Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 10:53
Alors que nous allons attaquer les parties du programme liées à la mondialisation, je mets en ligne deux vidéos sur ce thème.

Elles ne sont pas nouvelles (les fidèles lecteurs de SOS...SES reconnaitront des thèmes déjà abordés); mais elles ont été (plus ou moins adroitement) traduites en français.



Salvador Dali
Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau (1943)

La première concerne notre façon de nous représenter l'évolution économique et sociale.
Ecoutez et regardez cette présentation (qui marie humour et pertinence) de Gapminder dont j'avais déjà parlé ici.
Vous m'en direz des nouvelles.

J'ajoute qu'elle doit nous interroger sur les façons dont les nouvelles technologies bouleversent nos représentations (voir par exemple ici  ou encore ici et )





La deuxième vidéo est un classique: Did you know ?
Elle est traduite en français et apporte de nouvelles informations sur les bouleversements actuels (voir ici pour la première version)

Quand je pense qu'il y a encore des élèves qui sont en E.S. et qui n'utilisent jamais les données chiffrées...^^





voilà, c'est tout pour aujourd'hui.


Et merci à Bertaga, je peux remettre un peu de "world music"... C'est roots, et je ne m'en lasse pas



Ajoutez un commentaire
Partager cet article
Repost0
6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 08:38


Un des billets les plus lus de SOS...SES... analyse les différentes représentations de la stratification sociale (relire "S'il te plait, dessine moi la société").






C'est un thème classique de sociologie dont les enjeux restent toujours d'actualité: Louis Chauvel a revisité cette question en montrant que les classes moyennes étaient à la dérive (relire ce billet : "il est en panne l'ascenseur social ?").

J'ai trouvé une enquête du CREDOC qui apporte de nouveaux arguments au débat.
L'une des difficultés pour aborder cette question est de définir les termes du sujet. Par exemple, comment peut-on définir / mesurer ce qu'on appelle les classes moyennes ?

Le CREDOC a fait le choix de mettre dans cette catégorie les individus qui disposent d'un niveau de vie (après impôt) compris entre 75 % et 150 % du niveau de vie médian. Ce qui correspond à un revenu avant impôt qui peut aller de 1 100 à 2 600 € par mois pour une personne seule.


Voici alors le résultat de leur découpage statistique de la population française

Une typologie des classes moyennes et des autres catégories de revenus





Maintenant, on peut montrer l'évolution de ces catégories sociales sur une vingtaine d'années
et même comparer avec d'autres sociétés.



Surprise !
Ici, on s'aperçoit que les classes moyennes (selon cette définition) augmentent leur poids dans la population (contrairement aux Etats-Unis et à l'Allemagne).

De plus, on entend souvent parler du "décrochage" des classes moyennes: leur pouvoir d'achat ne progresse plus, voire régresse.

Or l'étude montre que le niveau de vie médian était de 718 € par mois en 1970, il passe à 1 314 € en 2004 (en euros constants), soit une hausse de plus de 80 % (alors que pour l'ensemble de la population, le niveau de vie n'a progressé "que" de 75 %). Les classes moyennes voient donc leur niveau de vie davantage progresser que celui de la majorité de la population.

La France serait-elle plus tocquevilienne qu'elle ne le pense ? ^^


D'où provient alors ce décalage important entre ce que pense les français et la réalité statistique ?

Depuis plusieurs années, avant de commencer l'analyse de la pauvreté et de l'exclusion avec les élèves, je leur pose la question suivante "à votre avis, sur 100 ménages, combien sont considérés comme pauvre ?" L'écart entre la réponse des élèves et les statistiques est très important :une année, la majorité de la classe a répondu entre 30 et 40 % de pauvres en France ! J'ai par ailleurs constaté la même chose à propos du nombre d'ouvriers en France, du nombre de couples mariés, du nombre de salariés en CDD...

Evidemment, c'est l'occasion d'entamer des discussions avec les élèves: les chiffres sont-ils inexacts ? Comment interpréter cet écart entre réalité subjective et statistique etc...


Il est vrai que la perception d'une paupérisation peut être confirmée par un certain nombre de statistiques.

Je voudrais en présenter quelques unes
qui sont issues du même document du CREDOC.

Document 1: la répartition des dépenses des ménages selon leur position dans l'échelle des revenus


Le poids des dépenses "obligées" ( dépenses contraintes et incontournables) représentent près de 90 % du budget des personnes les plus pauvres et 80 % du budget des classes moyennes.
Même chez les ménages les plus riches, les 2/3 du budget sont touchés par ces dépenses obligées.


Par contre, si on regarde l'évolution dans le temps...


Document 2: évolution des dépenses contraintes de 1979 à 2005 selon le type de ménage


Le poids des dépenses contraintes a (presque) doublé pour les catégories inférieures (pauvres + modestes + classes moyennes inférieures).

Ce qui contraste singulièrement avec les autres catégories qui connaissent une évolution nettement plus faible de ces dépenses contraintes.

Conséquence : beaucoup de français déclarent s'imposer des restrictions dans leurs dépenses.


Document 3: Pourcentage de chaque catégorie déclarant s'imposer régulièrement des restrictions dans leur dépenses.


On voit, là encore, apparaître une polarisation entre 2 catégories:

- des catégories pauvres aux classes moyennes supérieures, une majorité déclare s'imposer des restrictions et cela se dégrade depuis 1980.

- des catégories aisées et hauts revenus: elles déclarent de moins en moins se restreindre !

Le CREDOC tente d'expliquer ces évolutions.
On va le voir, les raisons sont complexes.
L'une des principales raisons réside dans l'augmentation du coût du logement:
- le prix des loyers a augmenté plus vite que l'inflation: + 3.4 % par an contre + 2.3 %.
- les prix de l'immobilier, on le sait, ont explosé
On pourait donc se dire que les ménages sont victimes de la spéculation immobilière et de l'avidité des propriétaires...
Mais on peut également mettre en avant l'amélioration des conditions de logement. La qualité de l'habitat, sur le long terme, a progressé (équipements plus sophistiqués), la surface moyenne par personne est passée de 30 m2 en 1984 à 40 m2 en 2006...
On peut également rajouté d'autres dépenses "obligées" que les ménages n'avaient pas il y a quelques années: téléphone portable, abonnement internet etc...!

Source: les classes moyennes sous pression (CREDOC)

Voilà qui devrait relancer le débat...


Ajouter un commentaire







Partager cet article
Repost0
31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 10:38
Je suis dans une forme proche de l'Ohio.

Et les documents que je vais vous soumettre ne vont pas arranger mon état mental...





Il s'agit de ressources qui permettent d'illustrer deux chapitres du programme de Terminale:
- l'idéal démocratique
- les nouvelles formes d'action collective

La loi pour l'égalité des chances du 31 mars 2006, dans son article 47 , définit l'un des rôles du C.S.A (voir site ici):

« Le Conseil supérieur de  l’audiovisuel contribue aux actions  en  faveur  de  la  cohésion  sociale  et  à  la  lutte  contre  les discriminations  dans  le domaine  de  la  communication  audiovisuelle. 
Il  veille,  notamment,  auprès  des  éditeurs  de services de radio et de télévision, compte tenu de la nature de leurs programmes, à ce que la programmation  reflète  la diversité de  la  société  française.
 Il  rend compte dans  son  rapport annuel de l’action des éditeurs de services dans ce domaine ».

j'ai lu le rapport du CSA de novembre 2008 (voir  ici).

Il a mené une étude sur les programmes télé du 11 au 17 février 2008 durant les heures de forte audience (soit 560 heures sur 15 chaînes de la TNT gratuite et Canal +).
La méthode consiste à indexer, dans chaque émission, toutes les personnes et tous les personnages qui apparaissent à  l'écran et qui s’expriment, quelle que soit  la durée de cette apparition et leur temps de parole (soit 42 500 individus).

Voici quelques graphiques "savoureux":

graphique 1: part en % des PCS dans les programmes télé


On constate une très nette sous-représentation des PCS employés et ouvriers qui constituent 55 % de la population active. Dans les programmes télé, elles ne sont plus que 18 %.
Par contre les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 15 % des actifs...et 61 % des professions à la télévision !

Les autres PCS (agriculteurs, commerçants et professions intermédiaires ne connaissent pas un tel écart entre leur poids réel dans la population active et leur représentation télévisuelle). Etonnant, non ?



Continuons...J'avais déjà parlé des inégalités hommes-femmes.
Voici ce qu'on peut apercevoir dans le rapport du CSA


graphique 2: part des hommes / femmes selon le type de rôle télévisuels




Plus le rôle est prestigieux, moins la place des femmes est forte
!
C'est dingue, non ! On continue ?



graphique 3: part des hommes - femmes selon le type de programmes






J
e me demande s'ils ne le font pas exprès...pour illustrer nos cours de sociologie !
La place des femmes dans les programmes reflète les stéréotypes sociaux: la sphère privée aux femmes (la publicité -consommation et le divertissement) et la sphère publique aux hommes (les informations, c'est sérieux)
.
L'étude du CSA permet également de montrer que la diversité culturelle est loin d'être respectée.

Le CSA avait réalisé une enquête similaire en 1999. Que nous indique la comparaison 1999 - 2008 ? Je cite le rapport:
"La diversité n’a progressé que d’un point en ce qui concerne  les  journaux  télévisés,  la fiction et les animateurs
"

Alors que faire ?

En cours, nous avons abordé le thème des nouveaux mouvements sociaux

J'ai trouvé quelques ressources sur le renouveau de certains mouvements féministes:
  -la Barbe est un groupe d'action féministe dont il faut lire le manifeste.

Vous pouvez également lire la rubrique: "qui sommes-nous ?" et "mode d'action" pour s'apercevoir des différences avec les mouvements socaux traditionnels
.
Voici quelques vidéos éclairantes...et très drôles ^^




Et encore plus fort



J'aime beaucoup et cela correspond à l'humeur du moment...


Découvrez Alain Souchon!



Ajouter un commentaire


Partager cet article
Repost0
13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 06:08
Dans la lignée du billet précédent, je reviens sur le thème des inégalités pour aborder le domaine des inégalités hommes-femmes.

Là encore, on trouve sur le web des ressources très intéressantes. Dans le cas présent, je me suis appuyé sur le derbier rapport annuel du Forum économique mondial (Global Gender Gap Report 2008 source ici: en anglais).

Voici une synthèse des principaux éléments d'analyse:

1°) le rapport étudie 130 pays (soit 90 % de la population mondiale) selon leur niveau d'inégalité entre les hommes et les femmes (14 indicateurs tels que les inégalités de salaire, part des femmes dans l'enseignement supérieur, écart d'espérance de vie...).
Le rapport note que dans plus de 80 % des pays des progrès ont été réalisés dans la réduction des inégalités de genre depuis qu'il existe (donc depuis 2006, ce qui est à relativiser).
Voici les résultats en matière de participation politique les progrès y sont les plus nets, mais ce domaine est aussi celui qui est le plus en retrait en matière d'égalité des sexes), d'économie, d'éducation et de santé



2°) Comme dans le billet précédent, on retrouve - sans surprise - les pays scandinaves en tête du classement: la Norvège, la Finlande, la Suède occupent les premières places. La France se situe 15ème...
Voici le classement des 20 premiers


3°)... mais la France est l'un des pays qui a connu l'une des plus fortes progression (elle était 51ème en 2007 et 71ème en 2006 !). Selon le rapport, la France a progressé en raison d'une plus grande proportion de femmes parmi les postes de direction et les hauts fonctionnaires (37 % des postes), les parlementaires (18 % de femmes chez les députés) ou les postes ministèriels (47 %).


4°) Le rapport montre une corrélation entre la réduction des inégalités de genre et l'efficacité économique. L'égalité juridique et l'égalité des chances entre les sexes permet de mieux utiliser le capital humain (on retrouve les mêmes arguments que dans le billet précédent), ce qui est facteur de croissance économique.


Espérons alors qu'avec la crise actuelle, on ne reprenne pas les bonnes vieilles habitudes.




Conclusion: je suis frappé de voir se multiplier ce type d'étude ces dernières années dans tous les domaines (économique, éducatif, culturel, sportif...).
Cela correspond à du benchmarking: on s'inspire des meilleurs pour progresser.

- évidemment, comparaison n'est pas raison: il faut interroger les indicateurs. Que mesure-t-on ? Est-ce comparable ? Par ailleurs, on sait que les modèles ne sont pas transposables en l'état (la Finlande n'a pas la même taille en terme de population, les structures économiques et sociales ne sont pas les mêmes etc...)
.

- Ce qui est intéressant à analyser également, c'est l'usage que l'on fait de ces classements: certains gouvernements vont les utiliser pour légitimer leurs actions politiques, les journalistes ou les syndicats vont également s'en servir comme argument dans les débats de société. En France, cette tradition du benchmarking n'est pas encore bien ancrée (les résultats de PISA 2006 n'ont pas fait l'objet d'un grand débat national comme en Angleterre ou en Allemagne).
A suivre donc...

Pour approfondir le sujet, la lecture de l'excellent blog d'Olympe

Un jingle de circonstances, non ? Le refrain rentre bien dans la tête ^^

Découvrez Femmouzes T!



Ajouter un commentaire

 
Partager cet article
Repost0
4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 06:15
Trop longtemps sans billet =  trop de travail, peu d'inspiration et un climat anxiogène...

Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Je ne suis pas un robot qui fabrique des articles mécaniquement (derrière l'écran, il y a un être humain avec une vraie vie ^^).

Alors je reprends doucement, tout doucement...par les coûts !




L'INSEE  a publié un numéro passionnant -mais un peu aride pour le profane, je vous l'accorde- en novembre 2008 (voir ici).
Je vais essayer d'en faire une synthèse plaisante et intéressante (c'est pas gagné)


Question: Combien coûte une heure de travail ?

En euros constants (de 2004), le coût d'une heure de travail dans une grande partie du secteur marchand (industrie, construction, commerce et activités financières) était de 28,70 euros en 2004

On a donc une première idée: une heure de travail coûte environ 30 euros (contre 13 euros environ en 1975)



Un salarié coûte par heure, en moyenne et en termes réels, 2,2 fois plus qu'il y a 30 ans !
Si on raisonne en taux de croissance annuel moyen, de 1975 à 2004, le coût salarial par heure a augmenté de 2.7 % par an en moyenne.



Question: Mais c'est dingue !  Comment peut-on expliquer une telle hausse ? Moi je pense que c'est les salaires qui ont trop augmenté, non ?

Plusieurs facteurs sont à l'oeuvre, mais trois sont essentiels (vous le savez, c'est crucial d'aller à l'essentiel...)

Les voici présentés par ordre d'importance:

- 1- le plus important: la baisse de la durée annuelle du travail (elle explique plus d'1/3 de cette hausse)

En 1975, un salarié à temps complet travaillait 1960 heures dans l'année. En 2004, c'est moins de 1500 heures.
Je rappelle qu'en 1982, on est passé aux 39 heures (contre 40 auparavant) et en 2000-2002, ce sont les 35 heures.
A cela, il faut aussi ajouter la 5ème semaine de congés payés en 1981-82.
On peut voir sur ce graphique que cela ne fait que confirmer des tendances longues

Source:C.Thélot, O.Marchand Le travail en France 1800 - 2000 Nathan 2000


-2- Deuxième facteur explicatif: la montée en qualification des emplois (qui explique 1/ 5 de cette croissance)

En effet, la part des travailleurs peu qualfiés (surtout des ouvriers) dans l'emploi total a diminué au profit de salariés plus qualifiés.
Ce qui entraîne mécaniquement une hausse des salaires.



-3- Troisième facteur explicatif: la hausse des cotisations sociales (qui explique un peu moins d'1 / 5 ème de la hausse du coût horaire)

Le coût du travail, comme vous le savez, se compose de l'ensemble des dépenses acquittées par l'employeur (salaire, charges, taxes…) pour une heure de travail salarié.

L'explication de cette hausse ? Ces années 1975 - 2004 sont marquées par le chômage de masse, le vieillissement de la population entraîne des dépenses sociales plus fortes (retraite, santé)

Mais alors, me direz-vous, le coût horaire du travail a beaucoup augmenté, et vous ne parlez pas de l'influence des salaires nets comme facteur explicatif ?

La hausse des salaires nets n'a pas eu une portée explicative importante (elle n'explique que 7.5 % de l'augmentation du coût salarial horaire).
Ce ne sont donc pas les salariés qui sont devenus plus "gourmands" en obtenant des hausses de salaires !


Question: Soit, mais les coûts du travail ont explosé. C'est une catastrophe pour les employeurs ! Comment voulez-vous qu'ils embauchent ?

Vous m'épatez, on dirait que vous n'avez jamais fait d'économie !

En effet, en bon homo économicus, il faut comparer les coûts et les avantages avant de porter un jugement aussi définitif ^^
Autrement dit on dépense de plus en plus pour utiliser le facteur travail (ce sont les coûts).
Mais, dans le même temps, ce facteur travail produit beaucoup plus (il est beaucoup plus productif: ce sont les avantages ^^).

Examinons les données chiffrées:

- le coût d'une heure de travail a été multiplié par 2.2 de 1975 à 2004
- la productivité horaire du travail a été multipliée par ....2.3.

Par conséquent, le coût salarié par unité de valeur ajoutée produite est plus faible en 2004 qu'en 1975 ^^
.

Comme on dit, le rapport qualité / prix s'est amélioré, non ?



 
Question: Quelles conséquences peut-on alors attendre ?

Il faudrait distinguer plusieurs cas:

- dans l'industrie:

ce secteur  est soumis à une forte concurrence internationale (avec les pays à faible coûts salariaux).

Il lui est donc difficile de répercuter la hausse des coûts du travail sur ses prix (sous peine de perdre des parts de marché)

Conséquence: pour compenser des couts salariaux plus élevés, il va fortement augmenter la productivité. Son processus de production verra son intensité capitalistique augmenter, la main d'oeuvre peu qualifiée sera réduite.

Ouh là ! Là ce sont les salariés peu qualifiés qui prennent les coups ^^


- dans d'autres secteurs (la construction, certains services comme hôtellerie, services aux entreprises...) sont moins soumis à la concurrence internationale et nécessitent moins de capital.

La productivité augmente, mais très faiblement.

Conséquence: la hausse du coût salarial va être compensée par la hausse des prix.

Ouh là ! Ici, ce sont les consommateurs qui prennent les coups ^^


Voici les données correspondantes à l'évolution annuelle moyenne des prix dans ces secteurs de 1975 à 2004

- moyenne : + 1.1 %

- industrie: + 0.2 %

- transports: + 0.5 %

- construction: + 2.1 %

- commerce: +1.3 %

- hôtellerie-restauration: + 2.3 %


Comme je dis souvent, en économie, rien n'est vraiment gratuit, tout à un coût...la question est donc de savoir qui paye ?

Allez, je vais faire comme elles...


Les glaneuses de Millet


Etant donné que, depuis quelques temps, je fais un retour dans le passé en revoyant plein d'amis dont j'avais perdu la trace depuis 15-20 ans, je vous propose un jingle années 80 ....
C'est parti la nostalgie...Et ne me dites pas que cela n'a pas de lien avec l'article avec les coûts de folie dont je vous ai parlé !



Découvrez Génération 80!





Ajouter un commentaire







Partager cet article
Repost0
11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 10:30

Un billet dans la lignée du précédent...



J'ai trouvé plusieurs vidéos qui nous montrent que le futur est déjà à nos portes.



J'avais bien aimé le film Minority Report de Steven Spielberg (même si ce n'est pas un grand grand film, soyons honnête).






Vous vous rappelez sans doute les scènes où Tom Cruise manipule les images ou les données avec ses mains ?

Et bien c'est fait, voilà le résultat:






Bah, j'en vois qui:

1 / se disent: "bon sang, mais où est-ce que c'est en vente ? J'y cours tout droit..." (êtes-vous geek ?)

2 / pensent que la Wii était déjà une première étape et que le processus est enclenché. Chouette (êtes-vous gamer ?)

3 / haussent les épaules: "pffff, encore une marchandise pour aliéner les individus..." (on peut alors se rendre sur ici et pour compléter ^^)

Bon reprenons...

Avec les élections américaines, on est allé encore plus loin: des cartes interactives, des animations etc...
Voyez-vous même !






Il me semble que les Sciences Economiques et Sociales permettent de prendre un peu de recul face à "cette écume des jours".

Nous avons déjà abordé à maintes reprises l'impact sur le changement social (voir billet précédent, ou également relire ce billet)

Je vais aujourd'hui reprendre plutôt un mécanisme économique désormais bien connu:la destruction créatrice.

La presse est à son tour touchée par ces évolutions.

 Cet article prévoit la fin de la presse.
On peut également lire celui-ci en français.

Je suis tombé par hasard sur une émission de France Culture (écoutez ici) qui montre les enjeux des transformations qui attendent la presse écrite.

Il y a bien destruction: le nombre de journalistes licenciés aux Etats-Unis explose, en France, la presse quotidienne est à bout de souffle...

De l'autre côté, on assiste à la diffusion d'une culture de l'information visuelle (comme le montre très bien Michel Cartier dont vous pouvez visiter le site ici).

On y trouve par exemple ce type de schéma




Mais un problème majeur se pose: un lecteur-acheteur de presse écrite rapporte beaucoup plus qu'un internaute qui vient lire un article sur le site web.

Dans ces conditions, comment la presse quotidienne peut-elle générer suffisament de revenus pour vivre et se développer ?

On a cru que la valeur pourrait se transférer du support papier au web (par le biais de la publicité, abonnement payant etc...).

Mais cela ne suffit pas, loin de là...De nouveaux modèles économiques sont donc à trouver.


Voici un diaporama qui présente quelques évolutions et perspectives (cliquez pour lire les différentes diapos ^^)






Alors, slow...slow... (run, run) ?


Découvrez Ayo!





"Je dois libérer mon esprit, courir après mon âme
Je dois être moi-même, trouver mon éclat

Les choses deviennent étranges, je suppose que j'ai besoin d'un changement
Mais je ne peux pas m'enfuir, non, je ne peux pas m'échapper
Je dois me regarder en face, libérer mon esprit
Je dois courir après mon âme, retrouver mon éclat
Je dois partir
Oui je dois
"
   

Ajouter un commentaire

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 00:00
Cela fait près de 20 ans que j'enseigne les principes de l'organisation du travail d'Henry Ford.


On peut d'ailleurs relire cet article sur l'organisation du travail ici.


Il se trouve qu'on va fêter cette année les 100 ans du lancement de son plus célèbre modèle: la Ford modèle T.




Que m'a appris le web ?

Hé bien, mes recherches ont été très riches, plus que je ne le pensais.

Des images d'archives qui nous montrent la robustesse du modèle et des images sur l'organisation du travail révolutionnaire pour l'époque



Henry Ford, je le connaissais pour plusieurs raisons:

- on lui doit deux réelles innovations (au sens schumpétérien évidemment): la chaîne mobile (avec le principe du convoyeur) et la standardisation des produits.

Voici les principes du management chez Ford


Je suis certain que Charles Chaplin s'est fortement inspiré de certaines images d'archives pour réaliser son chef d'oeuvre : les Temps Modernes !

Cette organisation du travail lui permet de réduire le temps d'assemblage de 12 heures à 2 heures 40 minutes (presque une division par 6 !!).

Ce qui lui autorise une baisse considérable des coûts de production.

Comme il voulait "mettre l'Amérique sur 4 roues", il diminua encore le prix de sa modèle T (elle était au départ à 850 $, puis à 260 $).

Evidemment, les ventes passent de 200 000 avant 1914 à plus d'un million en 1920.



Un point essentiel dans ces mécanismes de standardisation: les pièces détachées.
Les ingénieurs chez Ford mettaient au point des pièces avec des tolérances de fabrication très faibles.

Par conséquence, les ouvriers n'avaient plus qu'à assembler les pièces les unes aux autres (comme un Lego). Les activités des ouvriers de métiers qui consistaient à ajuster les pièces, puis à les assembler se sont donc fortement réduites.
Ce qui procurait des avantages économiques essentiels:

- le risque d'erreur est beaucoup moins important qu'avant, le gain de temps également.
- on peut remplacer les ouvriers de métiers par des ouvriers non qualifiés.

Or, il se trouve qu'à cette époque, les Etats-Unis disposaient d'une main d'oeuvre immigrée extrêmement importante.





- on connait Henry Ford également pour ses petites phrases si célèbres voir ici.

- on savait également que les conditions de travail étaient très rudes chez Ford.
Voici deux vidéos assez courtes qui racontent et montrent ce que signifiaient cette nouvelle façon de travailler, et tous les changements induits...






 Souvent, lorsque j'apprends aux élèves que "la plus belle affaire" de la vie d'Henry Ford fut lorsqu'il augmenta considérablement les salaires journaliers.

Mais, si la Ford modèle T a démarré en 1908, la "journée à 5 $"  n'a eu lieu qu'en 1914.

Pourquoi ?

Je savais que le turn-over était très élevé (étant donné la pénibilité du travail) : un ouvrier restait en moyenne 3 mois chez Ford.

Mais, cette idée selon laquelle Henry Ford fut celui qui a le premier mis en place des salaires élevés et une consommation de masse est fausse.

Preuves à l'appui ?

argument n°1:  il ne suffisait pas de travailler chez Ford pour bénéficier mécaniquement de ces salaires élevés. Tout d'abord, il fallait avoir une ancienneté de 6 mois; puis l'ouvrier devait remplir toute une série de conditions "morales": ne pas boire, avoir une vie familiale honorable...
Une cellule fut même mise en place pour vérifier la bonne moralité des travailleurs dans l'usine et en dehors.

argument n°2: les salaires chez Ford furent élevés au début, mais ils n'évoluèrent quasiment pas ensuite (ce qui est un comble lorsqu'on connait l'ampleur des gains de productivité chez Ford): 5 $ en 1914, puis 6$ en 1919 et 7 $ en 1927.
Il n'est pas étonnant que la crise de 1929 s'explique en partie par une sous-consommation !



une superbe fresque de diego riviera "chaine de montage dans les usines automobiles" 1933



Maintenant, j'ai découvert aussi sur le web, le côté obscur de Ford...

"La construction du modèle T exigeait 7 882 opérations. Sur ces 7 882, 949 exigeaient des hommes vigoureux, robustes; 3 338 des hommes d'une force physique ordinaire; presque tout le reste pouvait être confié à des femmes ou des grands enfants.
Nous avons constaté que 670 opérations pouvaient être accomplies par des culs-de-jatte, 2 637 par des unijambistes, 2 par des hommes amputés des deux bras, 715 par des manchots et 10 par des aveugles
."
Henry Ford, Ma vie, mon oeuvre 1925.


On le sait, ce mépris sera une des raisons pour lesquelles le Fordisme sera remis en cause.

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises lorsque je tombais sur cet article du Monde Diplomatique

Les engagements politiques d'Henry Ford sont allés très loin: il fut l'un des chefs de file de l'antisémitisme aux Etats-Unis dans les années 1920 - 1930, il diffusa abondamment Le Protocole des sages de Sion et fut même récompensé par une médaille du Troisième Reich (voir photo)



Il avait une admiration pour Adolf Hiltler (qui le lui rendait bien: le nom d'Henry Ford apparait dans Mein Kampf), il lui a donné l'envie de réaliser également la voiture du peuple...

Henry Ford a du s'excuser publiquement plusieurs fois, notamment pour des propos antisémites. Lorsque les Etats-Unis déclarèrent la guerre au régime Nazi, il fit rapidement son mea culpa.

Cité par l'article de Wikipédia sur Henry Ford:
L'historien Pierre Abramovici, dans l'article Comment les firmes US ont travaillé pour le Reich » porte un jugement sévère sur les positions d'Henry Ford.
« Henry Ford, le plus que septuagénaire milliardaire américain, est un antisémite maladif. Il accuse les Juifs d'avoir déclenché la grande Guerre et commence à les attaquer dès 1916. En 1920, il achète un hebdomadaire, le Dearborn Independant, qui lui fournit une tribune. Il entretient des relations privilégiées avec l'Allemagne nazie. Henry Ford est décoré, à Detroit le30 juillet 1938, de l'ordre allemand de l'Aigle. Cette distinction, réservée aux étrangers, lui est remise par le consul allemand à Detroit, Karl Capp et par son homologue à Cleveland, Fritz Heiler. Il participe le 26 juin 1940 à un dîner de gala au Waldorf Astoria de New York, destiné à célébrer la victoire allemande sur la France, après que cette dernière lui eut déclaré la guerre. »
    — Pierre Abramovici, septembre 2002


Conclusion: il faut plus que jamais distingué Ford et Fordisme.
Le second terme a été forgé par les économistes de l'école de la régulation pour désigner un mode de régulation économique lié aux Trente Glorieuses
alliant production et consommation de masse.

Ford est incontestablement un entrepreneur -au sens schumpétérien du terme- qui aura marqué son époque (au même titre qu'un Bill Gates).

Mais il n'a pas toutes les vertues qu'on lui prête habituellement lorsqu'on en fait une présentation un peu trop sommaire.

Allez, Back to the future avec une grande dame de la chanson française


Découvrez Damia!




Ajouter un commentaire


Partager cet article
Repost0
28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 10:14
Depuis quelques temps, je n'arrête pas de recevoir des nouvelles d'anciens élèves par le biais des réseaux sociaux. Je suis sur Facebook mais aussi sur "copains d'avant" ^^.

J'apprécie particulièrement la lecture de leur fiche qui raconte leur parcours après la sortie du lycée.

Les chemins suivis sont très différents, il y a eu des "détours", des "chemins de traverse"...

Mais au bout du compte, ils obtiennent des situations professionnelles que l'on ne pouvait pas soupçonner lorsqu'ils étaient lycéens.

Ce qui me questionne sur nos pratiques d'évaluation et nos jugements concernant l'orientation.

J'aimais bien cette publicité des années 1980 ^^






J'ai voulu obtenir une approche plus "scientifique" -osons le terme - sur ces parcours.

Evidemment, le web me donne des éléments de réponse (oui, je sais, ce n'est pas le web mais mes compétences intellectuelles nombreuses comme vous le savez ^^)


Le CEREQ vient de publier son étude sur les jeunes de la génération 2004.
Que sont devenus ceux qui sont sortis de la formation initiale ?

J'ai réalisé une carte mentale avec mind manager sur le sujet.

Je vous présente la vue globale, mais comme elle n'est pas très visible, je vous détaille chacune des branches






Voici d'abord les 4 questions essentielles

Comme je le répète souvent : "il faut toujours commencer par ce qui est le plus important et non les détails")





Première question et premières réponses.

Quel est leur niveau de formation initiale ?

On remarque le poids élevé des 120 000 jeunes sur 700 000 qui sortent sans diplôme.

Je rappelle par ailleurs l'objectif fixé par l'Union Européenne (et la stratégie de Lisbonne): 50 % d'une classe d'âge au niveau des études supérieures.




Comment ces jeunes ont-ils évolué de 2004 à 2007 ?

On s'aperçoit que l'emploi stable (en CDI) progresse de façon évidente puisque la part des jeunes embauchés en contrat à durée indéterminée à doublé entre 2004 et 2007.

De même, leur salaire médian (tel que 50 % des jeunes gagnent plus que ce salaire médian et 50 % se situent en dessous) a augmenté de 18 %
.

Ceci est d'autant plus remarquable que la conjoncture économique n'était pas vraiment florissante...





Passons maintenant aux inégalités entre ces jeunes issus de la génération 2004.


D'abord, les inégalités par rapport aux diplômes:

On s'aperçoit que le diplôme reste encore une protection contre le chômage, permet une meilleure insertion dans l'emploi (beaucoup plus de CDI et un salaire mensuel plus élevé)



Quels sont les écarts entre hommes et femmes ?

Si les écarts en termes de taux de chômage sont quasi-inexistants, en revanche ils sont sensibles en termes de salaires médians (plus 4 % pour les hommes) et surtout ils sont importants en termes de conditions d'emploi puisque les femmes sont beaucoup plus victimes du temps partiel contraint (écart de 10 pts).

On retrouve alors des tendances déjà repérées concernant la place des femmes. Ce qui surprend un peu, c'est qu'elles sont déjà en place dès la sortie de la formation initiale. On se doute qu'après l'installation dans la vie de couple, la situation ne va pas s'améliorer.

A noter que les inégalités hommes / femmes sont particulièrement élevées si on rajoute l'effet diplôme (les écarts sont plus élevés lorsqu'on prend les hommes / femmes sans diplôme et les hommes / femmes diplômés d'études supérieures à bac + 4 ou 5 !)



Il est intéressant de comparer les jeunes de la génération 2004 avec ceux des générations précédentes (le CEREQ a réalisé des études sur la génération 1998 et 2001).

Le contexte économique est plus difficile en 2004 qu'en 1998. Cela va se traduire par:

- un taux de chômage plus élevé que pour la génération qui a connu l'embellie économique de la fin des années 1990.

- une reprise d'étude ou de formation plus importante étant donné les difficultés à s'insérer sur le marché du travail

- des conditions d'emploi moins favorables: plus de CDD et de temps partiel contraint (on connait la place des jeunes sur le marché du travail, ils servent hélas de "variable d'ajustement")

- mais le salaire médian a progressé de 7 % par rapport à la génération 1998 (en termes de pouvoir d'achat, la hausse est de 1.6 %).




C'est donc une vision tout en nuance, beaucoup moins dramatique que celles que l'on peut voir dans les médias.
En effet, regardez moi ce clip ...




Sans parler de cette chanson...


Découvrez Sat!



A la demande de Casy et de Bertaga, je remets donc le jingle au goût du jour. Au sens propre comme au sens figuré puisque ce jingle ne ressemble pas aux chansons précédentes que les jeunes appellent pudiquement "vieillotes" (pour ne pas dire plus^^).

Pour prolonger, on peut toujours relire:

- zoom sur les inégalités de salaire

- Homme, femme: mode d'avenir

-
il remonte l'ascenseur social ? Ah bon


Ajouter un commentaire


Partager cet article
Repost0
23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 07:21
 En début d'année, il me faut installer des règles stables qui doivent être appliquées tout au long de l'année pour  permettre aux élèves de s'approprier les contenus, d'échanger, d'approfondir...
Rien ne va de soi.

Je mesure le poids des habitudes ancrées au plus profond de chaque élève:
- copier ce que dit le prof,
- écouter de temps en temps,
- ne pas avoir trop de boulot à faire à la maison,
- éventuellement comprendre ce qu'il a dit
.


Cette demande est légitime, les élèves veulent un cadre stable et sécurisant face à l'angoisse suprême ("Vais-je avoir le bac ?").



Mais l'inconvénient majeur de cette pratique est que le contenu du cours est "décoratif" pour une large partie des élèves: peu d'activités en classe de la part de l'élève, ce qui est déresponsabilisant et donc peu formateur.




Je me suis fixé quelques r
ègles pour tenter d'enrayer ce processus.
Je ne sais pas si elles von
t porter leurs fruits, mais je voudrais m'y tenir un certain temps.
Les élèves me connaissent bien, les contacts sont bons, la confiance et le respect mutuel sont partagés (et même une dose d'humour).

Je dois cependant m'améliorer et les faire progresser dans la gestion du temps.


Changement n°1

J'ai établi un calendrier sur l'année scolaire pour donner les principaux moments-clés. Je l'ai donné à chaque élève.

Il ne s'agit pas de s'enfermer dans des dates précises (que l'on ne tiendra pas), mais de donner des ordres de grandeurs (par exemple: mi-septembre, fin de l'introduction).

J'autorise la classe à me rappeler à l'ordre si le décalage est trop important entre les prévisions et la réalité.
Encore une fois, il ne s'agit pas de stresser, mais d'apprendre à gérer cette contrainte.
Il y a d'ailleurs déjà des élèves qui m'ont dit: "M'sieur, on est bien dans les temps !" "M'sieur, on est en avance, là , non ?"^^
C'est déjà un aspect positif: ils commencent à intégrer cette question de la gestion du temps, il me semble que c'est un peu moins déresponsabilisant pour eux, comme pour moi. Evidemment, si je suis trop en retard, il faut , moi aussi que j'accepte cette dose de stress que m'infligeront les élèves.
 
Ce qui est nouveau, ce n'est pas tant le calendrier (tout les enseignants se font leur planning sur l'année), mais le fait de le rendre public et d'autoriser la classe à participer elle-même à cette gestion du temps.
Je rejoins ce que j'écrivais dans les billets liés à ebay:le contrôle horizontal.

Pourquoi ai-je mis en place cette innovation cette année - et pas les autres années ? On retrouve un aspect essentiel de l'innovation: elle se présente comme un moyen de surmonter des obstacles, des goulets d'étranglement. Je savais que, pour des raisons professionnelles (stages, formations, colloques...), je serais amené à être absent. Il a donc fallu trouver un moyen de rationnaliser l'usage de l'espace-temps ^^
Pour le moment, ce changement s'avère très positif (il régule mieux)



Changement n°2:

En début de séance, j'écris au tableau le sommaire du cours .
Par exemple: "1:fin des exercices, 2: la question centrale du cours, 3:le travail à faire.

Je barre, chaque fois que l'activité est terminée.

J'avais assisté à un exposé-débat d'un groupe d'élève qui procédait de la sorte, je trouvais que cela donnait un aspect plus dynamique et structuré.
En tant qu'auditeur, cela me donnait des repères: je visualisais la progression de la séance. Et si, par hasard, j'avais une "absence" (cf: "tiens, mais il y a une oiseau qui s'est posé sur la branche"), cela permettait de réintégrer le fil directeur.
Autres avantages: cela donne une idée du travail réalisé durant la séance et ce qui reste à faire.
Evidemment, c'est à moi de gérer ce temps de cours: il faut permettre les questions, digressions de la part des élèves (et du prof: n'oubliez pas, je suis bavard^^).
Le principe est simple: un cadre structuré, mais pas une gestion taylorienne (où chaque activité est chronométrée).

C'est ce mélange de contrainte et de liberté qui est le plus difficile à doser.
Il m'arrive presque toujours de revoir le déroulement d'un cours lorsque je "sens" que tel aspect ne passe pas, lorsqu'un élève pose une question qui met en jeu des problèmes complexes (et vous sentez qu'il faut apporter des éléments de réponse).
Avec l'expérience, on arrive beaucoup mieux à maîtriser le synopsis d'un cours. Mais je m'aperçois que plus la classe est nombreuse, plus cette gestion du temps est périlleuse.




Il y a quelques semaines, au cours d'une séance de 2 heures avec les Terminale, nous devions mettre à jour les conditions favorables à la croissance.

Mes objectifs :

- en terme de savoirs: réinvestir un certain nombre de notions acquises en Première.

Certains documents mettaient en avant les valeurs et normes propices à l'augmentation des richesses (un texte sur Henri Ford et sa modèle T en 1908, un autre sur les jeunes cadres de la Silicon Valley).
D'autres documents portaient sur la construction des canaux au XIX et le financement de la R&D (cela permettaient de renvoyer à la notion de biens collectifs, d'externalités et d'investissements publics).
Aucun document ne comportait les notions écrites en tant que telles. C'était aux élèves soit de les retrouver, soit de les utiliser dans un raisonnement.

- en termes de savoirs-faire: le travail était en groupe, il faut être capable d'échanger et de justifier sa réponse pour qu'elle soit validée par le groupe.
De plus, je voulais qu'ils soient capables de formuler une suite d'arguments à la question posée (quelles sont les conditions de la croissance ?) autour de 2 ou 3 points clés.
 Ils devaient donc prendre des notes par eux-mêmes et faire une communication orale de leurs recherches.


Comment s'est passé la séance ?

- le travail de groupe: en passant de groupe en groupe, je me rends compte de la richesse des échanges et des difficultés. C'est vraiment un moment très utile pour mesurer le degré d'appropriation de la part des élèves.

D'abord les difficultés concernant la mise en route ("M'sieur, keski faut faire ?" ^^). Et là je me dis que mes consignes ne sont peut être pas très claires ou trop nombreuses (ce souvent les 2 défauts à ce niveau).
 
Plus sérieusement, deux difficultés plus profondes apparaissent dans le travail de recherche.

La première (bien connue) est que les élèves n'utilisent pas les outils intellectuels qu'ils peuvent disposer (ce sont donc bien des savoirs décoratifs).
Ils se contentent de répéter le document.
Pourtant, lorsqu'on met l'accent sur un concept que l'on peut relier à un autre concept, ils y parviennent.
Je ne pense pas qu'il y ait de recettes miracles, mais cette question du lien est vraiment cruciale (surtout chez les élèves qui ont du mal à progresser)



La deuxième difficulté profonde, c'est la perte de sens. Certains récitent le cours, enchainent les idées en passant du coq à l'âne (parce qu'il faut bien produire une réponse) se perdent en conjectures et oublient que les arguments ne sont là que pour être au service d'une thèse ou d'un sujet.
A chaque fois, je pose la question: "quel est le lien avec le sujet ?"...et quelque fois, le silence est pesant ^^


Par contre, la richesse des échanges est vraiment étonnante: certains ne sont pas d'accord, le groupe doit trancher, ils s'emploient à utiliser des arguments mais ce n'est pas toujours ("et vous, M'sieur ?" et je sens dans leur regard l'attente de la révélation ^^).
D'autres trouvent des idées pertinentes auxquelles je n'avais pas songé à priori.

- la restitution finale: là encore, beaucoup de choses à dire.
Certains ne se rendent pas compte du temps qui file (malgré mes interventions de contremaître: "Il vous reste 10 minutes !" ^^).
Ils n'ont pas rassemblé leurs notes, et se lancent dans l'improvisation (comme ils disent, la "tchache") ou se perdent dans les détails (en passant des heures sur un détail et laissant de côté l'essentiel).
D'autres annoncent un plan et ne le suivent pas (j'ai trouvé 2 conditions favorables à la croissance...mais son traitement en révélera 3).



En mettant en place ces contraintes liées à la gestion du temps, je veux créer de la frustration et des goulets d'étranglement "intellectuels" chez les élèves:
- pour ceux qui ont "plein, plein et plein de choses à dire", ils doivent respecter les délais, donc se concentrer sur ce qui est le plus important.

- pour ceux qui ont des difficultés à progresser, ils doivent comprendre la nécessité de changer d'attitude: en général, ils se focalisent sur un détail (et constatent par eux-mêmes qu'ils ont fait 10 % du travail et qu'en plus ils doivent rattraper les 90 % restants).
D'autre part, ils s'apercoivent qu'ils existent un certain nombre d'innovations organisationnelles qui permettent de mieux employer leur temps (c'est à moi de les aider à les trouver).

Ceci dit, j'ai moi aussi, comme vous le voyez des progrès à faire dans la gestion du temps. Le rythme de publication de mes billets est très lent, en raison de multiples activités par ailleurs (comme les élèves, j'ai toujours une "excuse" ^^)

Ajouter un commentaire


Partager cet article
Repost0
16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 17:24
Avec les élèves de Terminale, nous abordons le thème du progrès technique et du changement social à travers un certain nombre de documents concernant les innovations industrielles du siècle précédent et l'urbanisation.
Mais bien vite, nous basculons sur ce qui fait notre actualité: la diffusion des technologies de l'information et de la communication et leurs effets sur les liens sociaux.

J'avais déjà pas mal écrit sur le sujet, je remets donc au goût du jour quelques articles.
On y retrouve des données factuelles et un certain nombre de mécanismes pour "planter le décor" comme on dit:


- le premier billet: sommes-nous prêts à acceuillir la N génération ?

- J'vous l'avais pas dit ?

- Eux / nous et les nouvelles technologies

- Question d'acculturation : très utile pour les premières et pour tous aussi ^^

Je voudrais apporter d'autres éléments d'analyse qui proviennent à la fois de lectures (notamment François de Singly : "le statut de l'enfant dans la famille contemporaine" in Universalis 2004 et Dominique Pasquier "
Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité, Paris, Ed. Autrement (Coll. « Mutations »" ) et de ma pratique professionnelle.

- les transformations actuelles viennent parachever un long processus d'autonomisation des jeunes.

Les parents ont d'abord encouragé leurs enfants à développer leur autonomie culturelle pour qu'ils puissent construire "un monde à eux" (ce que certains appellent la "culture de la chambre à coucher", qui est devenu un lieu privatif - pour les parents).
Puis, avec l'avènement des TIC, des changements qualitatifs se produisent: elles permettent d'entretenir leur vie relationnelle avec leurs groupes de pairs de façon continue (quelque soit le moment et le lieu). Par exemple, au lycée, dès que le cours est terminé, ils consultent leur portable, dans leur chambre, à travers le "msn t'chat", ils continuent.
Ce réseau de liens en direct et en continu pose évidemment la question des liens sociaux avec "les autres", c'est-à-dire ceux qui n'appartiennent pas au groupe des pairs: les parents, les enseignants, les autres élèves.

Doit-on craindre une coupure entre les générations ?

bruegel, jeux d'enfants


Dominique Pasquier est plutôt pessimiste, et lo
rsque je discute avec les
collègues, tout porte à croire qu'il y a un vrai problème de "communication" lié aux générations.

Pour autant, je serais un peu plus nuancé (oui je sais).

François de Singly montre qu'il ne faut pas confondre autonomie et indépendance.

Si les jeunes ont effectivement gagné en autonomie culturelle, ils restent de plus en plus dépendants de leurs parents (du fait de l'allongement de la scolarité, des difficultés à trouver un emploi stable etc...).

Autrement dit, les liens sociaux existent, mais ils sont remis en cause en partie par ces changements contradictoires: plus d'autonomie d'un côté et moins d'indépendance de l'autre. Ce qui génère des tensions inévitables: les jeunes se croient indépendants parce qu'ils ont plus d'autonomie; les parents essayent une reprise en main ...en vain parce qu'ils se heurtent à cette volonté d'autonomie.
Ce sont des tensions entre des pratiques individuelles (de construction de soi) et des normes collectives (cohésion du groupe).
En classe, le problème est le même (Mais m'sieur, pourquoi dois-je enlever mes écouteurs, mon portable, mes MP3, ma clé USB ? ^^)


Source: François Guité


- les TIC, comme je l'ai déjà montré, ne sont pas que des innovations "technologiques", elles touchent aussi aux questions de pouvoir et de rapports sociaux.

Dominique Pasquier montre qu'elles participent à la diffusion de certaines normes / valeurs de la culture globale.

Ainsi, par exemple, ce qui est nouveau, c'est que les jeunes affichent ostensiblement leur réseau de relation de façon quantitative: les TIC leur permettent de comptabiliser le nombre de personnes. Sur les réseaux sociaux, on indique aux visiteurs combien vous avez d'amis.

Et quand je me compare à des anciens élèves, je suis vraiment "petit joueur" avec mes 37 amis sur FaceBook (contre plus de 300 pour eux) et ma douzaine de contacts téléphoniques (contre une centaine pour eux - j'en vois qui sourient derrière leur moniteur^^).

Ce qui compte, c'est la quantité, et pas la qualité: les jeunes savent bien que tous leurs contacts ne sont pas mobilisables, mais ils comptabilisent et comparent les chiffres (et moi j'ai un mal fou à leur demander d'utiliser des données chiffrées dans leurs analyses ^^)

Cette affichage public me rappelle un peu ce que font certaines entreprises lorsqu'elles affichent le classement des "meilleurs managers ou vendeurs" de la semaine. Autrement dit, on "fait du chiffre".



- les TIC développent également une "pensée magique" selon laquelle la technologie résoudrait une grande partie de nos problèmes.

Je voudrais juste raconter une scène qui s'est produite lorsqu'en début de TPE, je menais une activité en salle multimédia qui avait pour but de leur faire comprendre le fonctionnement de Google.

Dans un premier temps, je leur ai donné des exemples de requêtes absurdes que font certains internautes sur Google (ex: "bonjour, je cherche un site sur tel chanteur car j'aimerais connaître les paroles de ses chansons. Merci").
Il s'agissait de montrer que ces internautes croyaient qu'une personne derrrière l'écran allait leur donner une réponse.

Evidemment, Google ne traite (pour le moment) que des mots-clés, mais le procédé est tellement efficace qu'il peut laisser croire à cela (vous n'avez jamais entendu un enfant parler de cette "carte magique" qui donne de l'argent, oui , c'est votre carte bleue ^^).
Les élèves ont compris la naiveté du procédé (et font les "malins", me prenant de haut ^^).
Mais après, on a essayé d'expliquer pourquoi certains résultats de la recherche arrivaient toujours en tête.
Un élève "parce que ce sont les meilleurs sites".
Je lui ai demandé ce qu'il entendait par "meilleur", et il m'a répondu:
"ce sont les plus fiables !".

D'où une discussion sur la possibilité pour une technologie (celle de Google) de mesurer de façon quantifiable le degré de fiabilité des sites.

Ensuite, un élève a proposé:
"parce que ce sont les sites les plus visités".
D'où ma question
"Oui, mais alors, est que les sites les plus visités sont les sites les plus pertinents pour vos recherches ?"



Souvent, je retrouve cette posture chez eux: ils ont l'impression d'en savoir beaucoup, d'être des "grands" donc autonomes (d'où leur attitude un peu méprisante vis-àvis de ceux qui "commettent un impair").

En réalité, ils ont terriblement besoin de nous pour les aider à être indépendant (mais nous ne devons pas les "traiter" comme des petits)

De plus en plus je perçois que les enjeux liés à la gestion de l'information et à la gestion du temps me paraissent fondamentaux.

On le voit, la tâche est immense mais plus que jamais nécessaire. 

Pour aller plus loin:

ce billet de Mario: "les jeunes font quoi avec toutes ces nouvelles technologies ?"


Ajouter un commentaire

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : S.O.S... S.E.S ? ... Je blogue !
  • : Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.
  • Contact

Qui c'est ?...


 

blog-SOS.JPG


Un blog ... Pourquoi faire ?

- vous faire découvrir les S.E.S.
  (sciences économiques et sociales),

- partager mes découvertes sur le web 2.0.

- donner mes réflexions sur ma pratique d'enseignant





  Performancing Metrics

Recherchez

Bien dit !...

 
Collaboration-I-Print-C10065769.jpeg

 Abonnez-vous aux Flux RSS
en cliquant juste en dessous





Si tu veux changer le monde,

Sois le changement


Gandhi



kandinsky.comp8.jpg

Wassily Kandinsky
"Composition VIII"

Je n'ai pas de talents particuliers. 

Je suis juste passionnément curieux.

 

Albert Einstein


Pieter Brueghel

"La Tour de Babel"




" C'est vieux comme le monde, la nouveauté "
Jacques Prévert


Hebergement gratuit d image et photo

Alberto Giacometti

"Annette dans le studio"



 

blogasty BlogoMetrie 2.0 web stats

 
paperblog member

Blogomémoire