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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 09:38
En conclusion du chapitre sur la cohésion sociale, je voulais montrer qu'il existe plusieurs approches de l'individualisme.

En sciences sociales, l'individualisme est un processus (et non un état) qui consiste à développer l'autonomie de l'individu face aux tutelles traditionnelles (famille, religion, communautés villageoises, classe sociale...).

On montre que l'individu devient une valeur suprême, supérieure aux valeurs collectives du groupe ou de la société.
Par exemple, dans le choix du métier ou dans le choix du conjoint, il n'y a plus l'obligation de se plier aux injonctions de sa famille.



Evidemment, cette liberté est relative, puisque les individus sont toujours soumis à la pression sociale (l'homogamie - le fait de choisir son conjoint parmi les individus ayant le même milieu social que soi- est encore élevée) et aux déterminants socio-économiques.

Néanmoins, ce processus d'individuation a deux versants:

- un versant positif: l'individu est relativement plus libre qu'avant, l'espace des choix s'est agrandit. Chacun cherche à se différencier des autres; de cette différence naît une complémentarité, de nouveaux liens sociaux.
Par exemple, le divorce nait d'une volonté de retrouver sa liberté et de ne pas maintenir artificiellement un lien conjugal lorsque le sentiment amoureux n'est plus présent.
Les conjoints peuvent alors se séparer et reconstruire d'autres liens amoureux, d'autres relations familiales (par exemple, en créant une nouvelle famille que l'on appellera "famille recomposée").
Dans ce cas, il n'y a pas moins de liens sociaux, mais d'autres liens plus nombreux (avec les nouveaux enfants, avec les belles-familles...)

- un versant moins positif. La société se défait, l'individu connaît une rupture de liens sociaux. J'ai trouvé que cette image pouvait servir à faire comprendre dans quel état "social" se situe chaque individu.


Je m'explique:
1 / chaque individu, on le voit sur la photo, "flotte" en apesanteur.
Cela signifie que les attaches traditionnelles liées à la famille, à la communauté, à la religion se sont rompues puisqu'elles apparaissent comme des pesanteurs. L'individu, on l'a vu, est donc plus "libre".

2 / les relations sociales sont symbolisées par le fait que ces deux individus se serrent la main et s'en vont.
Cela montre qu'elles existent toujours (voire même qu'elles sont plus nombreuses - on peut serrer plein de mains dans une journée-), mais qu'elles ne sont plus durables ou solides.
Auparavant, non seulement on se serrait les mains, mais on passait du temps à discuter, à bavarder de tout et de rien avec la personne que l'on connaissait bien. Le film de Jacques Tati, Mon Oncle, montre bien les formes de sociabilité dans le quartier de la vieille ville.





Si je reprends l'exemple de la séparation conjugale développée au début, on s'aperçoit que le divorce peut aussi étre une étape vers un processus de désaffiliation sociale.
La femme demande la rupture, elle obtient la garde de l'enfant et constitue donc une famille monoparentale.
Le problème est que cette rupture peut se traduire par:
- un éloignement durable du père, absent ou éloigné géographiquement.
- des difficultés économiques importantes: on le sait, le taux de pauvreté des familles monoparentales est plus élevé que la moyenne.
- un cercle vicieux s'installe: la mère ayant un enfant ne peut pas se permettre de prendre un emploi à temps plein (en raison de la garde de son enfant), elle est contrainte de prendre un temps partiel, souvent peu qualifié.

Est-ce que mes "images" vous ont aidé à mieux comprendre la diversité du lien social actuel ? Non parce que sinon, je peux vous donner aussi des tableaux statistiques, des textes...

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23 février 2007 5 23 /02 /février /2007 18:47
Voici la deuxième vidéo sur l'histoire du salariat qui concerne la période contemporaine. Elle se décompose en 4 phases:
- 1976 - 1990 : un réveil douloureux
- 1990 - 1998 : les protections basculent
- 1998 - 2000 : le retour du donnant - donnant
- 2000 - 2004 : le décrochage continue.



histoire du Salariat 2
envoyé par Lunethique

Personnellement, je trouve cette partie moins intéressante que la première.

Le découpage en 4 périodes ne me parait pas pertinent. Par exemple, la première période de 1976 à 1990 ne convient pas. Il y a eu un tournant majeur en 1982-1983: la politique de rigueur a eu un impact majeur sur le salariat (notamment la désindexation  des prix et des salaires).
D'autre part, la question des inégalités dans le salariat n'est pas bien abordée, les allusions au capitalisme actionnarial sont superficielles, le parti pris me paraît un peu trop visible même si les analyses restent relativement intéressantes.

Mais il y a de nombreux aspects intéressants (Aaaaah revoir Yvon Gattaz, Ernest Antoine Sellière nous faire leur numéro !). Les nouvelles conditions de travail avec le "néo-productivisme réactif" sont mises à jour, c'est pour moi, le point le plus positif.
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22 février 2007 4 22 /02 /février /2007 05:11

Voici une série de  deux vidéos à regarder entier, elles concernent l'évolution du monde du travail, les transformations de la condition salariale.
Non seulement on y trouve des images d'archives, mais il y a en plus des témoignages et des grilles d'analyse (dont celle de Robert Castel qui me parait extrêmement pertinente). On est ici au carrefour de l'histoire, des sciences sociales et politiques.
Pour cette première partie, l'objectif est de  comprendre en quoi le travail a été un puissant facteur d'intégration sociale durant les Trente Glorieuses.



Histoire du Salariat 1
envoyé par Lunethique



1906- 1914: les damnés de la terre
Quelles étaient les conditions de travail de l'époque ?
1898 est une date importante, pourquoi ?
Comment a-t-on crée le salariat ?
Quelles étaient les enjeux des luttes sociales ? Quelles formes prenaient ces luttes ? Quels étaient les arguments des employeurs ?


1914-1918: grande guerre et petites avancées
Cet épisode, outre la guerre, sera marqué par 3 faits importants dans l'histoire sociale. Lesquels ?
Après la guerre, la loi sur les 8 heures de travail et sur les conventions collectives vont modifier en profondeur le salariat. Pourquoi ?
Cependant, ce seront de petites avancées. Pourquoi ?


1928-1930: et la protection sociale ?
Quelle était la protection contre les risques sociaux ?
Des révolutions vont se produire dans les ateliers. Lesquelles ?
Quelle conséquence sur le travail ?


1930 - 1936: de la crise au progrès social
Face à la crise, quelles solutions pour les chômeurs ? les travailleurs ?
1936 va symboliser un tournant pour le salariat. Pour quelles raisons ?



1945- 1947: la refondation sociale
Une nouveauté majeure: la Sécurité Sociale. Quel est l'objectif ?
Comment Robert Castel analyse-t-il cette innovation ?
Quel sera alors le rôle des syndicats (en quoi ce rôle est différent d'avant 1945 ?)
Pourquoi la refondation sociale atteint ses limites en 1947 ?



1948 - 1967: le grand bond
Quelles sont les principales nouveautées des Trente Glorieuses ?
Progrès économique et social: est-ce du "donnant - donnant" pour les salariés et les employeurs ?



1968 - 1975: la consolidation
Quelles étaient alors les normes sociales en vigueur dans la société avant 1968 ?
Quels sont les acquis sociaux du salariat au moment des évènments de  1968 ?
Au début des années 1970, en quoi peut-on dire que le salariat est à son apogée ?








Maintenant que vous connaissez le fabuleux destin de Marcel Ledrôle (cela ne s'invente pas), on pourra continuer l'histoire dans un prochain billet.

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17 février 2007 6 17 /02 /février /2007 08:20
Je viens de tomber sur des blogs tout nouveaux (il y a encore peu d'articles), mais déjà d'excellente facture.
Ils sont écrits par des gens dont j'apprécie la justesse et la pertinence de l'analyse.
En plus, il traitent des sujets qui me tiennent à coeur: l'école, la cohésion sociale, les inégalités...

Evidemment, la qualité de leur mise en page n'est pas essentielle.

Mais il faut un peu dépasser cela et se plonger dans la lecture des quelques articles qui ouvrent ces blogs.



Il se trouve par ailleurs, qu'en cours, des sujets très proches ont été abordés récemment:
 - la justice sociale (blog de F.Dubet),
 - le rôle de l'école et du travail dans l'intégration sociale (blog de F.Dubet et P.Askenazy),
 - la question des inégalités (blog de T. Pech),
 - l'emploi et les ségrégations sociales (blog d'E.Maurin)

J'imagine que d'autres vont s'ouvrir.

Personnellement, j'avais assisté à une conférence de Michel Onfray qui m'avait marqué. Même si je ne partage pas toujours ses prises de position, je trouve que ses universités populaires sont une excellente initiative.


J'imagine si Pierre Bourdieu (mort en 2002) avait ouvert un blog... Si Emile Durkheim, Alexis de Tocqueville, Adam Smith, Karl Marx...

On aurait pu lâcher des com' et dialoguer avec eux: des questions sur l'actualité, sur tels ou tels points de leur pensée... Fabuleuse idée, non ?

Hé bien croyez-moi, cela existe !

Oui, j'ai trouvé le site Dialogus.
Vous trouverez ici des points importants sur un grand penseur des crises du capitalisme, alors que , vous aurez des approfondissements sur l'un des plus grands sociologues de la dernière moitié du vingtième siècle. J'aurais bien aimé avoir quelques grands économistes aussi, mais bon...

Alors, on dit quoi ?


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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 11:37
Voici l'interwiew du sociologue Serge Paugam au journal Le Monde (édition du 9 février 2007 source ici) qui me paraît être très pertinent lorsqu'on aborde le lien social.


"Un sociologue fait d'autant plus de politique qu'il croit ne pas en faire", ironisait Pierre Bourdieu. De votre côté, comment voyez-vous les rapports entre travail scientifique, critique sociale et action politique ?

Même s'il s'efforce de présenter les faits de façon objective, les interprétations du sociologue ne sont pas neutres. Il a lui aussi des préférences et il ne peut échapper à la lecture sociale et politique qui sera faite de ses travaux. Il est donc préférable, comme le suggérait Raymond Aron, d'assumer pleinement le fait que l'interprétation sociologique est objective dans la mesure où elle est "compréhensive", et que cette compréhension n'est pas neutre par rapport aux idéologies des partis politiques, bien qu'elle ne se confonde avec aucune d'elles. En ce sens, le sociologue ne peut rester dans sa tour d'ivoire. (...)

affiche de 1973, lié au conflit lip (étudié en classe)

Vous situez votre livre dans le sillage de Durkheim, qui définissait les sociologues comme des "conseilleurs" ayant mission de fonder les solidarités collectives. Pensez-vous qu'une telle parole puisse encore trouver l'oreille des politiques ?

Durkheim disait en effet que "nous sommes faits pour aider nos contemporains à se reconnaître dans leurs idées et dans leurs sentiments beaucoup plus que les gouverner". Il assignait à la sociologie naissante un rôle éducatif. Par ailleurs, il soulignait que la solidarité des sociétés modernes, de nature "organique", fondée sur l'interdépendance des individus, était fragile. Aujourd'hui, comment ne pas être inquiet face au risque de délitement de nos solidarités ? L'attitude des politiques est souvent d'occulter les enjeux qui gênent. Ainsi des inégalités entre générations : comment envisager une politique de redistribution en direction des jeunes, quand les retraités sont plutôt favorables à une diminution des impôts ? De même il peut être tentant pour les politiques d'aborder exclusivement la question de la solidarité en référence à la sphère de l'assistance - et de poser ainsi la question de son "coût" - plutôt que d'envisager des réformes pour mieux prendre en charge les risques liés aux nouvelles inégalités, aussi bien sur le marché du travail que dans le domaine du logement ou dans celui de l'aménagement urbain.

Les actions d'urgence, au titre de ce qu'on appelle aujourd'hui les dépenses de solidarité, sont médiatiques, mais elles dissimulent souvent les vrais problèmes. Toutefois, l'inquiétude des chercheurs face à cette dérive du sens de la solidarité est partagée par de nombreux citoyens. Du coup, les politiques ne peuvent pas ne pas entendre ce besoin profond de parler de la solidarité, au sens du renforcement de l'interdépendance des individus et du contrat social.

 affiche de la CGT isère vers 1950-1960 (?), déjà des atteintes à la Sécurité Sociale !


Les auteurs partagent un même attachement au compromis social
de la Libération, lequel visait, dites-vous, à "faire des individus autre chose qu'une marchandise échangeable". A lire certaines contributions, on se dit que les bases intellectuelles de ce fameux Etat "instituteur du social" sont pour le moins érodées...

Le risque d'une "remarchandisation" est réel. La séparation entre les populations qui relèvent de l'assurance et celles qui relèvent de l'assistance est très marquée. La part prise par les organismes privés dans la gestion de la protection sociale devient de plus en plus importante. Les assurances sociales obligatoires sont moins collectives, moins redistributives et moins généreuses. Par ailleurs, on culpabilise les pauvres qui ne trouvent pas d'emploi. La socialisation du risque, qui avait ainsi pris le pas sur la notion de responsabilité individuelle, apparaît aujourd'hui en recul. Ainsi, on assiste bien en France à une érosion du socle historique de l'Etat social. Le modèle libéral tel qu'il s'est constitué aux Etats-Unis et, plus récemment, au Royaume-Uni, devient un horizon vers lequel nous nous orientons peu à peu. En même temps, le succès d'autres modèles, notamment le modèle danois, séduit par cette capacité à articuler efficacité économique et solidarité sociale. Les performances du Danemark en termes d'intégration professionnelle sont exceptionnelles. Elles sont dues en grande partie à la volonté collective de réduire les inégalités, à l'investissement dans la formation continue pour tous, dans la qualité des emplois, la protection, mais aussi l'accompagnement des chômeurs. Du coup, s'il est impossible de transférer ce modèle chez nous, rien n'empêche de s'en inspirer. Enfin, alors que se reconstituent de nouveaux bidonvilles à la périphérie de nos villes et que s'érigent dans le paysage urbain des frontières menaçantes entre les groupes, il n'est pas impossible de penser que les citoyens sauront retrouver le sens de l'association solidaire et renouveler le contrat qui les lie entre eux. La campagne pour l'élection présidentielle constitue en tout cas un cadre presque idéal pour en débattre.
Propos recueillis par Jean Birnbaum

Voici d'ailleurs quelques textes que j'ai donné récemment aux élèves à ce sujet.

« définir le type idéal de l’intégration professionnelle ne signifie pas repérer la forme la plus répandue, mais discerner à partir des formes historiques des sociétés contemporaines, les traits principaux qui lui donnent un sens.

Dans nos sociétés, l’intégration professionnelle assure aux individus la reconnaissance de leur travail, au sens de leur contribution à l’œuvre productive, mais aussi la reconnaissance des droits sociaux qui en dérivent. Autrement dit, l’intégration professionnelle ne signifie pas uniquement l’épanouissement au travail, mais aussi le rattachement, au-delà du monde du travail, au système de protection constitué à partir des luttes sociales dans le cadre de l’Etat-Providence.

On peut estimer que la première condition est remplie lorsque les salariés disent qu’ils éprouvent des satisfactions au travail. La seconde condition sera remplie si l’emploi exercé n’est pas aléatoire, autrement dit lorsqu’il permet au salarié de planifier son avenir. Ce type idéal qui conjugue satisfaction dans le travail et stabilité de l’emploi peut être qualifié d’intégration assurée. C’est à partir de ce type idéal qu’il est possible d’étudier ses déviations, lesquelles constitueront autant de sources possibles d’insatisfaction pour les salariés. En reprenant les deux conditions, on peut alors distinguer trois types de déviations : l’intégration laborieuse, l’intégration incertaine et l’intégration disqualifiante. »  

S.Paugam, le salarié de la précarité » PUF 2000


« on ne travaille pas toujours que pour l’argent. On travaille aussi pour son épanouissement personnel ou encore pour être reconnu socialement. Dit autrement, le travail permet de satisfaire les besoins d’au moins trois dimensions de l’individu :

- l’Homo faber qui renvoie à l’épanouissement dans l’acte de travail lui-même avec l’idée de « se faire en se faisant » ;

- l’Homo economicus qui lie la satisfaction du travail à la rétribution en fonction de l’état du marché,

- Enfin l’Homo sociologicus qui fait de la reconnaissance par les autres de son travail effectué un facteur essentiel de rémunération. »

S.Paugam, le salarié de la précarité » PUF 2000


Je trouve que la question de l'intégration sociale par le travail est bien cernée et permet de comprendre les enjeux actuels de la crise de la société salariale et de l'emploi. J'ajoute que les livres récents de Robert Castel sont aussi lumineux à ce sujet.
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29 janvier 2007 1 29 /01 /janvier /2007 06:14

Qu’est-ce qu'une action collective ? L'actualité de cette semaine va nous donner l'occasion de se poser cette question. On peut essayer d'esquisser des éléments de définition.

Une action collective est un ensemble de conduites et d’actions mettant partiellement ou globalement en cause l’ordre social.

Une action collective s’appuie sur des thèmes plus larges que les conflits sociaux, elle émerge suite à un événement spécifique et dans un contexte social particulier.

Elle possède 4 dimensions

-          la dimension d’un « agir ensemble » comme projet volontaire est essentielle : l’opération escargot » de chauffeurs routiers qui bloquent les routes produira un résultat comparable au bouchon suscité par les départs en vacances, mais dans un cas il y a action concertée, liée à des revendications et dans l’autre un résultat imprévu découlant de l’agrégation de phénomènes individuels


-          l’action concertée en faveur d’une cause : la dimension d’un « agir-ensemble intentionnel » marqué par le projet explicite de se mobiliser se développe dans une logique de revendication, de défense d’un intérêt matériel ou d’une cause. Cette action va s’incarner dans des revendications qui visent à établir un nouvel ordre de vie ou au contraire qui visent à résister à des changements


-          l’action contre :"agir-ensemble intentionnel contre" un mouvement social se définit par l’identification d’un adversaire. Si des collectifs se mobilisent pour (une hausse de salaire, le vote d’une loi…), cette revendication ne peut s’incarner que contre un adversaire désigné : employeur, adm, pouvoir politique…


-          les mouvements sociaux constituent tendanciellement une arme des groupes qui, à un moment donné, sont du mauvais côté des rapports de force. Est-il courant d’assister à des manifs d’énarques ? des meetings d’agents de change ? des sit-in de PDG ? A l’inverse, peu de colloques de SDF,de séminaires de chômeurs...


Nous avons une occasion de nous intéresser à l'actualité de cette semaine, en particulier le jeudi 1er février: voici un communiqué de l'Alliance pour la planète (voir ici pour connaître son projet et ici pour connaître les membres de ce mouvement)


Le 1er février 2007, dans toute la France :

 Participez à la plus grande mobilisation des citoyens contre le Changement Climatique !


L’Alliance pour la Planète lance un appel simple à tous les citoyens, 5 minutes de répit pour la planète : tout le monde éteint ses veilles et lumières le 1er février 2007 entre 19h55 et 20h00. Il ne s’agit pas d’économiser 5 minutes d’électricité uniquement ce jour-là, mais d’attirer l’attention des citoyens, des médias et des décideurs sur le gaspillage d’énergie et l’urgence de passer à l’action ! 5 minutes de répit pour la planète : ça ne prend pas longtemps, ça ne coûte rien, et ça montrera aux candidats à la Présidentielle que le changement climatique est un sujet qui doit peser dans le débat politique.

Pourquoi le 1er février ? Car le lendemain sortira, à Paris, le nouveau rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) des Nations Unies. Cet événement aura lieu en France : il ne faut pas laisser passer cette occasion de braquer les projecteurs sur l’urgence de la situation climatique mondiale.


Si nous y participons tous, cette action aura un réel poids médiatique et politique, moins de trois mois avant l’élection présidentielle!

Alors, s'agit-il d'une action collective ?
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25 janvier 2007 4 25 /01 /janvier /2007 17:46

Parmi les nombreuses idées reçues, il y en a une qui a la vie dure.

Clément, il y a quelques temps, sur son blog, a trouvé un très bon lien sur les français vu par les américains.

Parmi les caricatures du New Yorker,celle-ci a particulièrement retenu mon attention:

Ah, la France râleuse, toujours à contester, à critiquer...

les grèves qui paralysent le pays et l'économie...


Nous avons tous des représentations du monde social qui nous entoure, des savoirs spontanés, des "cela va de soi" qui sont très pratiques pour nous forger spontanément une grille de lecture de la réalité...


Voici rapidement ce que l'on peut montrer concernant le sujet.


Évolution du nombre de jours de grève en France, hors fonction publique

(Nombre de journées individuelles non travaillées)


source: l'état de la france, la Découverte, 2000

Tiens, je vois que vos certitudes commencent à vaciller:
le nombre de journées individuelles non travaillées  a connu une chute spectaculaire depuis la crise économique ...

Bon, certains seront encore dans le doute (si, si, j'en connais...).
Enfonçons le clou:

Voici un deuxième graphique, qui prend en compte les données plus récentes, et surtout qui nous compare aux autres pays européens:

Classement de 25 pays par conflictualité décroissante (1998-2004)
source (ici)

Je crois qu'il faut vous asseoir... le choc est rude:
Quoi ? Nous ne serions que 11 ème (en dessous de la moyenne européenne), pire encore, c'est un pays nordique, réputé pour sa cohésion sociale, sa capacité à la négociation collective qui connait la plus forte conflictualité sociale...


Que de préjugés en brêche...

J'ai fait deux petits tests auprès des élèves:

 - une estimation du taux de pauvreté en France ? Leur réponse: 40 %.
Les statistiques montrent que le taux de pauvreté varie entre 10 et 15 % selon l'indicateur retenu.

 - une estimation du nombre d'ouvriers en France ? Leur réponse: 2 millions. La dernière enquête de l'INSEE ici montre qu'il y a encore près de 6 millions d'ouvriers en France...

Beaucoup d'entre eux ont été surpris de l'écart entre ce qu'il pensait savoir - leur perception- et la réalité.

" Oui, mais m'sieur, dans les médias, on entend que..."


C'est bien le problème: le rôle des médias est d'informer, pas de véhiculer des fausses évidences (comme un éminent confrère le montre encore ici et ...). Evidemment, ce n'est pas le cas de tous les grands médias...

 C'est ici que j'ai fait un petit couplet sur le rôle de l'école, la nécessité d'avoir une démarche scientifique (osons-le mot) pour étudier un problème.

Entendons-nous bien: chacun a des représentations de l'environnement dans lequel il vit. Ces représentations sont fortes; ce sont les nôtres, nous les avons construites et donc nous pouvons facilement les mobiliser spontanément au cours d'une discussion... Elles ont donc leur intérêt.

Mais lorsque nous sommes en position d'étudier, d'analyser, d'informer lors d'un exposé, d'un examen, ces représentations posent de sérieux problèmes.
Elles ne peuvent, on le voit bien, servir de fondations à des analyses ou à des interprétations scientifiques...D'où les faux débats, les discussions qui ne mènent à rien, les exposés "bateaux"...

Vous en connaissez sûrement des fausses évidences... non ?

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19 janvier 2007 5 19 /01 /janvier /2007 00:21

Corrélation et causalité sont des notions très importantes en sciences sociales.
La corrélation
peut se définir comme la variation simultanée de 2 variables (dans le même sens: quand l'une augmente, l'autre augmente aussi ou en sens opposé: l'une augmente alors que l'autre décroit).
La causalité désigne le fait que la variation d'une variable explique la variation d'une autre.

Voici quelques exemples assez lumineux, qui touchent aux questions des inégalités, de la cohésion sociale et du rôle de l'Etat.

Il s'agit juste d'éléments de réflexion supplémentaires par rapport à l'actualité de ces derniers jours concernant la fiscalité (je ne voulais pas, ici, rentrer dans les détails, d'autres sites / blogs l'ont abondamment commenté récemment).

Exemple n°1:
On étudie la relation entre le poids des prélèvements obligatoires    et les inégalités de revenus

Fichier hébergé par Archive-Host.com

conclusion: la corrélation est assez évidente.
Plus le poids des prélèvements est important, plus les inégalités de revenus sont faibles (exemple: les pays du Nord de l'Europe sont très différents des Etats-Unis)



Exemple n°2:
On compare le poids des recettes publiques avec le taux de pauvreté infantile Fichier hébergé par Archive-Host.com


Ici également, la corrélation est évidente:
plus le poids des recettes publiques est élevé, plus le taux de pauvreté infantile (un bon indicateur de cohésion sociale) est faible
, avec les mêmes exemples.
Il y a cependant plus d'exceptions à cette  corrélation que dans le premier exemple (le Japon, l'Italie ou le Royaume-Uni)



Exemple n°3:
On compare le poids de l'Etat (facteur de redistribution) avec le taux d'incarcération (utile pour estimer le degré de cohésion sociale)


Ici encore la corrélation est assez évidente...Remarquez la position "hors zone" des Etats-Unis


On peut voir l'usage que l'on peut faire de ces graphiques:
il suffit de transformer les corrélations en causalités pour légitimer le rôle de l'Etat dans la cohésion sociale.

Autrement dit, on va expliquer la faiblesse des inégalités par l'action redistributrice de l'Etat. Les graphiques, tirés d'un rapport du Conseil Economique et Social de 2005, peuvent nous conduire à tirer cette conclusion.

Il faut cependant être prudent. Pourquoi ?
Si une variable A varie dans le même sens (ou en sens opposé) que la variable B, cela ne signifie pas pour autant que les variations de B expliquent celles de A. D'autres variables (C, D, E...) peuvent également exercer une influence.

Pour en revenir à nos exemples, il est évident que les corrélations paraissent fortes, mais le danger est alors de faire croire qu'il suffit de faire monter les recettes publiques (donc les prélèvements obligatoires) pour régler la question des inégalités. Les pays scandinaves ont d'autres caractéristiques (négociation sociale, poids des syndicats, place des femmes...) qui peuvent aussi être utiles pour comprendre leur degré de cohésion sociale.

Bon, allez, je termine par deux autres corrélations qui valorisent notre métier (source: New-York Times). Quand je dis aux élèves qu'il faut étudier (lol)

Exemple n°4:



Exemple n°5:




Alors, avez-vous trouvé ? Et ne me dites pas que vous ne savez pas lire l'anglais (même moi j'y suis arrivé, c'est vous dire...).
Ces corrélations peuvent-elles être des causalités ?


Le dernier exemple n'est pas une corrélation, mais il est particulièrement lumineux, je trouve, non ? (source: New York Times)



















Le graphique met en perspective les coûts annuels de la guerre en Irak avec le coût dérisoire des dépenses nécessaires pour immuniser tous les enfants du monde contre la rougeole, la coqueluche, le tétanos, la tuberculose, la polio et la diphtérie. On peut également le comparer au coût annuel de recherche contre le cancer etc.. etc... Cela dépasse l'entendement...

Parfois, lorsque corrélation et causalité sont sur le même bateau, je me demande si ce n'est pas la raison et l'humanité qui tombent à l'eau, non ?


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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 09:09



Je voudrais poursuivre notre réflexion très fructueuse sur notre idéal égalitaire et les moyens de luttre contre les inégalités réelles. La question de l'inégalité entre les sexes est centrale. Je voudrais parler ici du champ politique. En effet, alors qu'aujourd'hui une femme peut prétendre être élue à la plus haute fonction de l'Etat, que les partis politiques vont constituer les équipes de campagne pour les législatives en juin, peut-on faire un bilan de la loi sur la parité ?

I / Un constat évident et peu glorieux

On assiste à un paradoxe évident: alors que les femmes n'ont cessé d'acquérir des droits depuis maintenant plus de 50 ans (je pense au droit de vote, au droit de travailler sans l'autorisation de son mari...), force est de constater qu'elle est écarté du pouvoir politique. Tous les classements réalisés sur leur représentation en politique le démontre sans contestation possible. regardez ici : la france est 86 ème dans le monde, on croit rêver, Olympe de Gouges doit se retourner dans sa tombe...

Les femmes dans les Parlements des 25 États membres de l'Union européenne

(au 31 octobre 2006)

 

Chambre unique
ou basse (en %)

Deuxième chambre
ou Sénat (en %)

Rang dans le classement de l'UIP

Suède

47,3

-

2e

Finlande

38,0

-

4e

Danemark

36,9

-

6e

Pays-Bas

36,7

29,3

7e

Espagne

36,0

23,2

8e

Belgique

34,7

38,0

11e

Autriche

32,2

27,4

14e

Allemagne

31,8

18,8

15e

Luxembourg

23,3

-

35e

Lituanie

22,0

-

38e

Portugal

21,3

-

42e

Pologne

20,4

13,0

46e

Slovaquie

20,0

-

49e

Royaume-Uni

19,7

17,5

50e

Lettonie

19,0

-

54e

Estonie

18,8

-

55e

Italie

17,3

13,7

59e

République tchèque

15,5

14,8

65e

Chypre

14,3

-

73e

Irlande

13,3

16,7

78e

Grèce

13,0

-

80e

France

12,2

17,6

84e

Slovénie

12,2

 7,5

84e

Hongrie

10,4

-

93e

Malte

9,2

-

98e

Source : Union interparlementaire.

J'ajoute, pour compléter ce constat sur la très faible participation des femmes aux postes de pouvoir politique que:

- si l'on examine la représentation des femmes parmi les postes de pouvoir dans l'entreprise, on est au même niveau. En 1990, 10 % des chefs d'entreprise de 50 salariés et plus étaient une femme, contre 15 % en 2000. Les 2 / 3 des cadres et professions intellectuelles supérieures sont des hommes...

- On pourrait penser que l'Etat montre l'exemple dans ce domaine (avec tous les discours tenus...). C'est pire ! Regardez ici. 5 % des préfets sont des femmes, 12 % des ambassadeurs sont des femmes etc...).

conclusion: on est bien dans la situation où, malgré les discours égalitaires, malgré les principes affirmés, les inégalités réelles sont très fortes particulièrement en France.
La question est donc de savoir comment lutter contre ces inégalités de fait...

La réponse souvent donnée est: "il n'y a qu'à changer les mentalités...".

Les femmes risquent alors d'attendre longtemps, non ?


II / Fallait-il faire une loi sur la parité ?

La loi du 6 juin 2000 comprend 2 axes majeurs pour simplifier:

- dans les scrutins de liste (élections européennes, sénatoriales pour les départements ayant 4 sièges et plus, régionales et municipales pour les communes de plus de 3 500 habitants), le principe de la parité est obligatoire.

- l'aide publique versée aux partis est modulée en fonction du respect de ce principe: elle sera d'autant plus faible que le parti ne respecte pas ce principe.

Quel bilan peut-on faire 6 ans après ?

Les élections pour lesquelles la nouvelle loi s'applique

a) Les élections municipales dans les communes de 3 500 habitants et plus


La féminisation des conseils municipaux (toutes communes confondues)

Date de l'élection municipale

Nombre total de sièges

Nombre de femmes conseillères municipales

% de femmes conseillères municipales

1947

477 565

14 889

3,1

1953

479 648

13 832

2,9

1959

470 487

11 246

2,4

1965

470 714

11 145

2,4

1971

466 682

20 684

4,4

1977

459 743

38 304

8,3

1983

501 591

70 155

14,0

1989

503 070

86 549

17,2

1995

497 208

107 979

21,7

2001

474 020

156 393

33

Source : Ministère de l'intérieur (2001).


Des progrès évidents sur le long terme, mais qu'apporte de plus la loi sur la parité (regardez la différence entre 1995 et 2001) ?


b ) les élections législatives.

L'obligation de parité des listes ne s'impose pas aux élections législatives puisque celles-ci ont lieu au scrutin majoritaire. La loi du 6 juin 2000 prévoit en revanche de pénaliser financièrement les partis et groupements politiques en réduisant la dotation publique de ceux qui n'auraient pas présenté 50 % de candidats de chaque sexe.

Les élections législatives ne sont donc qu'indirectement astreintes à la parité. Et les résultats sont révélateurs.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes: il n'y a eu que 8 femmes députés en plus...

Encore plus révélateur: les partis politiques ont préféré ne pas recevoir de subventions publiques plutôt que de respecter la loi.

C'est très net pour l'UMP: 466 hommes et 114 femmes investis . Les pénalités sont de plus de 4 millions d'euros et représentent plus de 60 % de la subvention versée.

Pour le PS, c'est plus de 1.5 millions d'euros de subvention en moins. 350 hommes, 185 femmes investis: c'est paradoxal car on pouvait penser que, étant l'auteur de la loi, il allait la respecter scrupuleusement.


Montant des pénalités au titre de la parité en 2004 pour quatre partis et groupements politiques ayant présenté des candidats dans au moins 50 circonscriptions (en métropole) (en euros)

Formations politiques

Montant de la fraction I hors pénalités

Montant des pénalités

% du total des pénalités

UMP

14 053 512,65

4 264 738,19

60,8

Association PS/PRG

10 719 768,81

1 651 806,32

23,6

UDF

2 217 047,46

667 076,76

9,5

PCF

2 008 928,35

124 139,10

1,8

TOTAL

28 999 257,27

6 707 760,37

95,7

Source : Ministère de la cohésion sociale et de la parité


Ces quatre formations politiques ont préféré renoncer à 6,7 millions d'euros plutôt que de présenter davantage de candidatures féminines aux élections législatives qui ont eu lieu en 2002.

 c / les élections européennes


Évolution de la part des femmes élues au Parlement européen,
en France, depuis 1979

 

1979

1984

1989

1994

1999

2004

Nombre de députés européens français

81

81

81

87

87

78

... dont femmes

18

17

17

26

35

34

Pourcentage de femmes

22,2

21

21

29,9

40,2

43,6

Source : Observatoire de la parité


 Cocorico ! Ici, le bilan est beaucoup plus satisfaisant, mais encore une fois, la loi sur la parité s'applique en 2004, qu'a-t-elle apporté de plus ?

d) Les élections régionales

Une vraie réussite, que l'on peut en grande partie imputée à la loi. Grâce à l'application aux élections régionales de la loi du 6 juin 2000 puis de celle du 11 avril 2003, qui a institué l'obligation de parité stricte des listes, les conseils régionaux sont les assemblées les plus féminisées de France.

L'obligation d'alternance stricte entre hommes et femmes sur les listes a ainsi accru de plus de 20 points la proportion de conseillères régionales, passée de 27,5 % en 1998 à 47,6 % en 2004.

Évolution de la part des femmes au sein des conseils régionaux entre 1998 et 2004

Élections 1998

Élections 2004

Variations

Total des conseillers régionaux

Femmes

% de femmes

Total des conseillers régionaux

Femmes

% de femmes

1880

517

27,5

1880

895

47,6

+ 20,1

Source : Observatoire de la parité.


II / Quand la loi ne dit rien

Avec un scrutin uninominal, les candidats se présentent individuellement dans le cadre d’une circonscription. La représentation est assurée par une seule personne, élue dans une circonscription de dimension relativement modeste. Pour ce type de scrutin, le principe d’une alternance paritaire entre femmes et hommes ne peut être appliqué.

 

A / Les élections sénatoriales ( - de 4 sénateurs )

Depuis la loi du 30 juillet 2003, le scrutin majoritaire est appliqué dans les départements qui élisent moins de 4 sénateurs. C’est un vote au suffrage indirect qui se déroule sur deux tours ayant lieu le même jour.


B / Les élections cantonales

Les conseillers généraux sont élus pour 6 ans.Pour être élu au premier tour, il faut obtenir la majorité absolue des suffrages. La loi sur la parité ne s’applique pas à ce mode de scrutin.

 

 

C : Les élections municipales ( - de 3500 hab. )

Dans les communes de moins de 3 500 habitants, soit 90 % des communes, les conseillers municipaux sont élus au scrutin majoritaire. Les candidats se présentent en listes complètes (sauf pour les communes de moins de 2.500 habitants où les candidatures isolées et les listes incomplètes sont autorisées) et les suffrages sont comptabilisés individuellement.


Quand la loi ne s'applique pas, par contre, on voit clairement, dans tous les cas, que la situation des femmes ne s'arrangent pas.

Il faudrait également, pour être complet, tenir compte:
- du mode de scrutin: les effets sont plus positifs avec un scrutin proportionnel
- de la répartition du pouvoir local: qui dirige les assemblées régionales, départementales, les regroupements de communes etc... Si vous voulez plus de détails, c'est ici qu'il faut aller (l'observatoire de la parité)
 
On voit donc que le problème est complexe: la loi nous est apparue comme le meilleur moyen de réduire les inégalités, au nom de l'idéal démocratique. Le bilan est très contrasté. Il est vrai que, là où la loi s'applique, la représentation des femmes a progressé...mais pas autant qu'il aurait fallu.

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13 janvier 2007 6 13 /01 /janvier /2007 06:16
Nos sociétés sont fondées sur un idéal égalitaire. La meilleure preuve ? Dès que le pouvoir politique prend une décision qui est considérée comme une atteinte à cette valeur de l'égalité, tout le monde descend dans la rue pour manifester (on pense aux réformes de l'Université qui visaient à instaurer une sélection, et dernièrement au CPE perçu comme une discrimination envers les jeunes).

Je vous propose un jeu pour essayer de comprendre la difficulté que l'on peut rencontrer lorsqu'il s'agit de se mettre d'accord sur les modalités d'organisation de la justice sociale. Qu'est-ce qui est juste ? 


 Comment financer un équipement municipal ?

L’installation d’un terrain de tennis municipal coûte 70 000 € par an (investissement et fonctionnement compris), les prévisions de fréquentation sont de 10 000 heures par an. Le coût d’accès à une heure de tennis est donc de 7 €.

La commune comporte 5 100 habitants, 1 000 vont utiliser cet équipement:
- 20 agriculteurs (sur 300)
- 80 artisans, chefs d'entreprise (sur 400)
- 250 cadres et professions intellectuelles supérieures (sur 800)
- 300 professions intermédiaires (sur 1 000)
- 200 employés (sur 1 400)
- 150 ouvriers (sur 1 200)



Il existe, dans la réalité, plusieurs solutions possibles pour le financer selon que le poids est plutôt porté sur les usagers ( ceux qui utilisent ce service) et / ou sur les contribuables (ceux qui, en payant l’impôt, financent l’équipement)


Voici un résumé qui récapitule les différentes solutions possibles :


- la commune décide de donner la charge du terrain à une entreprise privée: c'est donc le client qui paie l'intégralité du coût plus la marge de l'entreprise (dont l'objectif est de réaliser un bénéfice): prix de l'heure de tennis: 10 euros (coût 7 euros + 3 euros de bénéfice)


- la commune décide de tout gérer, le financement repose totalement sur le contribuable. L'heure de tennis est gratuite, chaque contribuable voit ses impôts locaux augmenter de 7 euros (coût de l'heure de tennis)


- la commune décide de tout gérer, mais c'est l'usager (celui qui pratique ce sport) qui supporte le coût. L'heure de tennis est alors facturée 7 euros, le contribuable ne paye rien.


- la commune décide de tout gérer, elle partage le coût entre l'usager et le contribuable. Ainsi, le tarif de l'heure de tennis est de 3.5 euros. L'usager paye donc 3.5 euros, et le contribuable voit ses impôts augmenter de 3.5 euros.


- la commune délègue la gestion à une entreprise privée tout en subventionnant: le contribuable va voir ses impôts augmenter de 3 euros, l'heure de tennis est facturée 4 euros à l'usager, l'entreprise va faire une marge de trois euros.

Quelle est, selon vous, la solution de financement la plus juste ?

L'actualité de ces derniers jours illustre d'autres applications concrètes de ce dilemme: quelques communes ont annoncé la gratuité de la cantine.

Libération du 5 janvier 2007:

Raviolis gratuits dans les cantines de Drancy et du Bourget (Seine-Saint-Denis). Hier les maires UDF de ces deux communes ont annoncé que les quelque 3 000 élèves de leurs écoles primaires auront droit à un déjeuner «équilibré, quotidien et gratuit». Quelles que soient les ressources de leurs parents. Une première en France, d'après Christian Hébert, président de l'Association nationale des directeurs de restauration municipale.
Prix d'un bus. Cette mesure représentera une perte de recettes de 1,1 million d'euros par an pour ces deux villes. Elles la financeront pour moitié par des économies liées à la mise en commun des moyens et pour l'autre par la dotation de l'Etat versée à la communauté d'agglomération.


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