La date est importante, c'est aujourd'hui que l'on célèbre le cinquantième anniversaire du traité de Rome.
Ce n'est pas parce que la campagne électorale ne traite que très peu des affaires étrangères qu'il faut négliger ce domaine, bien au contraire.
Je voudrais, dans ce billet, écrire quelques mots à ma façon sur l'Europe.
J'ai trouvé un site qui permet, très concrètement, de comprendre ce qu'est l'idée européenne. C'est un lien qui nous rappelle les avancées des européens (qu'on néglige trop souvent).
David Mourey a fait un travail remarquable pour collecter tout un ensemble de liens essentiels sur le sujet, c'est ici et c'est incontournable !
Ensuite, même si le sujet est vaste, il me semble qu'on peut faire quelques rappels.
Avant, l'Europe, c'était souvent cela
Des nationalismes exacerbés qui nous ont entraîné dans plusieurs conflits dévastateurs.
Depuis, nous avons vécu une période de paix relative.
On peut nuancer cette remarque: les nationalismes continuent d'exister, c'est évident (mais ils n'ont plus l'ampleur de ceux du XXème siècle).
Il y a pourtant eu un conflit très dur dans la période récente (en Yougoslavie au début des années 1990, ne l'oublions pas).
Mais le bilan est largement positif.
Comment a-t-on pu réussir ce qui paraissait impossible ?
Il a fallu passer d'une logique de "prendre - refuser - garder" à une logique de "donner - recevoir - rendre".
Le point de départ a été de ne pas refaire l'erreur du traité de Versailles en 1919: sanctionner très durement l'Allemagne, rendue responsable de la guerre de 1914-1918.
C'est le couple franco-allemand qui s'est forgé grâce à De Gaulle et Adenauer. Ce n'était pas chose facile dans l'après-guerre.
Cette idée européenne doit s'incarner dans des normes politiques, juridiques et économiques. Lesquelles ? Par quels processus ?
Il me semble que l'on peut synthétiser l'idée européenne autour de deux axes.
- l'économie sociale de marché: un modèle qui parviendrait à combiner l'efficacité productive du marché avec une protection sociale.
Dès le départ, il y a cette volonté qui permet de se distinguer du modèle américain (trop inégalitaire et peu protecteur) et du modèle soviétique (trop dirigiste et peu efficace).
On mesure à quel point cette volonté de concilier marché et société est d'actualité (et d'avenir). Le marché commun instaure le principe de libre-circulation des richesses et des personnes, il reste par contre du chemin à faire en ce qui concerne l'Europe sociale.
- les droits de l'Homme:avec la convention européenne des droits de l'Homme de 1950 et la cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg, l'Europe affiche clairement ses valeurs.
Ce processus n'a pas été linéaire, loin de là.
Des avancées importantes vers l'intégration, mais aussi quelques échecs et des interrogations.
Voici un schéma qui permet de comprendre l'évolution (source: centre Robert Schuman).
L'Europe, on le voit, a beaucoup plus progressé dans l'ouverture commerciale que dans l'intégration politique. C'est donc l'un de ses défis pour le futur que de rétablir un peu plus de "politique" (au sens noble du terme, je pense à l'idée d'un pilotage économique beaucoup plus poussé)
Aujourd'hui, l'Europe est en panne. Où est son projet et son utopie ?
Je vais donner deux exemples simples, concrets mais révélateurs de cette crise:
- Je voulais relire le préambule du Traité de Rome, je me rends sur le site officiel de cet anniversaire, et je tombe sur cette page. Impossible de lire, il y a toute une procédure "bureaucratique".
- Les européens ont des difficultés à se mettre d'accord sur une déclaration commune pour cet anniversaire. On a l'impression d'une célébration dans la douleur...
Je souscris entièrement à cette déclaration de l'OFCE du 20 mars 2007
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