
On montre que l'individu devient une valeur suprême, supérieure aux valeurs collectives du groupe ou de la société.
Par exemple, dans le choix du métier ou dans le choix du conjoint, il n'y a plus l'obligation de se plier aux injonctions de sa famille.
Evidemment, cette liberté est relative, puisque les individus sont toujours soumis à la pression sociale (l'homogamie - le fait de choisir son conjoint parmi les individus ayant le même milieu social que soi- est encore élevée) et aux déterminants socio-économiques.
Néanmoins, ce processus d'individuation a deux versants:
- un versant positif: l'individu est relativement plus libre qu'avant, l'espace des choix s'est agrandit. Chacun cherche à se différencier des autres; de cette différence naît une complémentarité, de nouveaux liens sociaux.
Par exemple, le divorce nait d'une volonté de retrouver sa liberté et de ne pas maintenir artificiellement un lien conjugal lorsque le sentiment amoureux n'est plus présent.
Les conjoints peuvent alors se séparer et reconstruire d'autres liens amoureux, d'autres relations familiales (par exemple, en créant une nouvelle famille que l'on appellera "famille recomposée").
Dans ce cas, il n'y a pas moins de liens sociaux, mais d'autres liens plus nombreux (avec les nouveaux enfants, avec les belles-familles...)
- un versant moins positif. La société se défait, l'individu connaît une rupture de liens sociaux. J'ai trouvé que cette image pouvait servir à faire comprendre dans quel état "social" se situe chaque individu.

Je m'explique:
1 / chaque individu, on le voit sur la photo, "flotte" en apesanteur.
Cela signifie que les attaches traditionnelles liées à la famille, à la communauté, à la religion se sont rompues puisqu'elles apparaissent comme des pesanteurs. L'individu, on l'a vu, est donc plus "libre".
2 / les relations sociales sont symbolisées par le fait que ces deux individus se serrent la main et s'en vont.
Cela montre qu'elles existent toujours (voire même qu'elles sont plus nombreuses - on peut serrer plein de mains dans une journée-), mais qu'elles ne sont plus durables ou solides.
Auparavant, non seulement on se serrait les mains, mais on passait du temps à discuter, à bavarder de tout et de rien avec la personne que l'on connaissait bien. Le film de Jacques Tati, Mon Oncle, montre bien les formes de sociabilité dans le quartier de la vieille ville.

Si je reprends l'exemple de la séparation conjugale développée au début, on s'aperçoit que le divorce peut aussi étre une étape vers un processus de désaffiliation sociale.
La femme demande la rupture, elle obtient la garde de l'enfant et constitue donc une famille monoparentale.
Le problème est que cette rupture peut se traduire par:
- un éloignement durable du père, absent ou éloigné géographiquement.
- des difficultés économiques importantes: on le sait, le taux de pauvreté des familles monoparentales est plus élevé que la moyenne.
- un cercle vicieux s'installe: la mère ayant un enfant ne peut pas se permettre de prendre un emploi à temps plein (en raison de la garde de son enfant), elle est contrainte de prendre un temps partiel, souvent peu qualifié.
Est-ce que mes "images" vous ont aidé à mieux comprendre la diversité du lien social actuel ? Non parce que sinon, je peux vous donner aussi des tableaux statistiques, des textes...