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20 juillet 2006 4 20 /07 /juillet /2006 11:20
A l'heure où certains réclament un SMIC à 1 500 € (les hommes politiques de gauche, certains syndicats...), on peut effectivement s'interroger dans un premier temps sur les liens qui unissent (ou désunissent) le salaire et l'emploi. Voici une série d'arguments divers sur cette question. Aujourd'hui, nous allons voir que le niveau de salaire et le coût salarial détermine le niveau de l'emploi et donc celui du chômage (première partie)

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SECTION I: Le niveau de salaire et le coût salarial détermine le niveau de l’emploi donc le chômage
 
1.1. éléments de reperes et constat d’une correlation entre salaire, cout salarial et emploi
 
          1.1.1. le cout salarial
 

Il faut d’abord préciser ce que l’on entend par coût du travail . Par coûts salariaux, il faut entendre la somme dépensée par un employeur en contrepartie d'un emploi salarié.

Il comprend :

-          les salaires bruts versés par les employeurs aux salariés de leurs entreprises auxquels s'ajoutent : les congés payés, les primes, la participation aux fruits de l'expansion... ;

-           les cotisations sociales patronales (Sécurité sociale, ASSEDIC, retraites complémentaires...). En effet, ces cotisations peuvent être considérées comme des " salaires indirects " et il est par conséquent logique de les comptabiliser dans le coût salarial ; elles constituent l'essentiel des ressources des organismes de Sécurité sociale qui effectuent des opérations de redistribution sous forme de prestations sociales diverses.

Si on divise le coût salarial global par le nombre de salariés, on obtient le coût salarial moyen de chaque salarié.

l'évolution des coûts salariaux horaires ne tient pas compte des gains de productivité. C'est pourquoi en général, les économistes préfèrent utiliser le coût salarial unitaire. Celui-ci est en effet le rapport du coût salarial total au volume de production.

 

Le coût salarial unitaire est donc égal au rapport du coût salarial horaire à la productivité du travail. Ainsi, une croissance du coût salarial horaire n'a aucune incidence économique si elle est exactement compensée par une hausse de même ampleur de la productivité du travail.

 

          1.1.2. constat : il existe une certaine corrélation entre salaire, coût salarial et emploi.

 

a- aux E.U. et en Angleterre, on constate une corrélation positive entre la baisse des coûts et le niveau de l’emploi . De même, les pays dont les coûts salariaux ont augmenté ont connu une hausse significative du chômage (ALL+Japon) pays où le coût de la m.o. a progressé.

 

b- la richesse en emploi de la croissance

la croissance économique en Europe a été du même ordre qu’aux E.U dans les années 1990, or le salaire réel a beaucoup plus progressé en Europe qu’aux Etats-Unis => le partage de la croissance entre salaire et emploi est différent :

-          aux Etats-Unis il est en faveur de l’emploi au détriment du salaire réel => croissance économique riche en emploi

-          en Europe il est en faveur des salaires réels au détriment de l’emploi => croissance économique pauvre en emploi

 
 
 
1.2. Comment expliquer cette corrélation ? En quoi le coût du travail trop élevé peut-il être un obstacle ?

          1.2.1. sur le marché du travail, les ajustements offre / demande se réalisent par les prix qui sont flexibles (approche néo-classique)

a-       les hypothèses du modèle d’analyse.

Pour les néo-classiques, le marché du travail est un marché comme un autre où les entreprises demandent et les ménages offrent leur travail. Comme les autres marchés, il suppose que les acteurs sont rationnels et fonctionne à l’aide des règles de la CPP (concurrence pure et parfaite):

l’atomicité : les salariés (comme les employeurs) ne peuvent se coaliser pour défendre leurs intérêts (pas de syndicats) / l’homogénéité : les salariés doivent être parfaitement substituables entre eux) / la mobilité parfaite : les salariés doivent être parfaitement mobiles géographiquement et professionnellement) / la libre-entrée : pas de système de closed shop pas de discrimination sexuelles ou raciale / la transparence : les salariés disposent d’une information parfaite sur l’état du marché du travail.

 

b-       l’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire

 plus celui-ci est élevé, plus les ménages sont disposés à sacrifier leur loisir pour offrir leur travail. L'offre de travail est une fonction croissante du prix travail ; en effet, selon les libéraux, chaque individu cherche à maximiser sa satisfaction au moindre coût ; or l'offre de travail supplémentaire se réalise au détriment du temps de loisir ; par conséquent, un individu donné, supposé rationnel, n'augmentera son offre de travail que s'il est en mesure d'obtenir un revenu plus important, ce supplément de revenu représentant en fait le coût d'opportunité du loisir ou coût du sacrifice du temps de loisir.

 

c-       la demande de travail est une fonction décroissante du taux de salaire

 les entreprises sont d’autant plus disposées à embaucher que les salaires sont bas (si les salaires s’élèvent, les entreprises préfèrent substituer du capital au travail).

Les entreprises , pour embaucher, vont comparer le coût du travail avec l’apport d’un travailleur supplémentaire. Autrement dit, elles n’embaucheront que si la productivité marginale reste supérieure au salaire d’embauche.

 

d-       l’équilibre du marché du travail et les sources du chômage durable

l’intersection des 2 courbes détermine donc simultanément la quantité et son prix de telle sorte que , en CPP, pour ce salaire d’équilibre, offre = demande

si le salaire réel > salaire d’équilibre => offre de travail > demande de travail => chômage. 

le chômage: Pour le salaire d’équilibre, il ne peut donc y avoir de chômage autre que volontaire: des actifs préfèrent le loisir au travail dont ils jugent la rémunération trop faible

Sur le marché du travail, il existe donc, à un moment donné, d'après cette analyse, un prix d'équilibre résultant de la rencontre entre l'offre et la demande, qui assure le plein emploi de tous ceux qui veulent travailler au prix du marché. Le chômage est alors défini comme un excédent de l'offre sur la demande, et cet excédent ne peut se résorber qu'avec une baisse du prix du travail. En effet, lorsque celle-ci aura lieu, un certain nombre d'actifs se retireront du marché car ils estimeront que le taux de salaire horaire proposé ne compense pas le coût du sacrifice en loisir ; l'offre de travail va alors diminuer. À l'inverse, la baisse du coût salarial va stimuler les entreprises à substituer du travail au capital ; il en résulterait directement une reprise des embauches. Par ailleurs, cette baisse va accroître la compétitivité-prix de la production ; les entreprises peuvent en attendre des gains de parts de marché propices à stimuler la production, donc l'emploi.

 

Si l’offre augmente (suite à un accroissement de la pop active), la demande n’ayant pas changé, le chômage apparaît. Mais si les salaires sont flexibles, le chômage sera résorbé => le chômage ne saurait être durable si le marché du travail est parfait. Si le chômage persiste, c’est parce que qu’il est volontaire ou parce que le marché souffre d’imperfections.

Or, pour que le coût salarial puisse baisser, il faut que sa composante essentielle, le salaire, puisse diminuer. Cela suppose qu'aucune barrière n'entrave cette baisse. Ce n'est pas le cas pour deux raisons essentielles :

- d'une part, il existe un niveau de rémunération minimal en dessous duquel un travailleur ne peut pas être employé : le SMIC. Le salaire minimum interprofessionnel de croissance a été mis en place en 1970 en remplacement du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) et du SMAG (salaire minimum agricole garanti) créés au début des années 50. Il est défini sur une base de travail horaire et son montant est fixé par voie réglementaire. L'objectif du SMIC est de garantir aux salariés un revenu " minimum " pour vivre en France à une période donnée. Il est aussi d'assurer le maintien voire une progression régulière du " pouvoir d'achat " ; en effet, ce salaire est relevé dès que l'indice des prix augmente de plus de 2 %, et il est révisé chaque année en juillet pour tenir compte des hausses de salaire des autres salariés. Si ce niveau de salaire est supérieur à celui qui résulterait normalement de la rencontre entre l'offre et la demande de travail, et si les allocations chômage sont trop importantes, le chômage ne peut pas diminuer. Dans des catégories fortement touchées par le chômage (les jeunes) toute hausse même minime de ce salaire aboutit à une diminution de la demande de travail et à une hausse de l'offre ; par conséquent le chômage s'accroît ;

- d'autre part, les salariés regroupés en syndicats exercent une pression à la hausse sur les salaires de l'ensemble des salariés de toutes les branches. Les revenus du travail ont donc tendance à s'accroître, au mieux à stagner, car malgré leur perte d'audience, les syndicats restent des acteurs puissants dans les négociations salariales.

 
 
          1.2.2. Quels sont les inconvénients d’un coût du travail trop élevé ?
 

argument 1: les SQS sont pénalisées ce qui diminue leur profit, donc leurs investissements.

Le partage de la valeur ajoutée des années 70 est révélateur: le taux de marge diminue, la FBCF chute et le chômage augmente.

Ainsi, on dispose d’une explication du niveau élevé de chômage dans les années 70 : le dérapage des salaires (restés indexés sur l’ inflation et surtout sur des tendances antérieures devenues obsolètes) est en grande partie responsable de la crise inflationniste des années 70-80.

 

argument 2: Des coûts salariaux élevés ont un impact négatif sur la compétitivité à l’extérieur.

La compétitivité dépend en grande partie des coûts de production. La France jusqu’en 1992 a souffert de déficits commerciaux chroniques , (elle en souffre encore depuis 2 ou 3 ans). Dès lors, augmenter le SMIC aurait un double inconvénient: notre compétitivité-prix se dégraderait (d'où l'aggravation du déficit commercial) et nos importations seraient dopés par le surcroit de demande résultant de la hausse du SMIC


argument 3: des coûts salariaux élevés favorisent une substitution capital-travail

L’entrepreneur va comparer le prix et la productivité du facteur travail et du facteur capital. Si ce dernier lui paraît plus rentable, il préférera utiliser des combinaisons de facteurs de production plus intensives en capital qu’en travail. Les gains de productivité en Europe se sont réalisés bien souvent au détriment de l’emploi.

 

argument 4: un SMIC trop élevé favorise la pauvreté

Le chômage frappe surtout les travailleurs les moins qualifiés car le coût salarial de ces travailleurs est trop élevé par rapport à leur productivité. C’est le débat des années 90 (le tx de chômage des travailleurs moins qualifiés est beaucoup plus élevé)

 
 
1.3. Comment baisser le coût du travail ?=> les remèdes proposés:

Pour débarrasser le marché du travail de ses imperfections, deux orientations complémentaires sont préconisées par les libéraux: la flexibilisation et la baisse du coût du travail

 
          1.3.1. la flexibilisation:

faire reculer la législation mise en place, c’est la déréglementation pour lutter contre les rigidités conventionnelles contenues dans les accords syndicats-patronat au temps des 30 glorieuses (notamment l’indexation des salaires sur les prix). Faire sauter le SMIC aurait un coût politique assez élevé, ce qui explique son maintien symbolique.

d’autres mesures ont été prises : le temps partiel, les cdd et intérim. La dernière en date est le CNE et CPE dont j'ai fait une courte analyse dans un billet précédent (juin 2006)

 
          1.3.2. l’abaissement du coût du travail

Il conduit à faire baisser les charges qui pèsent sur l’entreprise (impôts liés à l’emploi comme la taxe professionnelle, cotisations sociales car en France le financement de la protection sociale passe surtout par les salaires, coûts engendrés par le respect des règlements). En contrepartie, le salaire direct pourrait être maintenu, voire augmenté (mais dans une proportion plus faible que la baisse des charges) ce qui stimulerait et responsabiliserait davantage le salarié.

Pour les emplois aidés : exemption de toute cotisation patronale pour les nouveaux contrats-jeunes ; pour les autres emplois : élargissement du dispositif de réduction dégressive (jusqu’à 1.7 fois le Smic) et suppression à terme de toute cotisation patronale au niveau du Smic)

 

Ces mesures passent nécessairement par l’affaiblissement de l’Etat et du contre-pouvoir syndical pour mettre l’entrepreneur dans la position centrale où l’avaient placé le capitalisme naissant et les théories libérales.

 
 A suivre...
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
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commentaires

F
oui, bien sûr j'ai des économistes que je trouve très pertinent, mais ma réponse va te décevoir:- Marx pour son analyse de la lutte des classes au XIX, pour le ton vindicatif de son manifeste, pour la densité de sa pensée et son côté inclassable.- Adam Smith, plus fin qu'on ne l'a cru (ce n'est pas le libéral pur et dur comme on le présentait parfois), qui a une pensée relativement bien organisée.- L'école de la régulation qui était l'école phare des années 70-80 et qui proposait une vision globale de l'évolution économique.- John Maynard Keynes pour ses critiques sur l'école néo-classique et sa vision de la crise des années 30 (mais il est assez difficile à lire)En sociologie aussi, Emile Durkheim, Pierre Bourdieu,et Tocqueville sont des  pensées toujours fécondes...
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A
Bonjour, ton blog est très intéressant (pour qui aime l'économie bien sur :) j'ai remarqué que bcp de gens y était allergique ; )<br /> Tu sais ce qui manque à mon avis : ton orientation économique en accueil. Ca serait bien que tu dises quel économiste est "ton maître à penser". Et ne me dis pas que tu n'en as pas, tous mes profs d'éco en avait un ;)<br /> Bonne continuation :)
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C
Très intéressant ... J'attends la suite de cet article ... Passionnée de politique et donc très concernée par les questions économiques, je trouve votre site très intéressant, riche en liens utiles. Je glisse votre site dans mes favoris aussi pour mon fils qui vient de passer (et de réussir brillamment malgré son implication contre le CPE ...) son bac ES, et qui se destine à Sciences-po ...
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