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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 16:35
Nous avons montré précedemment que le niveau de vie avait beaucoup plus progressé que les statistiques ne peuvent le laisser croire.
Nous sommes devenus, avec la croissance économique, beaucoup plus riches. Sommes-nous pour autant plus satisfaits de notre bien être ?

Cette question intéresse évidemment les sciences sociales:
l'économie d'abord parce que l'une des finalités de cette science est la satisfaction des besoins en luttant contre la rareté, la sociologie ensuite parce que la quête du bonheur et du bien être devient central aujourd'hui.
Voici quelques apports des sciences économiques et sociales.

Quel lien peut-on établir entre richesse et bien-être ?

On connaît  le dicton "l'argent ne fait pas le bonheur"..."surtout quand on en manque" avait écrit Alexandre Vialatte.
Les études de Ronald Inglehart (professeur au centre d'études politiques de Chicago) intitulées "World values survey" permettent d'y voir un peu plus clair à ce sujet.

                             
Source: Inglehart et Kingemann (2000) pour le premier document et
                                        
Richard Layard, Happiness : has social science a clue ?, London School 
                                                              of Economics (mars 2003)



Il y a bien un lien entre richesse et bien être:
- les indices de satisfaction sont plus élevés dans les pays riches que dans les pays pauvres,
- la croissance du niveau de vie aux Etats-Unis dans l'après guerre jusqu'aux années 1960 est corrélée avec une hausse du % de personnes se déclarant satisfaites de leur vie.

Pour autant, le lien n'est pas systèmatique:
- certains pays ont des niveaux de vie identiques alors que leur indice de bien être est très différent;
- la croissance du niveau de vie aux Etats-Unis à partir des années 1960 ne coincide plus avec une élévation du bien être. D'autres enquêtes confirment ces tendances.

Pour l'anecdote (car je sais que vous adorez cela) une étude britannique de 2004 menée auprès de 249 gagnants du Loto révèle que 50 % d'entre eux se déclarent plus heureux qu'auparavant, 2 % se sentent moins heureux et 48 % ne voient pas de changement (!). Pour en savoir plus ( sciences humaines octobre 2006 : l'argent fait-il le bonheur ?)

Pour en savoir plus:
                                      
le site de world values survey ici
                             le site sur le Bonheur National Brut (avec vidéo) ici
                             quels sont les pays où on est le plus heureux ? ici
                             Tout le bonheur du monde ici


Comment peut-on expliquer ce constat ?

Le psychologue Abraham Maslow (1908-1970) a élaboré la "pyramide" des besoins". Il pense qu'il faut avoir satisfait le niveau de besoin inférieur avant de pouvoir passer au suivant.
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Que retenir de ce schéma ?

1 / Pour satisfaire les besoins élémentaires, l'argent est évidemment très important.
Le problème, c'est que l'on pense que l'argent est tout aussi nécessaire pour monter dans la satisfaction de besoins de moins en moins élémentaires.
Comme disait Alain Souchon, "on nous fait croire que le bonheur, c'est d'avoir" (Foule Sentimentale).

2  / Le niveau des aspirations s'élève avec le revenu: l
orsque le niveau de vie est faible, la satisfaction des besoins matériels est l'objectif central. Avec la hausse des richesses par personne, l'individu souhaite satisfaire des besoins de moins en moins "matériels".

3 / la perception du sentiment de bien être dépend surtout de la place relative de l'individu dans l'échelle des revenus:
Si je gagne  1 500 ? alors que les gens de mon âge n'en gagnent que 1 000, je trouve ma situation plus enviable  que si je gagnais 2 000 ? alors que les autres sont à 4 000 ?

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D'autre part, plus de richesses produites par habitant ne signifie pas mécaniquement plus de bien être (même matériel).
Pour les économistes, le principal indicateur de croissance économique est le PIB. Or le PIB compte souvent comme des gains (de la richesse en plus) des choses qui rendent les gens plus malheureux. Deux exemples concrets:

- Lorsque la criminalité augmente, l'accroissement des dépenses en systèmes de surveillance, alarmes antivol, armes à feu et bombes anti-agression contribue à la croissance du PIB. Mais les gens sont moins heureux parce qu'ils se sentent moins en sécurité.

- Le nombre croissant de dépressions (en France, nous sommes parmi les plus gros consommateurs d'anti-dépresseur, somnifères...) vient grossir le PIB en raison des sommes considérables dépensées en antidépresseurs et en psychothérapie. Or cela nuit énormément à l'estime de soi.

Quelle(s) conséquence(s) en tirer ?

Si la croissance économique n'apporte pas nécessairement plus de bien être, et si elle contribue à accroître les inégalités, à détruire la planète par la pollution et les gaspillages qu'elle engendre... certains n'hésitent pas à remettre en cause la croissance comme objectif de nos sociétés.
la croissance constitue-t-elle un piège ? Fondée sur l'accumulation des richesses, elle est destructrice de la nature et génératrice d'inégalités sociales. « Durable » ou « soutenable », elle demeure dévoreuse du bien-être. C'est donc à la décroissance qu'il faut travailler : à une société fondée sur la qualité plutôt que sur la quantité, sur la coopération plutôt que la compétition, à une humanité libérée de l'économisme se donnant la justice sociale comme objectif.
Serge Latouche dans le Monde Diplomatique

pour lire l'article en entier cliquez ici
il y a même un parti de la décroissance cliquez ici
Je signale un bon lien concernant la décroissance ici

Certes, tout le monde ne peut être que d'accord avec les quelques idées énoncées. Mais lorsqu'on y regarde de plus près, des dérives sont possibles: la décroissance me gène lorsqu'elle est se veut anti-technologique (qui me paraît bien stérile) , lorsqu'elle se veut  anti-économique.

Sur tous ces aspects, j'ai trouvé un blog extrêmement pertinent d'un collègue de sciences économiques et sociales, militant écologiste cliquez ici qui est très critique envers la décroissance)


En conclusion (évidemment toute provisoire, d'autant plus qu'aucun argument d'ordre philosophique est venu étayer cette petite démonstration), au-delà d'un certain seuil, il ne suffit pas de gagner plus d'argent pour être heureux, mais de savoir utiliser les ressources (l'argent, le temps) pour satisfaire d'autres besoins moins matériels:

L?argent permet d?acheter
- une maison, mais pas un foyer
- un lit, mais pas le sommeil
- une horloge, mais pas le temps
- des livres, mais pas la connaissance
- des médicaments, mais pas la santé

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commentaires

M
Je pense que la décroissance pose de bonnes questions, mais apporte des solutions qui me paraissent parfois ambigues... Cyril di Méo met à jour un certain nombre de contradictions...Si vous avez lu quelques livres de Serge Latouche, vous ne pouvez qu'être frappé par un pessimisme si profond qu'il en est suspect. Tous ces cassandres ne disent rien qui vaille, leurs arguments sont trop catastrophistes pour être crédibles....Je pourrais longuement développé sur le thème de la diversité culturelle...D'autre part, cela me rappelle un peu trop les bêtises qu'on a pu raconter à propos de la croissance zéro avec le rapport Meadows en 1972... Il y a donc beaucoup de choses à revoir sur la décroissance, et accepter ces thèses de façon militante ne me convient pas du tout...
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N
Ce cher cyril dimeo semble totalement envahie par ses pensées personnellement et subjective. Dans ma breve lecture de ces critiques, il ne tarde pas pour lancer sur les décroissants toute les comparaisons avec les catholiques et les réactionnaires. Est ce que lutter contre la croissance est être catholique,réactionnaire(si on extrapole un peu, etre facho) etre contre toute technologie et tout economie ....Je crois que le mouvement est quelques plus profond que cela, non ?
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C
excellente conclusion :))))))))))<br />  
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U
entièrement d'accord avec vous en particulier sur votre peitte conclusion
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M
Ceci dit, les choses sont plus ambivalentes que ne le laissent présupposer les réactions à cet article.Voici ce que j'ai trouvé:<br /> Le plaisir cocooning des 25-45 ans <br /> <br /> <br /> Le profil des 25-45 ans selon le sociologue Gérard Mermet : " C'est la période où l'on fonde une famille. Le plaisir passe par l'équipement du foyer, la décoration, la voiture, achat de moins en moins réservé aux hommes. Les 25-45 ans sont les premiers lecteurs de magazines sur la déco, le sport… Ils investissent dans leurs vacances, une rupture dans une vie quotidienne jugée stressante, une 0ccasion de se retrouver en famille, ce qui est plus difficile pendant l'année, notamment avec la multiplication des divorces. Cette tranche d'âge privilégie également le couple, la sexualité, avec, par exemple, l'achat de lingerie, de vêtements sexy. " (L'Alsace, 10/09/06) <br /> <br /> <br /> On voit bien, que l'économie marchande permet de se faire plaisir, donc de satisfaire des désirs... le problème est de savoir où s'arrêtent les besoins et où commencent les désirs...
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