Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.

Ecole: demandez le programme (partie 4)

Dans la continuité du précédent billet lié à ce thème et consacré à P. de Villiers, voici maintenant le programme du Front National sur l'école.
Voici ce qu'il y avait dans l'ancien programme du FN.
Cela signifie donc que, dans sa forme programmatique, ces idées ne peuvent tenir lieu de programme.
Je l'ai quand même placé pour avoir une idée un peu plus précise des différentes mesures du FN.

Les différentes mesures présentes dans l'ancien programme du FN (2002)

  •  


Il s'agissait donc du programme qui était valable lors de l'élection de 2002.

Evidemment, on retrouve avec force les idées fortes du FN: le catastrophisme (l'immigration et le "pédagogisme" sont désignés responsables),  le libéralisme (suppression de la carte scolaire, égalité public - privé, réduire les moyens de l'administration), l'autoritarisme (toujours le leitmotiv de rétablir l'autorité, casser les structures qui encadrent l'éducation bationale accusées de tous les maux...), et le nationalisme (restaurer la morale nationale, des enseignements qui donnent l'amour de la patrie...).

Ce programme a été supprimé au profit donc de "discours programmatiques": j'ai donc choisi de reprendre quelques lignes du discours consacré à l'éducation. (dijon, 26 novembre 2006)


Je suis partisan de la suppression des IUFM, instruments de la révolution culturelle au service de la gauche, et de leur remplacement par des Centres Pédagogiques Régionaux (...)


Un point commun avec Philippe de Villiers, mais il ajoute qu'il faut revenir au CPR: je le répète, j'ai eu comme formation ces stages CPR qui étaient totalement superficiels. J'ai eu le CAPES en juillet 1989, deux mois plus tard, j'avais la responsabilité de deux classes de seconde, je n'avais jamais fait de cours. Durant mon année "de formation", quelques journées pédagogiques totalement formelles (des cours en amphi, soporifiques et inintéressants...). Etre enseignant, cela s'apprend - même si le talent personnel rentre en ligne de compte- cette proposition est surréaliste.


Comme l'affirment l'écrasante majorité des enseignants, il est indispensable de rétablir l'effort et le travail, c'est-à-dire le fondement méritocratique de l'école, en relevant les niveaux d'exigence, notamment de passage dans la classe supérieure. l'élève doit être en état de suivre le cours de la classe dans laquelle il est - et en adjoignant aux bourses sur critères sociaux des aides au mérite sur la base de concours.

Du examens plus difficiles, des redoublements plus importants pour répondre à la soi-disant baisse de niveau (dont j'ai déjà parlé).

Beaucoup de généralités sur l'école méritocratique, les idées se sont singulièrement édulcorées...


Dans le contenu des enseignements eux-mêmes, je crois indispensable de rétablir la fierté d'être français (...)

 Ici, on retrouve le FN traditionnel...

Les bras m'en tombent. Des enseignements qui permettent d'être fier d'être français ? On est dans l'idéologie pure. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé lorsque le FN a géré des mairies, c'est à la culture et aux bibliothèques qu'il s'est attaqué en premier...

Alors que la France s'est illustrée dans le monde et dans la culture par son universalisme; alors que nous construisons avec d'autres une Union Européenne, que vient faire ce nationalisme ?



La scolarisation généraliste massive s'est accompagnée en effet d'un accroissement sensible des sorties sans qualification, tandis que 85% des apprentis trouvent du travail après avoir obtenu leur CAP ou leur BEP.
Le problème, c'est que la qualification et l'apprentissage concernent trop peu de gens.
En conséquence, l'école doit modifier le mode de formation des esprits, mais aussi le dosage entre la formation des esprits et la préparation immédiate aux métiers.

Il est en effet possible de renouer avec l'excellence et l'élitisme tout en développant l'attractivité et le poids des filières qualifiantes pour les jeunes qui sortent tôt du système éducatif,.

Voilà maintenant la solution à tous nos maux: l'apprentissage. Mais, qui peut considérer que le CAP et le BEP (qui sont cités) sont des niveaux de qualifications acceptables ?

Le risque d'une ségrégation est élevé: les uns iront en apprentissage (en général, ce sont toujours les mêmes socialement), les autres poursuivront des études... On retrouve l'école d'avant le collège unique, si élitiste...


Renouer avec l'excellence et l'élitisme intellectuel suppose de transformer le Brevet des collèges en véritable examen, de le rendre obligatoire pour le passage en seconde, et d'instaurer un examen d'entrée en première année d'Université.

Cela devient un leitmotiv: instaurer des examens de passage à chaque niveau. Des idées qui paraissent de bon sens. Au passage, pour quelqu'un qui veut restaurer l'importance des examens, le Bac n'est plus le premier diplôme universitaire puisqu'il faudra un examen d'entrée à l'université.

L'élitisme intellectuel: le mot est lâché. Il s'oppose à l'enseignement de masse.


Donner des qualifications pratiques aux jeunes nécessite de revaloriser les métiers manuels, méprisés depuis 30 ans, au nom, entre guillemets, « des études intellectuelles pour tous », utopie qui a littéralement transformé l'école en usine à chômeurs.

Des contre-vérités: l'école n'est pas une usine à chômeurs !!! Le diplôme reste une protection efficace contre le chômage. J'en avais déjà parlé, le catastrophisme a vite atteint des limites.






pour revaloriser les métiers aussi bien que les cursus généralistes, il est donc logique de supprimer le collège unique, collège inique, massificateur et niveleur, pour lui préférer des modes de formation différenciés.

Là aussi, une dénonciation de "l'égalitarisme" (thèmatique bien connue).

Quel bilan ?
Si on compare le premier programme et le discours actuel, on s'aperçoit des transformations du FN pour apparaitre comme une alternative crédible en 2007. Le programme de 2002 était plus préçis donc beaucoup plus critiquable.
En 2002, je me souviens durant l'entre-deux tours, les médias s'étaient mis à regarder (un peu tard) le détail des mesures du programme du FN. Des reportages montraient alors l'aspect irréaliste des mesures avancées...
Cinq années plus tard, le FN a retenu la leçon: c'est donc un discours plus vague, plus impréçis (il n'y a rien sur l'enseignement privé, l'immigration et les ZEP contrairement à 2002). Joli tour de passe-passe. 


Il n'en demeure pas moins que l'on sent toujours des thématiques chère à la droite: autorité, respect, ordre et élitisme qui s'opposent à égalitarisme, idéologie, pédagogisme...

La trop fameuse dialectique "ami-ennemi" a certes été édulcorée, mais elle reste sous-jacente.
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
que pouvons-nous faire contre la montée de Le Pen?si on le critique on parle de lui en le diabolisant et ça le fait monter dans les sondages et si on ne parle pas de lui on minimise son discours.
Répondre
C
Traitons pour ce qu'il est: un parti d'extrême droite qui veut prendre le pouvoir, c'est la fonction des partis politiques, non ?
C
quand arrive le vidéo projecteur Mr F. et va-t-on s'en servir en terminale?
Répondre
C
Les lenteurs de la bureaucratie m'exaspèrent...Je n'ai aucune idée, chaque fois que je demande, la réponse est toujours la même: "cela avance...oui, oui..."
C
A faire lire et relire pour éviter la cata ...
Répondre
Tout le travail de la Marine fille de.. a été de flouter les idées odieuses du parti. Qui hélas est crédité de 13% et que l'on sous-estime peut-être... Avec un discours populiste, facile à comprendre car simpliste, le FN est dangereux. Dangereux parce que l'idéologie extrême n'a pas disparu (voir sur OB les propos tenus par les militants de base qui sont racistes, homophobes etc..).<br /> Alors pour une société humaine, éclairée, pitié mais pas de Lepen au second tour. Excuses moi Moebius mais c'est atavique chez moi, je ne supporte pas le FN.
Répondre