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13 mars 2007 2 13 /03 /mars /2007 05:44
Vous le savez, le fait politique marquant de ces  dernières semaines, c'est la percée de François Bayrou dans les enquêtes d'opinions (crédité de 7 à 8 % d'intentions de vote, il a atteint 24 % ces derniers jours). Le barnum médiatique a trouvé un nouveau personnage pour alimenter la campagne.
Puisque François Bayrou a fait une percée remarquée dans les sondages, j'ai choisi de commenter son programme concernant le système éducatif (source ici)




La première condition (...) c'est que 100 % des élèves sachent lire et écrire à l'entrée en sixième. S'ils ne savent pas, qu'on leur apprenne. Garantir la lecture, c'est changer le collège.

Qui est contre ? C'est une position de principe. Le plus intéressant serait de savoir comment atteindre cet objectif ? Or, il n'y a rien à ce sujet, c'est très étonnant.
Attendons la parution du livre de François Bayrou annoncé fin février, puis début mars pour en savoir plus (il va falloir qu'il se dépêche, l'élection est proche....)
Je rappelle que le slogan "savoir lire, écrire et compter" est un leitmotiv des différents ministres de l'éducation de droite comme de gauche. Il n'a donc jamais pu servir de base pour une politique "originale" en matière éducative.



 
Retrouver un collège paisible ne se fera pas avec des policiers, mais avec des éducateurs. Il faut reconstruire l'autorité du professeur et du surveillant. Pour l'élève, ou les deux élèves qui mettent la classe par terre, il faut des éducateurs et des psychologues, sans doute dans des internats. La présence d'adultes à l'école, pour les études surveillées, l'accompagnement, je la prévois dans le cadre du service civique et de l'activité universelle.
 
Ah, là on a un objectif -restaurer l'autorité au collège- et des moyens -augmenter le nombre d'adultes dans le cadre d'un service civique et par l'embauche de personnel qualifié-
La place des adultes est effectivement une réponse possible: on sait qu'il faut de la présence humaine pour encadrer les élèves. Celle-ci fait cruellement défaut. Mais ce qui me chagrine un peu c'est:
1- l'idée selon laquelle il suffit d'enlever "l'élève ou les 2 élèves qui mettent la classe par terre" est très simpliste: d'autres prendront leur place, on le sait.
2- le personnel doit être qualifié, formé et se voir confié des tâches précises avec les moyens adéquats. Ce sont des reproches que l'on a pu formuler aux ex-emplois jeunes.




Il faut repenser la carte scolaire pour l'égalité des chances : en défendre le principe, lui redonner son sens. Là où plusieurs établissements sont identiquement accessibles, il faut construire des réseaux et ouvrir aux élèves, peut-être aussi aux enseignants, la possibilité d'accéder à tous les établissements du réseau.

Il y a ici la défense du principe de la carte scolaire. Au moins, l'engagement est clair et se différencie des autres candidats.
Par contre, le reste est très vague: comment redonner du sens à la carte scolaire ? Que signifie le terme de réseaux concrètement ? S'agit-il d'un regroupement de plusieurs établissements où les enseignants pourront aller selon les besoins ? Des établissements identiquement accessibles ? J'en connais aucun puisque chacun cherche à se différencier !


 
Donnons un égal accès à tous les établissements aux filières d'excellence, au lieu de créer des filières de discrimination positive alibi (...) Dès lors, chaque famille, au lieu de chercher une grand-mère ou un collatéral dans le 5ème arrondissement, cherchera la même grand-mère ou le même collatéral dans un lycée provincial ou de banlieue.
 
Comment faire ? Comment un collège ou un lycée accueillant un public défavorisé ait un accès égal aux filières d'excellence ? Faut-il qu'il crée eux-mêmes ces filières dans leurs locaux (mais ont-ils les moyens et les conditions ?) ou faut-il attribuer des quotas par établissement (mais cela revient à faire de la discrimination positive). Peu de réponse, beaucoup d'interrogation.



 
La clé de tout cela, c'est l'innovation, l'évaluation et la communication de l'innovation. Le grand corps qu'est l'Éducation nationale a besoin d'autonomie à tous les niveaux, de gestion des ressources humaines, de co-responsabilité, de concertation transparente avec les femmes et des hommes qui font vivre l'Éducation nationale. Et les étudiants candidats au Capes ou à l'agrégation ont raison de le dire : nous ne pouvons pas jouer les recrutements à l'accordéon. Je suis partisan d'une loi de programmation sur dix ans des recrutements.

Qu'est-ce que l'innovation en matière d'Education Nationale ?
Si c'est la notion clé, alors définissons les contours, proposons des mesures concrètes pour faciliter ces innovations...

Dans ce paragraphe, plusieurs idées très différentes (innovation, autonomie, GRH, recrutement...).
Aucune n'est développée sauf une: faire une loi de programmation des recrutements, ce qui n'est pas le coeur des problèmes que pose l'école.

Rien sur la formation des enseignants, les nouvelles technologies, le collège unique...





Quel bilan ?
Très décevant pour plusieurs raisons:
- le contenu est trop modeste, alors que l'éducation est proclamée comme une priorité.
- aucune proposition concrète, des déclarations de principes. Ce qui revient à donner un chèque en blanc au candidat.
- pour un ancien ministre de l'éducation érigé en "candidat qui apporte du renouveau", on pouvait s'attendre à mieux, beaucoup mieux.

J'ai bien peur que cette candidature ne soit portée que par
l'attitude du Ni - Ni(ni Sarkozy, ni Royal)et la personnalité de François Bayrou.

C'est léger, non ?



Voici des extraits de
Libération d'hier, lundi 12 Mars

La présidentielle sur les bancs de l'école.

 Par Thomas PIKETTY directeur d'études à l'EHESS.
François Bayrou incarne-t-il la synthèse idéale entre droite et gauche souhaitée par les Français, ou bien bénéficie-t-il, grâce au vide qui l'entoure, du nihilisme des électeurs face aux grands partis ? Pour se faire une idée, il n'est pas inutile de jeter un coup d'oeil aux programmes des différents candidats en matière scolaire, en principe domaine d'excellence du candidat centriste. D'autant que le clivage entre les deux principaux candidats est particulièrement fort sur ces questions.
Pour Nicolas Sarkozy, la cause est entendue : la mise en concurrence généralisée des écoles doit permettre de tirer par le haut l'ensemble du système éducatif. Il suffit en particulier de mettre fin à la carte scolaire, de supprimer les ZEP (zones d'éducation prioritaire) et de les remplacer «par rien». Le simple jeu de la concurrence entre écoles et collèges permettra alors d'augmenter la qualité de tous les établissements, chacun pouvant librement développer son projet pédagogique et trouver sa niche sur le marché scolaire.
A l'opposé, Ségolène Royal se contente d'évoquer une «révision de la carte scolaire pour supprimer les ghettos et assurer la mixité sociale». Surtout, elle propose, pour la première fois en France, la mise en place d'un véritable ciblage des moyens en faveur des écoles faisant face aux plus lourds handicaps. Son pacte présidentiel annonce ainsi qu'en ZEP les effectifs des classes de CP et de CE1 seront réduits à 17 élèves par classe, contre environ 22 élèves actuellement (et 23 élèves hors ZEP), soit une réduction significative de 5 élèves par classe, et une multiplication par 6 du ciblage des moyens(...)
Si on les confronte aux recherches les plus récentes en économie de l'éducation, ces deux visions opposées apparaissent inégalement convaincantes. En particulier, tout laisse à penser que les vertus de la concurrence, au niveau de l'enseignement primaire, sont limitées : à partir du moment où la collectivité nationale a convenu du programme de connaissances que tous les enfants doivent acquérir, les marges de différentiation entre écoles sont réduites. Elles sont un peu plus fortes au niveau du collège (choix de langues, etc.), tout en restant limitées.
(...) De fait, les expériences de mise en concurrence des écoles primaires et des collèges à partir du système de vouchers (chèques-éducation que les parents donnent à l'école de leur choix) promu par l'administration Bush ont donné des résultats décevants en termes d'amélioration de la qualité du service éducatif et de performances scolaires.
En revanche, les coûts de la mise en concurrence peuvent être clairs et immédiats, en particulier pour les écoles défavorisées qui s'enfonceront davantage dans la ghettoïsation sociale. Il n'est guère réaliste d'imaginer que les modestes gains d'efficacité que l'on peut espérer tirer de la compétition généralisée entre écoles primaires sont de nature à compenser de tels handicaps. A contrario, les recherches les plus récentes suggèrent qu'une politique de ciblage des moyens en faveur des écoles défavorisées pourrait avoir des effets tangibles (...)
Il reste que ces deux visions antagonistes ont le mérite de la cohérence et de la clarté. Elles permettent de poser de vraies questions ­ jamais véritablement formulées dans le débat français. Insister sur les mérites de la concurrence en matière éducative est légitime et utile, même si c'est plutôt du côté de l'enseignement supérieur que les bénéfices sont à attendre. Introduire explicitement la question du ciblage des moyens entre écoles constitue une innovation majeure et permet de franchir une nouvelle étape dans le vieux débat égalité-équité mené en France depuis quinze ans, même si ce débat est loin d'être clos.
Face à ces deux visions cohérentes et antagonistes, que propose François Bayrou dans son programme ? Les objectifs affichés sont ambitieux : il s'agit de «diviser par deux l'échec scolaire et de multiplier par deux la réussite». Mais, quand on en arrive aux propositions concrètes et aux moyens de parvenir à ce résultat, le moins que l'on puisse dire est que l'on reste sur sa faim. Bayrou insiste surtout sur des questions de méthode (aucune réforme éducative ne peut être menée sans les enseignants et leurs organisations représentatives, etc.) et ne se prononce clairement ni sur la question de la concurrence scolaire ni sur celle des ZEP. Sur ce terrain, comme sur la plupart des grandes questions économiques et sociales du moment, le candidat centriste apparaît dans une posture «ni-ni», et non comme porteur d'une synthèse nouvelle.

Dans bien d'autre domaine, les propositions de F. Bayrou tranche singulièrement avec l'image médiatique qu'il donnen'apparaît. Lisez ici et ici

Je veux bien donner la parole à la défense, j'avoue moi-même être sidéré par le phénomène médiatique de ces dernières semaines.
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commentaires

N
oui c'est bien ce que je disais, du mic-mac de médias...
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L
De la réponse, oui. Mais de Mr Bayrou, beaucoup moins  ^^
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C
Bayrou est une baudruche qui va se dégonfler ... on est pas si bêtes quand même ? ( dit la fille qui croise les droits très fort ...)
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c'est léger en effet. Ministre de l'Education en 1993 sous Balladur, a-t-il appliqué ces belles propositions ??? Pas le souvenir. Cette candidature me laisse perplexe parce que je ne vos pas en Bayrou un homme providentiel...  Bon assez méchamment, je dirais qu'il occupe un peu trop de place dans les médias classiques, qui lui donnent beaucoup d'importance - et cela évite de parler des autres candidats... Il est présenté de façon sympathique, avec un coté jovial presque... Pour cacher le vide total d'un programme ??<br />  
Répondre
L
Mais pourquoi est-ce que c'est à ces éléctions là qu'il est mis dans la lumière ? Ce n'est pas la première fois qu'il se présente.<br /> Sinon pour les sondages, ils sont fait sur une tranche de 1000 personnes, 1000 chômeurs et 1000 patrons n'auront certainement pas les mêmes intentions de vote. Bref, les sondages, c'est bien joli mais n'oublions pas 2002.
Répondre
C
Il y a plusieurs facteurs à mon avis:- en 2002, sa campagne était nettement moins bonne (avec son bus au colza...^^)- il y a eu le 21 avril 2002, donc Bayrou apparaît comme un moyen pour le sondé de montrer sa défiance vis-à-vis des 2 favoris (fonction de protestation) sans pour autant tomber dans la disqualification du vote Le Pen (moins respectable que Bayrou)- les médias de masse doivent alimenter la campagne qui a démarré très tôt (à l'automne avec l'investiture socialiste, puis en janvier avec le candidat UMP, il faut maintenant trouver autre chose).- effet de boule de neige des sondages: à partir du moment où François Bayrou monte, il apparait de plus en plus comme une hypothèse probable. BVA a été le premier institut à publier des sondages avec Bayrou gagnant au deuxième tour (contre Royal et Sarkozy), ce qui en fait un candidat plus légitime...Satisfaite Lulu ?

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