Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.
Document 1 :
Extraits de Mein Kampf d'Adolf Hitler (1925-1927) repris par J.J. Chevalier, Les grandes oeuvres politiques A.Colin
« C'est de « combattants » qu'aura besoin le nouveau Reich, non d'intellectuels. Une seule idée, mais c'est le noyau central de « l'idéalisme nazi », devra être inlassablement implantée dans les jeunes cervelles : celle de la Race. « Il ne faut pas qu'un seul garçon ou une seule fille vienne à quitter l'école sans avoir été amenée à la parfaite connaissance de ce que sont la pureté du sang et sa nécessité ».
Dans cette éducation, tout sera organisé systématiquement pour qu'en quittant l'école le jeune homme soit « un Allemand intégral », convaincu de la supériorité absolue des Allemands sur les autres peuples, et en même temps de la nécessité de la justice sociale à l'intérieur de la communauté nationale. Alors, au-delà des différences de classes sociales, naîtra un jour un peuple de citoyens, uni et amalgamé par un commun amour et une commune fierté, inébranlable et invincible à jamais. La crainte que le chauvinisme inspire à notre époque est la marque de l'impuissance de celle-ci. Toute énergie débordante lui fait défaut. Le destin ne l'appellera plus à accomplir de grandes choses. Car les plus grands bouleversements qui se sont produits sur cette terre auraient été inconcevables, si leurs ressorts avaient été, au lieu de passions fanatiques et mêmes hystériques, les vertus bourgeoises qui prisent le calme et le bon ordre. Il est sûr que notre monde s'achemine vers une révolution radicale. Toute la question est de savoir si elle se fera pour le salut de l'humanité aryenne ou pour le profit de l'éternel Juif. L'Etat raciste devra, par une éducation appropriée de la jeunesse, veiller à la conservation de la race, qui devra être mûre pour supporter cette suprême et décisive épreuve. Mais c'est au peuple qui s'engagera le premier sur cette voie que reviendra la victoire.
La consécration de cette éducation sera dans la remise, au jeune Allemand de bonne santé et de bonne éducation, d'un diplôme de citoyen du Reich, quand il aura accompli son service militaire. Car on ne naît pas citoyen du Reich, mais simple ressortissant. On devient citoyen si on le mérite. Ce diplôme sera le document le plus important pour toute l'existence ; il constituera un lien unissant tous les membres de la communauté et comblant le fossé entre les classes : « un balayeur des rues doit se sentir plus honoré d'être citoyen de ce Reich que s'il était roi d'un pays étranger ».
Mais reconnaître l'importance de la race, de l'inégalité des races, amène aussi à tenir compte de la valeur propre de l'individu, de la personnalité et de l'inégalité des individus. A l'intérieur même d'une communauté raciale, une tête n'est pas identique à une autre tête : « les éléments constitutifs appartiennent au même sang, mais ils offrent dans le détail mille différences subtiles » Dire qu'un homme en vaut un autre est un point de vue marxiste, juif. «Ce n'est pas la masse qui crée ni la majorité qui organise ou réfléchit, mais toujours et partout l'individu isolé », l'individu supérieur.
L'éducation est conçue aujourd'hui comme le développement des potentialités des individus qui doivent leur permettre de s'épanouir dans une société de liberté et de justice, d'avoir un libre arbitre, un esprit critique (le cadre est celui des droits de l'homme) Avec Hitler, l'homme doit être d'abord un combattant, un être supérieur et surtout ne pas réfléchir (anti-intellectualisme). L'éducation est conçue comme un dressage, un conditionnement. La raison est bannie au profit de la passion, de l'irrationalité. Le propre du discours idéologique est la rigidité du contenu, les actions qu'il relate peuvent se regrouper en fonctions peu nombreuses, combat et victoire, manque initial et restauration, infection puis épuration. Les personnages sont stéréotypés : combattants / intellectuels allemands / autres peuples peuple uni / différence de classes chauvinisme / impuissance passions fanatiques, hystériques / vertus bourgeoises, calme et bon ordre humanité aryenne / éternel Juif balayeur / roi d'un pays étranger inégalité des races / égalité point de vue marxiste, juif individu supérieur / masse la jeunesse dans ce système n'a pas besoin de raisonnement, mais d'actions, d'exemple, de vécu.
Quel rôle de l'homme politique ?
Document 2:
« Comme une étoile qui se lève, vous êtes apparu devant nos yeux émerveillés, vous avez accompli des miracles pour nous éclairer et, dans un monde de scepticisme et de désespoir, vous nous avez donné la foi. Vous vous dressiez au-dessus des masses, vibrant de foi et sûr de l'avenir, possédé par la volonté de libérer ces masses grâce à votre amour sans limite pour tous ceux qui croient au nouveau Reich. Dès le premier jour, nous avons vu le spectacle d'un homme qui arrachait leur masque aux visages tordus par la cupidité, aux visages de parlementaires médiocres (...)
En face du tribunal de Munich, vous avez grandi à nos yeux jusqu?à prendre les nobles proportions du Führer. Ce que vous avez dit, ce sont les plus belles paroles qu'on ait prononcées en Allemagne depuis Bismarck. Vous avez exprimé plus que votre souffrance (...) Vous avez exprimé le besoin de toute une génération, confusément en quête d'hommes et de mission. Ce que vous avez dit constitue le catéchisme de la nouvelle croyance politique, née du désespoir du monde sans Dieu qui s'effondre (...)
document 3:
Toi qui fais naître l'homme
Toi qui féconde la terre
Toi qui rajeunis les siècles
Toi qui fais fleurir le printemps
Toi qui fais vibrer les cordes musicales
Tu es la fleur de mon printemps
Un soleil reflété par des millions de coeurs humains
Poème de Rashimov, publié dans La Pravda du 28 août 1936
Dans un régime totalitaire, on voit à quel point la domination charismatique du leader est forte:
Les rapports dominants / dominés sont de l'ordre du culte, du religieux.
La soumission devient dévotion.
Les individus sont écrasés par l'émerveillement, l'énergie quasi-divine déployée par le leader, l'homme providentiel. Tel le messie, il trace la voie.
Il n'y a pas d'alternative, pas de choix, pas doute, le leader, le guide s'impose comme un phénomène naturel.
L'homme politique transforme les individus en masse, en un corps unique, il nie les différences, les conflits. Tout ce qui peut rappeler la lutte des classes, la démocratie, le parlementarisme a disparu.