Ce matin, je dois élaborer quelques évaluations et corriger des copies.
J'avais repéré, il y a quelques temps, un lien sur l'évaluation qui me paraissait important. Mais je n'avais pas encore eu le temps de le lire.
Je décide donc d'y jeter un coup d'oeil. Comme souvent, le rapport est de qualité, il confirme quelques impressions de terrain et me permet de clarifier un peu mieux ma pratique d'enseignant de base.
Les profs, un best seller...
Je vous livre quelques extraits que j'essaye de commenter
Extrait n°1: "Le système traditionnel français de notation a longtemps été lié à une pédagogie de l’émulation ou de la contrainte, promouvant une évaluation de type « récompense-punition ».
Ce système a été mis en cause par de nombreux analystes, du fait du caractère illusoire du contrôle précis des acquis via la méthodologie « notes-classement », et de par la nécessité d’une meilleure prise en compte de la démarche intellectuelle et des progrès des élèves (...)
Nombreux sont les observateurs (professeurs, inspecteurs) qui attestent de la maîtrise par certains élèves des connaissances nécessaires pour réussir les contrôles ou examens scolaires, et de leur grande difficulté à mobiliser ces savoirs pour comprendre et agir dans une situation concrète de la vie quotidienne, ou pour résoudre un problème nouveau dans un contexte scolaire."
Ce sont effectivement des remarques que j'ai pu faire: qui n'a pas utilisé ce pouvoir de "récompense-sanction" pour asseoir son autorité ? Qui n'a pas constaté, même chez les bons élèves, que les savoirs se sont évaporés après 1 ou 2 mois ?
Alors sont apparues:
- les séances de méthodologies: apprendre à exploiter un texte, un graphique...Mais là encore on n'a pas échappé au caractère artificiel de ce type d'enseignement
- les fameuses grilles où tout devait être évalué: les recherches, la méthode d'analyse, les objectifs de savoir... La réussite a été plus ou moins au rendez-vous: trop de critères tuent la pertinence de l'évaluation, une fois qu'on a repéré tous les objectifs non-atteints (et on mesure tous nos défauts ^^), on fait quoi ? Des séances de méthodologie ...
Il me semble, à l'expérience, que ce qui "marche le plus", c'est de réactiver ces savoirs plusieurs fois au cours de l'année: à l'occasion de recherches, d'exercices, d'analyse, on demande aux élèves de réutiliser des termes ou des raisonnements déjà appris (les fameux fondamentaux...)

Extrait n°2: "Les missions traditionnelles de l’école restent fondamentalement au coeur du système de formation : transmettre la culture et les valeurs communes de notre république, forger une conception humaniste de notre société, permettre à chaque jeune de trouver sa place et de se sentir partie prenante du monde dans lequel il vit.
La pérennité de ces conceptions ne saurait masquer cependant les profondes et rapides mutations du contexte économique, social, politique dans lequel l’école est immergée et auquel, d’une manière ou d’une autre, elle doit préparer le futur adulte qu’elle forme.
L’explosion des connaissances, l’évolution des moyens d’action sur le proche environnement de l’être humain, le développement grandissant des technologies de l’information et de la communication, entraînent de fait une « mondialisation » des activités humaines. La société qui se dessine est marquée par l’incertain et le mouvant, par une complexité grandissante de l’environnement immédiat de chaque travailleur, du fait de l’interdépendance accrue des missions et du partage d’informations. Dans cette société en perpétuelle mutation, il convient donc de s’adapter graduellement aux nouvelles conditions, de développer des capacités de réactivité aux changements technologiques, économiques, de s’approprier les savoirs nécessaires pour résoudre les nouveaux problèmes qui se présenteront dans la vie professionnelle, citoyenne et privée, tout en faisant preuve de maîtrise sur ces évolutions et de compréhension critique du monde qui se construit (dans ses aspects sociétaux, économiques,politiques)."
Chez les enseignants (et je m'y inclue évidemment), il y a toujours cette crainte que les missions traditionnelles de l'école disparaissent (voir tous les débats depuis 15 ans sur éducation / instruction etc...) au profit d'autres missions ("on ne fait pas de la garderie, de l'animation....").
Je souhaite donc enseigner des savoirs savants, mais je me rends compte également que notre position de détenteurs de ces savoirs s'est trouvée largement déstabilisée par les médias et les nouvelles technologies. Essayez de donner un devoir de type bac, ou un exposé sur un sujet préçis...et vous obtiendrez des "couper-coller" (c'est vrai que c'est tentant, non ?). Faites faire des recherches, et vous verrez des élèves qui ne citent aucune source (je l'ai trouvé sur internet) ou des sources qui peuvent poser problème (c'est sur un forum...). D'un autre côté, la masse de savoirs et d'informations qui circulent est incommensurable, alors pourquoi ne pas les utiliser (les manuels prennent un sacré coup de vieux...)
Je vois bien que le vocabulaire utilisé dans cet extrait va faire frissonner plus d'un collègue syndicaliste (flexibilité, réactivité...parce qu'ils voient bien la traduction possible en terme de gestion de ressources humaines). D'un autre côté, en tant qu'enseignant, savoir prendre un risque calculé, avoir l'esprit critique etc...sont aussi des compétences à mettre en oeuvre, non ?
j'avais trouvé quelques éléments de réflexion sur l'enseignement et les TIC
Extrait n°3: "La focalisation sur la notion de compétences permet donc de porter une attention accrue aux processus d’apprentissage, à la façon dont l’élève apprend et utilise ses connaissances, et finalement au fonctionnement cognitif des individus.
Elle ne disqualifie pas, loin de là, l’absolue nécessité d’ancrer les apprentissages sur l’acquisition rigoureuse, étayée, de connaissances solides sans lesquelles les compétences visées ne seraient que châteaux de sable. Mais elle rappelle l’ardente obligation de donner du sens aux savoirs enseignés à l’école, d’en augmenter la portée au-delà de l’horizon de la seule réussite aux épreuves scolaires, et de mettre au premier rang des missions de l’école la formation de la pensée autonome.
La stratégie dite de Lisbonne, mise en place par le Conseil européen en mars 2000, a défini comme objectif principal la promotion d’une économie fondée sur la connaissance. Le conseil a alors souligné que «chaque citoyen doit être doté des compétences nécessaires pour vivre et travailler dans cette nouvelle société de l'information» et a recommandé l’adoption d’un «cadre européen définissant les nouvelles compétences de base dont l'éducation et la formation tout au long de la vie doivent permettre l'acquisition : compétences en technologies de l'information, langues étrangères, culture technologique, esprit d'entreprise et aptitudes sociales».
Ces orientations, confirmées par les conseils européens de Stockholm (2001) et Barcelone (2002), ont débouché en novembre 2005 sur une proposition de recommandation du Parlement européen et du Conseil, présentée par la Commission, concernant « les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie ». Cette proposition a été adoptée le 26 septembre 2006. Le document adopté précise que « selon les études internationales, on entend par compétence une combinaison de connaissances, d'aptitudes et d'attitudes appropriées à une situation donnée. Les compétences clés sont celles qui fondent l'épanouissement personnel, l'inclusion sociale, la citoyenneté active et l'emploi ».
On va retrouver les débats déjà connus: sur l'Europe, sur le concept de compétence (cf chapitre de Terminale et article ici), sur le fameux socle commun à la française...
Beaucoup de choses à dire évidemment, pas tellement sur les principes (tout le monde, je pense peut être d'accord là-dessus), mais sur les modalités de mise en oeuvre (si le socle commun, c'est prendre les programmes des matières principales et de surligner les aspects essentiels, alors....).
J'avais évoqué ce débat sur la notion de compétence ici
Extrait n°4: "Définitions et caractéristiques des compétences, du point de vue institutionnel
Les mots clés qui repèrent le mieux les exigences institutionnelles (internationales, européennes, françaises) concernant les compétences de base,
devant être acquises lors de la formation initiale et développées tout au long de la vie, sont :
• transversalité : les compétences recouvrent plusieurs disciplines, elles s’exercent dans des situations variées ;
• contextualisation / décontextualisation : la compétence doit être maîtrisée et évaluée à travers des situations concrètes, les plus proches possible de celles rencontrées dans la vie réelle ;
• complexité : les tâches, les situations de mise en oeuvre des compétences sont par essence complexes, requérant la mobilisation de savoirs, savoir faire, capacités, attitudes variées ;
• intégration : les compétences intègrent diverses disciplines, diverses facettes (capacités, attitudes, connaissances)."
Dans le rapport, j'ai trouvé ce schéma qui m'a fait penser un peu à l'esprit des TPE (travaux personnels encadrés). Je trouve qu'il y a des innovations intéressantes, même si cela pose un certain nombre de problèmes (construction d'une échelle de compétences, valorisation d'éléments acquis en dehors de l'école pour certains et donc pas pour d'autres, etc...)

Bon, je vais essayer d'introduire quelques questions dans mes évaluations qui soient un peu plus transversales et complexes. Certes, il y a aura toujours des questions classiques de savoir et savoir faire; mais je rajoute quelques situations nouvelles n'exigeant pas une réponse toute faite (je récite le cours) mais l'élaboration de raisonnements nouveaux (à partir des éléments de cours, des acquis personnels, des documents...)
Il me reste juste à vous donner l'essentiel: le lien qui permet de lire ce rapport.
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