Après quelques jours de repos, de ski nordique et d'essai de l'EEE^^, je vous propose deux graphiques étonnants:
- le premier est un élément de réponse à un lecteur -une lectrice ? (Lukana) suite à un commentaire du billet précédent concernant la vitesse de diffusion des technologies. Le New-York Times a publié le 10 février un graphique qui donne des éléments de réponse (cela fait classe, non, de citer le NYtimes)
vous pouvez cliquer ici pour voir le graphique dans sa taille originale (c'est le deuxième en bas)
Que retenir pour l'essentiel ?
L'idée générale est assez simple: on adopte de plus en plus rapidement les innovations technologiques. Jugez-en par vous-même (les chiffres ne concernent que les Etats-Unis):
- 90 % des américains possèdent une voiture, ce qui représente en gros un peu moins d'un siècle depuis l'invention de l'automobile. - 100 % des américains sont équipés d'un frigidaire, cela s'est produit en 35 ans (soit deux fois plus rapidement que pour l'innovation précédente) - 80 % des américains possèdent un téléphone mobile, tout cela en 15 ans (soit deux fois plus rapidement que l'innovation précédente) - 60 à 70 % des américains ont accès à internet en 10 ans...
Les explications sont evidemment multiples:
- les entreprises ont amélioré leur efficacité productive pour proposer des produits moins coûteux d'autant plus que l'innovation attire les concurrents comme l'économiste Schumpeter l'avait montré. Ainsi, la production à la chaîne (innovation de procédé) a permis de diviser par trois le coût de la fameuse Ford Modèle T (la première voiture produite en grande quantité, avec les méthodes industrielles). De plus, il faut innover en permanence pour trouver de nouveaux marchés et "exciter" le consommateur (la stratégie de Nitendo sur les consoles de jeux et ses succès récents qui en font la deuxième entreprise japonaise derrière Toyota).
- la hausse du niveau de vie sur le long terme(parce qu'en ce moment, comme le dit si bien Jean-Luc, "ça se discute"). La rationnalisation de l'utilisation de la force de travail a permis d'augmenter considérablement la productivité du travail. Pour les travailleurs(euses), cela se traduira par des salaires plus élevés, une baisse du temps de travail et une amélioration des conditions de travail. Ces faits permettent donc une diffusion plus large des innovations.
- un niveau d'instruction qui s'améliore sur le long terme, une société qui est marquée par le processus d'égalisation des conditions comme l'avait montré Alexis de Tocqueville (disparition des classes sociales figées, plus grande mobilité sociale, passion pour l'égalité...), tout ceci permet aux individus d'adopter plus facilement des innovations, de vouloir imiter son voisin (la fameuse tyrannie de la majorité: quoi, tu n'as pas eu ta télé full HD à Noel à 1 200 euros ?). Les sociétés traditionnelles étant plus réticentes à adopter des innovations susceptibles de remettre en cause les rapports sociaux bien installés
- Le deuxième graphique porte indirectement sur la Saint Valentin (oui, j'ai un peu de retard ^^). Il permet de montrer qu'il y a quand même un lien entre le romantisme, l'amour et l'économie !! Les données mettent en relation le niveau de vie et le bien être subjectif
J'explique: l'institut de sondage américain Gallup a demandé à des individus (censés être representatif de la population de 130 pays environ) s'ils avaient eu durant la journée tel ou tel sentiment. Et parmi ces sentiments, il y a l'amour. Ces résultats sont mis en parallèle avec le PIB par habitant de ces pays. Ne cherchez pas la France, les autres pays européens, ils n'y sont pas. Et voilà le résultat (la source est l'excellentissime blog Freakonomics du New York Times voir ici).
Alors ? Alors ? Que voyez-vous ?
Certes, le sentiment amoureux est un peu plus fréquent dans les pays riches que dans les pays pauvres, mais cette corrélation (regardez la pente de la droite de corrélation) n'est pas très marquée: le niveau de vie n'exerce pas une influence déterminante sur l'amour ! Ouf, je dis ouf, car on reproche trop souvent à l'économie de vouloir tout diriger, tout expliquer ^^
Quelques cas "remarquables":
- les habitants des Philippines, du Rwanda sont parmi ceux qui éprouvent le plus de sentiments amoureux alors que leur niveau de vie n'est pas le plus élevé !
- Inversement, les pays qui étaient proches de l'ex-URSS (Arménie, Ukraine, Ouzbékistan, Géorgie) déclarent ne pas éprouver quotidiennement un sentiment amoureux alors que leur niveau de vie est assez proche des pays cités précedemment.
Bon, évidemment, ces données sont subjectives (donc prêtes à contestation: quelle méthode utilisée ? Quelle questions posées ?...). Mais c'est plutôt une bonne nouvelle, non ?
Allez, puisque RadioBlog est en maintenance, j'ai changé en prenant Deezer et je vous propose quelques jingles (et là aussi, j'ai du retard, ouh la la)
La chanson de l'article, c'est celle-ci, elle donne une pêche d'enfer, elle s'écoute en boucle (si ! si !):
Avec les terminales, en spécialité, nous avons terminé de découvrir l'analyse de J. Schumpeter. En étudiant sa vision de l'entrepreneur, j'ai été surpris de constater que les élèves ne sont pas tous capables de citer des exemples contemporains d'entrepreneur. Alors, vous me connaissez, je n'ai pas pu laisser passer l'occasion, il a fallu rechercher sur la toile des documents suffisamment "parlants". L'année dernière, j'avais déjà utilisé le cas de James Dyson que l'on peut relire ici.
Puis, j'ai cherché d'autres exemples plus proches des élèves. Il se trouve que, dans les couloirs, quelques uns possèdent des iPods, d'autres fantasment sur le Iphone qui sortira prochainement. Pourtant, trop peu d'élèves connaissent le créateur qui est à l'origine de ces projets. Je veux bien évidemment parler de Steve Jobs. Sur Dailymotion, j'ai trouvé un reportage de Capital (M6) sur sa success story. J'ai donc sauté sur l'occasion...
Le reportage montre assez bien le côté hors du commun du personnage, il retrace son parcours sous forme de légende (le fameux garage où tout a commencé, les unes des journaux de l'époque façon "amicalement votre" etc...).
gravure de 1900: le chantier de construction en l'an 2000
Plusieurs questions se posent:
1 / En quoi Steve Jobs peut-il être considéré comme un entrepreneur au sens schumpétérien du terme ?
2 / Est-ce le cas du co-fondateur d'Apple Steve Wosniak ?
3 / Bill Gates, dans ce reportage, peut-il, lui aussi être assimilé à un entrepreneur ?
Au cas où vous n'auriez pas encore vu et revu ce petit bijou, je vous (re)passe ce dessin animé de 1948 (going places) où toute l'analyse de Schumpeter est cartoonisée ^^, un petit chef d'oeuvre dans son genre (in English, please). Merci John Sutherland.
4 / Sauriez-vous utiliser ce cartoon pour revoir les concepts clés de Schumpeter ?
Ce site traite de l'actualité des livres liés aux sciences humaines. Il veut diffuser les idées de chercheurs en réconciliant l'écrit et l'internet.
En ligne depuis le 1er octobre, l'équipe est parrainée par de grands noms comme O. Blanchard, J.P. Fitoussi (économistes) ou F. Dubet, D. Méda et D. Schnapper (sociologues) entre autre.
Lisez par exemple l'analyse du livre d'Eric Maurin sur la démocratisation scolaire (analyse économique des gains liés à la massification des études). J'ai bien aimé, le site est relativement fouillé, aborde divers thèmes, c'est mon chouchou
jingle
Number TWO:
- Canal Educatif à la demande des collègiens et lycéens.
Un site qui a pour objectif de "démocratiser l'accès à la culture des sciences, de l'économie et des arts pour redonner du sens aux savoirs" avec pour slogan :"fédérer les talents pour repassionner les enseignements"... Cela ne peut que mettre l'eau à la bouche, non ? Le projet est très ambitieux, il mise sur la diversité des savoirs (économie, sciences, arts), des talents (des enseignants et des experts divers) et des supports (l'écrit mais aussi la vidéo). C'est un enseignant d'HEC (Hautes Etudes Commerciales) qui est à l'origine du projet.
J'ai regardé la vidéo sur l'entrepreneur (il s'agit d'un des fondateurs de PC30, une entreprise de services informatiques). Ceux qui l'interrogent sont des élèves de collège et de lycée, on peut rapprocher certaines de ces réponses des cours liés au concept d'entrepreneur de Joseph Schumpeter. Mais cela n'est pas vraiment une réussite: on en reste aux discours habituels un peu plats. Par contre, il y a une autre vidéo sur les entretiens d'embauche où l'on fait réagir cet entrepreneur, c'est beaucoup plus instructif (au premier comme au deuxième degré)
Karl Marx reste toujours un auteur un peu à part. Il est porteur d'une charge symbolique très importante: je me souviens, lorsque j'ai commençé d'enseigner (en 1989), qu'à la simple énonciation de son nom, les remarques fusaient: "Mais m'sieur, les idées de Marx sont nulles, vous avez vu la chute du Mur et la faillite du communisme, vous n'allez pas nous dire que c'est encore intéressant à étudier ?". Même chez les collègues (y compris en philosophie ou en Histoire-Géographie), les débats étaient vifs entre ceux qui le considéraient comme un idéologue, ceux qui se considéraient comme les seuls ayant vraiment lu et compris le "vrai Marx"...
Chez les élèves, j'ai toujours observé deux types de réactions (mais il y en a peut être d'autres): ceux qui trouvent cet auteur relativement ennuyeux car trop complexe et contradictoire (la théorie de la plus-value, les réflexions sur les classes sociales: 2, 3 ou plus ?) et ceux qui trouvent de la sympathie ("c'est le penseur de la révolte, des humbles", "un intellectuel au service du peuple...).
Aujourd'hui, on retrouve des thématiques de critique du capitalisme qui me font penser à quelques éléments de la pensée marxisante triomphante (des années 1970). L'actualité sur les revenus et les inégalités, la question du partage des richesses (à l'intérieur des pays développés et dans les rapports Nord - Sud), l'analyse du rôle des sociétés transnationales. Et même le débat sur le téléchargement et le peer-to-peer prend des airs bien connus (ah nostalgie quand tu nous tiens: voir ces excellents billets ici ou la)
C'est justement le débat sur les sociétés transnationales qui m'intéresse aujourd'hui. Je voudrais vous présenter le film "The Corporation".
Voici ce qu'écrivait Sébastien Delahaye, le 24 novembre 2006, sur le site des Ecrans (du journal Libération) :
Sorti discrètement fin 2004 sur les écrans français, le documentaire canadien The Corporation s’apprête aujourd’hui à vivre une nouvelle vie. L’un de ses co-réalisateurs, Mark Achbar, également producteur du film, a décidé de mettre en ligne la version complète et gratuite du film. Disponible en utilisant BitTorrent, le documentaire est téléchargeable en cliquant sur ce lien. La qualité est annoncée comme équivalente à celle d’un DVD, et le film profite, en bonus, d’un entretien de 40 minute avec le scénariste du film.
The Corporation est consacré à une critique des multinationales et contient des entretiens avec Noam Chomsky, Michael Moore, Milton Friedman et Naomi Klein. En 2004, le documentaire a remporté le Prix du public du Festival de Sundance. Mark Achbar encourage les internautes téléchargeant le film à faire un petit don, afin de rembourser les frais de production. « Nous avons déjà reçu 635 dollars en contributions. Elles vont de 2 dollars à trois dons très généreux de 100 dollars. Toutes sont très appréciées. »
Voir ici l'article de Wikipédia pour en savoir plus. Sur dailymotion, le documentaire en trois parties
C'est aujourd'hui que les résultats du bac sont publiés.
Je voudrais donc féliciter tous les lauréats qui ont obtenu leur parchemin. Qu'ils savourent leur joie, c'est un instant magique !
Ceux et celles qui vont à l'oral de rattrapage devront encore montrer ce dont ils ou elles sont capables de faire (voir ce billet).
Quant aux autres, le moment est cruel, la déception est grande. Mais ce n'est que partie remise !
Bonnes vacances à tous et toutes !
Et en route pour de nouvelles aventures
PS: si les élèves pouvaient me communiquer leurs notes de tronc commun et de spécialité, cela me serait très utile. Vous pouvez laisser un commentaire ou me l'envoyer par mail.
Quoi ? Vous ne connaissez pas ce film ? En réalité, ce n'est pas vraiment le sujet du film qui m'intéresse aujhourd'hui, mais plutôt l'évolution des revenus en france de 1998 à 2005.
L'idée de cet article m'est venue ce matin, en achetant Libération. Alléché par la une: au bonheur des riches, je me plonge dans la lecture du canard.
Je suis relativement surpris par les graphiques mis en valeur.
Alors, bien sûr, la lecture de ces documents exige un certain bagage technique qu'un élève de Terminale E.S. doit possèder.
Commençons par le début:un constat global
Il s'agit de l'évolution des revenus déclarés au fisc (et non du revenu disponible).
A vous de faire le commentaire. La solution en dessous ^^
2 remarques à la lecture de ce document:
1 / la progression du revenu médian est d'environ 4.3 % de 1998 à 2005 (ce qui équivaut à 0.6 % de croissance par an en moyenne. Cela permet d'avoir un ordre de grandeur
2 / Cette progression n'est pas uniforme puisque de 1998 à 2002, le revenu médian augmentait en moyenne de 1.03 % par an en moyenne alors que de 2002 à 2005, la croissance n'est plus que de 0.03 % par an en moyenne. Le ralentissement de la croissance économique, la montée du chômage durant le début des annes 2000 est une des explications possibles. (pour rappel, la croissance économique française est de l'ordre de 2 % par an)
Passons maintenant à l'évolution des différents types de revenus.
Il s'agit d'indices base 100 en 1998, en euros constants de 2006 Prenons la première courbe de la légende (Po- 90). Elle concerne le salaire de 90 % des salariés les moins payés. De 1998 à 2006, ce salaire a progressé de 3,1 % (soit 0.4 % par an en moyenne sur la période).
La courbe intitulée P90-100 concerne les 10 % de salarés les mieux payés. La hausse est ici plus de 2 fois plus forte (+7.6 % de 1998 à 2005, soit +1 % par an en moyenne)
La courbe intitulée P95-100 concerne les 5 % de salariés les mieux payés...etc....
La dernière courbe (en vert) s'attache au 0.01 % des salariés les mieux payés (soit environ 2 000 salariés ). Leur salaire a augmenté de 51.4 %, avec un taux de croissance annuel moyen de 6.1 %.
On peut en conclure que les années récentes ont permis une très forte hausse des très gros salaires et une faible progression des salaires moyens. Il y a donc eu un creusement des inégalités salariales.
L'auteur en conclut que la France s'achemine lentement vers une structure proche de celle des pays anglo-saxons. Si on prend la France, on s'aperçoit qu'il y a eu un changement entre 1990-1998 et 1998-2005. Les écarts des revenus réels existaient, mais ils n'avaient pas l'ampleur de la dernière période. La situation américaine est significative de l'ampleur des écarts (graphique de droite).
C'est intéressant car les dernières études de l'INSEE (avec le rapport D9/D1) montraient que les inégalités n'augmentaient pas de façon considérable (mais les données ne sont pas tout à fait les mêmes, c'est ce qui pose problème pour toute étude sur les revenus, il faut bien savoir de quel revenu on parle).
C'est un éclairage intéressant à l'heure où de nombreux chantiers fiscaux sont mis en oeuvre (bouclier fiscal, suppression des droits de sucession...), non ?
Pour ne pas trop laisser vos neurones s'engourdir (si, si, j'en vois qui ne lisent plus rien - à part les magazines sur le bronzage-), SOS...SES vous a concocté un savant mélange d'image et de liens qui ne devraient pas vous laisser indifférents.
Alors, on commence par une carte surprenante, trouvée sur le site strange maps (en). Il s'agit du PIB de chaque état américain qui est représenté par l'équivalent PIB d'un Etat. Cela donne la mesure de ce que représente l'économie américaine, non ? On comprend la visite du gouverneur de Californie au président de la République (d'un point de vue économique, il traite d'égal à égal ^^)
Par ici la suite: ce graphique montre un autre poids lourd de l'économie mondiale, la Chine source: article des échos du 4 juin 2007
D'où viennent ces réserves de change accumulées ?la réponse ici Que vont-ils en faire ? la réponse est bien détaillée dans l'article des échos, on peut en voir une illustration ici, et ce n'est que le début.
C'est Jean Bodin qui disait : "il n'est de richesses que d'hommes"...Voici alors ce qui devrait nous attendre d'ici 2050 (source INED) Comme disait Jacques Dutronc "et moi...et moi ?"
SOS...SES se mondialise aussi: voici la carte mondiale ^^ des visiteurs du blog depuis janvier 2007 (j'espère qu'ils ont de bons traducteurs pour comprendre mes jeux de mots un peu lourds). Comme dans la mondialisation économique, l'Afrique reste la grande oubliée...
Oui, je sais, j'ai l'air d'être un oiseau de mauvaise augure (et mon titre est un peu lourd^^)
Mais bon, imaginez que vous alliez à l'oral avec 50 à 70 points !
Cela fait plus de 15 ans que les mêmes scènes se reproduisent: certains s'effondrent littéralement face à cette épreuve, d'autres fonçent tête baissée et réussissent.
Il vaut mieux se préparer un peu avant les résultats du bac car il ne restera alors que très peu de temps pour se remettre dans le bain et réviser 2 matières.
Pour cela, SOS...SES vous propose des conseils et des liens qui vous seront très utiles:
Quelques rappels:
- en SES, le jour de l'oral, vous aurez un jeu de 2 sujets au choix (un seul sera traité). Chaque sujet est accompagné de 2 documents de nature diverse (un texte + un document statistique en général). Il est composé de 2 ou 3 questions exigeant une réponse courte afin d'évaluer certaines compétences (donner le sens d'un chiffre, expliquer un terme, donner une définition, développer un mécanisme...) et surtout d'une question à traiter. Celle-ci exige de réaliser une introduction, des développements équilibrés et cohérents et une conclusion. Vous avez 30 minutes de préparation et 20 minutes de passage devant l'examinateur.
source: M.Gotlib, les dingodossiers tome IV, Dargaud, 1968
- nous nous sommes largement entraînés à ce type d'épreuve durant l'année, on peut dresser la liste des erreurs les plus graves:
n°5: ne pas savoir grand chose sur le thème: Alors là, on vous rattrape et vous ne savez rien que des banalités, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ! Chaque année, certains candidats sont surpris d'aller à l'oral et regrettent amèrement de ne pas avoir travailler un peu plus durant l'année. C'est un contrôle de connaissances avant tout: ne pas savoir ce qu'est le PIB, les objectifs de l'investissement, les déterminants de la mobilité sociale... toutes ces connaissances de base doivent être en partie maîtrisées. J'en connais un qui doit se mordre les doigts, non ?
n°4: ne pas répondre à la question posée, et être hors sujet. "Ce n'est pas la question que je vous ai posée... mais c'est ma réponse"! Il faut cerner la question à traiter et faire un plan adapté, soit de type analyse (constat/causes/conséquences), de type débat (oui, mais... une condition nécessaire, mais pas suffisante...). L'examinateur attend une réponse argumentée à la question posée. Le "baratin" est à proscrire, tout comme le hors sujet. Ce sont les mêmes exigences que pour l'écrit.
n°3: mal gérer son temps. La préparation dure 30 minutes, c'est très court: il faut donc être très efficace. Je vois souvent des candidats qui n'ont fait au brouillon que les 2 ou 3 questions préalables alors que le plus important est la question à traiter. N'oubliez pas qu'ensuite, il y aura un jeu de questions-réponses entre vous et l'examinateur !
n°2: être hyper-stressé. Le stress est normal, mais il ne doit pas vous faire perdre les moyens. Certains oublient les savoirs élémentaires (Qu'est-ce qu'un chômeur ?), d'autres veulent tellement avoir l'oral qu'il font pression sur l'examinateur (pour savoir leur note, si cela a marché ou non). J'en connais même qui...regardez vous même !
n°1: être agressif, discourtois, en retard. Le jour de l'examen, soyez à l'heure (même si l'examinateur est en retard), respectez les règles élémentaires de politesse et évitez le ton agressif.
Extrait de La Haine de Mathieu Kassovitz
Par contagion:
- sur le site de Dijon, vous avez les sujets d'oraux de l'année dernière - sur le site Révision Bac ES, vous aurez des sujets et des exercices. - sur SOS...SES : rubrique liens web, vous aurez là aussi des quizz pour réviser la spécialité et le tronc commun.
Bon, voici des éléments de réponse au deuxième sujet du bac de SES de vendredi dernier. Il y a comme vous le savez, plusieurs manières de traiter le sujet de dissertation du Bac 2007.
"Comment peut-on expliquer l'exclusion sociale aujourd'hui ?"
Voici la réponse d'un certain Coluche.
coluche: misère Voici, plus sérieusement, quelques éléments de correction.
Etape 1: analyse du sujet.
mots-clés:
exclusion sociale: notion relativement complexe, qu'on peut délimiter en montrant qu'il s'agit d'un processus multidimensionnel aboutissant à une perte de liens sociaux, mettant à l'écart certains individus ou groupes sociaux. Aujourd'hui: l'énoncé et les documents invitaient à traiter du cas français actuel. Inutile donc d'aborder des dimensions historiques de l'exclusion (sous les Trentes Glorieuses, au début de la crise de 1974...) ou géographiques (les autres pays). "Comment peut-on expliquer": il convient de produire une analyses des principaux facteurs explicatifs de l'exclusion sociale. Ce n'est donc pas un sujet-débat. La difficulté est de cerner les 2 ou 3 principaux processus menant à l'exclusion et d'éviter de tomber dans le catalogue artificiel. Ce sont des mécanismes économiques et sociaux qu'il faut mettre à jour et non un listing de faits ou d'évolutions.
Cours, chapitres mobilisables
intégration et solidarité (avec l'auteur de référence Durkheim qui a montré en quoi le travail pouvait être source d'intégration sociale, mais qui a aussi mis en avant les risques d'anomie). On peut aussi utiliser à profit les cours sur le marché du travail et l'emploi, les chapitres sur les inégalités ou la protection sociale.
Problématique:
les documents 1 et 3 sont d'une aide précieuse pour cerner la dynamique par laquelle on aboutit à l'exclusion sociale. La fragilisation de l'intégration sociale peut provenir d'une détérioration du fonctionnement du marché du travail et de l'emploi (chômage, précarité...). Si, en plus, d'autres ruptures (maladie, divorce...) s'ajoutent et que l'individu / groupe social ne bénéficie pas de "roue de secours" (sa famille, ses droits sociaux acquis...), le cumul des handicaps mène à un processus de désaffiliation sociale. Enfin, on peut aussi montrer que l'Etat-providence et les associations peuvent aussi renforcer l'exclusion sociale: pour pouvoir bénéficier des aides, il faut être reconnu comme "exclu" (processus de stigmatisation, thèse de G.Simmel et S.Paugam)
Cézanne les joueurs de carte
Etape 2: analyse des documents.
doc.1: hausse du chômage + précarisation => affaiblissement du travail comme instance d'intégration sociale. Autres facteurs aggravant: les accidents de la vie, la maladie, la séparation familiale. Lien: l'exclusion est multidimensionnelle, c'est un processus dynamique. L'erreur la plus lourde est de considérer l'exclusion comme un état (analyse statique: les inclus / les exclus sans voir le processus), et de limiter l'exclusion à la pauvreté (manque de revenus alors qu'il y a d'autres aspects)
doc.2: le schéma montre les différents aspects économiques et sociaux qui peuvent conduire à l'isolement puis à l'exclusion sociale. Le danger est d'en faire une paraphrase (il est vrai très tentante). Quels apports pouvaient enrichir le document ? Il n'y a pas, dans le schéma, des aspects concernant la précarité de l'emploi (qui se trouvent dans le doc.1), le concept d'anomie de Durkheim pouvait également être utile.
doc.3: Le chômage est bien plus qu'un non-emploi: il se traduit certes, par une perte de revenus, mais pas seulement. On perd (en partie) son statut social, ses relations sociales et ses droits sociaux. De plus, le chômeur est stigmatisé, disqualifié, ce qui va contribuer à accroître le processus d'isolement (pas seulement dans son rapport avec les autres, dans ses rapports avec la société: moindre participation à la vie sociale, politique...). Le document est relativement complet sur le lien entre chômage et exclusion, il apporte une dimension macro et micro-sociologique utile.
doc.4: Quelques données chiffrées qui permettent de donner des ordres de grandeur. - le taux de pauvreté monétaire (part des individus vivant dans un ménage dont le revenu est inférieur à 60 % du revenu médian -c'est une mesure de la pauvreté relative-) dépasse les 12 % en 2002, ce taux atteint même 8 % pour les individus ayant un emploi (même le travail ne garantit plus l'intégration sociale avec l'apparition de working poors "travailleurs pauvres". - 48.7 % des allocataires du RMI sont toujours au RMI depuis plus de 3 ans. On a donc une exclusion durable, que ne compensent pas les aides distribuées. - Plus grave encore, l'exclusion va se traduire par des atteintes aux droits fondamentaux: on renonce aux soins pour des raisons financières, on arrête l'école sans avoir atteint un niveau d'études suffisant pour pouvoir espérer s'intégrer dans l'emploi, on éprouve des difficultés à trouver un logement social, etc...Il s'agit ici de montrer les différentes formes d'exclusion et les processus cumulatifs qu'elles entraînent.
doc.5: ce document donne les deux axes principaux du processus de désaffiliation: - le rapport à l'emploi s'est dégradé: c'est la crise du fordisme qui définissait une norme d'emploi salarial relativement protectrice (CDI, droits sociaux). Aujourd'hui, la flexibilité est recherchée, elle risque d'aboutir à une segmentation du marché du travail. - la désintitutionnalisation des relations familiales: avec la montée de l'individualisme moderne, l'individu veut être plus autonome par rapport aux tutelles traditionnelles. Il cherche à s'en échapper: éloignement géographique (relatif), montée des divorces et des couples non-mariés... Le problème se pose lorsqu'un accident survient (chômage, maladie...), l'individu est moins protégé par ses liens familiaux. On retrouve ici, la thèse de Robert Castel.
doc.6: Un document statistique très riche qui peut montrer que: - le chômage reste un facteur essentiel de pauvreté, loin devant la précarité. - la situation familiale peut aggraver la pauvreté monétaire: être seule sans enfant est plus risqué que vivre en couple lorsqu'on est frappé par le chômage.
Pablo Picasso
Etape 3: Quel plan ?
C'est là où la question se corse sérieusement. La difficulté principale réside dans l'organisation des différents arguments afin de réaliser un plan qui soit équilibré (autour de 2 ou 3 principaux arguments), cohérent (le danger est le catalogue). Il existe différents types d'organisation des arguments:
1. les difficultés sur le marché du travail ont favorisé l'exclusion sociale... A. le travail, source d'intégration sociale durant les "Trente Glorieuses"
a- le rôle clé du travail dans le lien social: cf Serge Paugam "homo faber": le travail en tant qu'activité humaine permet d'avoir une place reconnue, cette activité permet la réalisation de soi. "Homo economicus": le travail permet d'avoir un revenu, donc de participer à la société de consommation de masse. "homo sociologicus": le travail s'insère dans un collectif: les relations de travail (collègues...), participation à des luttes, à des associations liées au travail (syndicats...)
b- le travail devenu emploi: cf Robert Castel. L'emploi salarié fordiste va permettre d'acquérir de nombreux droits sociaux (congés payés, protection contre la maladie, la vieillesse, formation professionnelle...) qui permettent d'avoir une protection sociale très développée. Ces développements sont basés essentiellement sur les connaissances personnelles.
B. la crise de l'emploi (chômage, précarité, travailleurs pauvres) va remettre en cause cette instance d'intégration sociale a- le chômage de longue durée, la précarité, la montée des travailleurs pauvres vont dégrader la situation financière des travailleurs => pauvreté monétaire + non accès aux droits fondamentaux => insécurité et isolement sociaux b- chômage et précarité vont aussi stigmatiser les individus qui vont subir une dévalorisation d'eux-mêmes les enfermant dans leurs difficultés. doc.1 + 2 + 3 + 4
pablo picasso: femme et enfant 1907
2. ...il existe d'autres facteurs explicatifs qui, lorsqu'ils se cumulent, aggravent le processus d'exclusion sociale.
A. Les ruptures familiales vont aggraver les conséquences du chômage et de la précarité. a- la famille s'est désinstitutionnalisée (lien avec la montée de l'individualisme) b- les ruptures familiales se sont multipliées (séparation, divorces...) ce qui va aggraver la situation de ceux qui sont frappés par la crise de l'emploi. connaissances personnelles + doc.6
B. D'autres facteurs cumulatifs a- les échecs scolaires, la non connaissance des droits sociaux, les difficultés de logement, de soin => difficile de retrouver un emploi sans qualification, sans logement, en mauvaise santé. b- les effets pervers de l'assistance: la stigmatisation et la déqualification vont aggraver le processus d'exclusion. Se déclarer Rmiste, c'est aussi montrer à tous que l'on est exclu. doc.4 + connaissances personnelles
Bon d'accord, je vous sens un tantinet déprimé(e) ^^
Allez, un prochain billet plus humoristique vous remontera le moral...
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