens "commentaires" et autres disparaissent... IL faut aller dans Configurer / Articles / petit marteau du module Articles / et ajouter les pavés qui manquent.<br /> Bien amicalement.
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C
Argh...je ne peux toujours pas répondre en tant qu'administrateur pour les commentaires.Bon alors, je vais tenter de répondre brièvement à Incognitoto:- tu as raison, je n'ai pas mentionné un certain nombre de faits: Pourquoi les taux d'intérêts ont-ils augmenté à partir de 2004-2005 ? La réponse de la Fed: face à la flambée des prix des matières premières, le risque inflationniste était élevé, d'où la volonté de mener une politique monétaire plus restrictive depuis quelques années. Maintenant, une hausse des taux d'intérêts a aussi l'avantage d'attirer les capitaux étrangers à la recherche de placements plus rémunérateurs (ce qui pourrait faire un lien avec ta suggestion sur le financement de la guerre).- De même, je n'ai pas mentionné le fait que ces ménages se sont endettés à taux variables, ce qui explique évidemment qu'ils se soient retrouvés dans cette situation. - Enfin, je ne parle pas des conséquences des interventions des banques centrales (l'injection massive de liquidités favorise-t-elle l'inflation ? comment racheter les créances douteuses ? A quel prix etc...). C'est un exercice de haute voltige, je me suis fixé deux objectifs: être clair (ne pas trop développer des aspects "techniques") et faire le lien avec ce que nous pouvons faire en classe (les élèves n'ont pas de notions de comptabilité).Pour finir, suite à tes remarques, j'ai cherché un peu sur Google l'évolution de la masse monétaire aux Etats-Unis, qui est effectivement une question stratégique (j'y reviendrais), et j'ai trouvé cet article qui comporte entre autre des éléments de réponse (mais en anglais). Voici l'adresse:http://alex-kerala.blogspot.com/2008/07/dflation-vs-inflation-la-suite.htmlMerci pour tes remarques et bonne lecture !PS: je ne vois pas ce que tu veux dire concernant les commentaires car, chez moi, tout apparait normalement: en bas du résumé de l'article, on voit "ajouter un commentaire" et "Commentaires (3)"...
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I
P.-S. 1 : mais peut-être que j'anticipe et que tu allais parler de ces données dans ta deuxième partie.<br /> P.-S.2  : c'est un choix de ne pas rendre visible l'accès et le nombre de commentaires sur tes articles ?
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