Il y a quelques jours, le Conseil d'Analyse Stratégique (ex Commissariat au Plan) a remis un rapport au premier ministre concernant les métiers à l'horizon 2015 (voir ici).
Ce rapport est très riche, je voudrais me consacrer sur l'aspect de la mixité professionnelle qui me concerne à double titre: je suis enseignant et l'orientation fait partie de mes compétences professionnelles en partie, je suis père de 3 enfants (1 fille et 2 garçons) et l'éducation garçons-filles est l'objet de questions et de discussions.
Quels seront les métiers qui vont recruter ?
L’économie poursuivra sa tertiarisation. Entre 2005 et 2015, cinq domaines professionnels des services devraient concentrer l’essentiel des créations d’emploi : ce sont les services aux particuliers (400 000), la santé et l’action sociale (308 000), les transports et la logistique (225 000),les métiers administratifs (197 000) et le commerce et la vente (194 000).
Il est vrai que ces métiers correspondent à des besoins:
- vieillissement de la population mais aussi maintien d'une forte fécondité (nous sommes vice-champion d'Europe !); progression de l'activité féminine vont exiger de plus en plus de services à domicile.
- L'intensification des échanges économiques (au niveau européen et mondial) va créer des débouchés dans les transports, le commerce et la vente.
ces créations d'emplois seront beaucoup plus nombreuses dans les métiers reposant et exigeant des "compétences relationnelles" (savoir écouter, parler, conseiller...bref les fameux "savoir être").
Dans les métiers de l'industrie, du bâtiment et des services administratifs, les gains de productivité (liés aux nouvelles technologies comme les progiciels dont Clémentine nous a parlé ici) vont limiter les créations de postes d'exécution.
Ce mécanisme qui relie l'évolution de l'emploi, de la demande (ou de la croissance économique) et des gains de productivité est bien connu chez les élèves ayant suivi un enseignement d'économie.
la situation des femmes: quelques éléments de rappels
De 1982 à 2002, le nombre de femmes ayant un emploi a augmenté de 2 millions alors que celui des hommes progressait de 100 000 personnes. Le taux d'emploi des femmes est de 55 % contre 68 % pour les hommes, les écarts de taux de chômage entre homme et femme se sont réduits. Ce sont des signes évidents de progrès.
Pourtant, cette évolution de l'emploi féminin ne s'est pas faite dans les meilleures conditions:
- beaucoup de temps partiel (souvent contraint), de CDD,
- des emplois féminins qui sont concentrés autour d'une dizaine de professions. En Bourgogne par exemple, sur plus de 450 professions recensées, 300 sont exclusivement masculines, 75 sont majoritairement féminines, 60 sont réellement mixtes...
Dans mon lycée, il est facile de constater que plus de 95 % des élèves de Sciences Médico -Sociales sont des filles et que 95 % des élèves de Sciences et Technologies Industrielles sont des garçons. Et pourtant, nous avons un groupe de réflexion qui fait un travail remarquable sur la "diversification de l'orientation des filles".
Que prévoit le rapport pour 2005 - 2015 ?
Les métiers de cadre qui vont créer le plus d'emplois sont malheureusement ceux qui sont très majoritairement masculins et parallèlement les métiers d'employés peu qualifiés qui vont créer le plus d'emplois sont essentiellement féminins. (voir tableaux ci-dessous).
Ce qui me choque d'autant plus que les filles, on le sait, réussissent mieux à l'école que les garçons...
Conséquence: j'ai peur que la situation se dégrade si on n'agit pas en faveur d'une plus grande mixité professionnelle (dans les deux sens d'ailleurs: les métiers "masculins" doivent se féminiser et les "métiers féminins" se masculiniser).


Il nous faut donc (ici je parle des parents, des enseignants, des employeurs, des politiques...) passer des voeux pieux (tout le monde est d'accord) à des actions volontaristes.