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Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.

M'sieur ! Je comprends pas....

M'sieur, M'sieur...comment y faut lire le chiffre ? M'sieur, je comprends pas le document... M'sieur, on n'arrive pas à faire le plan...

Ce sont des phrases que j'entends quotidiennement.
Lorsque l'objectif est d'analyser la dynamique des inégalités, de savoir si les nouvelles formes d'organisation du travail sont réellement nouvelles ou si la flexibilité permet de résoudre les problèmes de l'emploi (pour ne prendre que des exemples récents), les élèves sont souvent désarçonnés par la complexité des problèmes:

M'sieur, les inégalités, elles ont augmenté ou baissé ? M'sieur, mais le toyotisme, c'est bien différent du taylorisme ? M'sieur, la flexibilité c'est de la précarité ?

J'essaye de ne pas répondre directement à leurs questions au premier abord et de comprendre ce qui fait obstacle.
Ils veulent des réponses simples et binaires: oui / non; avant / après (c'est vrai que c'est rassurant).
Ensuite, ils comprennent qu'il faut nuancer mais cela aboutit souvent à des réponses contradictoires (donc pas de réponse, un relativisme absolu ou ce que j'appelle une "réponse de normand": p'tête bien que oui et  p'tête bien que non...).

En sciences sociales, il existe une très grande variété de facteurs qui peuvent influencer une variable, une corrélation n'est pas une toujours une causalité...

Il faut donc apprendre à gérer la complexité.

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J'avais en début d'année pris de bonnes résolutions voir ici . Certaines ont été appliquées, j'en avais un premier bilan ici.
Il me manquait une certaine diversification des pratiques de classe.
Depuis quelques temps, je multiplie les travaux de groupes avec 35 élèves en Terminale.
L'idée sous-jacente de cette pratique peut être résumée dans ces schémas ( j'ai remodelé les exemples donnés par Guitef dans son excellent blog ici)

Phase 1:
un objectif est posé.
du matériel est donné: des textes, des graphiques, des statistiques .
un temps est fixé.

J'essaie de sélectionner des documents qui peuvent être contradictoires, qui mettent en avant différents aspects).
Chacun doit écrire ce qu'il a compris du document et faire le lien avec le sujet et / ou les autres
documents.




Phase 2:

Mise en commun par groupe de 2-3-4 élèves.
J'attends de cette phase qu'ils se confrontent les uns aux autres par l'argumentation, qu'ils apprennent aussi des autres (tiens, je n'avais pas vu les choses comme cela).
Souvent, ils ne sont pas d'accord entre eux et me demandent en quelque sorte de venir jouer "l'arbitre". J'essaye au contraire de leur montrer qu'il est possible de dépasser ces contradictions: il faut raisonner en prenant en compte diverses variables et le contexte socio-historique.






Phase 3:

Il s'agit de mettre en forme le travail individuel et de groupe pour en garder une trace écrite et le communiquer aux autres. Un rapporteur du groupe peut alors venir au tableau et réaliser un bref exposé (5 à 6 mn)de ce qui a été mis en évidence.
Comme les autres groupes ont aussi travaillé le sujet, des questions, des discussions peuvent surgir à ce moment.
Je suis là pour recadrer, apporter des solutions aux difficultés.



Souvent, face à ce ty
pe d'organisation, trois critiques sont formulées:
- perte de temps, risque de ne pas terminer le programme...
- des bavardages, il y en a qui vont rien faire...
- les élèves en difficultés seront encore plus déstabilisés, seuls les meilleurs s'en sortiront.

Evidemment, il s'agit d'un cadre général, tout n'est pas parfait: il faut tolérer un peu plus de bruit (vous avez déjà essayé de discuter en silence vous ?), le rythme et le temps doivent être calibré, tous les thèmes de cours ne peuvent pas faire l'objet de ce type de séance...

Cependant, il me semble que les avantages sont bien supérieurs à ces quelques inconvénients. Je voudrais le démontrer simplement:
- perte de temps, bavardages, certains ne font rien ?
Il faut voir les discussions s'animer dans les groupes, à la fois sur des questions techniques (comment lire un document ?) et sur des débats de fond (les inégalités ont-elles augmenté ?).
Les élèves sont globalement beaucoup plus actifs que lors d'un cours magistral.
Evidemment, par moment, ils plaisantent, bavardent... C'est à moi de recadrer et de leur montrer qu'il ne reste pas beaucoup de temps...
Pour moi, il y a un double avantage: physiquement, je ne suis plus en position frontale avec une classe de 35 (ce qui est, croyez-moi, impressionnant). D'autre part, je vois beaucoup plus où se situent les blocages au niveau des apprentissages, et je peux donc apporter une solution plus personnalisée.



- reste la lourde question des élèves en difficultés. J'ai effectivement vu un certain nombre d'entre eux soupirer, faire des maths ou de l'histoire-géo (et ranger ou cacher les documents si si j'ai les noms).
Mais j'ai deux contre-arguments importants à ces critiques:
      1 / qui croit encore qu'avec un cours magistral classique, ces élèves en difficultés ne font pas ou ne pensent pas à autre chose ?
Au moins, en essayant autre chose, je me donne (et leur donne) une chance d'avancer...
      2 / il y a plus d'élèves qui sont actifs, ils me sollicitent davantage, je peux mieux y répondre car ils sont moins impressionnés de dire ce qui ne va pas.
En plus, en écoutant les discussions de groupe, ils peuvent aussi se rendre compte de ce qui a été fait par les autres (c'est donc possible de le faire)...

Avez-vous testé ce type d'organisation dans l'exercice de votre profession ?
Cette fameuse "intelligence collective" me parait essentielle, comment la faire émerger ?


Voici ici une vidéo des cours de SES (pas les miens, non non).
Je la trouve relativement bien faite.
Qu'en pensez-vous ?


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M
je suis d'accord aussi avec wendy ma soeur de réflexion!! pour les grands stressés comme moi entre autre c 'est difficile a gérer mais ce n'est pas impossible
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W
vous avez oublié de parler du célèbre plan " oui oui ", une expréssion qui marque! lol.<br /> je suis assez d'accord avec les filles le travail en commun c'est vraiment intérressant parce qu'on peu échanger nos idées, comparer se qu'on à compris et puis se rendre compte qu'on c'est trompé ou à l'inverse essayer de convaincre l'autre qu'on à raison.On progresse tjs plus à plusieurs.<br /> Par contre au niveau des plans détaillés que l'on fait surtout individuellement et  un peu en groupe, n'est pas quelque chose de spécialement agréable à faire et assez énervant surtout quand dès le sujet on est perdu. Et nous répéter sans cesses qu'il faut absolument savoir faire ces plans, sous entendu sinon on va pas allé bien loin,ben ça met la préssion encore plus et ça nous donne encore moins envie de le faire, sans parler du temps fixé que je  respecte pratiquement  jamais ( lol), pour les grands stréssé c'est pas de la tarte moi je dis....
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E
Une méthode que moi je trouve interressante! <br /> pour ma part j'ai souvent du mal a trouver les sous parties dans les plans et je trouve que cette méthode est interressante elle nous permet de confronter nos idées entre nous et surment de progresser en nous appyant sur nos camarades!<br /> il est vrai et je suis d'accord avec marie-laure que le passage a l'oral peux paraitre délicat mais cela nous force a travailler...
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A
Bravo pour ton organisation.Je travaille souvent comme ça. Non pas au même niveau mais tout de même... et pourtant ce sont des élèves en difficulté. J'ai surtout à coeur de les revaloriserBonne soirée Annie
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P
Je te souhaite une très belle fin de soirée, je te remercie encore pour ton soutien et pour tes commentaires si généreux.- Bisous - Pascaly    
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