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11 novembre 2006 6 11 /11 /novembre /2006 17:36
Voici un article réalisé par Clémence (Terminale ES) sur l'innovation.

J'avais fixé un certain nombre de contraintes: il fallait prendre appui sur un article de l'INSEE que j'avais distribué, chercher des exemples concrets, réinvestir des éléments de la pensée de J.A. Schumpeter voir ici, et bien évidemment d'être clair et structuré tout en ne dépassant pas 2 ou 3 pages.



Voici l'article de Clémence.

 


Innover au sein d'une entreprise, c'est introduire un changement dans celle-ci. Dans les services, l'innovation n'a pas qu'un aspect technologique, il porte souvent davantage sur la relation avec le client, l'organisation ou les systèmes de financement pour améliorer ses prestations et élargir son marché.

 
 
 
Pourquoi le tertiaire innove ?

Les motivations pour innover dans le tertiaire sont souvent dues à la demande du client. Innover, permet à une entreprise de

1 / conquérir de nouveaux marchés,

2 / élargir la gamme de ses produits,

3 / améliorer leurs qualités.

Ces trois objectifs sont les plus attendus lorsqu'une entreprise va faire une innovation de concept ou de procédé.


Dans les services, les innovations les plus courantes vont concerner des outils de gestion, d'aide à la créativité, la maintenance, l'installation ou le dépannage des produits vendus.


Le but d'introduire de nouveaux concepts de vente est une préoccupation de marché.

En effet, les innovations de concept permettent d'élargir la gamme des produits et donc d'accroître les parts de marché de l'entreprise.

Les innovations de procédés elles, vont surtout chercher à améliorer la qualité des services ou des produits.

 




Un exemple d'innovation dans les services : un progiciel de suivi des flux.

ici le site d'un exemple concret

                                                              
Qui innove ?

Tout comme dans l'industrie, dans les services ce sont les entreprises les plus grandes qui vont réaliser le plus d'innovations. Effectivement, 47 % des entreprises de plus de 200 salariés innovent, alors que seulement 23 % des petites entreprises (10 à 19 salariés) innovent.

Ces chiffres illustrent bien la thèse de Schumpeter. Pour lui, l'innovation et la taille des entreprises sont directement liées. Les grandes entreprises auront davantage tendance à innover car elles sont devenues importantes grâce à l'innovation qui leur a donné une rente de monopole.

Les entreprises qui ont leur marché le plus important à l'étranger vont statistiquement plus innover que les entreprises qui auront un marché à dominante locale. Tout comme les entreprises qui appartiennent à un groupe, innoveront plus que les entreprises indépendantes, souvent plus petites. Globalement les grandes entreprises innoveront donc davantage que les petites entreprises.

 
 

Quelles sont les aides et les obstacles à l'innovation dans le tertiaire ?


Certaines entreprises bénéficient d'aides financières pour innover. La plupart de ces aides proviennent de l'Etat (70%), d'autres vont venir de collectivités locales ou de l'union européenne. Certaines entreprises pourront cumuler plusieurs de ces aides.

Les aides étant toutes des aides financières, les freins sont majoritairement des freins liés aux coûts de l'innovation. Effectivement, l'obstacle premier est le coût des innovations, les autres étant également liés aux problèmes de financement (manque de source de financement, risque économique).
Les aides et les obstacles à l'innovation sont donc principalement liés aux financements des innovations.
 
 
Exemple d'innovation dans les services, avec Afone.



Philip Fournier, président du groupe Afone, opérateur téléphonique et monétique, explique ses motivations : « Parti de rien, Afone est né en 1997 de la déréglementation des télécommunications qui a créé une rupture dans le marché et nous a fourni un angle de vision neuf. Nous avons décidé de nous mettre à la place de nos clients et de ne pas approcher le marché par la technique, mais par l'usage de la technique et d'être dans la notion de service rendu ».


Afone a su exploiter les niches laissées vacantes par les géants des télécommunications. Il propose aux entreprises une activité d'opérateurs de services qui apporte de la valeur ajoutée dans le traitement des appels et valorise les relations avec les clients. Il fait de la téléphonie un outil intelligent. En 2003, Philip Fournier confirmera sa capacité d'innovation en lançant le 3213, service téléphonique de proximité fondé sur la reconnaissance vocale. En 2004, il achète la société Carte & Services et se lance dans la monétique. Et cette année, jamais à court d'idées, il a lancé l'AfoneBox et espère en vendre 40 000 exemplaires cette année.



 

Pourtant, se souvient Philip Fournier, « rien n'était gagné. Au départ, on cherchait à se positionner sur le marché du pager, tatoo, tam-tam, produit novateur à l'époque. Et il a disparu, balayé par le portable, juste avant qu'on investisse. Il faut essayer, se planter, se heurter au « ça ne marchera jamais », et surtout se réassurer avec des études de marché »

                                                                                                                                                                              

    Afone a su innover et a ainsi conquis un marché important.

                                                     

                                                        

Vous pouvez faire des commentaires et apporter des précisions.

J'ai trouvé qu'il y avait des capacités de synthèse, les points essentiels sont mis en évidence, le cahier des charges a donc été respecté.

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11 novembre 2006 6 11 /11 /novembre /2006 09:00
Ces nouvelles méthodes de travail se résument souvent à cette étiquette : le toyotisme.

Quels en sont les manifestations et les principes ? Quels peuvent être les dérives de ces nouvelles méthodes d'organisation de la production ? Quelle est la situation de la France ?



I / Le toyotisme sur le net

Quelques sites pour comprendre le succès de Toyota:
- un site fabuleux sur lequel j'ai pris pas mal de documents pour illustrer le toyotisme ici. Il est réalisé par un consultant expert en lean.

- pour voir un film publicitaire (en anglais) sur une usine Toyota dans le Kentucky ici

- d'autres très petites vidéos sur le site de Toyota où ils illustrent le Kan ban, le jidoka, le Kaizen etc...

- le site de Toyota France où il présente eux-mêmes l'entreprise, son système de production

- le système qui va changer le monde ici: c'est le titre d'un livre qui a fait grand bruit, voici un résumé et le sommaire du livre.

- sur le lean ici, un concept de plus en plus recherché avec de bons documents.

- le site de HEC asie ici qui possède des documents passionants sur tout ce qui concerne l'Asie (en particulier la Chine)

- le site de l'université d'Evry (le GERPISA) ici sur la recherche de nouveaux modèles productifs dans l'automobile.

- voici la réaction des constructeurs français: ici le site de Renault qui met en scénario les principes du Kan Ban à travers cette animation.


Un productivisme réactif s'impose.

Il est basé sur des pratiques d'organisation flexibles et innovantes comme les équipes autonomes, la rotation de postes, le «juste à temps », pratiques associées à une sous-traitance accrue, à la réduction des lignes hiérarchiques, à la montée en puissance des normes de qualité.


Ces changements organisationnels sont inséparables des technologies de l'information et de la communication

  Le développement de celles-ci permet la mise en place de nouvelles configurations, et inversement.

C'est de la conjonction des deux que les entreprises attendent des gains de performance. Ce mouvement est global et s'auto-entretient en modifiant en permanence les conditions de concurrence entre entreprises et en stimulant l'innovation.

Quant on voit les performances économiques, commerciales de Toyota (qui devient le constructeur automobile de référence devant Général Motors), on comprend qu'il n'y a pas de hasard: il s'agit bien d'une stratégie de rationnalisation des processus productifs et de l'utilisation de la force de travail.




II / Quelles peuvent être les dérives de ce néo-productivisme ?


Les contraintes de rythmes et de délais se généralisent.

L'« incertitude au travail », comme le fait de devoir effectuer des tâches non prévues, augmente pour toutes les catégories de salariés, accroissant la charge mentale.

Le contrôle par la hiérarchie décline au profit d'une prescription accrue et d'un quasi doublement du contrôle informatique, concernant désormais plus du quart des salariés.



Les temps de travail sont de plus en plus éclatés. Le travail de nuit (surtout des femmes) se développe. Les horaires atypiques ou imprévisibles deviennent la norme, induisant des difficultés pour conjuguer vies privée et vie professionnelle.



Dans l'ensemble, les inégalités se creusent, risques et pénibilité augmentant davantage pour les ouvriers et les employés que pour les autres catégories.


Le Charlot des Temps Modernes pouvait certes s'ennuyer sur sa chaîne répétitive, mais seuls son corps et ses réflexes étaient mobilisés. Aujourd'hui, l'ouvrier d'une usine de découpe de canard qui doit en permanence se concentrer pour préparer et dénerver des magrets naturellement tous différents, doit mobiliser l'ensemble de ses  capacités cognitives et physiques. De même, la caissière de votre hypermarché doit non seulement déplacer quotidiennement 2 tonnes de marchandises , mais aussi trouver l'emplacement de milliers de codes barres, les scanner, répondre à vos sollicitations, anticiper vos modes de paiement ou encore éviter la « démarque inconnue » (le vol).


Source: Santé au travail : l'impact des nouvelles formes de pénibilité Par Philippe Askenazy « Le Monde », le 19 décembre 2005

Ces difficultés au travail résultent principalement des choix organisationnels et technologiques des entreprises : elles sont fondamentalement collectives.

L’entreprise connaît en effet une profonde remise en cause de l’organisation du travail, liée au fait que la capacité à arriver la première sur un marché et à réagir aussi rapidement que possible aux évolutions de la demande est progressivement devenue la clef de la compétitivité.




III  / Les spécificités françaises



Deux entreprises aussi réactives et compétitives l’une que l’autre peuvent traiter de manière très différente leurs salariés.

Certaines entreprises vont combiner de nouvelles formes d'organisation du travail avec des formes de désorganisation du travail (par exemples:  recevoir des ordres contradictoires ou de supprimer les dialogues collectifs nécessaires à l’équilibre des équipes de travail ou à la passation des consignes).

D'autres entreprises mettent en place des innovations organisationnelles avec une meilleure formation des salariés ou des démarches de qualité de vie et de prévention au travail permettent au contraire aux organisations de devenir matures.


Dans la plupart des pays européens comme en Amérique du Nord, de nombreuses entreprises se sont efforcées de réduire l’usure au travail et d’améliorer les organisations.

Dès le début des années 1990, la question des Troubles Musculo- Squelettiques (TMS) a été soulevée:

1 / le coût croissant de l’absentéisme et des maladies professionnelles a été mis en avant  sous la pression des assurances privées (pays anglo-saxons)

2 / Dans les pays nordiques, l'allongement de la vie active (suite aux réformes des retraite) a permis d'alerter les partenaires sociaux et l’Etat  sur les conditions de travail des seniors.




Les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne qui ont été les premiers à connaître une nette dégradation voient une réduction progressive de l’ordre de 4% par an des fréquences de TMS depuis maintenant une décennie, sans avoir pour autant renoncé au productivisme réactif.

En Allemagne, cela fait également 10 ans, que le nombre de cas de TMS s’est stabilisé et que, dans le même temps, l’absentéisme a reculé d’un tiers.

La France semble à la marge de cette tendance favorable. L’écart de fréquence d’accidents entre la France et la moyenne européenne se creuse. Le nombre de cas de TMS déclarés à la Sécurité Sociale progresse toujours annuellement de 20 %.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi, le « problème français » est moins lié à la mondialisation des modes de production ou au développement d’un capitalisme cynique, qu’aux défaillances d’un compromis collectif caractérisé par l’inadaptation de ses régulations et l’impréparation de ses élites.

Source: Santé au travail : l'impact des nouvelles formes de pénibilité Par Philippe Askenazy
« Le Monde », le 19 décembre 2005




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31 octobre 2006 2 31 /10 /octobre /2006 08:11
Voici à présent la fin de l'histoire des tontons chômeurs. En effet, je voudrais recadrer les propos des uns et des autres au café du commerce en mobilisant quelques outils économiques.

Maurice (le patron) développe au début l'idée que le fiscalité ne permet pas d'embaucher ; il correspond à la grille d'analyse des Néo-Classiques en faisant une comparaison entre le coût salarial (salaires + charges sociales) et les gains permis par l'embauche d'un serveur supplémentaire (qui sont liés à la productivité marginale du travail).

 

Mais sa vision pose plusieurs types de problèmes :

-    si on continue à baisser les charges, comment financer notre protection sociale collective ?  Allons-nous nous aligner sur les pays ayant moins de protection sociale ?

-    si on pense que le salaire est un coût (pour l'employeur), il ne faut pas non plus oublier qu'il est un revenu (pour l'employé), ce qui lui permet de consommer et donc d'alimenter la demande (ce qui est en contradiction avec l'explication de Kader pour qui le chômage résulte d'un manque de clients)




 



Gilbert est proche de Maurice lorsqu'il met en avant la liberté de créer une entreprise, de laisser faire jouer les lois du marché : lorsque l'offre de travail qui provient des actifs est supérieure à la demande de travail de la part des employeurs, les prix donc ici les salaires doivent baisser. Dans le cas inverse, les salaires augmentent.  Pour cela, il faut que le marché du travail soit flexible (les prix s'ajustent à la hausse comme à la baisse). On comprend alors pourquoi les syndicats sont accusés d'introduire des rigidités : ils empêchent les salaires de baisser.

Mais ici également, la vision est partielle : elle présuppose que le salaire n'est qu'un coût, qu'il obéit à la loi de l'offre et de la demande.

On peut également s'interroger sur les conséquences macro-économiques d'une baisse des salaires sur l'appareil productif. Enfin, elle présuppose que l'individu employeur et l'individu employé sont égaux (le contrat de travail symbolisant l'engagement des deux parties). D'où d'ailleurs l'idée de Laurence Parisot sur le licenciement par consentement mutuel. Le seul problème est que le travailleur n'est pas propriétaire des moyens de production, il a donc besoin de l'employeur pour vivre.

 

Kader développe un thèse qui est ressemble à  certaines approches Keynésiennes : s'il y a du chômage, c'est en raison d'une insuffisance de la demande effective. Celle-ci provient des anticipations des ménages (qui achètent des biens de consommation finale) et des entreprises (qui investissent et / ou achètent des consommations intermédiaires). En augmentant les salaires, en pratiquant une politique monétaire généreuse, on peut relancer cette demande, les entreprises anticipant cette relance se mettront à produire et à investir, ce qui créera de l'emploi.

Cette analyse s'oppose aux deux précédentes, elle a donc là aussi une vision partielle : l'employeur veillera à sa compétitivité, toute hausse de salaire risque de porter atteinte aux revenus de l'entreprise. De plus, si l'appareil productif n'est pas capable de répondre à cette hausse de la demande, les ménages et les entreprises consommeront des marchandises importées, ce qui ne contribuera pas à résoudre le chômage.

 




D'autres personnages ont repris toutes une séries de causes mettant en avant un bouc émissaire: la liste est longue. Le chômage, c'est la faute :

- aux chômeurs qui refusent l'emploi jugé peu rémunérateur. C'est la thèse du "chômage volontaire". Les chômeurs feraient leurs calculs: il ne serait pas rentable de travailler, il vaut mieux rester au chômage. J'ai déjà fait plusieurs articles sur ce point ici et ici pour ne pas me répéter.


- aux machines: cette approche peut être valide à court terme (si les gains de productivité sont plus élevés que la croissance économique, alors des emplois seront détruits); mais qui peut croire qu'en supprimant (diminuant ?) le progrès technique, le chômage disparaitra ? Qui peut croire que des pays ayant des taux de chômage faibles sont aussi des pays qui n'ont pas massivement investi dans les nouvelles technologies ? Doit-on attendre la solution du chômage au retour des métiers qui ont disparu (et que revivent les conducteurs de diligence et autres crieur de journaux...)

-aux étrangers (à l'immigré, au plombier polonais, à la Chine...)

Dans la région de Montbéliard, le retour massif d'immigrés, encouragé par Peugeot qui les employait auparavant a totalement perturbé la vie locale: certains commerçants ont dû fermer boutique, les PTT ont supprimé des postes, des médecins ont déménagé, les HLM n'équilibrent plus leurs comptes à cause des logements vides, les écoles ont supprimé des classes...Chez Peugeot, un immigré en moins a signifié  un emploi en moins pour tout le monde car Peugeot n'a embauché personne, sans compter la hausse du chômage dans les autres secteurs d'activité.

Dictionnaire des idées reçues en économie, 1992

Pour ce qui est des délocalisations, voir l'excellent blog de Bouba Olga ici

 

Conclusion:

Si le problème était simple à résoudre, depuis le temps, cela se saurait. C'est pourquoi il est nécessaire de remettre les données à plat en démêlant le faux du vrai, en faisant la part des fantasmes et des vrais problèmes. 

Les premières analyses peuvent être valables à certaines époques, sous certaines conditions: on a pu parler de chômage keynésien ou classique selon le contexte.

Les autres explications comme c'est la faute aux délocalisations ? à l'école ? au progrès technique ? aux étrangers ? aux femmes ? aux coûts du travail trop élevés ? ont comme point commun d'absoudre l'économie de marché et ses dysfonctionnements de toute responsabilité. Le chômage s'explique soit par une cause exogène (les pays d'Asie du Sud-Est ont ainsi remplacé les pays de l'OPEP comme responsables du chômage); soit par la faute des chômeurs eux-mêmes, parce-qu'ils sont trop chers (le coût du travail), pas assez formés (rôle de l'école) ou trop nombreux (les femmes et les étrangers).

Le système économique a souvent été considéré comme une donnée à laquelle les agents économiques doivent s'adapter. Et si c'était plutôt au système économique de s'adapter aux besoins des gens ? En voilà une bonne idée...

                

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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 17:49
Dans la série "apprenons l'économie capitaliste en nous amusant", je voudrais aborder le rôle du progrès technique et de l'innovation dans la croissance économique.

Un économiste célèbre J. A. Schumpeter (voir ici)a mis en avant dans la première moitié du vingtième siècle le rôle clé de l'innovation dans la croissance économique.

L'innovation est l'application industrielle et commerciale d'une invention, elle est le fruit de l'entrepreneur. Son arrivée déstabilise les anciennes structures en place (nouvelles entreprises, nouvelles demandes...), c'est l'apparition de multiples innovations majeures qui seraient à l'origine des cycles économiques (la crise n'étant alors que l'épuisement des effets d'entraînement des innovations).


Voici un autre court métrage d'animation qui résume tout le cours sur l'innovation. Pour ceux et celles qui ne comprennent rien à l'anglais (même de 1948) et aux excellents cours d'économie de Mr F, voici une très courte analyse:

- une innovation apparaît, elle est mise en oeuvre par un entrepreneur. Comme cette innovation séduit le marché, elle assure un monopole temporaire à cet entrepreneur, ce qui lui permet d'engranger les profits (les usines grossissent, se modernisent, elles donnent naissance à une ville Soap City). Au passage, il décline son innovation en plusieurs autres produits (les différents types de savons), les prix baissent grâce aux économies d'échelle (comme l'innovation se vend bien, on l'a produit en grandes quantités, ce qui permet de faire baisser les coûts unitaires).
C'est alors qu'il faut voir plus grand: développer tout un réseau d'entreprises pour étendre son marché: le changement de statut juridique (sociétés par actions) et d'organisation de la logistique deviennent nécessaires.

- attirés par les profits importants, un premier concurrent arrive sur le marché. Ils décident de passer un accord et de s'entendre pour se partager le marché en gonflant artificiellement leurs prix (on croirait les opérateurs de téléphonie en France en 2000). Mais un autre concurrent, un "copieur low cost" arrive et rafle le marché en vendant beaucoup moins cher. Cela provoque la ruine des premiers entrepreneurs... On retrouve le mécanisme de la destruction créatrice.

- comment se termine l'histoire ? La morale est que le système économique (ici le capitalisme américain) va provoquer l'apparition de nouveaux entrepreneurs qui prendront la place des anciens et recommenceront le même schéma...

(un grand merci à Nathalie pour toutes ses découvertes, allez voir son site qui est depuis longtemps dans mes favoris "une mine d'or" ici)




Pour une version beaucoup plus sérieuse et approfondie du rôle du progrès technique, voici une conférence de Jean-Hervé Lorenzi sur Economie et Innovation ici.
Après une introduction sur la croissance économique, l'auteur aborde 4 aspects: 1 / les relations entre progrès technique et croissance
2 / comment les économistes ont réussi à comprendre ce qu'est l'innovation.
3 / les relations entre progrès technique et emploi.
4 / Quel rôle de l'Etat ?

Si après cela, vous ne maitrisez pas le sujet, c'est qu'il y a un problème technique quelque part, non ?
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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 16:36
J'ai trouvé ce dessin animé absolument fabuleux qui vante les mérites du fordisme:

tout y est, l'apologie de la division du travail comme système le plus efficace, les gains de productivité et leurs utilisations (salaires => consommation de masse et profits => accumulation du capital et production de masse), la recherche de la rationalité économique, la concurrence qui sanctionne les meilleurs...

Evidemment, il s'agit d'un court-métrage américain de 1949 de John Sutherland, en pleine guerre froide (on voit une comparaison avec la Chine), c'est donc un film de propagande... Il est en anglais, mais on comprend tout (si, si...)

A vous de voir quels sont les éléments de propagande et quels sont les éléments liés au nouveau système économique qui se met en place entre 1945 et 1975
Par ailleurs, on peut facilement faire un lien avec ici

 

Qu'en pensez-vous ?
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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 10:22

Je voudrais terminer ce tour de bistrot des experts économiques par quelques extraits choisis de conversation à la mode Audiard entre nos compères concernant d'autres explications du chômage. Enfin, je tirerais plusieurs enseignements de ces anecdotes.



(Maurice - le patron du café du commerce-): Et puis bon, les gars, moi je dis aussi que tous ces étrangers qui viennent en France pour chercher du boulot, ça n'arragnge pas les choses... Vous avez vu au journal télé tout ces noirs qui arrivent par bateau d'Afrique: les espagnols n'arrivent plus à les contenir, c'est dingue...

(Kader- le patron d'un bazar-): Ah non, Maurice, tu ne vas pas encore faire ton raciste de base...

(Maurice): non, mais attends, je parle pas pour toi, mais faut avouer quand même que...

(Kader): Maurice, moi je suis venu en France avec des tas d'autres camarades, et cela n'a pas fait augmenté le chômage... personne ne voulait y aller bosser à l'îlot Seguin pour monter les bagnoles à la chaîne... Alors hein, s'il te plait... Arrête.

(Gilbert) D'autant plus Maurice, on est bien content que les étrangers viennent ici pour y installer leur boite et créer des emplois. Moi je pense aussi que l'Ecole n'assure plus: c'est une fabrique à chômeurs. Les jeunes ne savent plus lire ou écrire correctement, les diplômes ne sont plus adaptés au monde du travail: j'ai un stagiaire, rendez-vous compte, il ne sait même plus faire une règle de trois, c'est vous dire...

(Robert): Oui, mais Gilbert, toi aussi tu sors de l'école avec tout tes diplômes...

(Gilbert): oui, mais moi c'est pas pareil, c'était une autre époque...

(Maurice): et puis faut dire que, comme les places sont rares, avec les femmes qui bossent, c'est plus dur de trouver du boulot. Vous savez, les femmes auraient pu rester au foyer pour laisser la place aux chômeurs, cela aurait fait moins de divorces et plus de boulot, z'êtes pas d'accord, les gars ?

(Kader): ben tu aurais été prêt à ne pas embaucher ta femme pour servir et tenir la caisse de ton bar ?

(Maurice): Ah non, mais ma femme, c'est pas pareil...

Avez-vous reconnu d'autres explications du chômage ?

Avec nos amis "experts en économie", je voulais vous faire comprendre que chacun pense avoir une solution au chômage tout simplement parce chacun a un morceau d'explication qui est en grande partie explicable par la position, le rôle qu'il occupe.

A partir de là, on comprend pourquoi il existe des boucs émissaires: trouver une cause parmi d'autres est aisé (c'est ce qui fait la difficulté des sciences humaines: chacun croit avoir une explication du phénomène étudié); mais les contradictions entre les interprétations et les positions de chacun sont très fortes.


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Etes-vous capable de repèrer des contradictions parmi ces propos ? Connaissez-vous les limites de telles ou telles interprétations proposées par nos experts économiques ?

La suite dans un prochain article...


 

 

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27 octobre 2006 5 27 /10 /octobre /2006 13:50



Robert avait l'habitude de boire son café du matin au café du Commerce, le "caf'com" comme il le surnomme.

C'est l'endroit où l'on peut se réchauffer et discuter le bout de gras avec les autres. 






Et croyez moi, les discussions sont acharnées: entre Robert, Marcel, Gilbert, Kader et Antonio, ils sont tous des experts économiques.

Chacun se sait le mieux placé pour discuter des causes du chômage et proposer des solutions définitives.


Extraits choisis:


- Moi, j'vous dis, on est écrasé par les charges et les impôts. Des milliards d'impôts, de taxes... j'appelle plus ça un budget, mais une attaque à main armée... Le jour approche où je n'aurais plus que l'impôt sur les os. J'vous voudrais bien prendre un gars en plus, il y aurait du boulot, vieux, avec tous les nouveaux clients qui viennent... dit Maurice, le patron du caf'com.


- ben pourquoi tu le fais pas ? lui répond Kader, propriétaire d'un bazar au coin de la rue.


- (Maurice) Tu rigoles ou quoi ? Si j'embauche un serveur en plus, ce qu'il me rapporte ne compensera pas ce qu'il va me coûter en salaires et en charges.

Mon bénèf est en plein chancelique, la TVA me suce le sang et t'as vu, ils augmentent encore la CSG, comment veux-tu que j'fasse ?...J'ai calculé, j'en aurais à peine pour cinq piges. J'aurais 60 balais et pis tchao, j'arrête...


- Et ben voilà... ça c'est la France: on vous décourage d'embaucher surenchérit Gilbert, cadre supérieur chez Ata.

Moi je trouverais normal qu'avec 3 millions de chômeurs, on puisse embaucher à des salaires plus bas. Par contre, lorsque les affaires repartent et que t'as du mal à recruter, les salaires doivent monter pour attirer la main d'oeuvre. C'est réglo, non ?

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- Et l'autre , tu te vois avec une année un salaire élevé et l'année suivante en gagnant 30 % de moins ? Tu délires ou quoi, on n'est pas corvéable à merci... Maurice tu m'en remets un s'énerve Robert, ouvrier métallo, 30 ans syndiqué à la BTP...

Parce que j'aime autant te dire que Gilbert, avec tes costumes noirs tissés en Indonésie et tes pompes à l'Italienne fabriquées à Grenoble, hé bien t'es qu'un de ses cadres qui à cinquante balais vont se faire virer comme des malpropres...


- ( Gilbert) J'ai été enfant de chœur, militant des  PCUDFUMPS , et pilier de bar. C'est dire si j'en ai entendu des conneries...

Hé oui Hé oui, mon vieux, s'il y a du chômage, c'est aussi parce que les syndicats comme le tien font tout pour empêcher les patrons de faire leur boulot...

Si... Si... Dès qu'un patron propose un salaire plus faible ou qui n'augmente plus, vous le menacez de grève.

J'ai discuté avec Wilfried qui a vécu aux States, ben crois moi, là bas, ils hésitent pas: lorsque les affaires vont mal, les boites licencient à tour de bras... et ils ont le plein emploi, eux...


- (Kader) Moi, ce qui me gène, c'est qu'il n'y a plus la clientèle d'avant: celle du dimanche après -midi, qui se promenait en famille, ils achetaient des souvenirs, des gadgets à deux francs six sous. Trois fois rien, mais cela faisait vivre le p'tit commerce. Les gamins étaient heureux avec leur pistolet à eau,  les parents envoyaient une carte postale à des cousins pendant que la grand-mère finissait sa boite de chocolat sur le banc. Aujourd'hui, il y a la télé, internet,  les jeux vidéos, et avec des salaires faibles, avec la crise, les gens achètent moins qu'avant, ils y regardent à deux fois...


- (Maurice) Ouais, en plus, faut dire que les gars, y se la jouent cool: je discutais avec mon beau frère de Grenoble, il me disait qu'il connaissait un gars qui rien foutu depuis 5 ans et qui touche quasiment autant que moi en bossant.

la volonté de bosser , c'est comme la sainte vierge, il faut l'avoir de temps en temps, pour y croire...Hebergement gratuit d image et photo


- (Robert) Ca c'est sûr que les jeunes, y veulent plus bosser, y préfèrent toucher les aides... Moi à leur âge, même pour une bouchée de pain j'aurais travailler... Pour sûr... Plutôt travailler que rester au chômage.


- Ah non les gars, ça va pas recommencer là... s'énerve Antonio, ancien ouvrier mécanicien au chômage.

Vous êtes lourds à la fin: moi ça fait 15 mois que je cherche du boulot dans la mécanique. 15 mois où ma femme me prend la tête pour que j'me lève et me rase tout les matins au cas où l'occaze se présenterait. Alors vos discours sur les chômeurs fainéants, merci...


- (Maurice) Ouais, mais Antonio, toi t'es pas pareil...Bon, les gars, j'vous la sers la tournée ?
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Antonio, t'as pas connu l'ancien temps, à l'usine de Framiot... Il y avait, allez, on va dire 300 mecs qui bossaient dur. Fallait voir les fumées et la chaleur qu'il y avait là-dedans...Moi j'dis que là où avant il mettait trois ouvriers pour faire le boulot, il n'en faut plus qu'un aujourd'hui... et si ça continue, on n'embauchera plus personne: j'ai vu un reportage à la télé sur une usine sans ouvriers, rien que des robots...

- (Robert) Hé non mais attends, Maurice...Tu sais pourquoi ils ont fermé l'usine de Frémionne ? C'est pour aller produire en Pologne parce que ça coûte moins cher et pour s'en mettre plein les poches. Le résultat, il est là: les actionnaires ont ramassé le pactole, et t'as 150 gars sur le carreau. La voilà la cause du chômage.


 




A suivre...

Dans un prochain épisode, d'autres personnages et d'autres causes du chômage seront mises en avant...


 

Avez-vous repéré toutes les causes du chômage énoncées par les personnages ?




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25 octobre 2006 3 25 /10 /octobre /2006 10:44
 Je voudrais, à partir d'un exemple concret, aborder une question économique majeure: celle des gains de productivité et de leur utilisation.
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J'ai choisi le cas de Renault qui me semble bien illustrer les enjeux du thème pour deux raisons:
      - cette entreprise a pleinement contribué à la prospérité des Trente Glorieuses (1945-1975), l'automobile étant, avec l'électroménager, le secteur économique symbolisant cette période de forte croissance;
     - Renault a subi la crise des années 70-80 de plein fouet pour connaître un renouveau à la fin des années 90.


Que mesure la productivité ?
C'est un indicateur d'efficacité du processus de production.
Concrètement, si on arrive à produire en utilisant moins de travail ou de capital par exemple, le processus de production sera plus productif (on peut aussi, avec les mêmes moyens produire beaucoup plus).
On le voit, il s'agit de comparer ce qui est produit (le ré
sultat) aux moyens utilisés pour produire.



Qu'est-ce qu'un gain de productivité ?
Les gains de productivité constituent l’objectif des innovations, en particulier des innovations de procédé.
Quand on met en œuvre une innovation dans la branche automobile, on va produire par exemple plus de voitures dans le même temps de travail (mettons de 10 à 12 voitures). La productivité a donc augmenté : ces deux voitures supplémentaires sont le fruit des gains de productivité.
Les gains de productivité ne sont pas de l’argent …

Ils peuvent évidemment se transformer en argent mais ce n’est pas toujours le cas.
Parler de gains de productivité signifie simplement que la productivité a augmenté. Cela ne nous dit rien sur comment on utilise cette productivité accrue. Essayons d'appliquer cela à Renault

 
Renault 1945-2005

Production, effectifs, chiffre d’affaires

 
Année
Production

(véhicules particuliers et petits utilitaires)

Effectifs
(1)
Chiffre d'affaires
(2)
mondiale
domestique
mondiaux, Groupe Renault
France branche automobile
mondial, Groupe Renault
France branche automobile
1945
12 036
12 036
 
23 250
 
36
1955
219 622
219 622
 
52 235
 
1 424
1965
590 431
551 904
 
62 902
 
4 536
1975
1 391 948
1 128 972
222 436
103 614
33 539
18 264
1985
1 637 634
1 499 979
196 414
86 122
122 138
72 644
1995
1 761 643
1 610 216
139 950
59 264
184 065
132 050
2005
2 515 728
1 268 259
 
41 338
39 458
 
 


Source: Freyssenet, M. « Renault : 1945-2005. Production, effectifs, chiffre d’affaires, résultat net, investissement ». Édition numérique, freyssenet.com, 2006,

Notes : 

(1) Les effectifs sont les effectifs au 31 décembre de l'année, y compris les salariés à contrat temporaire.

(2) Le chiffre d'affaires, le résultat net et les investissements sont en millions de francs. Le chiffre d’affaires est hors taxes à partir de 1971. En euros à partir de 2005.


Complétons par d'autres données nécessaires:
 
Source : INSEE
1945
1955
1965
1975
1985
1995
2005
 

SMIC horaire (en francs)

 
 
 
0.78
 
1.84
 
3.14
 
7.87
 
14.75
 
37
 
52.7
 

Durée annuelle moyenne du travail

 
 
2092
 
2168
 
1842
 
1750
 
1700
 
1680
 
1650
 

A partir de ces données, on peut réaliser différents calculs intéressants :

- la productivité physique du travail : nombre de véhicules produits / effectifs

- le prix moyen d’une Renault (en francs courants) : chiffre d’affaires / production

- le prix réel d’une Renault (en heures de travail d’un SMICARD) : prix moyen d’une Renault / SMIC horaire

  
Voici les résultats :
 
 
1945
1955
1965
1975
1985
1995
2005
 

Productivité du travail (France)

 
0.5
 
4.2
 
8.7
 
10.8
 
17.4
 
27.1
 
28.7
 

Prix moyen en francs courants

 
2 991
 
6 484
 
8 219
 
16 177
 
48 430
 
82 000
 
107 865
 
Prix réel (en heures)
 
 
3 834
 
3 543
 
2 617
 
20 55
 
3 283
 
2 216
 
2 046
 

Quels sont les gains de productivité des salariés français de Renault ?

En 1945, chaque travailleur produisait 0.5 voiture par an ; en 2005 28.7 voitures : autrement dit, le travailleur de 2005 est 58 fois plus efficace qu’en 1945 !!!

On s'aperçoit également que ces gains de productivité sont très importants au début (de 1945 à 1965 par exemple), puis augmentent moins vite par la suite.

 
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Comment Renault a-t-il utilisé ces gains de productivité ?


-         pour l’entreprise elle-même :
un travail plus efficace permet de baisser les coûts de production, donc d’augmenter les profits. Cela permet donc aussi de faire croître l’accumulation de capital. Effectivement, le résultat net passe de 50 millions de francs courants en moyenne dans les années 1960 à plus de 300 millions dans les années 1970. En 2000, il s'élevait à plus de 7 000 millions de francs.

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-         pour les travailleurs :

    de 1945 à 1975 le nombre d’emplois en France de Renault a été multiplié par 4.5 (on passe de 23 000 personnes à plus de 100 000 en 1975).


     Le travail étant plus efficace, il est mieux rémunéré (la hausse du SMIC est significative : de 1945 à 1975, il multiplié par 10 en monnaie courante).


      De plus, le salarié de chez Renault a eu droit à des avantages sociaux importants (cinquième et sixième semaine de congés payés). Il a aussi bénéficié d’une amélioration des conditions de travail : le nombre d’accidents du travail a considérablement baissé.

             Pourtant, depuis la crise économique, les effectifs France de Renault ont presque été divisés par 2.5., le SMIC a été multiplié par 6.5 en monnaie courante, la durée du travail a continué de baissé mais moins vite.

 

-         pour le consommateur :

     le prix réel d’une voiture a baissé de 46 %. En 1945, il fallait 3 834 heures de travail pour qu’un smicard puisse s’acheter une Renault neuve ; en 2005, il ne lui faut plus que 2046 heures de travail.



Les gains de productivité peuvent permettre de faire toutes ces actions : on baisse un peu les prix, un peu la durée du travail, on augmente un peu les salaires et les profits.

Pourtant, on sent bien que l'on a pas utiliser les gains de productivité de la même façon selon les époques:


- durant les Trente Glorieuses, l'entreprise et les travailleurs en ont largement profité, d'autant plus que ces derniers se sont structurés en contre-pouvoir puissant (rôle de la CGT chez Renault).


- dans la période récente, c'est plutôt l'actionnaire et le client qui bénéficie des gains de productivité.


Dès lors, on comprend bien l'enjeu des rapports de force pour le partage et l'utilisation des gains de productivité.


Si vous êtes arrivé jusqu'au bout de l'article, alors vous avez bien mérité une petite récompense: une visite virtuelle chez Renault pour voir comment l'entreprise recherche encore plus de productivité.



 

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14 octobre 2006 6 14 /10 /octobre /2006 12:51

James Dyson, vous connaissez ? Non... alors faites d'abord un tour ici pour savoir ce qu'il a réalisé.
James Dyson est né dans une famille d'enseignants qu'il décrit comme une famille de  classe moyenne pas particulièrement aisée.
Son histoire ressemble beaucoup à celle d'un entrepreneur au sens de Schumpeter (voir wikipédia ici)


A l'origine, c'est en passant l'aspirateur chez lui que James Dyson observe que la puissance de l'aspirateur traditionnel diminue à cause de l'obstruction des pores du sac. Pendant 5 ans, il va développer plus de 5 000 prototypes pour mettre au point la une technologie permettant la disparition du sac. En 1984, il dépose le brevet du Dual Cyclone.
Problème: les entreprises traditionnelles n'en veulent pas car cela tuerait leur marché des sacs d'aspirateurs, très lucratif. L'innovation est bloquée.



Que faire ?
Le salut viendra ... devinez d'où ?
Du pays qui fait le plus d'efforts en matière de R&D, qui dépose le plus de brevets au monde: l'empire du Soleil Levant: le Japon. En 1986, son idée est commercialisée pour 2 000 dollars (une fortune !). Mais, petit à petit, le succès est au rendez-vous, si bien qu'en 1993, son aspirateur est enfin lancé en Grande-Bretagne.

Aujourd'hui, sa société détient 50 % du marché des aspirateurs anglais, 20 % du marché de l'Europe de l'Ouest. Elle fait travailler 1 200 personnes en Grande-Bretagne dont presque 30 % d'ingénieurs, son budget de R&D dépasse les 60 millions d'euros (soit 10 % de son chiffre d'affaires), sa société a déjà déposé plus de 1 100 brevets.

Et ce n'est pas fini: James Dyson va lancer une école de design et d'innovation (
Dyson School of Design Innovation) en 2008. Un projet de plus de 30 millions d'euros pour former 2500 étudiants au design, à l'innovation et aux technologies de pointe.


Il possède beaucoup de caractéristiques du personnage de l'entrepreneur de Schumpeter:  il a bousculé les équilibres économiques antérieurs (le marché des sacs d'aspirateurs), les conditions de la concurrence en ont été modifiées, les rapports de force ont changé.


Le rôle de l'entrepreneur consiste à réformer ou à ré­volutionner la routine de production en exploitant une invention au, plus généralement une possibilité technique inédite (production d'une marchandise nouvelle, ou nouvelle méthode de production d'une marchandise ancienne, ou exploitation d'une nouvelle source de matières premières ou d'un nouveau débouché, ou réor­ganisation d'une branche industrielle, et ainsi de suite)

C'est un personnage atypique
: il va là où personne ne veut aller, il brise les routines, il ne pense pas comme les autres. Pour Schumpeter, c'est l'agent principal de l'innovation, qui est à la source de la croissance économique.

Voici une interview de cet innovateur parue dans le journal du net management en 2004

Vous avez passé cinq années au fond de votre jardin à travailler sur divers prototypes de votre aspirateur. Comment avez-vous financé et organisé ce travail ?
James Dyson. Au début de ce projet, je travaillais encore à la distribution d'une de mes autres inventions, la Ballbarrow. Il s'agissait d'une brouette avec une grosse boule en plastique moulée à l'avant, en guise de roue. Cette brouette connaissait un grand succès, mais malheureusement, très rapidement, j'ai eu des différends avec mes actionnaires et ait été contraint de revendre mes parts de l'entreprise. Je me suis donc lancé dans le développement de ma nouvelle idée : l'aspirateur cyclonique. J'ai donc vécu toutes ces années des quelques revenus tirés de la vente de mes parts dans la Ballbarrow, ainsi que grâce au soutien financier de mes amis comme Jeremy Fry et de l'hypothèque de ma maison. Je consacrais tout mon temps à mes recherches sur l'aspirateur et n'avais donc aucun revenu régulier. Ma femme Deirdre donnait des leçons d'art et de dessin, et vendait ses propres toiles pour assurer un minimum de revenus, d'autant plus que nous avions déjà nos trois enfants. Je travaillais dur, et malgré quelques moments de fatigue, je n'ai jamais perdu ma détermination. Pour être honnête, aujourd'hui, on me décrit à cette période comme quelqu'un d'incroyablement déterminé, mais à l'époque, c'était plutôt comme de la pure folie.

Comment concevez-vous la gestion de l'innovation en entreprise ?
Encourager la différence, se remettre en question, remettre en question les normes. C'est toujours cet esprit que nous cultivons aujourd'hui, après dix ans de succès, comme à nos débuts. Nous recrutons beaucoup de jeunes à la sortie de l'université car ils sont plus ouverts d'esprit, ils n'ont pas encore été déformés par les moules des autres entreprises. La vraie innovation a besoin de cela. J'applique en fait la première leçon de mon mentor, l'inventeur britannique Jeremy Fry pour qui "l'enthousiasme et l'intelligence sont plus importants que l'expérience".


Cette philosophie passe-t-elle par une organisation particulière ?
Travailler dans un espace propice à l'innovation me paraît essentiel. Le siège de l'entreprise en Angleterre, conçu par l'architecte Chris Wilkinson, ressemble plus à un campus qu'à une usine. C'est un environnement à notre image. Une société qui innove doit ressembler à une université, pas à une fabrique. Il y a un grand patio au centre de cette usine où les gens peuvent se croiser et discuter. Les bureaux eux-mêmes sont des espaces ouverts qui facilitent la communication. Je suis aussi très attaché au confort du bureau, et notamment à l'importance d'avoir un bon siège. Ce sont des éléments essentiels pour bien travailler et donc favoriser la créativité. Les ingénieurs et les graphistes sont situés au centre du bâtiment, ce qui est une manière de souligner leur rôle fondamental dans notre entreprise et dans notre activité. C'est donc tout un ensemble de choses qui constituent au quotidien un environnement propice à l'innovation.


Dyson, un gars qui aspire le respect, non ?

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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 09:15

Voici une blague d'un prix nobel d'économie, professeur à Stanford, Paul Romer

(citée par Claude Bordes, un éminent collègue de SES, dont j'avais déjà recommandé son site l'Antisophiste)

Un samedi, un docteur, un pasteur, et un économiste patientaient sur le parcours de golf.

Juste devant eux, un groupe s'évertuait  à jouer au golf : ils étaient si maladroits que leurs balles se perdaient, partaient dans toutes les directions, et ils avaient un mal fou à les retrouver.


Dégoûtés, las d'attendre, nos trois amis s'en retournent au clubhouse, non sans laisser tomber quelques commentaires peu flatteurs à l'adresse des importuns.

     - le docteur suggéra qu'ils commencent par prendre des leçons,

     - le pasteur proposa que, la prochaine fois, ils réservent en semaine,

     - l'économiste observa qu'il faut être sans vergogne pour se présenter sur un parcours  en jouant si mal...

Au clubhouse, ils avisent le directeur et lui font vertement part de leur mécontentement.

Et le directeur répondit : « mais n'avez-vous pas vu les panneaux ? Aujourd'hui est un jour réservé aux athlètes handicapés... Ces gens devant vous étaient aveugles ! »

 - le docteur regrettait ses propos et promit de donner 5 000 $ pour cette bonne cause.

 - le pasteur fut submergé par la honte et promit au directeur de donner un peu de son temps pour accompagner ces personnes sur le parcours.

Tous se tournèrent alors vers l'économiste.

Après un silence, ce dernier observa : « Ne serait-il pas plus efficient de faire jouer ces gens la nuit ? »


Cette anecdote (dont je sais que vous êtes friands, si, si...) me permet d'aborder deux éléments de réflexion qui me paraissent essentiels autour de la notion de risque et de rationalité.


Risque et Gain


Paul Romer montre que l'économie est la science des choix:

Comme il y a rarement des choix idéaux, parfaits (c'est-à-dire des décisions qui n'entrainent aucun coût, aucun désagrément pour celui ou celle qui l'a prend), il faut être capable d'accepter quelque chose de mauvais pour pouvoir espérer obtenir quelque chose de bon.

C'est l'arbitrage entre le risque à prendre et le rendement escompté:

on ne peut obtenir des gains élevés sans prendre quelques risques.


Application n°1 :  L'innovation

J. Schumpeter l'a bien montré avec l'entrepreneur-innovateur, qui, parce qu'il sort des sentiers battus, parce qu'il va là où personne n'est allé, innove, prend des risques et peut, si son innovation rencontre des débouchés, obtenir des profits élevés. Mais, évidemment, il n'y a pas de garantie, le risque est très élevé.


Application n°2: L'orientation

L'orientation est un choix très délicat parce que risqué:

- on peut se tromper de filière : on choisit le droit ou la comptabilité alors qu'on n'a jamais pratiqué ces disciplines. On aime les langues, mais les cours d'anglais ou d'espagnol enseignés à l'université

- on peut avoir peur de prendre le risque de ne pas être à la hauteur : par exemple pour les filières très sélectives comme les classes préparatoires.

- on peut aussi douter des débouchés de certaines filières engorgées (psychologie, STAPS...)


Ne pas prendre de risques serait alors:

- choisir des filières qui correspondent à des matières dans lesquelles vous réussissez.

Problème: elles ne sont pas nombreuses. En effet, il n'y a pas de SES dans le supérieur (telles qu'elles sont enseignées au Lycée), il n'y a pas non plus d'Histoire- Géographie mais une faculté d'Histoire et une faculté de Géographie. Mathématiques et Philosophie sont des matières enseignées dans le secondaire et le supérieur, mais si vous avez un bac ES, vous serez confrontés avec des S (maths) ou des L (philo). Les cours de langues à l'université ne sont pas l'équivalent des cours de langues dans le secondaire, etc...

- choisir des filières dans lesquelles vous êtes sûr(e) de réussir.

 Vous pourriez doublement le regretter: si on sait déjà faire ce que l'on nous propose, à quoi bon ? Ah si vous aviez su, vous auriez pu viser un peu plus haut (combien d'anciens élèves, étudiants ont ce sentiment...)

- choisir des filières où on vous dit qu'il y a des débouchés.

Mais connait-on réellement les débouchés à l'avance ? Ici, le moyen terme est 2 à 5 ans après le bac. On peut avoir des tendances, mais il faut prendre garde: pendant des années, on a vanté les débouchés dans certains secteurs...qui se sont trouvés engorgés !

 



On le voit, il va falloir vivre avec ces risques. Comment alors faire le ou les choix face à ces risques connus, alors que les satisfactions paraissent plus aléatoires, incertaines ?



Rationalité contre affectivité.


L'autre aspect intéressant, c'est que, dans l'anecdote de Paul Romer, l'économie doit  nous permettre de mieux mobiliser notre rationnalité.

On le voit ici, le pasteur et le docteur, lorsqu'ils apprennent la nouvelle, agissent sous le coup de l'émotion. L'économiste met en avant sa rationnalité . Il ne s'agit pas de mettre de côté nos sentiments, nos instincts mais de ne pas agir uniquement en fonction de ceux-ci (la publicité, le commerce savent très bien comment exploiter cette façon d'agir "coup de coeur").

Revenons aux risques et aux choix à prendre:  le risque ne doit pas être craint ou adulé (registre de l'émotion). Il y certes souvent de bonnes justifications à réagir de la sorte.

Par exemple,  la peur de perdre son emploi à cause du progrès technique: c'est l'histoire du mouvement des Luddites. Ce sont des mouvements d'ouvriers au début du XIXème siècle qui brûlèrent des métiers à tisser parce qu'ils pensèrent que le progrès technique allait anéantir l'emploi dans le secteur textile en Angleterre. On sait ce qu'il en est advenu...





Il ne s'agit pas de prendre tous les risques n'importe comment, mais bien d'évaluer, d'estimer à-priori les coûts et les avantages de prendre telle ou telle risque, donc  de rationaliser autant que faire ce peut le risque.

Ce qui ne signifie pas l'élimination du risque (par des calculs savants, on arriverait à mettre l'avenir en équation), mais une maitrise relative (notre rationnalité est forcément limitée, nous ne pouvons pas prétendre connaître toutes les données du pari).



Conclusion: si nous refusons de prendre des risques, alors  nous reproduirons à l'identique ce que nous savons faire...donc nous n'évoluerons pas.

L'innovation a été source de croissance économique: il n'est pas possible de créer plus de richesses en reprenant les recettes d'autrefois. C'est aussi valable dans d'autres domaines...



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