Dans la continuité du précédent billet lié à ce thème et consacré à P. de Villiers, voici maintenant le programme du Front National sur l'école.
Voici ce qu'il y avait dans l'ancien programme du FN.
Cela signifie donc que, dans sa forme programmatique, ces idées ne peuvent tenir lieu de programme.
Je l'ai quand même placé pour avoir une idée un peu plus précise des différentes mesures du FN.
Les différentes mesures présentes dans l'ancien programme du FN (2002)
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Programme non officiel. Source : lemonde.fr
Plus d'informations :
- Afin d?encourager la création et le développement des établissements scolaires, ainsi que la qualité de leur enseignement, les versements effectués à ces établissements seront fiscalement déductibles.
- L?enseignement primaire continuera à se dérouler sur les cinq années, du cours préparatoire au cours moyen. L?enseignement secondaire verra reconstituer son unité et la progression pédagogique qui en découlait : le collège unique sera donc supprimé. Chaque établissement d?enseignement public sera soumis au contrôle de l?Inspection générale dont le rôle pédagogique sera réaffirmé, notamment en ce qui concerne les programmes. Ce contrôle portera, tant sur la qualité des pédagogies mises en oeuvre que sur les aptitudes et connaissances des professeurs. Le baccalauréat, qui continuera de clore le second cycle d?enseignement, sera rétabli dans sa double dimension, sanction du niveau atteint en fin d?études secondaires et témoin de l?aptitude à accéder à l?enseignement supérieur.
- Les futurs maîtres et professeurs, recrutés sur concours, seront ensuite mis en situation professionnelle devant les élèves, sous la responsabilité d?un tuteur, pour acquérir les réflexes pédagogiques indispensables à leur métier. Les IUFM seront supprimés et les écoles normales rétablies. Le CAPES ou l?Agrégation seront exigés pour l?enseignement secondaire. La formation professionnelle continue des enseignants sera systématisée. La formation des maîtres de l?enseignement privé sera du ressort exclusif de ce dernier.
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- Source(s) :
Programme non officiel. Source : lemonde.fr
Plus d'informations :
- Dans le cadre de sa souveraineté, la France définira librement, hors des ?conseils? de l?UNESCO, des déclarations de l?ONU ou de la commission de Bruxelles, sa politique d?enseignement. Les programmes et contenus d?enseignements, comme l?histoire ou la philosophie, seront revus pour donner une vision respectueuse des faits et pluraliste des disciplines concernées. Les tentatives d?endoctrinement ou de manipulation idéologiques des élèves par des enseignants seront sévèrement sanctionnées. Les agents publics auteurs de tels manquements seront révoqués. Toute réunion à caractère politique ou manifestation de prosélytisme dans les établissements d?enseignement seront interdites.
- L?institution du revenu parental comme le développement des formules de garde de la petite enfance ? dont le coût ne sera pas inférieur à celui d?une place de crèche ?, permettront d?éviter un recours excessif à la ?classe maternelle?, scolarisation trop précoce. La durée de la scolarité obligatoire ne se justifie plus : c?est l?intérêt et l?aptitude de l?enfant qui doivent, avant tout, être pris en compte. Ainsi chaque établissement d?enseignement fixera librement l?âge minimum d?admission comme les conditions de redoublement.
- Chaque établissement d?enseignement public sera doté de la personnalité morale et de l?autonomie financière et pédagogique. Il sera dirigé par un directeur et un conseil d?administration, comprenant professeurs et parents, élus par leurs pairs dans le cadre d?un scrutin proportionnel. L?établissement déterminera son budget, les conditions d?admission et de contrôle des connaissances, la discipline et le règlement intérieur, l?effectif et les conditions de recrutement des professeurs dont l?aptitude sera, au moins pour une partie d?entre eux, mesurée à l?aune de concours nationaux sérieux.
- L?enseignement doit permettre à tous les futurs adultes de savoir lire, écrire, compter et s?exprimer correctement en français. Les programmes comporteront obligatoirement, pour ce qui est de l?enseignement primaire public, l?acquisition de la pratique de la lecture par la méthode syllabique et du calcul par l?arithmétique. L?accès à la classe de sixième ne sera possible que si l?enfant démontre une connaissance suffisante de la langue française et du raisonnement logique. Ce niveau pourra être constaté par un examen. Dans le secondaire, les programmes prévoiront obligatoirement la pratique de la dissertation française, l?enseignement de l?histoire littéraire française et de la philosophie des Grecs à nos jours, l?approfondissement du raisonnement mathématique, l?initiation aux ?humanités? : ces savoirs développent en effet la logique, condition d?utilisation avec succès des nouvelles technologies d?information et de communication. Les langues étrangères ne seront enseignées qu?à partir de la classe de sixième, une fois maîtrisées les bases de la langue française.
- L?école doit retrouver le chemin de la qualité, ce qui implique de redonner vie au principe de sélection par le mérite. Ainsi, les établissements d?enseignement public définiront-ils les conditions pédagogiques d?admission des élèves, dans le cadre des orientations du ministère chargé de l?enseignement. L?émulation sera encouragée entre établissements, quel que soit leur statut, de même qu?elle le sera entre les élèves au sein d?une même classe. Les contrôles de fin ou d?entrée de cycle seront rétablis : entrée en sixième, fin de la classe de troisième, baccalauréat. Les établissements d?enseignement seront incités à mettre en valeur les résultats des élèves et des étudiants, par l?attribution de prix ainsi que par le rétablissement des notations chiffrées et du classement. Les concours généraux seront systématisés dans toutes les disciplines et organisés tant au plan national que régional et local. L?ensemble de ces initiatives pourra être soutenu et financé par une Fondation pour le mérite.
- Les enseignants exercent au sein de la société une fonction qui leur confère des devoirs et des droits. Aussi, le déroulement de la carrière des enseignants doit-il se faire au mérite au travers d?une inspection pédagogique régulière, prenant en compte les connaissances et l?aptitude professionnelle du maître ou du professeur. Les manquements à la déontologie ou à la neutralité professionnelle, les insuffisances et l?absentéisme seront sanctionnés. Les enseignants verront leur statut et leur rémunération revalorisés.
- L?instruction concourt, d?abord, à former des citoyens respectueux de leurs devoirs : à l?école primaire publique, tous les jeunes français recevront une formation poussée en instruction civique et des cours de morale élémentaire. L?histoire et la géographie privilégieront la France et son identité. Cet enseignement devra rompre tout particulièrement avec l?endoctrinement ?politiquement correct? qui sévit actuellement dans l?école publique. Notre hymne national comme le respect de notre drapeau seront appris dans les classes primaires et les enfants participeront aux cérémonies patriotiques nationales.
- L?enseignement doit redonner vie aux disciplines (littérature, histoire, géographie, arts plastiques, musique) qui, par l?accès aux incomparables acquis de la civilisation française et occidentale, élèvent l?esprit jusqu?à la perception des valeurs vraiment universelles. Tous les modes de contrôle de connaissances comporteront obligatoirement des épreuves portant sur ces disciplines, quelle que soit l?option choisie par les candidats. L?enseignement de l?histoire privilégiera la connaissance de notre continuité nationale, en mettant l?accent sur les pages glorieuses de notre passé. L?enseignement des langues anciennes sera encouragé, tandis qu?un haut niveau d?exigences orthographiques et lexicales françaises sera exigé de tous les candidats aux examens et concours.
- En plus de l?enseignement des connaissances de base et de celles qui confortent l?identité nationale, l?accent sera mis, grâce à l?aménagement des rythmes scolaires, sur l?apprentissage de la musique, de la peinture et de la sculpture ainsi que des travaux manuels à but pédagogique (bois, fer, reliure), tant dans le primaire que dans le secondaire. Une formation équilibrée ne forme pas seulement l?esprit, elle éduque aussi la voix, le regard, la main, c?est-à-dire le bon goût.
- Tant pour faire place aux enseignements artistiques qu?à l?éducation physique et sportive, les rythmes scolaires seront aménagés : le matin, les enseignements de base, l?après-midi, les enseignements artistiques et corporels. Pour cela, l?année scolaire sera découpée en trois trimestres aussi équilibrés que possible en nombre de semaines (12 maximum), afin de tenir compte des rythmes biologiques et de la fatigue de l?enfant. La semaine scolaire de cinq jours (lundi-vendredi) sera instituée.
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- Source(s) :
Programme non officiel. Source : lemonde.fr
Plus d'informations :
- Chaque famille française sera attributaire d?une allocation annuelle, pour chacun de ses enfants soumis à l?obligation d?instruction. Le chèque scolaire, financé par le budget de l?État, éventuellement complété par les collectivités locales, variera en fonction de l?âge de l?enfant. Il permet l?inscription de l?enfant dans l?école choisie par les parents, quel que soit son statut. Endossé par les parents au profit de l?établissement de leur choix, il est payé à celui-ci par le Trésor public. Le chèque scolaire permet le financement des frais d?inscription, de scolarité et de fonctionnement des établissements publics ou privés, choisis par les parents.
- En plus du chèque scolaire généralisé pour les familles, les familles les plus modestes seront aidées par un ?chèque-livres? pour l?acquisition des ouvrages et des petits matériels pédagogiques.
- Enfin, l?État et les collectivités locales auront la possibilité d?attribuer, aux plus méritants des élèves et des étudiants, des bourses ainsi que des ?prêts d?enseignement? consentis à des taux privilégiés et remboursables lors de leur entrée dans la vie active.
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Il s'agissait donc du programme qui était valable lors de l'élection de 2002.
Evidemment, on retrouve avec force les idées fortes du FN: le catastrophisme (l'immigration et le "pédagogisme" sont désignés responsables), le libéralisme (suppression de la carte scolaire, égalité public - privé, réduire les moyens de l'administration), l'autoritarisme (toujours le leitmotiv de rétablir l'autorité, casser les structures qui encadrent l'éducation bationale accusées de tous les maux...), et le nationalisme (restaurer la morale nationale, des enseignements qui donnent l'amour de la patrie...).
Ce programme a été supprimé au profit donc de "discours programmatiques": j'ai donc choisi de reprendre quelques lignes du discours consacré à l'éducation. (dijon, 26 novembre 2006)
Je suis partisan de la suppression des IUFM, instruments de la révolution culturelle au service de la gauche, et de leur remplacement par des Centres Pédagogiques Régionaux (...)
Un point commun avec Philippe de Villiers, mais il ajoute qu'il faut revenir au CPR: je le répète, j'ai eu comme formation ces stages CPR qui étaient totalement superficiels. J'ai eu le CAPES en juillet 1989, deux mois plus tard, j'avais la responsabilité de deux classes de seconde, je n'avais jamais fait de cours. Durant mon année "de formation", quelques journées pédagogiques totalement formelles (des cours en amphi, soporifiques et inintéressants...). Etre enseignant, cela s'apprend - même si le talent personnel rentre en ligne de compte- cette proposition est surréaliste.
Comme l'affirment l'écrasante majorité des enseignants, il est indispensable de rétablir l'effort et le travail, c'est-à-dire le fondement méritocratique de l'école, en relevant les niveaux d'exigence, notamment de passage dans la classe supérieure. l'élève doit être en état de suivre le cours de la classe dans laquelle il est - et en adjoignant aux bourses sur critères sociaux des aides au mérite sur la base de concours.
Du examens plus difficiles, des redoublements plus importants pour répondre à la soi-disant baisse de niveau (dont j'ai déjà parlé).
Beaucoup de généralités sur l'école méritocratique, les idées se sont singulièrement édulcorées...
Dans le contenu des enseignements eux-mêmes, je crois indispensable de rétablir la fierté d'être français (...)
Ici, on retrouve le FN traditionnel...
Les bras m'en tombent. Des enseignements qui permettent d'être fier d'être français ? On est dans l'idéologie pure. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé lorsque le FN a géré des mairies, c'est à la culture et aux bibliothèques qu'il s'est attaqué en premier...
Alors que la France s'est illustrée dans le monde et dans la culture par son universalisme; alors que nous construisons avec d'autres une Union Européenne, que vient faire ce nationalisme ?
La scolarisation généraliste massive s'est accompagnée en effet d'un accroissement sensible des sorties sans qualification, tandis que 85% des apprentis trouvent du travail après avoir obtenu leur CAP ou leur BEP.
Le problème, c'est que la qualification et l'apprentissage concernent trop peu de gens.
En conséquence, l'école doit modifier le mode de formation des esprits, mais aussi le dosage entre la formation des esprits et la préparation immédiate aux métiers.
Il est en effet possible de renouer avec l'excellence et l'élitisme tout en développant l'attractivité et le poids des filières qualifiantes pour les jeunes qui sortent tôt du système éducatif,.
Voilà maintenant la solution à tous nos maux: l'apprentissage. Mais, qui peut considérer que le CAP et le BEP (qui sont cités) sont des niveaux de qualifications acceptables ?
Le risque d'une ségrégation est élevé: les uns iront en apprentissage (en général, ce sont toujours les mêmes socialement), les autres poursuivront des études... On retrouve l'école d'avant le collège unique, si élitiste...
Renouer avec l'excellence et l'élitisme intellectuel suppose de transformer le Brevet des collèges en véritable examen, de le rendre obligatoire pour le passage en seconde, et d'instaurer un examen d'entrée en première année d'Université.
Cela devient un leitmotiv: instaurer des examens de passage à chaque niveau. Des idées qui paraissent de bon sens. Au passage, pour quelqu'un qui veut restaurer l'importance des examens, le Bac n'est plus le premier diplôme universitaire puisqu'il faudra un examen d'entrée à l'université.
L'élitisme intellectuel: le mot est lâché. Il s'oppose à l'enseignement de masse.
Donner des qualifications pratiques aux jeunes nécessite de revaloriser les métiers manuels, méprisés depuis 30 ans, au nom, entre guillemets, « des études intellectuelles pour tous », utopie qui a littéralement transformé l'école en usine à chômeurs.
Des contre-vérités: l'école n'est pas une usine à chômeurs !!! Le diplôme reste une protection efficace contre le chômage. J'en avais déjà parlé, le catastrophisme a vite atteint des limites.

pour revaloriser les métiers aussi bien que les cursus généralistes, il est donc logique de supprimer le collège unique, collège inique, massificateur et niveleur, pour lui préférer des modes de formation différenciés.
Là aussi, une dénonciation de "l'égalitarisme" (thèmatique bien connue).
Quel bilan ?
Si on compare le premier programme et le discours actuel, on s'aperçoit des transformations du FN pour apparaitre comme une alternative crédible en 2007. Le programme de 2002 était plus préçis donc beaucoup plus critiquable.
En 2002, je me souviens durant l'entre-deux tours, les médias s'étaient mis à regarder (un peu tard) le détail des mesures du programme du FN. Des reportages montraient alors l'aspect irréaliste des mesures avancées...
Cinq années plus tard, le FN a retenu la leçon: c'est donc un discours plus vague, plus impréçis (il n'y a rien sur l'enseignement privé, l'immigration et les ZEP contrairement à 2002). Joli tour de passe-passe.
Il n'en demeure pas moins que l'on sent toujours des thématiques chère à la droite: autorité, respect, ordre et élitisme qui s'opposent à égalitarisme, idéologie, pédagogisme...
La trop fameuse dialectique "ami-ennemi" a certes été édulcorée, mais elle reste sous-jacente.