Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.
- des normes / pratiques numériques à usage scolaire: faire des recherches sur Google, utiliser wikipédia, un traitement de texte, des sites de devoirs payants et personnalisés, des visites sur les sites disciplinaires, des recherches de corrigés, les forums (type yahoo questions et réponses), des services de traduction en ligne...
Ces normes se justifient par rapport à des valeurs , des croyances de plus en plus répandues: la fascination de la puissance de la technologie (le web 2.0 accentue cette croyance car il a rendu ces technologies facilement accessibles), la valorisation de l'autonomie individuelle (savoir se distinguer du monde adulte mais aussi de ses pairs en affichant sa singularité, on le voit clairement dans les skyblogs) et l'insertion dans un un fonctionnement en réseau interactif (ce qui compte, c'est moins le nombre d'articles dans un skyblog que le nombre de commentaires ou d'amis).
les sources de conflits entre la culture scolaire et la culture numérique des ados:
cette culture numérique occupe des plages horaires très importantes, plus grave encore, la perception du temps des ados est très différente de celle du temps scolaire.
Tout le contraire du temps scolaire: il est structuré (le découpage en plages horaires...), à moyen et long terme (l'utilité n'est pas visible immédiatement...), la réactivité est beaucoup moins fréquente (on privilégie la stabilité voire la routinisation des comportements).
elle exerce un pouvoir de fascination chez les adolescents, en développant notamment un sentiment de toute puissance et de "pensée magique": on le voit à propos du sentiment d'impunité en matière de téléchargement, beaucoup ont l'impression qu'il y a tout sur le net, que Google va donner la solution.
Dans la culture scolaire (surtout française), la technologie est regardée avec méfiance (voire mépris), ce qui fascine c'est le savoir, la culture savante parce qu'ils sont source d'émancipation.
Les adolescents vont utiliser les TIC comme un moyen d'échapper aux contraintes scolaires: comment savoir si votre enfant fait des recherches sur Google ou s'il est sur MSN pour échanger avec ses camarades ? Impossible de contrôler car ils font les deux en même temps (d'ailleurs beaucoup utilisent MSN pour s'entre-aider scolairement), en plus, en un clic de souris, on fait disparaître l'activité ludique pour ne montrer que l'activité scolaire.
Ce jeu du chat et de la souris est également manifeste dans leurs rapports avec les enseignants: le copier-coller, la recherche de "devoir tout fait" relèvent de cette même logique de confrontation.
Que se passe-t-il lorsque des groupes de cultures différentes ont des contacts durables ?
En simplifiant, on peut montrer que plusieurs cas sont possibles:
1 / un refus de l'autre culture.
Les manifestations de ce refus sont diverses: le groupe entre en résistance active,et peut mener une contre-acculturation (on réaffirme de façon très vigoureuse sa culture "d'origine" pour mieux stigmatiser l'autre culture: par exemple, chez les enseignants, on peut voir des postures qui consistent à snober internet).
Autre manifestation, plus passive: les individus se replient sur eux-mêmes, on ne veut pas voir ce qui se passe chez l'autre. Un peu comme si les adolescents et les enseignants vivaient dans deux mondes différents, chacun considérant qu'il n'y a rien à apprendre de l'autre, les contacts sont artificiels, le produit de ces relations tourne à vide.
Comment expliquer ces postures ?
Les deux cultures paraissent aux yeux de chacun (à tort ou à raison) trop éloignées l'une de l'autre . Ici, on pourrait l'analyser en termes de conflits entre les générations: "ils n'ont pas les mêmes centres d'intérêt, ils ne parlent pas la même langue...". ("ils" pouvant désigner les adolescents ou les enseignants)
Autre facteur explicatif: les emprunts à l'autre culture risqueraient d'avoir des effets destructeurs sur l'identité du groupe.
Ainsi, du côté des élèves, s'engager personnellement dans la culture scolaire comporte un risque majeur: celui de "se couper de ses pairs".
Du côté des enseignants, prendre en compte ces cultures juvéniles fait craindre de perdre son autorité ("les élèves en savent plus que moi, je ne veux pas paraître ridicule").
Ces situations font entrer les individus dans une logique de "perdant-perdant": les enseignants ne pourront plus exercer leur métier et les élèves passeront à côté des apports de la culture scolaire et iront de déceptions en échecs personnels.
D'autres cas de figure sont également possible:
2 / des mécanismes de transferts entre les cultures.
En théorie, on peut dresser une graduation dans les transferts / échanges entre les cultures
a- les individus acceptent en grande partie l'autre culture, c'est l'assimilation (qui n'est jamais totale cependant).
b- les individus des deux cultures coexistent, ils empruntent quelques aspects à l'autre groupe.
c- le syncrétisme: apparition d'une nouvelle culture qui est le fruit d'une combinaison d'éléments issus des deux cultures.