Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.

Je ne mène pas au Nous...Episode 2

La suite de notre mécanisme lié à la théorie des jeux (voir précédent article).
Je vous propose quelques cas concrets (vous pouvez en trouver d'autres) afin de mettre à jour quelques pistes de réflexion.

On peut trouver de nombreux comportements de "passager clandestin" (le free rider ou voyageur sans billet est celui qui veut bénéficier d'un bien collectif sans en payer le coût). C'est une stratégie de non-coopération.

Niro Vasali Collaboration I


dans la sphère économique :

Soit un marché sur lequel domine 2 entreprises qui s'entendent pour limiter la production pour que l'offre soit inférieure à la demande, ce qui fera augmenter les prix donc leurs profits. On est en présence d'un marché oligopolistique.

Le premier chiffre dans la parenthèse représente le profit de A, le second, celui de B


Entreprise B
En mds d'euros
Respecte le quota
Ne respecte pas le quota
Entreprise A
Respecte le quota
(4,4)
(1.5)
Ne respecte pas le quota
(5.1)
(2.2)


 

Si vous êtes dirigeant de l'entreprise A, vous allez tenir le raisonnement suivant:

- soit je respecte le quota comme promis. Mais je prends le risque que B ne respecte pas sa promesse et je ne ferais qu'un milliard d'euros de bénéfice alors que B remportera le pactole avec 5 milliards d'euros.

- soit je ne respecte pas le quota. Si B le respecte, alors j'emporte le pactole de 5 milliards. Mais même si B ne respecte pas sa promesse, j'aurais un bénéfice de 2 milliards.

conclusion: dans tous les cas, j'ai plutôt intérêt à ne pas respecter le quota et B fera le même raisonnement que A. Les 2 partenaires vont être amenés à ne pas respecter le quota, le résultat sera donc 2.2 alors qu'il aurait dû être 4.4 (sous-optimal).

De plus, en produisant plus, ils prennent le risque que l'offre devienne supérieure à la demande, ce qui entraînera une baisse des prix et à terme menacera les bénéfices des deux entreprises.

 

 

Autre exemple: quand deux entreprises se font de la publicité pour attirer les mêmes clients, elles se trouvent dans la même situation.

Si aucune des deux ne dépensent des sommes importantes pour la publicité, elles se partagent le marché (c'est la coopération).

Si elles font toutes les deux de la publicité, elles se partagent aussi le marché, mais leurs bénéfices est moindre (il faut intégrer les coûts de la publicité).

Si l'un des deux fait de la publicité, elle emporte le marché en détournant les clients de l'autre entreprise.

Résultat: les deux entreprises vont se lancer dans la course au marketing et rentreront dans une spirale "perdant-perdant" !

 

Niro Vasali Collaboration II

 

 

 

dans la sphère politique


Si on prend 2 pays qui se demandent s'ils doivent fabriquer de nouvelles armes ou désarmer. Chacun préfère avoir plus d'armes que le voisin, car il a plus de poids dans la conduite du monde. Mais chacun aimerait aimerait pouvoir vivre tranquillement sans être menacé par les armes de l'autre.

Si l'un des deux pays décide de produire des armes, l'autre a intérêt à en faire autant pour éviter de perdre la suprématie.

Si l'un décide de désarmer, l'autre a encore plus intérêt à produire des armes pour dominer.

Donc les 2 pays se lancent dans une course aux armements qui les ruine et qui, en plus, les fait vivre dans un monde de plus en plus dangereux !!

 

 

Dans la sphère sociale

On a aussi l'occasion de multiplier les situations de ce type dans notre vie quotidienne. Je veux prendre quelques exemples très simples


Georges de La Tour, Le tricheur à l'as de carreau (vers 1635),
Musée du Louvre (Paris)


Exemple n°1:

Vous partez en pique-nique pour la journée avec d'autres personnes. Chacun apportera une partie du repas et tout sera mis en commun.


Si on applique le jeu, chacun compte sur l'autre pour apporter le pique-nique (en apportant un peu, genre 2 baguettes, bref un apport minime), si tout le monde raisonne comme cela, il n'y a rien à manger !!!

Je sais que l'exemple est caricatural, mais ne me dites pas que vous n'avez jamais été confronté à ce cas de figure !!


Exemple n°2:

Vous êtes mécontent de votre salaire et des conditions de travail. Les syndicats décident de lancer un mouvement de grève.
Vous pouvez faire le raisonnement suivant:

- soit je participe à la grève: l'idée est de collaborer, être plus nombreux pour faire pression. Le risque est de perdre de l'argent, de l'énergie (voire même d'être mal vu par ses supérieurs)

- soit je ne participe pas à la grève (tout en étant d'accord sur les revendications). Le risque est bien moindre: certes, l'efficacité du mouvement sera moindre. Mais, je ne perds pas d'argent et de temps. En plus, si la grève est un succès, je bénéficierais quand même des retombées: les hausses de salaires et les améliorations des conditions de travail sont collectives.
Or, si tout le monde raisonne comme cela, les mouvements sociaux seront de plus en plus rares alors que tout le monde a objectivement intérêt à y participer.

Exemple n°3:

Un professeur donne un exposé à faire par groupe. La note sera collective. Le raisonnement du passager clandestin peut se réaliser.
En effet, un élève peut se dire: "si je fais semblant de travailler, j'obtiendrais la même note que les autres tout en ayant pas fait grand chose. La note globale sera moins élevée que si tous les élèves avaient travaillé, mais je préfère avoir une note moyenne sans me forcer plutôt que gagner quelques points en travaillant. Le problème est que si tous les élèves adoptent cette stratégie, la note est très faible et ne permet même plus de "sauver les meubles" !

D'où ma question essentielle:

comment éviter les comportements de passager clandestin pour que tout le monde joue le jeu de la coopération ?

Donnez-moi vos trucs et astuces à partir des exemples proposés ! Je ferais un billet à propos de vos solutions pour les commenter et les discuter...

 
 
 

Technorati Tags:
Generated By Technorati Tag Generator

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
je n'ai pas spécialement de solutions miacles si ce n'est de faire en sorte que tout le monde soit motivé pour un projet commun, sans passager clandestin et avec ticket gagnant.<br /> Mais la collaboration ne peut se faire que sur des bases solides, basées sur les désirs et les compétences de chacun. Je viens de rentrer dans un collectif d'artiste auto-gérés, et donc je pourrai t'en dire plus dans quelques semaines. A priori, il ya quand même quelques moins responsables (genre je laisse tout trainer)... Mais pour le travail collaboratif en revanche c'est très dynamique.
Répondre
R
c'est presque désespérant à constater, en fait je me dis que le monde ne s'en sortira pas parce que nous sommes incapables de résoudre l'équation que tu proposes.par exemple par rapport à l'écologie, respect de l'environnement, le code de la route.... et les élections imminentes... je viens de voir un reportage édifiant qui me correspond tou tà fait à la télé : une nana a voté besancenot aux dernière élections présidentielles, et a regretté de l'avoir fait parce que la droite l'a emporté.alors que faire, voter pour le candidat de ses convictions, ou voter pour le moins mauvais pour empêcher la droit et l'extrême droite de prendre le pouvoir?? si davantage de gens pouvaient se dire : "mais non, nous sommes en mesure de faire une forte opposition à la droite, et de faire élire josé bové (ou besancenot, c'est pour l'exemple)!", alors peut-être les choses changeraient..merci pour la démonstration...
Répondre
L
Pour votre question n°3, j'aurais "légérement" envie de vous contredire ^^. Vous n'avez pas précisé si c'était à intérêts simples ou composés, donc 240 et 242 étaient possibles. Enfin je dis ça je dis rien ...<br /> Pour ce qui est de votre article, je viens de rentrer alors j'irai le lire demain.<br /> Bonnes vacances.
Répondre
C
Je ne crois pas que cela change car dans la réalité les taux sont calculés selon ce principe qui me parait logique car l'un des rôles du taux d'intérêt est de récompenser l'épargne (la non-consommation).
I
En fait, tout dépend du nombre de passagers clandestins… J’ai pour habitude de dire dans mes entreprises que quand les systèmes de contrôle coûtent plus chers que le gain retiré, il ne faut pas mettre en place la structure. Nous avons de nombreux exemples dans l’utilisation des prestations sociales. « On » avait envisagé de renforcer le système de contrôle pour les indemnités ASSEDIC, mais pour 1 à 2 % de fraudeurs la structure aurait coûté plus chère que le bénéfice retiré. « On » a voulu mettre en place le système des médecins référents… résultat : une usine à gaz où tout<br /> le monde<br /> se perd, qui a déjà coûté plus d’1 milliard à la sécu, sans aucun résultat visible dans les comptes… En fait, dans ce type de paradoxe, comme nous l’apprend si bien l’analyse systémique, pour que l’insolubilité de la solution ne devienne pas un problème, il faut déplacer la question en répondant d’une façon paradoxale… c'est-à-dire en posant le problème d’une autre façon ou en modifiant la structure qui a permis le problème, voire en la supprimant. C’est tout le sens que j’ai voulu donner à mes propositions de réformes sociales, économiques et institutionnelles… Bien amicalement. Toto (qui continue à vous suivre, bien qu’il soit débordé de travail)
Répondre
W
il y a aussi le cas ou des elèves manifestent contre la suspension de leur semaine de bac blanc et où beaucoup d'élèves ne manifeste pas mais se plaignent de ne pas avoir de bac blanc.....<br /> où alors il y a ceux qui particpe à la manifestation pendant une petite heure puis disparaissent comme par magie......<br /> Question solution au passager clandestin, moi j'en ai pas, je pense que de toute façon il y en aura toujours des profiteur ou des homo économicus si vous préférez..Pour l'exemple de la grève il faudrait appliquer les retombées uniquement à ceux qui se sont battut pour mais ça ne rime à rien , comme de noter individuellement quelque chose de commun, en fonction du mérite ( pas évident).
Répondre