Je ne résiste pas à l'envie de citer le centre confédéral d'éducation ouvrière de la CGT en juin 1936 qui prodigue quelques conseils aux bénéficiaires des premiers congés payés:
"Il y a deux façons de concevoir la période des vacances.
Ou bien en randonneurs, vous irez, à travers toute une région, ceux-là par le train et les autocars, d'autres dans leur modeste voiture personnelle, d'autres en tandem, quelques uns à pied même (...)
Ou bien vous choisirez un lieu de résidence, une plage, une station dans la montagne, un village en pleine campagne, au bord de l'eau; et là vous vivrez paisibles coupant le séjour de quelques excursions joyeuses.
Ce sont là deux emplois du temps qui sont d'abord déterminés par des possibilités financières, nous le savons. Mais ils doivent correspondre aussi à des nécessités différentes.
La randonnée vous permettra de rapporter, avec un lot éclatant de visions, la joie d'avoir vu ce dont depuis si longtemps les autres parlaient, la joie de pénétrer un monde nouveau (...) N'oubliez pas cependant que de telles vacances seront fatiguantes aussi bien par leur rythme que par le cahot des voitures et la poussière des routes. Si votre vie habituelle est déjà une vie enfiévrée, où domine l'usure nerveuse, méfiez-vous des circuits impressionnants par la surface du territoire qu'ils recouvrent (...)
Songez que deux semaines de résidence en pleine nature, avec les longues flâneries sur le sable ou dans le pré aux herbes folles, vous apporteront, avec des joies profondes, plus d'équilibre et plus de détente; surtout ne cédez pas au désir d'aller dans tel endroit célèbre pour la sotte vanité d'en pouvoir discourir triomphalement à votre tour (...)
Ces vacances doivent être, avant tout, une compensation à tout ce que vous refuse d'ordinaire la vie; elles doivent vous offrir une possibilité d'être plus pleinement vous-même (...)
Cité par Danielle Tartakowsky in "Le Front Populaire" La Découverte GALLIMARD