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Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.

En ces temps de fêtes (religieuses ?)

Je n'ai pas pu résister au plaisir de vous mettre cette histoire des religions en 90 secondes.

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C'est très instructif, j'aime bien ces perspectives de long terme.
J'avais déjà signalé un lien sur la région du Moyen Orient voir ici.

Les sciences sociales se sont évidemment intéressées au fait religieux.

Je voudrais juste esquisser quelques éléments qui me paraissent pertinents même s'ils suscitent toujours des controverses.


Chez Karl Marx, la religion est à la fois l'expression de l'aliénation des individus et un discours de légitimation de l'ordre établi:

"La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour l'autre, la protestation contre la détresse réelle.
La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit des conditions sociales dont l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple."





Chez Emile Durkheim, l'approche est différente même s'il recherche dans la société l'origine du fait religieux.
Le sentiment religieux se fixe sur un objet qui devient ainsi sacré. Il va définir le fait religieux de la façon suivante:

"La force religieuse n'est que le sentiment que la collectivité inspire à ses membres, mais projeté hors des consciences qui l'éprouvent, et objectivé (...) une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhérent."




Pour Max Weber, la sociologie étudie la façon dont la relation des individus affecte leur action sociale. la religion est
"une façon d'agir en communauté"
Les actes motivés par rapport aux "biens de salut" sont souvent orientés vers l'amélioration de l'existence terrestre.
Ce qui importe au sociologue, c'est que la croyance (en la vie éternelle) va conduire l'individu à accomplir (ou non) telle ou telle action. L'analyse de Max Weber va conduire à montrer que
les "actes motivés par la religion ou la magie sont des actes, au moins relativement, rationnels"
Le christianisme, par exemple, a contribué a désenchanter le monde antique en substituant aux dieux des mythologies grecque et romaine un dieu personnel unique et en construisant une théologie fondée sur une argumentation qui se veut rationnelle.



Evidemment, il y a eu bien d'autres sociologues contemporains qui ont analysé ces phénomènes.

Il s'agit juste de revenir aux "fondamentaux" pour éclaircir notre rapport à la religion.



Quels rapports a-t-on  à la religion ?


Un long mouvement de sécularisation s'est réalisé.
Il s'est manifesté par le déclin de l'influence r
eligieuse sur les autres dimensions de la vie sociale et par le recul de l'idée d'un fondement religieux de l'ordre social.

Ici, le pouvoir religieux encadrait les activités économiques (l'ouverture de la foire à Saint Denis) (cf la thèse de Karl Polanyi)
Fichier hébergé par Archive-Host.com
S'il est une vérité que l'histoire a mise hors de doute, c'est que la religion embrasse une portion de plus en plus petite de la vie sociale. A l'origine elle s'étend à tout; tout ce qui est social est religieux; les deux mots sont synonymes. Puis, peu à peu les fonctions politiques, économiques, scientifiques s'affranchissent de la fonction religieuse, se constituent à part et prennent un caractère temporel de plus en plus accusé." E. Durkheim, De la division du travail social.

Ce mouvement de sécularisation est étroitement lié à la modernité: la montée de l'individualisation conduit à affirmer le droit pour chaque groupe ou individu de choisir ses valeurs et ses engagements. On voit de plus en plus certains croyants eux-mêmes pratiquer leur interprétation des normes morales.

Face au renouveau de certains intégrismes et fondamentalismes, à l'essor des mouvements sectaires, peut-on parler d'un retour du religieux ?

On estime à 3 ou 4 % de pratiquants réguliers chez les chrétiens, des estimations montrent également que pour l'islam, il n'y a pas - contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire- une montée forte des pratiques.
 Ce lien montre combien il faut être prudent à ce sujet tant les fantasmes sont importants (voir également ici sur le sujet).
Il y a en France 3.5 millions de musulmans (...) Sur ces 3,5 millions de personnes, environ 5% iraient une fois par semaine à la mosquée. Soit à peu près 200 000 pratiquants. Parmi ces pratiquants, 4000 grands électeurs ont voté pour le Conseil français du culte musulman. 30 % d'entre eux, soit 1200 grands électeurs, ont voté pour l'UOIF. Concrètement, cela veut dire que l'UOIF représente 30 % des 200 000 pratiquants musulmans. Soit 60 000 personnes.
  Fiammetta VENNER Article paru dans Charlie Hebdo du 15 décembre 2004


Voici un extrait du Monde du 20 décembre 2006:

60% des Français se déclarent agnostique ou athée tandis que seuls 25% d'entre eux indiquent être croyant.
La France est ainsi le pays le plus éloigné de la religion, parmi les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Tels sont les premiers résultats d'une récente enquête sur le sentiment religieux de la population de ces six pays. Menée par l'Institut britannique Harris pour le Financial Times, ce sondage a porté sur 12 500 personnes, interrogées entre le 30 novembre et le 15 décembre.

Sans surprise, avec moins de 20% d'agnostiques et d'athées, les Américains sont les plus croyants.
Français et Américains sont également divisés sur la question du port de signes religieux à l'école publique. Les premiers sont contre à 90% tandis que les seconds sont 77% à n'y voir aucun inconvénient.
En revanche, les deux pays se rejoignent sur la question de l'enseignement de la religion à l'école. 59 % des Américains et 62% des Français s'y opposent, selon l'enquête Harris.


Il est vrai qu'on peut voir apparaitre divers mouvements qui expriment une identité sociale ou culturelle (les regroupements de type communautariste), d'autres qui prônent une certaine philosophie (l'intérêt pour le yoga ou le bouddhisme tibétain...). Leur extrême diversité empêche de les désigner sous l'étiquette de mouvement religieux.

S'agit-il d'un retour du religieux ou de sa recomposition ?


Voici une vidéo d'un sociologue qui montre toutes les ambiguités des rapports de l'Etat avec les religions.
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A
excellente soirée
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C
pour la galette des rois on peut trouver un nouveau nom ? la galette de l'année qui débute ?
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C
Voila que j'ai eu le temps de refléchir lol, la religion est du domaine de la sphére privée, et la politique de la vie sociale, et j'aime même lu que au niveau députés y a une messe parlementaire une fois par an....
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K
Excellente l'animation on voit vraiment trois religions qui se détachent des autres. Très instructif je ne savais pas que le Bouddhisme avait cet ampleur.
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M
Nato, ton lien est superbe, magnifique...Je le place immédiatement dans mes marques - pagesDécidément, en ce moment, je n'arrête pas d'aller de découvertes en découvertes...
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