
Doc.1 : Communiqué paru dans la presse locale en 1974 :
« Voulez-vous gagner 4 $ en échange d’une heure de votre temps ? Nous demandons des volontaires pour une étude sur la mémoire. 1 / Nous sommes prêts à rétribuer 500 habitants de New Haven pour nous permettre d’achever une étude scientifique sur ma mémoire et l’apprentissage qui se déroulera à l’université de Yale. 2 / Tout participant recevra 4 $ (et 50 cents d’indemnité de transport) en échange d’une heure environ de son temps, sans autre obligation. Il est libre de choisir le moment à sa convenance (soirées, jours de semaine, week-ends..) 3 / Ni qualification spéciale, ni diplôme, ni expérience quelconque ne sont exigés. Nous recherchons des ouvriers, des emloyés municipaux, des manœuvres, des coiffeurs, des hommes d’affaires, des cadres moyens, des employés de la compagnie du téléphone, des vendeurs, divers… » |
Doc.2 : « 2 personnes viennent dans un laboratoire. L’une d’elles sera « le moniteur », l’autre « l’élève ». L’expérimentateur leur explique qu’il s’agit d’étudier les effets de la punition sur le processus d’apprentissage. Il emmène l’élève dans une pièce, l’installe sur une chaise munie de sangles qui permettent de lui immobiliser les bras pour emêcher tout mouvement désordonné et lui fixe une électrode au poignet.
A près avoir assisté à l’installation de l’élève, le moniteur est introduit dans la salle principale du laboratoire où il prend place devant un impressionant stimulateur de chocs. Celui-ci comporte une rangée horizontale de 30 manettes qui s’échelonnent de 15 à 450 volts par tranche d’augmentation de 15 volts et sont assorties de mention allant de choc léger, choc modéré, choc dangereux. On invite alors le moniteur à faire passer le test d’apprentissage à l’élève qui se trouve dans l’autre pièce. Quand celui-ci répondra correctement, le moniteur passera aux questions suivantes. Dans le cas contraire, il devra lui administrer une décharge électrique en commencant par le voltage le plus faible (15 volts) et en augmentant progressivement de 15 volts.
Le moniteur est un sujet naif, venu au laboratoire pour participer à une expérience ; par contre l’élève est un acteur qui ne reçoit en réalité aucune décharge électrique et simule la douleur en criant. »
Doc.3 : les résultats de l’expérience. Les psychiatres les plus pessimistes avaient prévu un choc moyen de 130 volts et que 0 % des moniteurs iraient au bout. Voici les résultats obtenus
variantes | Choc moyen maximal | % de sujets allant jusqu’au bout |
Sujet et élève dans des pièces séparées : - sans entendre les cris - en entendant les cris | 405 volts 360 volts | 65 % 62,5 % |
Sujet et élève dans la même piéce : - sans contact physique - avec contact physique (le moniteur doit appuyer sur la main de la victime pour administrer les chocs) | 300 volts 225 volts | 40 % 30 % |
Doc.5 : compte rendu d’une expérimentation
Le sujet : C’est pas possible. Je ne vais tout de même pas tuer cet homme. Vous l’entendez hurler ?
L’expérimentateur : Je vous l’ai déjà dit, même si les chocs sont douloureux, ils…
Le sujet : Mais il hurle ! Ca lui fait sûrement très mal. Qu’est-ce qui va lui arriver ?
L’expérimentateur : (ton de voix patient) : l’expérience exige que vous continuiez, monsieur…
Le sujet : Ben…tout de même…je veux pas ce rendre ce type malade…vous me comprenez ?
L’expérimentateur : Que cela plaise ou non à l’élève, nous devons continuer à lui apprendre à mémoriser.
Le sujet : Oui, mais moi, je ne veux pas en être responsable. Il n’arrête pas de hurler !
L’expérimentateur : il est absolument essentiel que vous continuiez, monsieur.
Le sujet : Y a trop de questions ! S’il les loupe toutes… Je veux dire, qui est-ce qui sera responsable s’il arrive quelquechose à ce monsieur ?
L’expérimentateur : Je prends toute la responsabilité. Continuez s’il vous plaît
Le sujet : Alors ça va. Quel est l’intrus dans cette liste : lent, pas, camion, esprit, débit. Répondez s’il vous plait (un bourdonnement indique que l’élève a donné sa réponse) Faux ! 195 volts. C’était esprit.
L’élève (criant) : Laissez-moi partir d’ici …
L’expérimentateur : Nous devons poursuivre. Continuez s’il vous plaît.
Le sujet : Vous voulez dire quoi ? Lui donner 220 volts ?
L’expérimentateur : c’est bien ça. Continuez.
Le sujet : Blanc, nuage, cheval, rocher, iglou. Répondez s’il vous plaît. (un bourdonnement indique que l’élève a donné sa réponse) Faux ! 220 volts. C’était cheval (il abaisse la manette).
A 450 volts , l’expérimentateur devra arrêter l’expérience…

Doc.5 : Qui se rebelle le plus ?
Le niveau d’obéissance était à peu de chose près le même chez les Républicains que chez les Démocrates ; les catholiques avaient plus tendance à se soumettre que les juifs ou les protestants. Plus les sujets étaient instruits, plus ils étaient enclins à se rebeller. Ceux qui exercaient des professions touchant à l’humain (justice, médecine, enseignement..) se révélaient plus contestataires que ceux qui exerçaient des professions plus techniques (maintenance, ingénieur..). Plus le service militaire avait été long, plus le sujet était disposé à obéir- sauf dans le cas des officiers.
Doc.6 : l’interprétation des résultats
Milgram va réaliser d’autres variantes qui montrent que la soumission des sujets dépend de leurs relations avec la victime ou avec l’autorité. Ainsi, quand l’expérimentateur quitte la salle ou qu’il est remplacé par un compère n’ayant pas d’autorité universitaire, le choc maximal diminue.
L’explication la plus courante consiste à prendre ceux qui ont administré toute la gamme des décharges pour des monstres constituant la frange sadique de la société. Mais si l’on considère que 2/3 des participants sont obéissants et qu’ils représentent des gens ordinaires de tout milieu social, l’argument devient fragile.
Le problème de l’obéissance n’est donc pas entièrement psychologique. La forme et le profil de la société ainsi que son stade de développement jouent un rôle. Dès que la division du travail est apparue, l’émiettement de la société en individus exécutant des tâches limitées et très spécialisées supprime la qualité humaine du travail et de la vie. Sur le plan psychologique, il est facile de nier sa responsabilité quand on est un simple maillon intremédiaire dans la chaine des exécutants et que l’acte final est suffisamment éloigné pour pouvoir être ignoré. Eichman (fonctionnaire allemand nazi chargé de l’organisation de la déportation et de l’extermination pendant la Seconde Guerre moniale) était écoeuré quand il lui arrivait de faire la tournée des camps de concentration, mais pour participer à un massacre, il n’avait qu’à s’asseoir derrière son bureau et manipuler quelques papiers. Au même instant, le chef de camp qui lâchait les boîtes de Cyclon B dans les chambres à gaz était également en mesure de justifier sa propre conduite en invoquant l’obéissance aux ordres de ses supérieurs.
1°) Décrivez brièvement l’expérience
2°) Quelles sont les précautions prises pour que l’expérience fonctionne (Citez en 4)
3°) Quels sont les résultats de l’expérience ? Comment pouvez-vous les qualifier ?
4°) Comment peut s’expliquer la variation des résultats ? (doc.3 et 5)
5°) le document 4 illustre un conflit entre normes et valeurs. Lequel ?
6°) Comment interpréter cette expérience ?