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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 07:48

J'ai encore fait une découverte très intéressante (je sais, c'est lassant !).
En ce moment, à l'Université pour Tous, nous traitons des évolutions et métamorphoses de la famille. Nous arrivons à la fin de l'étude.

J'ai souhaité travaillé sur l'actualité politique, en montrant comment la famille était prise en compte dans les programmes et discours des principaux candidats. Je suis allé sur le site Technologies du Langage, réalisé par deux enseignants de linguistique et d'informatique de l'université d'Aix en Provence.

Ils ont enregistré les discours des candidats et font apparaître un nuage de mots (Tag cloud nuage de mots clés bien connu sur certains blogs). Plus l'item est important, plus il a été cité au cours du meeting par le candidat.
En maîtrise de Sciences Politiques, j'avais réalisé un mémoire sur une campagne municipale à partir des tracts distribués. Cela m'avait pris pas mal de temps. Alors que maintenant, c'est très simple: je vais dans discours 2007, je tape "famille" ou "travail", je choisis le ou les candidats (je peux même comparer) et j'obtiens tous les discours dans lesquels ces termes apparaissent. Je clique sur le nuage, et Hop, il apparait.

Pour vous montrer l'intérêt d'un tel procédé, j'ai sélectionné pour vous quelques graphiques savoureux !


Question n°1: L'écologie est-elle un thème de campagne important ?


La réponse est non ! A part Dominique Voynet (qui utilise beaucoup ce terme 175 occurences pour 100 000 mots), on peut dire que l'effet Hulot a fait pschiiiiiit !
Le Pen arrive loin derrière, il est deuxième. On croit rêver !
Ségolène Royal et François Bayrou ne brillent pas...



Question n°2: Comment se définissent les candidats ?


Ceux qui emploient la formule "je veux" sont considérés comme volontariste et égocentré.
Le champion de la catégorie est Nicolas Sarkozy, mais il est suivi de très près par Ségolène Royal. Quand je pense que certain croient encore qu'il y a une façon différente de faire la politique parce qu'on est une femme !

Ceux qui utilisent très souvent "il faut" ont un petit côté collectiviste et impersonnel.
Arlette Laguiller est la championne toute catégorie du "il faut" !

La position de Jean Marie Le Pen est en partie paradoxale.
Il n'utilise quasiment jamais "je veux". Ce qui ne correspond pas à son image d'ordre et d'autorité.
Il emploie relativement peu "il faut", ce qui est moins surprenant car, dans ses discours, il dénonce toutes les politiques qui ont été faites et qui, selon lui, conduisent au chaos.


Question 3: Que dire de Jean Marie Le Pen ?

J'ai utilisé un discours (la Plaine Saint Denis 21 janvier 2007) dans lequel il traite de la famille pour essayer d'analyser sa représentation de la société.

Voici quelques extraits très révélateurs:

Appelant un chat un chat, je dis pour ma part que la France se décompose.

La destruction de la famille traditionnelle entraîne d'abord un affaiblissement de la morale sociale, puisque les valeurs fondamentales qui structurent la société sont moins transmises ou moins bien transmises aux jeunes.

Le déclin de la famille accentue également notre affaiblissement démographique, portant préjudice à notre puissance politique et économique, ainsi qu'aux équilibres sociaux.

Il faut le rappeler sans cesse : la famille est la cellule de base de notre société.

Elle est le socle de l'identité de la Nation et de son avenir. Elle est le lieu privilégié de l'éducation des enfants et de la transmission des patrimoines matériels et culturels, ainsi que des valeurs morales.

Mesdames et Messieurs, les gouvernements successifs depuis 30 ans sont responsables de cette situation, parce qu'ils ont imposé ce modèle de société, et parce qu'ils sont incapables de prendre les décisions de bon sens qui permettraient de remettre le pays sur les rails.

Le vrai bilan démographique montre l'exigence cruciale d'une politique résolue contre la déferlante migratoire, pour la natalité française et le dynamisme du peuple Français.


Voici maintenant son nuage pour le même discours


Le résultat est tout de même très révélateur.
Dans le discours, j'ai mis en gras les thématiques habituelles: le catastrophisme, l'ordre moral, la dénonciation de bouc-émissaires.

Le nuage apporte des renseignements intéressants:
- l'individu, sa personnalité, son autonomie est effacée au profit de personnes qui représentent des grandeurs qui les dépassent. Exemple: le terme enfant (= individu à part entière "l'enfant") n'apparait que très peu alors qu'enfants (au pluriel "les enfants" = individus membres d'une famille).

- La famille a deux fonctions: démographique (elle doit permettre à la société de se reproduire) et culturelle (elle doit représenter la Nation, la France, le pays).

- l'immigration est responsable de tous nos maux. Je pense qu'il y a cependant une légère atténuation de cette rhétorique par rapport à 2002. J'ai relu le programme de Le Pen de 2002 et ses discours de 2007, il y a incontestablement une volonté de paraître moins caricatural et plus crédible, y compris sur les questions de société.

Je pense que ce site est un instrument très utile, pour comparer les candidats, pour essayer de repérer les différences entre les gauches et les droites.

J'ai pensé procéder de la façon suivante en option Sciences Politiques:
- lire un texte d'André Comte Sponville (dictionnaire philosophique PUF 2001) pour repérer les différences entre la gauche et la droite (en termes historiques, philosophiques, économique, sociologique...)
- prendre différents discours et leurs nuages de mots pour retrouver les éléments de droite et de gauche. Ce qui permettra de vérifier si, sur le plan des discours politiques, les clivages politiques se vérifient ou non.

Il y certes des limites:
- analyse quantitative: ce n'est pas parce qu'un terme est employé souvent par des candidats qu'il est utilisé dans le même sens. Il faut donc lire les discours et percevoir le sens.
- analyse qui demande certaines compétences linguistiques pour analyser le sens des mots. Les auteurs du site, dans leurs billets, donnent quelques clés.

J'ai réalisé l'expérience sur SOS...SES...Je blogue ! Voici le résultat !



Bon, il y a quelques bugs (c'est clair: je ne savais que j'employais autant le mot nbsp ! Ah la la les erreurs dans l'Html et le css ...). Cela ne concerne que les derniers billets. Je ne sais pas trop quelle conclusion en retirer, sinon que je trouve cela joli (mais inutile !!)

En tout cas, moi je suis très fan.
Qu'en pensez-vous ?


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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 09:42
J'ai découvert grâce à David Mourey, un collègue, un site qui constitue une initiative intéressante.
Je vous donne la présentation qui en est faite.

Si vous cliquez sur les liens proposés, vous aurez accès directement à l'article proposé.

Par ailleurs, je vais faire une synthèse sur un des thèmes proposés pour vous montrer l'intérêt du site.


FITOUSSI, Jean-Paul et LAURENT, Éloi (dir.), France 2012
.
E-book de campagne à l’usage des citoyens, OFCE, 2007.
" FRANCE 2012: E-BOOK DE CAMPAGNE A L USAGE DES CITOYENS "
En ligne sur le site de l'OFCE ici :
Contre la vision religieuse de l’économie
La France européenne dans la mondialisation : protéger pour produire
Diagnostic, moyens et priorités
Le contrat social français, entre solidarité et diversité
La France européenne face à ses avenirs
I. Éléments pour un diagnostic: performance économique et « modèle » social
 
1. Les performances de l’économie française, au-delà des mythes
2. L’efficacité de la dépense sociale
3. Le modèle social « fantôme » : ségrégation, discriminations et inégalités
II. Les leviers de la France européenne
III. Les priorités pour l’avenir
1. Mondialisation et Europe : quelles règles ? Quels choix ?
2. Maternité, diversité, université : la préférence pour l’avenir
Comment réformer ?
L’incohérence temporelle des réformes dites « structurelles »
La crédibilité démocratique : instituer des réformes auto-correctrices
Contributeurs
L’usage de cet E-book est gratuit.

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 05:52

A l'Université pour Tous, hier soir, nous avons abordé la question de l'autorité dans la famille.
Ce thème de l'autorité occupe une place importante dans la campagne pour les présidentielles puisqu'on entend parler de candidat de l'autorité et du respect, il y a même des propositions pour restaurer l'autorité ici. Il n'y a pas que la droite qui se préoccupe de l'autorité, la gauche y va aussi de son petit couplet ici (cf discours de Rodez 12 mai 2006).
Je propose de resituer cela dans une perspective socio-historique à travers ce récit.


1911. Après sa journée passée au fond de la mine,le père rentre épuisé,il dénoue ses chaussures qu’il laisse tomber à terre. Sous la table, il voit les chaussures de son fils abandonnées. Il le rappelle son sèchement à l’ordre: " Robert, tu vas te dépêcher de ranger tes chaussures"
     Occupée dans ses marmites, la mère ramasse les chaussures de son mari et confirme d’un ton mécontent : « Ton père t’a dit de ranger tes chaussures ! »
Le gamin s’exécute sur-le-champ, heureux de ne pas se prendre une râclée au passage.


1936.
Employé de commerce, le père rentre chez lui. Même scène. Il appelle son fils et lui demande de ranger ses chaussures sans délai.
     La mère, occupée dans ses fourneaux, dit au gamin : « Ton père t’a dit de ranger tes chaussures ! ».
Puis, elle range les godasses du père en pensant secrètement : « Il pourrait tout de même le faire lui-même ! »
Quant au fils, il s’exécute tout en se disant :
 « Pourquoi moi, je dois ranger mes chaussures et pas lui"



1961. Instituteur, le père rentre à la maison. Même scène. Il appelle son fils :
« Je t’ai déjà dit de ranger tes chaussures quand tu rentres. »
Il pose les siennes dans un coin et se dit qu’il les rangera plus tard après s’être détendu.
La mère ajoute : « Sois gentil, range tes chaussures. » Voyant celles de son mari, elle dit devant l’enfant: « Chéri, avant de dire à ton fils de ranger ses chaussures, tu pourrais commencer par les tiennes. »
L’enfant, soutenu par sa maman, finit par les ranger en râlant : « Moi, j’rangerai d’abord mes chaussures avant de le demander à mes enfants. »




En 2006.
Cadre dans une banque, le père rentre à la maison, énervé. Même scène.
Le père se trouve devant trois scénarios.
1 / il donne l’ordre à son fils de les ranger avec un sourire qui exprime son manque de conviction en sa propre capacité à commander (le manque de conviction)
2 / lassé de répéter les mêmes choses, il ne dit rien et file devant la télévision pour oublier toutes ces complications (le renoncement).
3 / il range lui-même ses chaussures avant d’appeler son fils pour qu’il en fasse de même (l’exemplarité)

Quels sont les choix possibles de la mère ?

1 /
« Laisse-le tranquille, tu vois bien qu’il fait ses devoirs. Et puis, tu pourrais commencer par ranger les tiennes ! ».
Le fils compte les coups, suite à la dispute entre le père et la mère.
 
2 / la mère peut aussi ne rien dire et laisser ces deux-là s’expliquer. L’autorité du père n’étant plus relayée, elle est disqualifiée. Père et fils vont alors s’affronter avant de sortir blessés par l’affaire.
3 / Face à la démission du père, la mère peut encore ramasser les chaussures de l’un et de l’autre en disant : « Je ne suis pas votre bonne! »
Elle égalise ainsi la position du père et du fils mais s'infériorise en protestant.

4 / Elle peut démissionner, à son tour. Et lorsqu’ils auront faim, elle leur dira : « Vous n’avez qu’à réchauffer votre barquette au micro-ondes! »
Une attitude qui réduit à néant toute forme d’autorité partagée.

5 / La mère peut aussi dire à son fils
« Prends exemple sur ton père et range, toi aussi, tes chaussures ! »
Elle montre ainsi le respect que son père a pour lui et le respect qu’elle-même porte à son mari. Elle donne ainsi un modèle identificatoire à son fils, qui commence par appliquer à lui-même ce qu’il demande à l’autre…

Inspiré du texte du psychiatre français Daniel Marcelli, « Des godasses aux Nike, petite
histoire de l’autorité », paru dans « Questionsd’autorité » Erès 2006


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26 janvier 2007 5 26 /01 /janvier /2007 17:32
Comme les commentaires du billet précédent le laissent supposer, les idées reçues ont la vie dure.

J'avais pris soin de ne pas inclure la fonction publique dans les graphiques.
Evidemment, certains se sont engoufrés dans la brêche:
Ah oui, mais il n'y a pas les fonctionnaires dans vos statistiques sur les grèves...

Voici donc la réponse (soure la DARES ici)
En dehors des mouvements de grève au moment de la réforme Fillon sur les retraites, on peut voir que sur 8 ans, la France est effectivement ravagée par les grèves de fonctionnaires...

Quand je vous disais que les idées reçues ont la vie dure... Merci à Clément, Lulu et Cajou de m'avoir donné l'occasion de le démontrer...

Dans un autre domaine, l'immigration, j'ai bien aimé cet article sur les idées reçues

Sinon, le classique des classiques, dans un autre domaine, c'est la référence:


Allez, un dernier dessin du New Yorker pour la route
 
 Non, je ne veux pas jouer aux échecs, je veux juste réchauffer mes lasagnes

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5 janvier 2007 5 05 /01 /janvier /2007 16:31
En ce moment, je n'arrête pas de tomber sur des articles dont les titres sont aussi variés que "votre horoscope pour 2007", "mes prédictions pour 2007", " 2007: l'Année de.....". Il faut croire que c'est de saison.
La presse populaire a sorti le grand jeu pour cette fin d'année. Mais la presse nationale qualifiée de plus "sérieuse" n'est pas en reste: Libération a publié un article étonnant:
«Royal répond à la volonté de Pluton» Nouveau ralliement pour la candidate socialiste à la présidentielle : celui des voyants et les astrologues. (Emmanuèle PEYRET 29 décembre 2006 voir ici)

Dans le Nouvel Obs de cette semaine, un article montre que l'astrologie n'a jamais autant prospéré.

Essayons de lancer quelques pistes d'interprétation empruntées aux sciences sociales pour cerner ce phénomène.

un rapide constat

La croyance dans les phénomènes paranormaux est encore largement répandue comme en témoigne une série d'enquêtes menées depuis une vingtaine d'année par la SOFRES Croyances (en %),

 
Croyances (en %), enquête SOFRES 2000
La guérison par magnétiseur
54
Transmission de pensée
40
Rêves qui prédisent l'avenir
35
Astrologie (explication des caractères)
33
Prédiction des voyantes
18
Horoscopes, prédiction par les signes astrologiques
18
Les tables tournantes
15
Fantômes et revenants
13

Le numéro de la Revue Française de Sociologie de Janvier 2002 montre plusieurs faits relativement permanents:

- ces croyances n'ont pas beaucoup progressé de 1982 à 2002. Même si beaucoup de personnes lisent les horoscopes, peu croient en la rigueur des prédictions.

- l'analyse des déterminants sociodémographiques et idéologiques fait apparaître certaines régularités : les femmes, les jeunes, les personnes qui croient en un au-delà après la mort sont plus enclins à déclarer des croyances dans les para-sciences.

 - ces croyances sont aussi répandues chez les individus possédant un certain niveau de diplôme. Ainsi, des populations comme les enseignants en primaire ou collège semblent adhérer plus largement que la moyenne à certaine croyances. De même, l'intérêt affiché pour la science n'influe que peu les croyances relevées.


Il est vrai que, d'un point de vue économique, l'astrologie est devenu un produit de grande consommation.
Les chiffres sont évidemment sujet à caution. Le Nouvel Obs s'appuie sur les données du fisc: les astrologues professionnels ont versé en 2003 dans les caisses de l'Etat environ 1 milliard d'euros d'impôts, soit 63 % de plus qu'il y a 6 ans.
On retrouve là un mécanisme économique bien connu: l'appareil productif va marchandiser cette pratique.
Les nouvelles technologies vont permettre de multiplier les ventes: après les horoscopes dans la presse, les maisons d'édition ont sorti des collections qui ont réalisé des best-sellers (par exemple, les collections "Astro", l'ABC de l'astrologie aux éditions Grancher a été vendu à 250 000 exemplaires).
Aujourd'hui, l'Astrologie pénètre sur internet, la téléphonie mobile...
Cette marchandisation nous donne l'impression que l'influence de l'astrologie augmente.


Quelques éléments d'interprétation.

D'abord, voici une expérience de psychologie basée sur l'effet Barnum voir ici
Il permet d'expliquer sur quels ressorts psychologiques repose la croyance dans l'horoscope.

On peut également remarquer que les motivations pour les consommateurs d'horoscopes peuvent être très diverses, voire contradictoires: s'agit-il de se rassurer, s'amuser, de prédire le réel ou l'avenir ? Certains vont expliquer le relatif succès par le contexte: face à l'inquiétude sociale (le brouillage des identités avec la mondialisation, l'accélération du progrès technique, les nouvelles menaces climatiques), les idéologies politiques et religieuses traditionnelles n'apportent plus de réponses satisfaisantes aux questions existentielles.
Malgré les nombreux arguments solides de ceux qui veulent démontrer le statut de fausse science de l'astrologie, ces croyances ne reculent pas.

Essayons de comprendre. Une action, une croyance, est rationnelle, si l'acteur a de bonnes raisons de faire ce qu'il a fait, de croire ce qu'il croit.

Quelles peuvent être alors ces raisons ?


Comme la religion ou la pensée magique, la croyance en l'astrologie a des vertus anxiolytiques: elle va combattre l'état d'angoisse et d'anxiété en rassurant l'individu.
Avec la modernité et le processus d'individuation, chacun est sommé d'être lui-même, responsable et épanoui dans un contexte où les cadres de référence sont moins visibles. Ce facteur explicatif n'est pas propre à l'horoscope, la consommation marchande peut aussi avoir cette fonction sociale de "réassurance" et d'anxiolytique. Comme par hasard, le passage vers le nouvel an est à la fois un instant de forte consommation et de prédiction en tout genre.

Ensuite, l'analyse du contenu même de l'horoscope montre clairement qu'il joue un rôle de contrôle social en légitimant un certain ordre social.

Dans les années 1950, Théodor W. Adorno analyse la rubrique quotidienne « Prévisions astrologiques » du Los Angeles Times. Il y trouve un discours et des conseils préservant l'ordre social, ne remettant pas en cause les conditions objectives existantes et réduisant les tensions rencontrées par la personne à une simple question d'inadaptation individuelle.
En 1971, une étude des horoscopes de Madame Soleil menée par Science et Vie (n° 644, mai) souligne que les messages de la célèbre astrologue sont, entre autres, moraux : « Madame Soleil est la gardienne de l'ordre établi (...). A l'écoute de ses consultations, on déduit que les astres sont toujours hostiles à ceux qui veulent battre en brèche les traditions. »
Plus récemment, le sociologue P. Peretti-Watel épluche tous les horoscopes hebdomadaires d'Elizabeth Teissier parus dans Télé 7 Jours entre Décembre 2000 et Juillet 2001. Même constat que Adorno cinquante ans plus tôt, « l'horoscope de Télé 7 jours encourage la soumission aux supérieurs et le conformisme social en présentant sous un jour positif non pas les détenteurs de l'autorité auxquels il faut obéir, mais plutôt l'attitude quasi systématiquement recommandée au lecteur de garder un profil bas. » Source: AFIS Association Française pour une Information Scientifique 2004 ici

Reste que la croyance dans l'Horoscope est particulière: on peut parler de "semi-croyance".
Elle oscille entre la pensée purement magique et la volonté de rationnalisation (pour légitimer les prédictions, on va mobiliser tout un appareillage qui ne se rencontre pas toujours dans les autres formes de pratiques paranormales d'ailleurs, preuve il en est qu'il n'y a que 700 à 1 000 astrologues répertoriés contre 40 000 voyants, médiums et numérologues).

Le ou la semi-croyant(e) (car ce sont plutôt les femmes qui croient à cette pratique, les hommes étant plutôt adeptes des croyances liées aux OVNIS) va donc être à la fois dans la crédulité et la lucidité.
On ne peut être que surpris lorsqu'on entend telle personne justifier à postériori tel ou tel évènement par la prévision des astres et la même personne n'est pas totalement dupe, autrement dit elle ne croit guère à l'astrologie comme science.

C'est la raison pour laquelle la croyance astrologique continue de perdurer même si elle s'avère le plus souvent démentie par les faits (d'ailleurs, si c'était la véracité des prédictions qui expliquaient le succès marchand des horoscopes, il y a bien longtemps que l'astrologie aurait disparu: le 11 septembre 2001, un astrologue avait annoncé "une journée favorable aux transports". Qui s'en souvient ?)

Bon allez, je vous fais mes prédictions pour 2007:
c'est une année qui sera marquée par plusieurs étapes importantes (d'après la conjonction de Saturne et de Neptune)
- l'audience de mon blog continuera d'être soutenue, même si un palier est atteint.

- le web 2.0 connaitra un succès qui sera le signe d'une plus grande maturité, quelques affaires retentissantes viendront troubler cette croissance.

 - le champ politique verra la fin d'un cycle, de nouvelles personnalités incarneront ce renouveau.

- personnellement, je franchis moi aussi un cap: j'ai quarante ans...

 Finalement, c'est vrai: faire des prédictions ou les lire est assez anxiolytique...
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28 décembre 2006 4 28 /12 /décembre /2006 08:00
Je n'ai pas pu résister au plaisir de vous mettre cette histoire des religions en 90 secondes.

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Vous pouvez tenter d'ouvrir directement le fichier par ce lien.




C'est très instructif, j'aime bien ces perspectives de long terme.
J'avais déjà signalé un lien sur la région du Moyen Orient voir ici.

Les sciences sociales se sont évidemment intéressées au fait religieux.

Je voudrais juste esquisser quelques éléments qui me paraissent pertinents même s'ils suscitent toujours des controverses.


Chez Karl Marx, la religion est à la fois l'expression de l'aliénation des individus et un discours de légitimation de l'ordre établi:

"La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour l'autre, la protestation contre la détresse réelle.
La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit des conditions sociales dont l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple."





Chez Emile Durkheim, l'approche est différente même s'il recherche dans la société l'origine du fait religieux.
Le sentiment religieux se fixe sur un objet qui devient ainsi sacré. Il va définir le fait religieux de la façon suivante:

"La force religieuse n'est que le sentiment que la collectivité inspire à ses membres, mais projeté hors des consciences qui l'éprouvent, et objectivé (...) une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhérent."




Pour Max Weber, la sociologie étudie la façon dont la relation des individus affecte leur action sociale. la religion est
"une façon d'agir en communauté"
Les actes motivés par rapport aux "biens de salut" sont souvent orientés vers l'amélioration de l'existence terrestre.
Ce qui importe au sociologue, c'est que la croyance (en la vie éternelle) va conduire l'individu à accomplir (ou non) telle ou telle action. L'analyse de Max Weber va conduire à montrer que
les "actes motivés par la religion ou la magie sont des actes, au moins relativement, rationnels"
Le christianisme, par exemple, a contribué a désenchanter le monde antique en substituant aux dieux des mythologies grecque et romaine un dieu personnel unique et en construisant une théologie fondée sur une argumentation qui se veut rationnelle.



Evidemment, il y a eu bien d'autres sociologues contemporains qui ont analysé ces phénomènes.

Il s'agit juste de revenir aux "fondamentaux" pour éclaircir notre rapport à la religion.



Quels rapports a-t-on  à la religion ?


Un long mouvement de sécularisation s'est réalisé.
Il s'est manifesté par le déclin de l'influence r
eligieuse sur les autres dimensions de la vie sociale et par le recul de l'idée d'un fondement religieux de l'ordre social.

Ici, le pouvoir religieux encadrait les activités économiques (l'ouverture de la foire à Saint Denis) (cf la thèse de Karl Polanyi)
Fichier hébergé par Archive-Host.com
S'il est une vérité que l'histoire a mise hors de doute, c'est que la religion embrasse une portion de plus en plus petite de la vie sociale. A l'origine elle s'étend à tout; tout ce qui est social est religieux; les deux mots sont synonymes. Puis, peu à peu les fonctions politiques, économiques, scientifiques s'affranchissent de la fonction religieuse, se constituent à part et prennent un caractère temporel de plus en plus accusé." E. Durkheim, De la division du travail social.

Ce mouvement de sécularisation est étroitement lié à la modernité: la montée de l'individualisation conduit à affirmer le droit pour chaque groupe ou individu de choisir ses valeurs et ses engagements. On voit de plus en plus certains croyants eux-mêmes pratiquer leur interprétation des normes morales.

Face au renouveau de certains intégrismes et fondamentalismes, à l'essor des mouvements sectaires, peut-on parler d'un retour du religieux ?

On estime à 3 ou 4 % de pratiquants réguliers chez les chrétiens, des estimations montrent également que pour l'islam, il n'y a pas - contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire- une montée forte des pratiques.
 Ce lien montre combien il faut être prudent à ce sujet tant les fantasmes sont importants (voir également ici sur le sujet).
Il y a en France 3.5 millions de musulmans (...) Sur ces 3,5 millions de personnes, environ 5% iraient une fois par semaine à la mosquée. Soit à peu près 200 000 pratiquants. Parmi ces pratiquants, 4000 grands électeurs ont voté pour le Conseil français du culte musulman. 30 % d'entre eux, soit 1200 grands électeurs, ont voté pour l'UOIF. Concrètement, cela veut dire que l'UOIF représente 30 % des 200 000 pratiquants musulmans. Soit 60 000 personnes.
  Fiammetta VENNER Article paru dans Charlie Hebdo du 15 décembre 2004


Voici un extrait du Monde du 20 décembre 2006:

60% des Français se déclarent agnostique ou athée tandis que seuls 25% d'entre eux indiquent être croyant.
La France est ainsi le pays le plus éloigné de la religion, parmi les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Tels sont les premiers résultats d'une récente enquête sur le sentiment religieux de la population de ces six pays. Menée par l'Institut britannique Harris pour le Financial Times, ce sondage a porté sur 12 500 personnes, interrogées entre le 30 novembre et le 15 décembre.

Sans surprise, avec moins de 20% d'agnostiques et d'athées, les Américains sont les plus croyants.
Français et Américains sont également divisés sur la question du port de signes religieux à l'école publique. Les premiers sont contre à 90% tandis que les seconds sont 77% à n'y voir aucun inconvénient.
En revanche, les deux pays se rejoignent sur la question de l'enseignement de la religion à l'école. 59 % des Américains et 62% des Français s'y opposent, selon l'enquête Harris.


Il est vrai qu'on peut voir apparaitre divers mouvements qui expriment une identité sociale ou culturelle (les regroupements de type communautariste), d'autres qui prônent une certaine philosophie (l'intérêt pour le yoga ou le bouddhisme tibétain...). Leur extrême diversité empêche de les désigner sous l'étiquette de mouvement religieux.

S'agit-il d'un retour du religieux ou de sa recomposition ?


Voici une vidéo d'un sociologue qui montre toutes les ambiguités des rapports de l'Etat avec les religions.
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25 décembre 2006 1 25 /12 /décembre /2006 11:39
J'ai trouvé cette vidéo qui s'intitule "la politique de demain".

Voici un texte qui présente ce diner-débat:

c’est une "grosse" coproduction citoyenne francophone en matière de podcast vidéo politique à ce jour, quelques acteurs du PIF (Paysage Internet Français) citoyen parmi les plus actifs se sont associés à l’initiative du PoliTIC’Show afin de vous livrer un "cadeau de Noël" : nous avons réuni des jeunes "leaders politiques" et des chefs d’entreprises, entre autres, sur le plus beau bateau de la flotte des Yachts de Paris qui a accepté de nous accueillir le temps de ce programme inédit. Ensemble, nous avons, pendant 3 heures de croisière gastronomique, parcouru la Seine et une autre scène : celle des grands enjeux qu’ils identifieraient comme déterminants pour notre avenir commun.
Le PoliTIC’Show, Agoravox, LaTéléLibre, DesMotsDesCouleurs et la Générale de Production, en partenariat avec les Yachts de Paris sont fiers de vous présenter une émission unique, en compagnie de (et par ordre alphabétique) : Anne Le Strat, Arnaud Murgia, François Collet, Jean Ferré, Leonidas Kalogéropoulos, Olivier Martinelli, Quitterie Delmas, Razzy Hammadi, Roxane de Corte, Sophie de Menton, Thierry Solère et donc Etienne Chouard.








Je voudrais avoir vos réactions sur ce phénomène nouveau: le rôle d'internet dans la vie politique et l'émergence de nouvelles personnalités.

Cette campagne présidentielle risque d'être historique à plus d'un titre (j'en reparlerais). Nouveaux médias (le PIF) et nouveaux acteurs (je pense à Loic Le Meur et d'autres voir la vidéo).

S'agit-il d'un renouveau de la parole politique par les citoyens ou l'émergence d'autres leaders d'opinions face à la défiance des "professionnels de la profession politique" ?
Quelle crédibilité (je dirais légitimité) doit-on donner à ces nouveaux leaders d'opinions ?

Les thèmes abordés sont-ils les enjeux de la campagne ou s'agit-il d'un café du commerce nouvelle génération ?

Qu'apporte cette vidéo par rapport à une émission politique traditionnelle ?

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16 décembre 2006 6 16 /12 /décembre /2006 13:25
Je signale plusieurs liens sur le web qui concernent notre planète.
Certains sont vraiment très accessoires, d'autres peuvent constituer une base de données personnelles fort pratiques.
Cela illustre encore une fois toute la richesse des contenus sur internet (et encore, je me restreint aux sciences économiques et sociales).


- j'ai fait récemment un TD sur la pauvreté en France. Mais dans le monde ? Vous allez voir que vous êtes en réalité de sacrés privilégiés... allez ici.
Tapez le montant approximatif de vos revenus par an (ou celui de vos parents)
Vous verrez votre classement parmi les habitants de la planète....
Totalement inutile mais rigoureusement indispensable pour remettre certaines idées en place.





- Vous êtes comme moi, un peu mégalo.
Jouer à Civilization, Sim City, ou
d'autres jeux qui flattent votre égo ne vous suffit pas ?
Alors allez ici. Sur le site de l'INED, une animation:
Où êtes-vous au sein de la population mondiale ? Indiquez votre âge et vous saurez :

=> Combien il y avait d'hommes sur terre quand vous êtes nés ?
=> Combien de personnes sont nées la même année que vous ?
=> Combien sont encore en vie ?

=> Combien sont plus âgées que vous ?Combien sont plus jeunes ?
Après cela, si vous n'êtes pas rassasié, alors moi je ne peux plus rien pour vous.



- pour les curieux et curieuses, pour les visuel(le)s... un site qui dispose de plus de 4 000 cartes sur tout les sujets. Absolument fabuleux... Un trésor ici.
Moi, personnellement, j'y passerais des heures et des heures si j'avais le temps (en même temps, pour le vocabulaire en anglais, c'est l'occasion ou jamais d'en acquérir, hé oui, c'est encore un site anglo-saxon).

- Encore un site avec plein de cartes ici. On peut essayer d'établir des liens entre des variables diverses, c'est assez étonnant (on peut aussi y perdre
beaucoup de temps)

- Epoustouflant ! Oui, c'est le mot: regardez l'animation flash de notre planète à partir de données économiques ici. Si vous voulez voir l'animation plein écran ici. Vous souhaitez voir à quoi ressemble notre pays ? C'est simple cliquez là.
J'aime bien aussi la carte de la Chine ici  Je suis sûr que vous n'aviez jamais vu l'Allemagne comme cela ici

Comme dirait je ne sais plus qui... C'est dingue, non ?

Bon, les fêtes arrivent... L'autre jour, je regardais les dessins de quelques élèves (sur les tables - c'est pas bien ou sur des blogs - là c'est beaucoup mieux). Durant les vacances, je me replonge souvent dans des albums de dessins.
J'ai toujours autant de plaisir à relire et revoir:

- les expressions des personnages de Gotlib (site ici) et sa vision de l'Enfant sauvage tout à fait étonnante ici


- le coup de crayon de Franquin, notamment avec mon album préféré: "idées noires". Ici, une planche sur la peine de mort où l'on peut admirer sa science de la mise en page, du cadrage et son tracé inimitable.



- Claire Brétécher est aussi un vrai régal (voir son site ici). Moi je comprends par exemple un peu mieux pourquoi on a un problème avec l'autorité (voir cette planche des frustrés ici).


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8 décembre 2006 5 08 /12 /décembre /2006 05:49

La réflexion sur les médias est aussi ancienne que les médias : au XIV, le contrôle préalable des manuscrits est pris en charge par l'Eglise. L'invention de l'imprimerie par Gutenberg va permettre aux autorités politiques et religieuses de s'emparer du livre pour en faire un outil de propagande.

On est donc convaincu du pouvoir des médias, de leur effet de persuasion.

La réflexion théorique, approfondie ne s'engage qu'au XIXème siécle c'est-à-dire au moment où le texte imprimé se diffuse dans une presse de masse.

D'autres conditions seront nécessaires pour produire de nouvelles connaissances sur ce thème : des transformations sociales liées à l'évolution vers une société industrielle, urbaine dans laquelle les progrès de l'alphabétisation vont jouer un rôle clé.

Le tournant sera également réalisé avec l'avènement de nouvelles sciences, à la fin du XIX, début XX : ce sont les sciences sociales avec notamment, sur ce sujet, la sociologie et la psychologie qui permettront de mieux comprendre l'influence dont sont capables les moyens de communication.


Une influence massive et immédiate.
 
Thèse : les médias nous disent ce qu'il faut penser, le récepteur modifie ses opinions en fonction du message diffusé par l'émetteur

A relier au contexte de l'époque :

1930-1940 :émergence des régimes totalitaires qui font un usage massif et central de la propagande d'où le pessimisme radical.

1960-1970 : la société de masse et ses médias réputés « alienants » (début de la TV). Par exemple : selon Habermas, la politique n'est plus un espace public de délibération rationnelle mais un spectacle que l'on est convié à consommer au même titre que d'autres marchandises.


Doc.1 : un exemple célèbre.

Le 30 octobre 1938, sur CBS, un présentateur de radio annonce d'une voix angoissée qu'un vaisseau spatial venu de Mars s'est posé, que les Martiens progressent vers New York en tuant tout devant leur passage. En entendant cette nouvelle, des milliers de gens s'enfuient de chez eux, les hôpitaux accueillent des gens frappés d'hystérie.

Il s'agissait d'une adaptation fort réussie du roman de H-G Wells, la guerre des mondes, par Orson Welles.                                        

C. Debbasch, J.M. Pontier, Introduction à la politique, Dalloz 1998

Le canular en Belgique
 

Doc.2 : Deux ouvrages clés.

Le postulat de l'ouvrage du sociologue allemand Serge Tchakhotine est que « par certaines pratiques, on peut affaiblir la faculté de résistance des mécanismes nerveux supérieurs comme l'écorce cérébrale : il suffit de provoquer une généralisation de l'inhibition interne. Si dans ces conditions le sujet est frappé par une parole impérative ou par un ordre, cet ordre devient irrésistible » in le viol des foules par la propagande 1939.

Paru aux Etats-Unis en 1958, la Persuasion clandestine de Vance Packhard postule lui aussi que les médias disposent d'un pouvoir quasi illimité pour modeler les consciences.

Son analyse porte essentiellement sur la publicité. Mais Packhard met en avant la réflexion d'un publicitaire qui se vante de pouvoir mener à la victoire aussi bien un candidat républicain que démocrate.

Ces propos, nous dit Packhard, sont le signe que le citoyen est « de plus en plus traité comme le chien aux réflexes conditionnés de Pavlov ». Il suffit de matraquer quelques formules simples et concises, capable de susciter chez l'auditeur une gamme variée d'émotions (peur, espoir, désir...). Avec le temps, l'auditeur s'habitue à ces formules, les prescriptions qu'elles contiennent le feront saliver, et cela deviendra pour lui un réflexe que d'y obéir.

M. Derville, le pouvoir des médias : mythe ou réalité, PUF, 1996

La force de l'image, l'intelligence du montage et de la bande -son ont été utilisées par les pouvoirs politiques autoritaires.
Voici un autre exemple, moins dangereux, de montage sur un film que tout le monde a déjà vu: Mary Poppins. Un bel exercice de style, je trouve, non ?



  Une influence limitée et indirecte.


Thèse : les médias renforcent plutôt nos opinions pré-existantes qu'ils ne les modifient.
De plus l'action des médias n'est pas directe. L'idée sous-jacente, c'est que le public n'est pas passif, ni isolé.

A relier aux principes de la démocratie : le citoyen est assez intelligent pour se forger une opinion propre, ce qui évacue l'idée d'une manipulation générale, mais n'exclut pas des influences extérieures.

Doc.3 : La publication en 1944 de The People's choice marque une rupture majeure. Menée à l'occasion de la campagne présidentielle opposant Roosevelt à Wilkie en 1940, l'étude P. Lazarsfeld cherchait à identifier les différents facteurs déterminants le choix des électeurs. Les résultats montrent que le vote d'un individu est principalement déterminé par son groupe social d'appartenance (...)

Quatre ans plus tard, dans Voting, a study of Opinion Formation in a Presidential Campaign, P. Lazarsfeld renforçait ces conclusions en montrant que les individus qui avaient le plus changé d'opinion au cours de la campagne étaient en même temps ceux qui étaient les moins exposés aux médias.

Il précisait les mécanismes de la résistance au changement d'opinion en montrant l'existence d'une exposition sélective : la plupart des individus se préservent du changement en s'exposant aux messages qui s'accordent avec leur opinion déjà constituée. Autrement dit l'effet de la communication est de renforcer les opinions existantes. 

 D. Reynié, médias, pouvoir et politique in Découverte de la science politique n° 276 la documentation française 1996

 

Doc.4 : Ce phénomène de renforcement d'opinion s'explique par trois processus :

1°) l'exposition sélective : les individus écoutent plus facilement la propagande leur parti que celle de leur adversaire

2°) la perception sélective qui est l'application d'une idée simple : on ne voit bien et on n'entend bien que ce que l'on veut bien voir et entendre ; on est donc plus réceptif aux informations et arguments qui vont dans le sens de ce que l'on pense qu'à ceux qui contredisent ses opinions

3°) la mémoire sélective : on retient mieux ce qui va dans le sens de ses propres opinions.                                    

 C. Debbasch, J.M. Pontier, Introduction à la politique, Dalloz 1998   

 
 

Doc.5 : en 1955, E. Katz et P. Lazarsfeld publie Personal influence.

La partie la plus neuve de ce livre comportait les résultats d'une enquête menée sur 800 ménagères d'une petite cité du Middle West américain. Elle portait sur les changements effectués par ces ménagères dans quatre domaines : les achats ménagers, la mode, les affaires publiques et la fréquentation des salles de cinéma. Les femmes interrogées devaient notamment dire si les différentes sources d'information dont elles avaient disposé avaient ou non joué un rôle dans leur nouveau choix.

Le facteur décisif fut les contacts personnels qui surclassaient les moyens d'information dans chacun des domaines étudiés.

E.Katz et P. Lazarsfeld estimaient donc fondées leurs hypothèses de départ :

-         les individus sont d'abord soumis aux pressions des « groupes primaires » auxquels ils appartiennent (famille, proches, amis, collègues...). Ces groupes primaires maintiennent une conformité d'opinion parmi leurs membres ; les groupes ayant besoin pour se perpétuer que ne soit pas rompue cette conformité d'opinion, leur influence s'exerce dans le sens d'une résistance aux médias qui pourraient aller dans un sens non conformes aux normes et aux aspirations de ces groupes.

-         l'influence des contacts personnels est définitive plus efficace que celle des médias.

-         Les relations interpersonnelles servent de relais entre les gens qui sont exposés à l'influence des médias et ceux qui ne le sont pas. Ce rôle de relais est assuré par des « leaders d'opinion ».

Roland Cayrol, les médias, PUF 1991


 Une influence complexe à long terme

Thèse : les médias ont bien une influence, mais laquelle ?
Les journalistes et les médias sont des intermédiaires incontournables de toute communication de masse et exercent forcément sur les nouvelles et les enjeux un pouvoir :
                 => la fonction d'agenda : ils ne nous disent pas ce qu'il faut penser mais ce à quoi il faut penser.

                => la fonction d'évaluation : ils réalisent une mise en scène favorable ou défavorable de l'info.

 

Doc. 6 : L'hypothèse qui, depuis 25 ans, recueille une assez large adhésion, pose que l'influence des médias est davantage « cognitive » que « normative » : les médias réussiraient assez peu à orienter les opinions des gens, mais ils seraient très efficaces pour orienter leur attention sur tel ou tel objet.

Cette hypothèse, surnommée agenda setting (ou « fonction d'agenda ») a été étudiée pour la première fois par deux sociologies américains, M. Mc Combs et D. Shaw qui, lors de la campagne électorale américaine de 1968, ont observé que les électeurs accordaient aux différents enjeux de la campagne le même degré d'importance que les médias pouvaient le faire (...) Autrement dit, l'influence des médias consisterait moins à nous faire aimer ou détester Madonna ou Bill Clinton qu'à les rendre intéressants (...)


 Jean Charron, Sciences Humaines n° 74 juillet 1997


L'Express de cette semaine titre sur "Internet, le cinquième pouvoir".

Avez-vous été influencé par les médias ?
Faut-il croire la toute puissance des médias alors que:
- au printemps 2005, beaucoup de médias faisaient campagne pour le OUI
- la circulation de l'information se démocratise, se décentralise avec le web et les blogs.

voici ici un très bon lien sur l'utilisation récente d'une photo en période de guerre.

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28 novembre 2006 2 28 /11 /novembre /2006 06:15
Voici un résumé d'un rapport important disponible ici (format PDf)
Cet article est emprunté au site de Michel Husson

Le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) décrit une France inégalitaire, dans un rapport remis vendredi au Premier ministre Dominique de Villepin par son président, Jacques Delors.
Ce document pose essentiellement un diagnostic, qui servira de base de travail à une conférence sur l'emploi et les revenus prévue le 14 décembre.
Si le revenu disponible par habitant a cru en moyenne en France de 1,7% par an entre 1993 et 2005,(nous sommes donc en moyenne un peu plus riche chaque année depuis 8 ans),
"il y a indiscutablement un sentiment dans l'opinion publique que la vie est désormais plus difficile", estiment ses auteurs.

Ils insistent particulièrement sur les difficultés d'accès d'une grande partie de la population à un emploi stable.
"La principale source d'inégalité des revenus est l'instabilité et l'insécurité de l'emploi", écrivent-ils. "Si, pour une large partie de la population en âge de travailler, l'emploi est à temps plein et stable, une autre partie (les jeunes, les moins qualifiés, notamment) cumule instabilité de l'emploi et faible taux de rémunération."

L'écart entre le taux de rémunération nette des 10% de salariés de 25 à 54 ans les moins bien payés et celui des 10% les mieux payés est de l'ordre de un à trois, soulignent-ils. Mais si l'on considère le montant des salaires perçus dans l'année, l'écart est alors de un à 13, et même de un à 18 pour les femmes, en raison du cumul, dans la tranche basse, d'emplois à temps partiel et de ruptures d'emploi dans l'année.

Les auteurs soulignent au passage que le smic français est désormais inférieur au salaire minimum en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et même en Irlande et au Royaume Uni.
"Plus que du relèvement du salaire minimum, dont les conséquences sur l'emploi peuvent être négatives, les politiques de lutte contre la pauvreté doivent se préoccuper d'accroître l'emploi continu et à temps plein". Pour ceux qui restent exclus de l'emploi ou d'un emploi suffisant "se pose la question du niveau des minima sociaux, qui est faible", estiment-ils d'autre part

Ils font valoir que d'autres pays européens ont retenu des niveaux de minima sociaux supérieurs en contrepartie d'une plus grande exigence à l'égard des bénéficiaires.

Le CERC attire également l'attention sur l'impact de "l'étalement urbain" et plus particulièrement sur la situation des quartiers défavorisés.
"On ne peut pas encore parler de deux France mais le clivage de l'espace joue un grand rôle", a souligné Jacques Delors lors d'une conférence de presse. "Il y a des gens qui sont loin des bonnes écoles, loin des services publics" et pour qui le coût des déplacements, hors vacances, peut représenter en moyenne 25% du budget du ménage en Ile-de-France, a-t-il ajouté.

Le rapport met en doute l'efficacité des zones d'éducation prioritaire (ZEP) et des Zones urbaines sensibles (ZUS), qui se "surajoutent aux découpages politiques et administratifs déjà existants et accroissent la complexité et le manque de cohérence de l'action publique".
Il plaide pour une "mobilité géographique positive", par la dissémination des logements sociaux et une aide financière aux familles désireuses de quitter ces quartiers ou de mettre leurs enfants dans de meilleurs établissements scolaires

Les auteurs dénoncent d'autre part le fait que 190.000 jeunes sortent chaque année du système éducatif secondaire ou supérieur "sans les moyens de se défendre dans la vie", selon la formule de Jacques Delors.
"Nous pensons qu'un chantier national doit être ouvert pour permettre à tous ces jeunes de retrouver (...) à la fois le niveau de culture générale, le niveau de confiance en eux et les capacités qui leur permettront de se défendre sur le marché du travail".

De façon plus générale, les auteurs du rapport plaident pour des politiques publiques "mieux ciblées" et jugent nécessaire de relever deux défis : assurer un meilleur équilibre entre actifs et inactifs et "retrouver le plus rapidement possible une situation saine des finances publiques pour réduire sensiblement la dette" et retrouver des marges de manoeuvres pour faire face aux "nouveaux besoins sociaux".

Cela me paraît plutôt un bon diagnostique, il reste maintenant aux partenaires sociaux de se mettre autour d'une table et d'avancer.

Qu'en pensez-vous ?
Faut-il se dialoguer avec le MEDEF ? Faut-il chercher à négocier avec la CGT ?
Pensez-vous qu'ils puissent négocier et avancer ?
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