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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 19:15
J'ai recu l'excellente revue Sciences Humaines chez moi.
Il s'agit d'une revue qui a pour objectif de faire le point sur les dernières recherches en sociologie, sciences politiques, économie, psychologie, histoire...

Le numéro d'avril comporte un dossier sur "le nouveau pouvoir des institutions".


Je voudrais vous citer des extraits d'un des articles du dossier et en faire quelques commentaires.



Qu'est-ce qu'une institution au sens sociologique ?

" mondes sociaux particuliers investis d'une mission orientée vers le bien public et l'intérêt général ou encore d'une mission régalienne, disposant d'une forte assise organisationnelle et participant d'une oeuvre socialisatrice et d'une emprise sur l'individu suffisamment fortes" définition empruntée au réseau thématique  "Sociologie des institutions" (Association française de Sociologie).


L'école, la justice, l'armée peuvent être des exemples d'institutions au regard de cette définition.
Je pense néanmoins que celle-ci est peut être un peu trop restrictive car la famille, l'Eglise et même l'entreprise sont aussi des institutions. Or elles ne correspondent pas vraiment aux premiers éléments de la définition.

A l'heure actuelle, c'est la dernière partie de la phrase qui suscite le plus de débats.

Avec l'individualisme moderne (marquée par une autonomisation et une individuation croissante), certains sociologues se posent la question de savoir si les institutions ont encore du pouvoir sur l'individu.

Dans son livre "le déclin des insti
tutions", François Dubet montre clairement qu'elles ont perdu le caractère sacré qu'elles possédaient auparavant.

Le professeur, le médecin, le juge, le travailleur social, le prêtre, le père n'ont plus a-priori une autorité incontestable et "naturelle" (en réalité le résultat d'un long processus historique et social).



Le principal responsable de ce déclin ? C'est vous, c'est moi... l'individu qui réclame plus d'autonomie, moins de dépendance, plus de prestations taillées sur sa mesure, plus de dialogue.

Qu'il s'agisse de réinsérer le RMiste, d'apprendre à l'élève à apprendre ou d'identifier les métiers possibles pour une personne en reconversion professionnelle, "il est ainsi moins question d'assistance, de réparation, de compensation que d'activation des ressources et des compétences (...)

Ainsi l'école fabrique des élèves qu'elle souhaite autonomes; dans la santé, l'individu devient un acteur de sa propre guérison...

Ceux qui travaillent dans ces institutions ne sont plus perçus comme détenteurs d'une vérité à révéler.
Ils doivent individualiser leurs actions et permettre à chacun de faire un travail sur soi.
L'objectif est bien de mettre en activité l'individu (l'élève, le patient, le chômeur, le travailleur qui doit se reconvertir...) sans le placer dans une position de dépendance vis-à-vis du représentant de l'institution (l'enseignant, le médecin, le conseiller ANPE...).


Le dossier montre qu'un certain nombre d'institutions sont restées à l'écart de ces transformations.
Elles continuent de fonctionner "à l'ancienne", sur un mode paternaliste. Par exemple, la prison, l'aide sociale à l'enfance (très bons articles sur ces deux thèmes) considèrent encore trop souvent qu'elles ont toute légitimité à décider (parfois contre son avis) de ce qui est bon pour autrui, ou de ce qu'est son intérêt.

Enfin, il ne faut pas négliger les effets pervers de cette injonction généralisée à être autonome: chacun n'a pas les mêmes capacités à se conformer à cet impératif.

Par exemple, les travailleurs précaires ne sont pas les mieux lotis pour formuler des projets pour leur avenir, les élèves en difficultés non plus. La maitrise de son avenir dépend pour une large part des conditions du présent.

Ces évolutions me paraissent extrêmement pertinentes pour comprendre les métamorphoses du lien social vers l'individualisme moderne.



La complexité des mutations en cours montre qu'il existe des dérives évidentes (autonomie ne signifie pas liberté absolue qui conduirait à l'anomie), mais la tendance structurelle est bien celle-ci. Les institutions sont confrontées à ces changements, certaines se transforment, d'autres s'immobilisent ou se crispent.

J'ai trouvé ce dossier très éclairant à tous points de vue.

Alors, pensez-vous que l'emprise des institutions ont encore un pouvoir ? un pouvoir légitime ? Lequel ?


P.S.: les illustrations de cet article sont celles de Lorenzo Mattoti dont je ne saurais trop vous conseiller d'aller voir son site et surtout de consulter ses oeuvres !
Pardon pour le jeux de mot du titre (je sais, j'ai honte...je vais peut être trouver du boulot à Libé comme faiseur de titre !)
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commentaires

N
ca dépend des intitutions dirais-je... L'Eglise, vu les récents blablastrouumps du Pape (messe en latin et ex-communion ou presque des divorcés) me semble peu crédible. <br /> Les pères et les mères, l'autorité parentale quoi me semble devoir être réajustée pour ne pas fabriquer des générations d'impolis, mais ce serait l'école des parents.<br /> Ecole, santé, affaires sociales doivent rester des services publics, laiques. L'armée bof bof bof... pas ma tasse de thé. La justice doit aussi pouvoir garder son indépendance, et les prisons rénovées et tournées vers la resociabilisation de l'individu. <br /> Les gens doivent être conseillés et aidés, au cas par cas, mais ils doivent aussi se montrer respectueux de l'interlocuteur. De meilleurs formations pour les professionnels, et des citoyens un peu plus responsables. uTOPIE ?
Répondre
C
Une utopie qui ne saurait restée lettre morte.L'armée a aussi évoluée...Ce qui m'inquiéte le plus, c'est le retard accumulé par l'instution pénitentiaire (même si les nouveaux centres ouverts sont plus en avance que les anciennes prisons). Le numéro de  Sciences humaines est à cet égard très révélateur.

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