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27 octobre 2006 5 27 /10 /octobre /2006 13:50



Robert avait l'habitude de boire son café du matin au café du Commerce, le "caf'com" comme il le surnomme.

C'est l'endroit où l'on peut se réchauffer et discuter le bout de gras avec les autres. 






Et croyez moi, les discussions sont acharnées: entre Robert, Marcel, Gilbert, Kader et Antonio, ils sont tous des experts économiques.

Chacun se sait le mieux placé pour discuter des causes du chômage et proposer des solutions définitives.


Extraits choisis:


- Moi, j'vous dis, on est écrasé par les charges et les impôts. Des milliards d'impôts, de taxes... j'appelle plus ça un budget, mais une attaque à main armée... Le jour approche où je n'aurais plus que l'impôt sur les os. J'vous voudrais bien prendre un gars en plus, il y aurait du boulot, vieux, avec tous les nouveaux clients qui viennent... dit Maurice, le patron du caf'com.


- ben pourquoi tu le fais pas ? lui répond Kader, propriétaire d'un bazar au coin de la rue.


- (Maurice) Tu rigoles ou quoi ? Si j'embauche un serveur en plus, ce qu'il me rapporte ne compensera pas ce qu'il va me coûter en salaires et en charges.

Mon bénèf est en plein chancelique, la TVA me suce le sang et t'as vu, ils augmentent encore la CSG, comment veux-tu que j'fasse ?...J'ai calculé, j'en aurais à peine pour cinq piges. J'aurais 60 balais et pis tchao, j'arrête...


- Et ben voilà... ça c'est la France: on vous décourage d'embaucher surenchérit Gilbert, cadre supérieur chez Ata.

Moi je trouverais normal qu'avec 3 millions de chômeurs, on puisse embaucher à des salaires plus bas. Par contre, lorsque les affaires repartent et que t'as du mal à recruter, les salaires doivent monter pour attirer la main d'oeuvre. C'est réglo, non ?

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- Et l'autre , tu te vois avec une année un salaire élevé et l'année suivante en gagnant 30 % de moins ? Tu délires ou quoi, on n'est pas corvéable à merci... Maurice tu m'en remets un s'énerve Robert, ouvrier métallo, 30 ans syndiqué à la BTP...

Parce que j'aime autant te dire que Gilbert, avec tes costumes noirs tissés en Indonésie et tes pompes à l'Italienne fabriquées à Grenoble, hé bien t'es qu'un de ses cadres qui à cinquante balais vont se faire virer comme des malpropres...


- ( Gilbert) J'ai été enfant de chœur, militant des  PCUDFUMPS , et pilier de bar. C'est dire si j'en ai entendu des conneries...

Hé oui Hé oui, mon vieux, s'il y a du chômage, c'est aussi parce que les syndicats comme le tien font tout pour empêcher les patrons de faire leur boulot...

Si... Si... Dès qu'un patron propose un salaire plus faible ou qui n'augmente plus, vous le menacez de grève.

J'ai discuté avec Wilfried qui a vécu aux States, ben crois moi, là bas, ils hésitent pas: lorsque les affaires vont mal, les boites licencient à tour de bras... et ils ont le plein emploi, eux...


- (Kader) Moi, ce qui me gène, c'est qu'il n'y a plus la clientèle d'avant: celle du dimanche après -midi, qui se promenait en famille, ils achetaient des souvenirs, des gadgets à deux francs six sous. Trois fois rien, mais cela faisait vivre le p'tit commerce. Les gamins étaient heureux avec leur pistolet à eau,  les parents envoyaient une carte postale à des cousins pendant que la grand-mère finissait sa boite de chocolat sur le banc. Aujourd'hui, il y a la télé, internet,  les jeux vidéos, et avec des salaires faibles, avec la crise, les gens achètent moins qu'avant, ils y regardent à deux fois...


- (Maurice) Ouais, en plus, faut dire que les gars, y se la jouent cool: je discutais avec mon beau frère de Grenoble, il me disait qu'il connaissait un gars qui rien foutu depuis 5 ans et qui touche quasiment autant que moi en bossant.

la volonté de bosser , c'est comme la sainte vierge, il faut l'avoir de temps en temps, pour y croire...Hebergement gratuit d image et photo


- (Robert) Ca c'est sûr que les jeunes, y veulent plus bosser, y préfèrent toucher les aides... Moi à leur âge, même pour une bouchée de pain j'aurais travailler... Pour sûr... Plutôt travailler que rester au chômage.


- Ah non les gars, ça va pas recommencer là... s'énerve Antonio, ancien ouvrier mécanicien au chômage.

Vous êtes lourds à la fin: moi ça fait 15 mois que je cherche du boulot dans la mécanique. 15 mois où ma femme me prend la tête pour que j'me lève et me rase tout les matins au cas où l'occaze se présenterait. Alors vos discours sur les chômeurs fainéants, merci...


- (Maurice) Ouais, mais Antonio, toi t'es pas pareil...Bon, les gars, j'vous la sers la tournée ?
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Antonio, t'as pas connu l'ancien temps, à l'usine de Framiot... Il y avait, allez, on va dire 300 mecs qui bossaient dur. Fallait voir les fumées et la chaleur qu'il y avait là-dedans...Moi j'dis que là où avant il mettait trois ouvriers pour faire le boulot, il n'en faut plus qu'un aujourd'hui... et si ça continue, on n'embauchera plus personne: j'ai vu un reportage à la télé sur une usine sans ouvriers, rien que des robots...

- (Robert) Hé non mais attends, Maurice...Tu sais pourquoi ils ont fermé l'usine de Frémionne ? C'est pour aller produire en Pologne parce que ça coûte moins cher et pour s'en mettre plein les poches. Le résultat, il est là: les actionnaires ont ramassé le pactole, et t'as 150 gars sur le carreau. La voilà la cause du chômage.


 




A suivre...

Dans un prochain épisode, d'autres personnages et d'autres causes du chômage seront mises en avant...


 

Avez-vous repéré toutes les causes du chômage énoncées par les personnages ?




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commentaires

W
Alors j'ai lu tous les commentaires laissés et je trouve que ça fais limite peur  ce que vous racontez ,mais le pire c'est que tout est vrai!! Il est vraiment temps de trouver des solutions à tous ces problèmes et de préférence des solutions qui n'engendrent pas d'autre problèmes. Il faudrait peu être sensibiliser plus les jeunes , les pousser a réfléchir à tous ces problèmes qui finallement les touche ou les toucherons plus tard , qui sais si on s'y met tous on peu surment trouver une solution!
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C
Je suis d'accord en grande partie: il vaut connaître les risques et ne pas se croîre invincible, tout équilibre (mais existe-t-il vraiment) est fragile. On sait que le pétrole est une ressource qui à l'échelle de quelques dizaines d'années ne nous permettra plus de continuer comme avant... Si les pays du Sud s'industrialisent, les problèmes écologiques (pollution) et sociaux (aggravation des inégalités) se poseront avec force et urgence.Je ne suis pas non plus de ceux qui pensent que, comme cela était le cas auparavant, on trouvera bien une solution le moment venu (par exemple, la croissance économique suffira à résoudre nos problèmes). Même si tu le disais, l'histoire n'est faite que de cycles, on peut supposer que, comme à la fin du XIX, d'autres sources d'énergie apparaissent (comme cela a été le cas avec l'électricité, le pétrole...).Je pense, effectivement, qu'il faut que l'on mette en question notre système économique plutôt que d'aller vers une fuite en avant. Simplement, que faire concrètement ? La citation de Lipovetsky montre la difficulté du problème: on a un appareil économique qui n'a jamais été aussi efficace du point de vue économique, dans le sens où la production de biens et services n'a jamais été aussi élevée (évidemment, le problème crucial du partage des richesses n'est absolument pas réglé par ce système économique). La citation montre également que beaucoup de gens ne réduiront leur passion consumériste que s'ils trouvent d'autres passions. J'ai peur que ces nouvelles passions  concernent un certain retour du religieux.... Je préfère de loin d'autres choix. Pour cela, il faut qu'on mette un cadre favorable aux actions individuelles: j'ai un peu comparé la durée d'amortissement de l'installation d'un panneau photovoltaique en France et en Allemagne, c'est très différent en défaveur de la France évidemment. Obligeons les entreprises à internaliser les externalités négatives dégagées lorsqu'elles ne prennent pas en compte les données écologiques (quid du traitement des déchets générés par les ordinateurs ? quid du principe pollueur-payeur ?) et sociales (les entreprises licencient, le traitement social du chômeur est pris en charge par l'ensemble des acteurs économiques et non par la seule entreprise...).Quant au problème difficile du développement des puissances chinoises et indiennes, on peut espèrer que leurs économies bénéficieront des innovations technologiques pour ne pas trop remettre en cause les équilibres écologiques. Les problèmes sociaux, l'histoire l'a montré, exigent une régulation politique. Il faudra donc là aussi inventer de nouvelles formes de gouvernance (le mot est à la mode, mais ce n'est pas qu'un slogan un peu creux).
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K
Il faut alors définir ce qu'on appelle croissance. La croissance d'une économie totalement déconnectée de toute production matérielle, une croissance basée sur des marchés financiers, une bourse où l'on achète et revend tout et n'importe quoi sans rapport en se basant sur l'offre et la demande, peut être, alors qu'effectivement ça peut continuer à augmenter... Tout autre chose, basée sur des besoins qu'il faut quand même bien combler, tels que se nourrir, se loger, ça parait quand même difficile. On voit de toutes façons déjà que les intérêts macro et micro économiques bien souvent s'opposent.<br /> il y a une différence entre cassandre qui voit le mal partout et ne pas vouloir admettre des réalités inévitables, telle par exemple la fin du pétrole, base énérgétique mais pas seulement, base également de la chimie, du plastique, de l'industrie pharmaceutique .... L'expansion démographique qui conduit inévitablement, en tout cas aujourd'hui, à guerres, famines, épidémies ... L'augmentation de la pollution, de la déforestation, les perturbations climatiques ...<br /> Aux pays qui se développent, que leur dit-on ? par exemple un début de vérité: il ne reste plus grand chose du gateau, on avait faim, on en a mangé la plus grosse part avant que vous n'arriviez, désolé ... à vous, à nous, d'inventer un nouveau modèle de développement ... La recherche pétrolière s'interesse plus à l'exploitation des gisements à très grandes profondeurs pour tirer les dernières gouttes qu'à la mise au point d'énergies nouvelles par exemple. Et ce, dans une logique de profits à courts ou moyen termes plutôt qu'une politique à long terme.<br />  "La planète ne peut plus nous nourrir ... " me dis-tu apparemment incrédule ... aujourd'hui même, sur 6.5 milliards d'individus, combien nourrit-elle ? Ce n'est même pas un futur sombre, c'est une réalité depuis toujours ... Que les prévisions se trompent d'une, de deux ou de trois générations, soit, tant de paramètres entre en jeu ... Cela rend-il les problèmes moins importants ? Sachant que la croissance démographique est exponentielle, crois tu réellement que d'ici peu de temps, 50 ou 100 milliards d'individus pourront cohabiter de cette manière, selon le paradygme de la consommation ? <br /> Les voitures consomment moins qu'il y a trente ans ... à puissance égale certainement mais elles sont autrement plus nombreuses ... Tu sembles lié mon propos à un aspect écologique, ce qui est vrai mais restrictif, et me faire endosser un discours idéologique de type "c'était mieux avant" qui n'est pas du tout le mien ni dans mon intention ... Le fait de prendre conscience des risques et des dangers ne peut au contraire qu'aider à les préparer, et la fuite en avant ne me semble pas être la solution. <br /> Il est d'ailleurs amusant de constater que les principes généraux de gestion d'une entreprise, tels que la gestion, la prévision, la maîtrise des risques sont de moins en moins appliqués quand la taille de l'organisation (allant jusqu'à un état) grandit.<br /> Je ne pense pas que "c'était mieux avant" et "que tout fout le camp", je pense au contraire que tout n'est qu'équilibre fragile, et que si une société peut s'améliorer, elle peut aussi très vite décliner et les exemples sont légions dans l'histoire. L'erreur à mon avis serait de croire que tout ne peut qu'ou s'améliorer ou au pire rester tel quel. La Grèce, Rome, l'Egypte, L'Italie, L'Espagne, la Russie, voire le Mexique, et tant d'autres ont été des puissances importantes avant de décliner totalement ...<br /> Le plus probable c'est que ces pays émergents dont tu parles la Chine, l'Inde vont croitre mais que ce sera au détriment des pays actuellement dominants ... La question de l'exactitude des prévisions dans le temps n'est qu'accessoire. Chaque époque, chaque civilisation s'est cru au sommet de l'évolution, alors que l'histoire n'est faite que de cycles. Le savoir devrait aider à le prévoir.<br /> Dire "tout ira mieux demain" me semble au moins autant criticable que "c'était mieux avant"
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M
La croissance nécessite toujours plus de ressources naturelles... Je ne sais pas si cela est totalement exact: les voitures consomment nettement moins ajourd'hui qu'il y a 30 ans, les maisons sont mieux isolées etc... Je ne dis pas que tout est parfait, loin de là. Par exemple, je suis stupéfait par la croissance du nombre de 4 - 4; je sais qu'il y a de trop nombreux gaspillages en ce qui concerne les emballages, la publicité... La planète est un système fini: que dire alors aux pays qui se développent (Chine, Inde et autres...). La planète ne pourra pas nous nourrir, il faut arrêter votre croissance ?La thèse de la croissance zéro déjà en vigueur dans les années 1970, et celle de Thomas Robert Malthus au moment de la Révolution Industrielle (il pensait que les ressources naturelles n'augmenteraient pas aussi vite que la croissance démographique) me laissent un peu sur ma faim.J'ai toujours un peu de mal avec les cassandres (tout va mal, la fin du monde est proche, le niveau baisse, la famille et l'autorité foutent le camp). Non pas que ces discours n'aient aucun mérite (ils permettent d'alerter les opinions), mais il y a aussi des soubassements idéologiques contestables (cf Malthus et les analyses en termes de décroissance).
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K
il n'y avait dans mes propos aucun reproche ... le "progrès" scientifique n'est matériellement pas limité ... la croissance ad vitam eternam nécessite toujours d'avantage de ressources, d'énergie et de nombreuses autres contraintes purement matérielles, qui ajoutée à l'acroissement de la population atteindront une limite, qu'on le veuille ou non, puisque la planète est un système fini et non extensible ... c'est une énorme différence
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