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19 novembre 2006 7 19 /11 /novembre /2006 08:17
Une nouvelle étape: ce sont les systèmes de paiement automatisés.

Le principe est simple:
c'est le client qui scanne lui-même et qui paye grâce à de nouveaux scanners intégrés dans une machine.
C'est le « self check out » (vous êtes tendance ou pas ?)






Quel est l'objectif pour l'hypermarché?

1 / Fluidifier le passage en caisse est un enjeu commercial

Les magasins qui ont mis en place cette solution ont vu le nombre de clients augmenté de 3% en une année. Le prix de ces caisses étant de 20 000 euros, on imagine sans mal qu'elles seront assez vite amorties.


2 / Flexibiliser les horaires et le travail des hôtesses.

Avec la mise en place de ces systèmes, seule une hôtesse pour 4 machines est nécessaire. Deux conséquences: d'abord le travail de l'hôtesse change, elle est davantage amenée à conseiller, dialoguer, aider... D'autre part, cela va permettre à l'hypermarché de moduler ses horaires ou son personnel en fonction de son activité commerciale.

Voici les propos d'un directeur d'un magasin Atac Vincent Lesouef:

La motivation première vient du constat que dans la zone proche du magasin il y a toute une population de type cadre qui rentre du travail vers 20 heures et cherche à faire quelques achats. Des « clients-paniers » qui prennent 4 ou 5 produits pour faire le repas du soir ou parce qu'il leur manque quelque chose. On a donc cherché un moyen d'augmenter l'amplitude horaire. D'un autre côté, il s'agissait de ne pas bouleverser la vie privée de nos salariés. On a trouvé cette solution : prolonger l'ouverture jusqu?à 22h et installer des caisses automatiques

 


On voit bien qu'il s'agit de nous faire consommer de plus en plus de richesses (cf rubrique Bien dit à droite) de plus en plus vite


Petit détail amusant : les clients interrogés ont affirmé que leurs passages avaient été plus rapides qu'aux caisses ordinaires.

Ce n'est qu'une question de perception du temps passé à attendre en caisse.

Les clients sont deux fois moins rapides qu'une caissière, pourtant ils ont l'impression que leurs passages en caisse automatique a été plus rapide.

C'est simplement parce qu'ils sont occupés que le temps passe plus vite.


Quelle conséquence sur le nombre d'emplois d'hôtesses de caisse ?

Réponse: Cela dépend...

Nous avons vu dans le billet précédent que le nombre d'employés de libre-service en France avait augmenté malgré l'introduction de nombreuses innovations car la demande avait augmenté.


Quelles hypothèses peut-on formuler sur l'avenir immédiat ?


- version positive: les hypermarchés sont obligés d'offrir de nouveaux services, puisque sur ses marchés de base (alimentation, droguerie…) ils stagnent.

De nouveaux types d'offres apparaissent, vers des marchés de services, plus porteurs : les assurances, les cartes bancaires ou les voyages, dans la vente de voitures.

Il faudra embaucher, ce qui compensera les destructions d'emplois aux caisses.


- version négative: Depuis une quinzaine d'années, de nouvelles enseignes sont apparues. Ces nouvelles enseignes répondent de manière ciblée aux besoins des consommateurs.

Face à cela, les hypermarchés n'ont pas beaucoup évolué. Sur le sport par exemple, les hypers ont été complètement dépassés par des magasins comme Décathlon ou Go Sport. Parallèlement, leur capacité à offrir des prix bas est remise en cause par les magasins de hard-discount. Le consommateur est habitué aux prix bas, il en veut maintenant toujours plus.

Or, pour baisser les prix, on peut baisser les salaires ou diminuer le nombre de personnes employées...

Autre facteur aggravant: le développement des cybermarchés (vous faites vos courses sur les sites internet des grandes enseignes) va sûrement faire baisser le chiffre d'affaires des points de vente.

 

Quelques éléments de repères et d'analyse sur les grandes surfaces


1291 magasins en France
La France est aujourd'hui la championne du monde des hypermarchés : 1291 magasins aux diverses enseignes sont répartis à travers le pays.
 

Le nombre d'hypermarchés par grandes enseignes


Source : LSA 2004

38 fois par an et par Français
Un Français se rend en moyenne 38 fois par an dans un hypermarché, et son panier moyen est de 30,8 euros. Les achats se concentrent surtout sur les produits frais (33,4%)

Le marché étant saturé en France (les ouvertures de nouveaux magasins sont très réglementées), les chaînes françaises se tournent naturellement vers les marchés étrangers.


Philippe Moati est directeur de recherche au Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Il nous explique pourquoi les Français aiment tant leurs hypers et les nouveaux défis des enseignes.

Le succès initial des hypers tient à l'évolution de la production industrielle.
La standardisation des produits a permis une consommation et donc une distribution de masse. Les hypers, grâce à leurs prix beaucoup plus bas que les petits commerces classiques, ont donc contribué à démocratiser les achats.

D'autres facteurs ont permis l'expansion de ce type de commerce : le réfrigérateur et des logements plus grands, par exemple, pour stocker de la nourriture pendant plusieurs jours.
Ce type de commerce a aussi été poussé par l'expansion de la voiture. Ils ont été construits en périphérie des villes, avec de grands parkings.


Un cadeau extraordinaire; un petit court métrage d'animation sur le sens de la vie, c'est ici, vous verrez, vous ne serez pas déçu...

Philipe Moati professeur d'économie à l'université Paris VII auteur de "L'avenir de la grande distribution" éditions Odile Jacob 2001.
"La distribution de masse a été développée à l'époque florissante du fordisme. Aujourd'hui il y a un déphasage grandissant entre le concept de l'hypermarché et l'attente des consommateurs. L'hypermarché repose sur un concept d'homogénéité de la clientèle or aujourd'hui celle-ci réclame une approche plus individualisée. "

Alors, vous êtes prêt(e)s à affronter ces machines à paiement automatisées ?

Etes-vous prêt(e)s à consommer plus pour sauver les emplois de ces hôtesses de caisse ?

Etes-vous prêt(e)s à renoncer aux innovations technologiques ?
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18 novembre 2006 6 18 /11 /novembre /2006 08:59
Je démarre une série d'articles sur les hypermarchés qui font partie de notre quotidien.
Il s'agit, à partir d'exemples concrets, de mettre à jour des évolutions, des tendances majeures de notre société.
Le premier article est consacré à l'introduction du code-barre au début des années 1990.

Tout le monde me semble dans un état semi-comateux lorsqu'il s'agit d'attendre son tour dans la file d'attente aux caisses des hypermarchés.

Je me demande si vous vous doutez de ce qui est en jeu lorsque vient le moment où vous passez devant l'hôtesse de caisse
(on ne dit plus caissière, soyez à la page un peu...)

Bon évidemment, vous êtes comme moi, vous subissez cette espèce de loi naturelle qui veut que, quelquesoit la file d'attente que vous prenez, c'est toujours celle qui va beaucoup plus lentement que les autres.
Moi je tombe toujours sur quelqu'un qui oublie de peser, qui a des tas de bons de réductions dont la moitié n'est plus valable, qui n'a pas de monnaie, qui sucre les fraises, dont le sang a du mal à remonter au cerveau...

Il est certain que lorsque vous dites Bonjour à l'hôtesse de caisse , ce qui compte c'est de remballer rapidement vos courses, d'estimer à 5-10 euros près le montant de votre caddie (Si, si, on s'amuse comme on peut) et de rentrer chez vous.

Ignorant que vous êtes, vous ne vous rendez même pas compte que, sous vos yeux, des évolutions décisives se produisent.
Heureusement que je suis là pour éclairer votre lanterne, et
 
je suis sûr qu'à la lecture de ces articles, votre passage en caisse ne sera plus jamais un instant de léthargie...

EPISODE I: LES ENJEUX AUTOUR DE L'INTRODUCTION DU CODE BARRE



DES CONSEQUENCES TRES IMPORTANTES

Elle va permettre d'accumuler une masse d'information pour gérer toutes les marchandises disposées dans vos hypers. Ainsi la gestion des stocks se fera selon la logique des flux tendus. Si vous voulez connaître cette technique, allez ici et là.

Essayons de résumer les origines de cette innovation:
a- il y a quelques années, il était matériellement impossible de gérer plus de 30 références différentes de yaourts. La demande n'augmentait donc que faiblement.

b- les entreprises vont essayer de différencier leurs produits (proposer de multiples yaourts différents) pour redynamiser cette demande.

c- Malheureusement, cela entraîne d'énormes difficultés de gestion de stocks et d'approvisionnements créant des goulots d'étranglement (par exemple: certains produits ne sont pas remis en place sur les linéaires étant la difficulté à gérer cette différenciation)

d- Pour résoudre cette difficulté, on a diminuer le temps de circulation de l'information avec les codes-barres: chaque chef de rayon connait en temps réel ses stocks et peut anticiper la pénurie.

e- Ces systèmes réclament une logistique très perfectionnée donc très coûteuse. Les coûts fixes sont élevés, seules les groupes ont les moyens financiers de financer de tels investissements. Cela entraîne donc une concentration accrue dans la grande distribution.

f-
Résultat: le nombre de référence a considérablement augmenté (un  exemple: voici 40 yaourts différents chez Danone ici) la demande a été redynamisée (lisez cet article très instructif sur le succès de Danone concernant quelques produits vedettes)

Quelle est l'autre conséquence majeure du code barre ?
Pour l'hôtesse de caisse, cela permet d'opérer une lecture optique des prix.
La conséquence directe de cette innovation est une augmentation de l'efficacité du travail : elle met moins de temps pour encaisser le même client.

Comment vont se traduire ces gains de productivité ?

- si la demande augmente - l'hypermarché accueille de plus en plus de clients, l'hôtesse peut être au contact d'un nombre de plus en plus important de clients (en moyenne 200 par jour!).
Cela signifie une intensification du travail...On a calculé qu'une hôtesse de caisse pouvait manipuler jusqu'à deux tonnes de marchandises par jour.

- si la demande est fluctuante (période creuse/ période pleine), plusieurs possibilités:
      1 / l'hôtesse de caisse peut être employée à temps partiel, ou ne vient travailler que lorsque l'activité l'exige. Il s'agit d'une flexibilité concernant le temps de travail.

      2 / l'hôtesse de caisse est en CDI. Dans les périodes creuses, la caissière participe à des travaux d'étiquetage, de mise en place des articles dans les rayons
Sa tâche s'élargit à d'autres activités, ce qui évite une certaine monotonie.
Il s'agit d'une flexibilité concernant la nature de son activité.

Le métier d'hôtesse de caisse veut changer d'image.
La preuve ? Regardez ici les compétences exigibles pour devenir hôtesse et hôte de caisse telles qu'elles sont présentées par les entreprises.
Ensuite, comparez avec cette description du métier ici. On voit bien la différence, non ?

- si la demande ne suit pas, ces gains de productivité se traduiront pas des destructions d'emplois.

Qu'en est-il ?

emplois de caissiers et employés de libre-service en France de 1982 à 2002 (en milliers)    (source : INSEE)

1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
180
180
210
212
220
209
235
240
260
270
270

Le progrès technique (ici le scanner optique lecteur de code-barre) n'a pas détruit l'emploi d'hôtesses de caisse. Au contraire, il a fallu créer d'autres emplois pour faire face à de nouvelles demandes (ouverture de grandes surfaces, croissance des magasins hard discount etc...)

Caisse que vous en pensez ?

la suite Caisse que vous en pensez (épisode II) :
une autre révolution en 2006-2007, les caisses de paiement automatiques (à lire prochainement)
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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 10:47
Je voudrais juste faire un renvoi à ce reportage de FR3 diffusé en 1997 sur un conflit du travail dans une PME du textile. Ce qui est extraordinaire, c'est le fait que l'on voit toute l'histoire filmée du conflit, du début à la fin.

On retrouve ici des thèmes liés aux conditions de travail, à l'organisation du travail, la hiérarchie des groupes sociaux, la question des délocalisations, la course aux gains de productivité. Hebergement gratuit d image et photo
Voici un bref résumé qui est sur le site de france 3


MARYFLO
Harcelez, licenciez, délocalisez... il en restera toujours quelque chose : le profit ?

Si la situation est presque banale, on n’a que rarement l’occasion de la filmer de telle manière. C’est le bruit et la fureur, c’est la guerre, c’est ce qu’on appelait jadis, la lutte des classes... Ce qu’on avait déjà filmé en 1997, et que toute la presse avait salué, a été complété sept ans plus tard. Et de quoi ça parle ? De délocalisation, pardi ! Et si ça se passe en France, c’est un hasard : en France ou ailleurs, si de toute façon on doit délocaliser...


1ère EPOQUE : LA GUERRE DES TRANCHÉES

En janvier 97, un conflit social très dur, dans le Morbihan, faisait la une des journaux. Dans une usine de confection, Maryflo, se déroulait une grève d’ouvrières réclamant le départ du directeur de l’usine. Il était accusé par les syndicats de régner avec des méthodes dignes d’un roman de Zola tout en les traitant de ”pétasses”, “bande de putes”, “tas de merde”, etc...
Avec le nez fin qui le caractérise, Strip-Tease avait filmé dans cette usine un mois avant le conflit, l’ambiance exquise qui régnait entre les principaux protagonistes : les ouvrières et le directeur.

2ème EPOQUE : LES GRANDES MANOEUVRES

Evidemment, quand un mois plus tard, le conflit a éclaté, notre équipe était sur place, slalomant entre les grévistes, les non-grévistes, le directeur et le PDG qui, en l’occurrence, est une pédégère. Après diverses péripéties, le Tribunal de Commerce a écarté le directeur, le travail a repris, et soixante-quatre ouvrières ont été licenciées... Mais délaissant la base, Strip-Tease s’est attaché aux pas de la pédégère, une patronne de poigne...



3ème EPOQUE : LA LEGION ETRANGERE

On avait un peu perdu de vue l’ancien directeur de Maryflo écarté de l’usine, pour suivre sa pédégère. Mais il a suivi ses bons conseils, car nous le retrouvons à la tête d’une usine dans un petit paradis touristique : la Tunisie. Ici, pas de 35 heures. Et des ouvrières plus maléables même si, quand on descend vers le Sud, le rythme de travail est plus lent, c’est bien connu. Et tout d’un coup l’on découvre avec stupéfaction que cet homme dont on pensait les méthodes viriles exceptionnelles, a des collègues, patrons français comme lui, qui n’ont rien à lui envier. Même quand ce sont des femmes...

Réalisation : Olivier LAMOUR

 

source: site strip tease france 3 ici

 

Vous trouverez toutes les vidéos de ce conflit social sur Daily Motion (cliquez ici)


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10 octobre 2006 2 10 /10 /octobre /2006 06:02
Pour comprendre l'intérêt des pourcentages, voici une animation flash remarquable:

 1 / rendez-vous à cette adresse cliquez ici

 2 / choisissez la langue (anglais, espagnol ou portugais: mais c'est facilement compréhensible)

 3 / sur le nouvel écran, appuyez sur play tout en bas à gauche.




Imaginez un instant que le monde soit un village de 100 habitants... 


Quelques extraits

Les chiffres sont plus simples à comprendre comparés à 100...

61 habitants de ce village sont asiatiques, 12 européens, 8 nord-américains, 5 sud-américains, 13 africains et 1 seul de l'Océeanie.

50 sont des femmes, 50 sont des hommes

13 ont faim, 14 ne savent pas lire, 7 sont allés jusqu'aux études secondaires,

12 ont un ordinateur, 3 une connection internet.

1 habitant âgé de 15 à 49 ans a le virus du SIDA...


"Appréciez ce que vous avez et faites de mieux pour bâtir un monde meilleur"
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3 octobre 2006 2 03 /10 /octobre /2006 15:25
Je voudrais vous faire part d'une discussion récurrente (aussi bien dans les classes que dans les salles de café) concernant ceux (celles) que certains nomment "les faux-chômeurs", les "chômeurs professionnels" c'est-à-dire ceux (celles) qui profitent du système d'aide sociale pour ne pas chercher d'emploi.

Derrière cette discussion s'engagent bien plus que de simples propos, ce sont  véritablement des valeurs, des idéaux qui sont en jeu (solidarité contre efficacité, chômeurs victimes contre chômeurs responsables de leur situation...).

Mon intérêt actuel pour ces questions provient d'une lecture d'un article du Point concernant le cas d'un chômeur dit "professionnel" par le journaliste (cf article du Point) et de sa critique par quelqu'un concerné directement par le chômage (cf article du blog Monolecte).



Présentation rapide du cas de Thierry F, 44 ans "chômeur professionnel" (article du Point)

Il est au chômage depuis 24 ans, et se dit content de l'être. Il possède une voiture de marque et un appartement à Roanne (Loire), un ordinateur et une webcam. Il a travaillé 31 mois, mais semble vivre plutôt bien. Comment fait-il ?
Il vit grâce à l'ASS (Allocation de Solidarité Spécifique: ce n'est pas l'assurance chômage financée par les cotisations mais le régime de solidarité pour les chômeurs en fin de droits) de 600 euros par mois; plus diverses aides (allocation logement, fonds solidarité énergie, taxe d'habitation gratuite, prime de Noël...).
Quant à sa recherche d'emploi, il envoie des CV mal rédigés et s'habille mal lors des entretiens d'embauche, de façon à ne pas être sélectionné. C'est un chômeur volontaire
Il sait que son attitude est scandaleuse "le laxisme de mon pays m'étonne", il va publier un livre  pour faire polémique. Le journaliste "connaît donc un chômeur qui..."



    Les débats autour de cet article

Comme je l'écrivais au début, il est évident que derrière cet article, il y a une volonté de mettre en cause le système de protection sociale à travers un cas "limite". Il n'y a aucune nuance, pas une seule statistique ou référence à une étude économique, un simple témoignage.

On a tous des exemples type en tête "Je connais un chômeur qui...". L'important est alors de savoir si le cas particulier est anecdotique ou au contraire révélateur de tendances générales.
Alors, notre système de solidarité est désincitatif au travail ?


 - premier contre- argument de réponse: moi aussi j'en connais qui...

on peut aussi facilement trouver des situations de chômeurs (euses) qui ne se satisfont absolument pas du sort qui leur est réservé, contrairement au cas présenté.

« Je suis anxieux pour l'avenir, je ne sais pas ce que ça va donner parce qu'à l'heure actuelle, il y a trop de demandeurs d'emplois. » (homme, 36 ans)

 

« Je m'occupe, j'ai de la couture, j'ai des tas de choses, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je tricote, je couds, je retape des vieux jeans. Qu'est ce que vous voulez que je fasse ? Pas grand-chose. Ca me paraît très long. » (femme, 56 ans)

 

« J'ai toujours peur d'être pris pour un fainéant, parce que les chômeurs n'ont pas bien d'amis, il faut reconnaître. Parce que d'après certaines réflexions, même dans ma famille,  le chômeur c'est un fainéant et pourtant, Dieu sait, un chômeur cavale. » (homme, 40 ans)

 

« Si on me proposait demain un métier de vendeuse dans une boutique, je me ferais une joie d'apprendre ce métier qui a priori ne pourrait pas être désagréable, en contact avec la clientèle . J'ai l'impression d'être rejetée, d'être quelque chose qu'on met sur une voie de garage, complètement ! » (femme, 40 ans)

 

« Dès l'instant que j'ai 42 ans, j'ai du mal à trouver du travail, même au chômage, et puis il y a une chose qui est la plus grave, c'est de priver un peu mes gosses à cause du chômage, et ça mange ces petits machins-là, on fait du crédit et à chaque fois que ma femme touche se paye, eh bien on rembourse. » (homme, 42 ans)

 
D. Schnapper, L'épreuve du chômage, Gallimard, 1994

Mais le contre-argument a ses limites: je te donne un cas, tu me donnes un autre exemple, cela ne prouve rien..."On connaît toujours un chômeur qui..."


 -deuxième contre- argument: on peut vérifier la véracité des propos et des situations.

C'est le travail réalisé dans le blog, le Monolecte (déjà cité plus haut):
          - Quel est le montant de l'ASS ?

Vous pouvez vérifier par vous-même sur le site service public,
il s'élève à 14.25 euros par jour soit 441.75 euros par mois de 31 jours (ce qui fait tout de même un écart de près de 160 euros par mois !!!!).

       - Quelles sont les conditions pour obtenir l'ASS ?
Cette personne prétend avoir travaillé 31 mois. Or, pour bénéficier de cette allocation, il faut justifier de 5 ans (soit 60 mois) de travail durant les dix dernières années précédent le dernier licenciement.
Ici, le doute véritablement s'installe: de telles contre-vérités relativisent sérieusement la
pertinence du témoignage.

D'autres faits peu vraisemblables sont relevés dans le blog de Monolecte: le niveau de vie parait très élevé par rapport aux ressources (propriétaire d'un logement, d'une voiture à entretenir...). Cela est possible si on vient d'être licencié, on peut effectivement continuer un temps à vivre un peu comme avant. Mais, dans ce cas présent, cela fait 24 ans !!!

Mais le contre-argument a des limites: on peut répondre, qu'en se débrouillant bien, je "connais des chômeurs" qui, même avec 400 euros par mois (plus les aides diverses) s'en sortent plutôt pas mal alors que d'autres gagnent à peine plus en travaillant.


- troisième contre-argument: il est difficile de démontrer les risques de désincitation des minima sociaux.

On peut mobiliser des analyses économiques pour montrer qu'il existe un risque de désincitation.
L'approche économique néo-classique considère que les individus trouvent que le travail est pénible et n'en retirent que peu de satisfaction comparativement aux loisirs (on parle de "déutilité du travail").
L'offre de travail (les individus proposent leur force de travail) se réduit à un arbitrage entre le travail (qui permet d'acquérir un revenu donnant accès à un plaisir: la consommation) et le loisir (qui permet un plaisir immédiat).
Conséquence: il existe une zone de trappe qui incite l'allocataire de minima sociaux à ne pas reprendre l'activité. Si les gains monétaires nets engendrés par la reprise d'activité sont négatifs ou nuls, l'individu, rationnel, ne sera pas incité à rechercher un emploi.



Quelle pertinence accorder à ce type d'analyse ?

Une étude de la Revue Economique n°6 en 2002 ("Trappe à chômage ou trappe à pauvreté: quel est le sort des allocataires du RMI ?") est riche d'enseignements:

     a / les chômeurs qui bénéficient de cette allocation recherchent un emploi aussi activement que les autres chômeurs. Mais 50 % ne sont pas convoqués à des entretiens d'embauche. Ceux qui ont refusé l'emploi offert (10 % seulement), c'est pour d'autres raisons qu'un salaire proposé jugé insuffisant (13 % des motifs invoqués). S'ils ne trouvent pas d'emploi, ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas, mais parce qu'ils n'ont pas les compétences requises.

      a / 1 / 3 des allocataires sont sortis de l'assistance au bout de 6 mois. Or l'emploi retrouvé procure un revenu qui se situe dans la zone théorique des trappes. Ils n'ont donc pas d'amélioration financière à retravailler, et pourtant ils le font (et ce, d'autant plus qu'il s'agit souvent d'emploi à durée déterminée, donc incertains dans la durée).

Alors, suffit-il de connaître un chômeur qui (...fraude, ne veut pas rechercher un emploi, se la coule douce...) pour avoir une compréhension des enjeux du problème de l'indemnisation du chômage ?



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13 septembre 2006 3 13 /09 /septembre /2006 09:44
L'introduction va bientôt être terminée, la première évaluation est donc imminente.
Comme il s'agit d'une nouvelle matière (les SES n'étant pas enseignées au collège), voici un exemple d'évaluation qui se déroule en une heure.
Ce n'est qu'un exemple (forcément imparfait), il a été donné il y a quelques années. Mais chaque évaluation correspond de près ou de loin à cet exemple.



I / MAITRISE DU COURS (sur 7 points)

     A / Si vous demandez à ceux qui n'ont jamais fait d'économie la définition qu'ils en donnent, vous constaterez qu'ils donnent souvent la même réponse: "l'économie, c'est tout ce qui concerne l'argent." Cette définition est-elle exacte ? Pourquoi ? (4 pts)

     B / Vrai ou Faux ? Vous devez justifier en cas de réponse "faux" (3 pts)
1- les faits sont soit économiques, soit sociaux.
2- en économie, tout bien ou service a un prix
3- pour l'économiste, produire, c'est fabriquer quelque chose de concret.


II / EXERCICES D'APPLICATION (sur 6 points)

      A / Dans le schéma suivant, les différentes étapes de l'économie sont dans le désordre. a vous de les replacer (sur 3 pts)

(1) satisfaction des besoins  (2) répartition des richesses  (3) utilisation des ressources   (4) production de richesses    (5) consommation de richesses   (6) travail
 
      B / Indiquez si les exemples suivants appartiennent à l'économie marchande (EM), à l'économie non-marchande (ENM) ou à l'économie non monétaire (Autre)
1- un père de famille fait la vaisselle
2- un cours de conduite dans une auto-école
3- un lecteur de DVD
4- l'éclairage des rues de la ville
5- un contrat d'assurance pour une maison et une voiture
6- la défense nationale
7- le jugement rendu par le tribunal de votre ville
8- les grands-parents gardent leurs petits-enfants
9- se faire faire une nouvelle coupe cheveux chez le coiffeur
10- prendre le taxi pour aller à la gare



III : ANALYSE DE DOCUMENTS (sur 7 points)
 

Doc.1 :le profil du sportif, les taux en % de pratiques sportives avec ou sans licence sportive (source : enquête de 2002 du CREDOC auprès d?un échantillon représentatif de 1 010 personnes entre 14 et 65 ans)


Selon le sexe :         

Homme : 72.3 %   

femme : 64.0 %

Selon la situation de famille :

- célibataire : 76.0 %          

-marié ou union libre : 65.5 %

-veuf : 64.3 %                     

-séparé, divorcé : 58.6 %

Selon la profession et catégorie socio-professionnelle :

-cadres supérieurs : 79.4 %

-artisans, commerçants : 80.5 %

-ouvriers : 63 %

-cadres moyens (professions intermédiaires) : 77.9 %

-employés : 58.8 %

-agriculteurs : 50.5 %

Selon le revenu mensuel :

Plus de 36 000 F : 94.1 %

De 24 000 à 36 000 F : 81.4 %

De 12 000 à 24 000 F : 73.9 %

De 8 000 à 12 000 F : 63.9 %

De 5 000 à 8 000 F : 50.0 %

Moins de 5 000 F : 69.8 %

 

1-       faites une phrase du type : sur 100.....il y a ...... avec le chiffre en gras. (1 pt)

2-       Que constatez-vous lorsque vous lisez les chiffres du tableau ? (1 pt)

3-       Apportez des éléments d?explication au constat dressé dans la question précédente. (2 pts)

 
 

Doc.2 : « L'offre d'émissions sportives par les chaînes de télévision généralistes en France a été multipliée par plus de 10 de 1968 à 2000.

Sur ce marché, l'offre, mesurée par le temps d'antenne consacré aux sports par rapport au temps total d'émission, et la demande, mesurée par le taux d'audience, ne s'ajustent pas parfaitement.

L'excès d'offre a conduit les chaînes à se spécialiser. TF1 et Canal+ diffusent surtout du football et de la formule 1, France 2 du cyclisme et du rugby. Avec plus d'un quart de l'offre, le football domine largement les autres disciplines sportives.

Les relations économiques entre le sport et la télévision sont basées sur une convergence d'intérêts. Le sport attire la télévision en ce qu'il est un gisement d'audience, ce que confirment les taux d'audience exceptionnels réalisés par la retransmission des spectacles sportifs internationaux comme la Coupe du monde de football, les matches de coupes d'Europe ou les Jeux olympiques. De ce fait, le sport contribue aux recettes publicitaires des chaînes de télévision d'autant plus que les annonceurs sont attirés par les émissions à forte audience. »

 

4- Quelles sont les principales caractéristiques du marché sportif d'après l'auteur ? (3 pts)


Ce type d'évaluation permet de prendre en compte différentes capacités:

- I / maitrise des cours:

capacité d'apprendre (par coeur) les définitions, capacité de restituer un mécanisme, un raisonnement.

- II / exercices d'application:

capacités d'utiliser le cours pour distinguer exemples et contre-exemples ou élaborer un schéma d'implication , capacité de réaliser des calculs utiles en SES (taux de variation, indices...).

- III / analyse de documents:

capacité de lecture (que signifie le chiffre entouré ?), capacité de synthèse (idée générale d'un texte, les grandes tendances d'une évolution...), capacité de relier le document à d'autres documents ou au cours, capacité d'analyse (rechercher les causes, les conséquences, les limites...)

Et puis après, il y a la correction et la (fameuse) note. Voici une méthode possible.


Evidemment, c'est à prendre avec humour.
L'évaluation - même si elle n'est pas une science exacte- ne peut pas reposer sur le hasard total. Vous avez vu qu'il y a un certain nombre d'objectifs à atteindre. Les cours, les exercices et les travaux dirigés doivent vous permettre de progresser et d'acquérir de nouvelles capacités.

Nous avons évoqué le partage des richesses en économie en introduction. Vous imaginez les effets contre-productifs si les notes scolaires et les revenus étaient tirés au sort ? Qui voudrait travailler davantage ? Comment mettre en place des projets ?

Il n'empêche, je vous souhaite bonne chance pour la première évaluation.
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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 11:59
Le dernier billet va montrer que le contexte social exerce une grande influence sur notre perception de la couleur.
Ainsi, répondre "bleu" à la question "quelle est votre couleur préférée ?" peut avoir plusieurs interprétations (psychologiques, symboliques...), nous nous bornerons à l'aspect sociologique.

Au terme de ce parcours, les aspects historiques, politiques, économiques et sociologiques ont pu mieux nous faire comprendre que le bleu n'est pas qu'une couleur, loin de là...


IV / Une "sociologie bleue" ???

document 1: L’homme vit en société

La notion de couleur préférée est en elle-même extrêmement floue. Peut‑on dire dans l'absolu, hors de tout contexte, quelle est la couleur que l'on préfère ? [...]

Lorsque l'on cite le bleu, par exemple, cela signifie‑t‑il que l'on préfère réellement le bleu à toutes les autres couleurs et que cette préférence ‑mais qu'est‑ce qu'une « préférence » ‑ concerne toutes les pratiques et toutes les valeurs, aussi bien le vêtement que l'habitat, la symbolique politique que les objets de la vie quotidienne, les rêves que les émotions artistiques? Ou bien cela signifie‑t‑il qu'en réponse à une telle question (« quelle est votre couleur préférée? »), par certains côtés très pernicieuse, on souhaite être, idéologiquement et culturellement, rangé et compté dans le groupe de personnes qui répondront « bleu »? [...]

La préférence individuelle, le goût personnel existent‑ils vraiment ? Tout ce que nous croyons, pensons, admirons, aimons ou rejetons passe toujours par le regard et le jugement des autres. L'homme ne vit pas seul, il vit en société.

Source: M. Pastoureau, le Bleu , Seuil 2000


Le bleu en Occident, est utilisé dans ce qui est "censé" être consensuel...

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ou apaisant, calmant...

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document 2: le bleu aujourd'hui, une couleur neutre ?

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce goût prononcé pour le bleu n'est pas l'expression de pulsions ou d'enjeux symboliques particulièrement forts. On a même l'impression que c'est parce qu'il est symboliquement moins marqué que d'autres couleurs (notamment le rouge, le vert, le blanc ou le noir) que le bleu fait l'unanimité. En appporte confirmation le fait qu'il est, dans les enquêtes d'opinion, la couleur la moins citée comme détestée. Il ne choque pas, ne blesse pas, ne révolte pas (...)
C'est là une des caractéristiques essentielles du bleu dans la symbolique occidentale des couleurs: il ne fait pas de vague, il est calme, pacifique, lointain, presque neutre (...) Le bleu n'agresse pas, ne transgresse pas; il sécurise et rassemble..."
Source: M. Pastoureau, le Bleu page 179-180 , Seuil 2000


document 3: le bleu dans les autres sociétés
Sur 100 personnes interrogées, tant en Europe occidentale qu'aux Etats-Unis, plus de 50 % citent le bleu comme première couleur. Viennent ensuite le vert (un peu moins de 20 %), puis le blanc et le rouge (autour de 8 % chacun), les autres couleurs se situant plus loin.

Tout autre est la situation lorsque l'on quitte l'Occident. Au Japon, par exemple, l'échelle des couleurs préférées est fort différente: le blanc vient en tête (près de 30 % des réponses), devant le noir (25 %) et le rouge (20 %). Cela pose plusieurs problèmes aux grands firmes multinationales japonaises. En matière de publicité par exemple, elles sont contraintes d'adopter deux stratégies distinctes: l'une destinée à la consommation intérieure, l'autre à l'exportation vers l'Occident (...)

Source: M. Pastoureau, le Bleu , Seuil 2000


Notre "oeil" serait-il influencé par la société dans laquelle nous vivons ?

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A l'issue de ce dernier point, nous pouvons essayer de proposer une définition de la sociologie.

Elle étudie scientifiquement ce qui, dans les comportements humains, relèvent d’éléments liés à l’appartenance des individus à un milieu social et à une société.

Le fait social est un fait que l’on ne peut pas comprendre sans tenir compte de la dimension colective de la vie en société

 

 

Le sociologue cherche à comprendre les comportements des individus en prenant en compte le contexte social (dans quelle société ? dans quel milieu social ?) dans lequel ils s’insèrent.

 

Le sociologue cherche à mettre en relation des faits sociaux entre eux pour les analyser.
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4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 14:23
Voici maintenant, pour ce deuxième billet, l'approche économique de la couleur bleue. Après avoir montré l'histoire de cette couleur et la symbolique politique, nous allons montrer que l'économie va grandement influencer le rôle du bleu et donc notre perception de cette couleur. Cela permettra d'apporter des éléments de définition de l'écoonomie.

III / Un bleu bien plus économique !...

Document 1. : les enjeux économiques de la fabrication du Bleu

L'indigo, l'un des plus anciens colorants connus, reste aujourd'hui très employé, la mode des jeans, dans les années 1960, lui ayant donné une nouvelle jeunesse.


     un atelier de teinture aux Gobelins (vers 1765-1770)

Son importation en Europe, à partir du XVIe siècle, va ruiner des régions entières qui se consacraient à la culture du pastel, dont on tirait différentes nuances de bleu. Toulouse et sa région sont particulièrement touchées. Le commerce de l'indigo, au siècle dernier, était contrôlé par l'Angleterre, qui avait établi aux Indes de nombreuses plantations et indigoteries.


           une indigoterie aux Antilles vers 1660-1670


Ce ne sera bientôt qu'un souvenir, sous les coups de la BASF, qui, après la synthèse de l'alizarine, va réussir celle de l'indigo. [...]

Entre la prise du premier brevet en 1880 et la commercialisation, il s'est écoulé 17 ans, pendant lesquels la BASF a investi 18 millions de marks?or, une somme supérieure à la valeur du capital de l'entreprise. Cet investissement se révèle profitable : en 1897, l'Angleterre commercialisait 10 000 tonnes d'indigo naturel, et l'Allemagne 600 tonnes d'indigo de synthèse. En 1911, les chiffres sont de 870 tonnes de produit naturel et de 22 000 tonnes d'indigo artificiel. Le gouvernement britannique a beau privilégier l'indigo naturel pour les uniformes militaires, on voit se répéter pour les planteurs anglais ce qui s'est produit pour les producteurs de garance en France. Entre 1886 et 1914, 90 pour cent du commerce de l'indigo de l'Inde avec l'Europe s'est évanoui.

Aujourd'hui, la Société BASF reste le principal fabricant d'indigo, avec, en 1997, 40 pour cent de la production mondiale, estimée à 17 000 tonnes, de quoi teindre 800 millions de paires de jeans.

G. Bram et N.T. Anh, L'avènement des colorants synthètiques, Dossier « La Couleur », Pour la Science, HS n° 27, avril 2000

pour en savoir plus sur l'histoire et la fabrication de l'indigo consultez ce lien:


Document 2: La couleur fonctionne mieux en entrée de gamme

Selon Kevin Camphuis, respon sable du marketing de Seb, « actuellement, tous les consommateurs remarquent les produits en couleurs dans les linéaires et 60% se déclarent prêts à les acheter. Ces modèles représentent déjà 20% des ventes et notre cafetière Performa proposée en bleu ou jaune s'est classée numéro un de sa catégorie ».

Ces produits apparus au printemps dans les magasins réalisent de bonnes performances, car ils ont souvent fait l'objet de promotions en tête de gondole ou de mises en avant sur des podiums d'actualité au sein même du rayon. La couleur permet de gommer l'aspect utilitaire du petit électroménager et le transforme en élément de décoration de la cuisine. L'effet joue à plein au moment des promotions (Noël et Fête des mères) et a contribué à la progression de 4,9% des ventes (Gifam) sur les douze derniers mois.

S. Guingois, L.S.A., n°1567, 15 janvier 1998

Document 3: Couleur et Internet

Comment se fait l'usage des couleurs sur le Net ?

Sophie Boudebbah: Nous n'avons pas trop l'habitude de régir les créations par rapport à des tendances. Tout dépend beaucoup du client. Un institutionnel aura tendance à être plus neutre, mais sur le Net il se permettra l'usage de couleurs plus fluorescentes. La cible très large du Web incite à plus de fantaisies.

Guillaume Leroux: Un institutionnel a tendance à demander du bleu marine, plus sérieux, alors qu'une entreprise jouera sur des tons pastels et un site pour enfants sur des couleurs pop.

Il y a des interdits en matière de couleurs sur Internet ?

GL: Le marron! C'est une couleur qui ne fait pas vendre.

SB: La palette des couleurs du Web est beaucoup plus restreinte qu'en imprimerie traditionnelle. Sur le Web, on utilise les couleurs RVB (NdlR: mélanges de rouge, vert et bleu) et en imprimerie la palette CMJN (NdlR: à base de cyan, magenta, jaune et noir). La première est plus restreinte, mais aussi plus percutante, puisque les mélanges sont moins subtils.

Le Web a-t-il mis des couleurs à la mode ?

SB: Il y a un effet boule de neige. Le Web a des couleurs plus flashy, il a imposé l'orange dans beaucoup de sites et cette couleur se retrouve désormais un peu partout. Il ose aussi plus facilement les mélanges incongrus: du bleu électrique et du vert fluo par exemple, ou une technique de dégradés pour animer les personnages.

© La Libre Belgique 2001 site : www.lalibre.be


Voici un recueil de quelques "marques" diverses qui utilisent le bleu pour se vendre...la liste n'est évidemment pas exhaustive

 




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A travers cet exemple, on a pu mobiliser les notions économiques fondamentales suivantes:
production, consommation, concurrence, innovation, investissement
(cf lexique d'économie dans les liens web)

Dans un prochain billet, nous terminerons cette étude par l'approche sociologique. A suivre donc...


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4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 11:38
Depuis que l'on dispose d'enquêtes d'opinion, depuis 1890 environ, le bleu est en effet placé au premier rang partout en Occident, en France comme aux Etats-Unis, par les hommes comme par les femmes, quel que soit leur milieu social et professionnel.
Nous avons vu dans un précédent billet que cela n'a pas toujours été le cas, le noir, le rouge ou le blanc par exemple étaient des couleurs populaires durant l'Antiquité ou le Moyen-Age.
Aujourd'hui, c'est la couleur préférée et de loin - pour plus de 50 % des occidentaux-.
Conséquence: on met du bleu partout... Regardez...

 

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3 août 2006 4 03 /08 /août /2006 13:33
Voici un dossier documentaire concernant la couleur bleue. L'objectif est de faire connaître les sciences économiques et sociales qui est une matière nouvelle pour beaucoup.

A travers l'exemple de la couleur, on peut montrer qu'en combinant les approches (historiques, politiques, économiques, sociologiques... et pourquoi physique ?), on peut être mieux à même de comprendre l'univers qui nous entoure.

 Avec le blog, les documents s'enrichissent par rapport aux polycopiés traditionnels. C'est ici la première partie qui est présentée: l'approche historique et politique.


I. Le bleu, quelle histoire !...

Doc 1. Le bleu dans l’antiquité

De fait, à Rome se vêtir de bleu est en général dévalorisant, excentrique (surtout sous la République et au début de l'Empire) ou bien signe de deuil.

Au reste, cette couleur, disgracieuse quand elle est claire, inquiétante quand elle est sombre, est souvent associée à la mort et aux enfers. Quant à avoir les yeux bleus, c'est presque une disgrâce physique. Chez la femme, c'est la marque d'une nature peu vertueuse ; chez l'homme, un trait efféminé, barbare ou ridicule. Et le théâtre, évidemment, se plaît à pousser de tels attributs jusqu'à la caricature. Térence, par exemple, associe à plusieurs reprises les yeux bleus aux cheveux roux et frisés, ou bien à la taille gigantesque ou à la corpulence adipeuse, tous signes dévalorisants pour les Romains de l'époque républicaine.

Voici comment il décrit un personnage ridicule dans sa comédie Hecyra, écrite vers 160 avant notre ère : « Un géant obèse, ayant les cheveux rouges et crépus, les yeux bleus et le visage pâle comme celui d’un cadavre ».

M. Pastoureau, Bleu, histoire d’une couleur, page 29, Seuil, 2000


Doc.2: un vase grecque

le bleu est absent de la céramique grecque: on voit clairement les couleurs dominantes utilisées: noir, blanc, ocre, rouge

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doc.3: la peinture romaine
Comme chez les Grecs, les tons bleus ne sont pas très présents dans la peinture romaine... à tel point que certains se demandèrent si les grecs et les romains voyaient le bleu !

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Doc. 4
. Le bleu au Moyen Age

À partir du XIIe siècle, en effet, les grands liturgistes1 (Honorius Augustodunensis, Rupert de Deutz, Hugues de Saint‑Victor, Jean d'Avranches, Jean Beleth) commencent à parler de plus en plus fréquemment des couleurs. Sur la signification des trois principales ils paraissent s'accorder : le blanc évoque la pureté et l'innocence; le noir, l'abstinence, la pénitence et l'affliction; le rouge, le sang versé par et pour le Christ, la Passion, le martyre, le sacrifice et l'amour divin. Ils diffèrent parfois sur les autres couleurs : le vert (couleur « moyenne »: medius color), le violet (sorte de « demi‑noir »: subniger, et non pas mélange de rouge et de bleu), accessoirement le gris et le jaune. Mais chez aucun de ces auteurs il n'est question de bleu. Le bleu n'existe pas.

1Ecrivains religieux

M. Pastoureau, op. cit.  page 39



doc.5: le tournant du XII et XIIIe siècle.
Et puis, soudain, tout change. Les XIIe et XIIIe siècles vont réhabiliter et promouvoir le bleu. Ce qui se produit, c'est un changement profond des idées religieuses. Le Dieu des chrétiens devient en effet un dieu de lumière. Et la lumière est… bleue! Pour la première fois en Occident, on peint les ciels en bleu - auparavant, ils étaient noirs, rouges, blancs ou dorés. Plus encore, on est alors en pleine expansion du culte marial. Or la Vierge habite le ciel… Dans les images, à partir du XIIe siècle, on la revêt donc d'un manteau ou d'une robe bleus. La Vierge devient le principal agent de promotion du bleu. Etrange renversement! La couleur si longtemps barbare devient divine. 

Source: M. Pastoureau, L'Express, 5 Juillet 2004

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Doc.6: le bleu devient à la mode aristocratique
Il y a une seconde raison à ce renversement: à cette époque, on est pris d'une vraie soif de classification, on veut hiérarchiser les individus, leur donner des signes d'identité, des codes de reconnaissance. Apparaissent les noms de famille, les armoiries, les insignes de fonction… Or, avec les trois couleurs traditionnelles de base (blanc, rouge, noir), les combinaisons sont limitées. Il en faut davantage pour refléter la diversité de la société. Le bleu, mais aussi le vert et le jaune, va en profiter. On passe ainsi d'un système à trois couleurs de base à un système à six couleurs. C'est ainsi que le bleu devient en quelque sorte le contraire du rouge. Si on avait dit ça à Aristote, cela l'aurait fait sourire!
Vers 1140, quand l'abbé Suger fait reconstruire l'église abbatiale de Saint-Denis, il veut mettre partout des couleurs pour dissiper les ténèbres, et notamment du bleu. On utilisera pour les vitraux un produit fort cher, le cafre (que l'on appellera bien plus tard le bleu de cobalt). De Saint-Denis ce bleu va se diffuser au Mans, puis à Vendôme et à Chartres, où il deviendra le célèbre bleu de Chartres.
La couleur, et particulièrement le bleu, est donc devenue un enjeu religieux. Les hommes d'Eglise sont de grands coloristes, avant les peintres et les teinturiers. Certains d'entre eux sont aussi des hommes de science, qui dissertent sur la couleur, font des expériences d'optique, s'interrogent sur le phénomène de l'arc-en-ciel… Ils sont profondément divisés sur ces questions: il y a des prélats «chromophiles», comme Suger, qui pense que la couleur est lumière, donc relevant du divin, et qui veut en mettre partout. Et des prélats «chromophobes», comme saint Bernard, abbé de Clairvaux, qui estime, lui, que la couleur est matière, donc vile et abominable, et qu'il faut en préserver l'Eglise, car elle pollue le lien que les moines et les fidèles entretiennent avec Dieu.

La physique moderne nous dit que la lumière est à la fois une onde et une particule. On n'en était pas si loin au XIIIe siècle…

Lumière ou matière… On le pressentait, en effet. La première assertion l'a largement emporté et, du coup, le bleu, divinisé, s'est répandu non seulement dans les vitraux et les œuvres d'art, mais aussi dans toute la société: puisque la Vierge s'habille de bleu, le roi de France le fait aussi. Philippe Auguste, puis son petit-fils Saint Louis seront les premiers à l'adopter (Charlemagne ne l'aurait pas fait pour un empire!). Les seigneurs, bien sûr, s'empressent de les imiter… En trois générations, le bleu devient à la mode aristocratique

Source: L'Express, 5 Juillet 2004
  
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on voit apparaitre le bleu comme symbole de la royauté. Il devient dans l'enluminure au XIIIe une couleur royale. Il est une couleur à la mode aristocratique, on mesure le changement avec les périodes précédentes...Avec la Réforme, le bleu sera un peu moins à la mode (les protestants apparaissent toujours vétus de noir ou de sombre. C'est au milieu du XV que les couleurs claires et lumineuses vont être remises au goût du jour. Puis, avec la période romantique, le Bleu sera La couleur par excellence (cf la souffrance du Jeune Werther en 1774 de Goethe a eu un impact considérable sur le vêtement: pendant des années, les jeunes vont porter le célèbre habit bleu avec des culottes jaunes que le héros avait lorsqu'il a rencontré sa dulcinée..)
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II. Le Bleu,  quelle politique ?

Document 7. Les trois couleurs de la France Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit

Dans ses mémoires La Fayette (mort en 1834) affirme que c’est lui qui eut l’idée, le 17 juillet 1789, à l’Hôtel de Ville, de faire fusionner en une seule formule tricolore la cocarde blanche du roi et les couleurs bleue et rouge des la Garde nationale, instituée quatre jours plus tôt pour maintenir l’ordre à Paris. [...]

Revenons aux lendemains de la prise de la Bastille et à l'été 1789 pendant lequel le succès de la cocarde tricolore, symbole d'un patriotisme enthousiaste, est foudroyant. On la voit partout, et ses trois couleurs s'étendent aux écharpes, aux ceintures, aux cravates, aux vêtements, aux insignes et aux drapeaux portés par les patriotes. Le 10 juin 1790, l'Assemblée constituante déclare la cocarde tricolore « nationale », et quelques semaines plus tard, le jour de la fête de la Fédération, le Champ‑de­Mars est entièrement pavoisé de bleu, de blanc et de rouge. Ce sont désormais « les trois couleurs de la Nation ».

Mais cette cocarde prend au fil des mois une signification de plus en plus politique. D'autant que les contre‑révolutionnaires lui opposent désormais la cocarde royale blanche, qu'ils vont installer jusqu'au sommet des arbres de la Liberté. Le 8 juillet 1792, l'Assemblée législative décrète que le port de la cocarde tricolore est obligatoire pour tous les hommes. La Convention prend la même décision pour les femmes le 21 septembre 1793. Etre pris sans cocarde vaut, dans le meilleur des cas, huit jours de prison, et dans le pire... Quiconque est surpris en train d’arracher une cocarde est immédiatement passée par les armes.

M. Pastoureau, op. cit.  page 148-150

Combat de l'hôtel de ville de Paris, le 28 juillet 1830 par J.V. Schnetz.

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On peut voir le drapeau bleu, blanc, rouge au premier plan, mais aussi le drapeau rouge au second plan

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Le drapeau blanc semé de fleurs de lis d'or fut utilisé pendant le soulèvement de la Vendée par les Chouans.


Doc.8: quel parti pour quelle couleur ? 

En France, il fut la couleur des républicains, s'opposant au blanc des monarchistes et au noir du parti clérical. Mais, petit à petit, il a glissé vers le centre, se laissant déborder sur sa gauche par le rouge socialiste puis communiste. Il a été chassé vers la droite en quelque sorte. Après la Première Guerre mondiale, il est devenu conservateur (c'est la Chambre bleu horizon). Il l'est encore aujourd'hui.

Source: L'Express, 7 juillet 2004

 

Quelle sera alors la prochaine couleur à la mode en 2007 ? Le Bleu ? Le Rouge ... ou le Blanc ?... Le vert ?....Le...

 

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