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Pour redonner du sens aux mutations économiques et sociales, des articles et des liens liés aux sciences économiques et sociales, aux débats actuels.

la présidentielle: l'élection et l'émission

voici l'épisode 1 d'une série de billets sur l'élection présidentielle.
Il s'agit d'un documentaire de la chaine histoire.
Ce premier volet porte sur l'élection du président.

 




Il y a la réponse à la question du quizz, je vois qu'au passage, trop peu de personnes ont donné la bonne réponse.

Le documentaire montre que, ce qui nous parait évident (l'élection du président de la République au suffrage universel) a mis des dizaines d'années à s'imposer.

Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 du premier président élu directement par le peuple (en partie grâce à son nom célèbre) a rangé l'élection du président au suffrage universel direct dans l'arsenal de la dictature.

Sous la IIIeme et lVeme, le président sera élu par le Congrès (la réunion des députés et des sénateurs) puis par un collège de moins de 90 000 électeurs.

En 1962, De Gaulle va proposer une réforme constitutionnelle considérable: l'élection du Président (qui a beaucoup plus de pouvoirs qu'auparavant) directement par le peuple.
Cette disposition appliquée pour la première fois en 1965 va asseoir la très forte légitimité du rôle du président et accentuer la personnalisation du régime. La dernière grande réforme importante concerne la durée du mandat présidentiel qui a été ramenée de 7 à 5 ans.

Depuis 1848, la France aura eu 22 présidents de la République dont 5 élus au suffrage universel direct.


Apprendre à voter, c'est en effet comprendre le lien qui peut exister entre le bulletin de vote et sa propre vie quotidienne.

On comprend alors le succès de l'émission de TF1 lundi soir (8.9 millions de téléspectateurs): il s'agit de mettre en scène médiatiquement ce lien.


Le rôle des journalistes politiques correspondait à celui du suffrage indirect de la IIIème et IVème République.  En effet, le suffrage indirect ne donnait aux électeurs que le droit d'élire des grands électeurs, qui eux élisaient les titulaires des charges publiques. En supprimant les journalistes politiques, on a donné médiatiquement le pouvoir aux citoyens (ici, le pouvoir symbolique de poser des questions directement).

D'ailleurs, je suis frappé de retrouver à propos de l'émission les mêmes critiques que l'on adressait au suffrage universel direct:

 - les gens sont "incapables": ils ne posent pas les bonnes questions, ils ne répondent pas au candidat, ils lisent leur papier, ils choisissent des sujets personnels et non l'intérêt général... Sous-entendu, les journalistes politiques, eux, savaient poser les questions pertinentes, pousser les politiques dans leur retranchement, c'étaient des experts de l'expression...

 - les gens ont été "formatés par TF1": PPDA connait les questions à l'avance (sous-entendu il a pu faire un filtre). On disait cela aussi en 1848 que les paysans à qui on donnait désormais le droit de vote seraient sous l'emprise des notables, et en 1946, au moment du vote des femmes qui seraient sous le pouvoir de leur mari ou du curé. C'est frappant.

 - l'émission peut basculer dans le populisme:  le candidat, pour ne pas déplaire, ne pas être agressif vis-à-vis des "gens" va caresser l'opinion publique dans le sens du poil. 
Si on mis tant d'années à élire le président de la République au suffrage universel direct, c'est aussi en partie à cause du traumatisme du coup d'Etat de 1851, de l'épisode populiste du Général Boulanger à la fin du XIXeme siècle.


 - l'expression médiatique est une expression artificielle, déviante:
"Alors, ils se diront les uns aux autres le grand secret de la politique démocratique. (...) Faire comprendre à celui qui dispose d'un bulletin de vote quelle est la relation qui lie cet acte du citoyen à toutes les fonctions de l'Etat. Et comme je ne connais pas d'autre droit que celui de la majorité, le paysan changera, sans révolution, sans violence"
Léon Gambetta, 1875.


C'est donc l'idée que, en donnant le droit de vote au peuple, on le déposséde aussi de ses moyens d'expressions antérieurs (les luttes révolutionnaires, les révoltes, les barricades...).
Aujourd'hui, ce serait: allez débattre à la télévision (ou regardez les émissions politiques) au lieu de faire grève...


                          gravure de Bosredon, 1848, le vote et le fusil

Cet argument a souvent été avancé par la gauche (on le trouve chez Friedrich Engels dans son introduction à la luttes des classes en France de Karl Marx : "la rébellion d'ancien style, le combat sur les barricades, qui, jusqu'en 1848 avait été partout décisif, était considérablement dépassé")

L'expression du peuple par le suffrage notamment a été utilisée pour calmer les colères qui montaient dans le pays au XIX...
Comment ne pas voir dans la multiplication des débats, dans la multiplication par les candidats à l'élection présidentielle des promesses d'Etats Généraux, de grandes conférences sur les salaires, les retraites, l'école etc... un moyen d'institutionnaliser les revendications et les conflits ?

J'avais déjà réalisé deux billets complémentaires à celui-ci concernant le secret de l'isoloir voir ici et la

Décidemment, cette campagne électorale m'intéresse, et vous ?
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Je ne regarde pas ces grands shows télévisuels, car j'ai l'impression de ne rien apprendre que je ne sache déjà. Quant au bon mot, il sera repris par la presse demain... Je trouve même ennuyeux que la campagne se déroule à la télé essentiellement... L'image a une forte influence sur les gens. Et l'on veut trop faire des shows à l'américaine, alors que la Constitution de 1958 ne s'y prête pas vraiment.... On veut en faire un régime présidentiel mais en cas de cohabitation ??? <br /> Et que pensez de ces grands médias et de ces journalistes : Pujadas qui fait du vélo avec Sarko, PPDA qui n'est pas réputé pour être communiste, B. Schoneberg marié à Borloo, et on dit même qu'il y a de l'eau dans le gaz entre C. Chazal et P. Torreton, ce comédien soutient activement Ségo, ce qui fait un peu désordre.. Alors liberté de la presse dans ces conditions ??<br /> On oublie surtout  les législatives, hélas placées après la présidentielle, alors que cela me semble plus important... <br /> Bah n'oublions pas que "Ségo" a aussi pas mal été attaquée sur son statut de femmes. Ce que l'on demande à un futur président, c'est d'engager le programme pour lequel il a été élu. Et puis, n'oublions pas que son rôle va dans le temps, une fois un gouvernement nommé, dédié à son domaine réservé = les affaires internationales, la défense, L'Europe. C'est du moins la tradition en France depuis 1958. Alors sera-t-il ou elle à la hauteur ? Saura-t-il ou elle impulser une nouvelle dynamique  pour l'Europe ?
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C
Encore faut-il qu'il y ait des échanges, des débats sur la politique étrangère... La grande absente de la campagne pour le moment...Je pense cependant que le rôle du président va changer, certes, il s'occupera de son domaine réservé, mais il sera également obligé d'être plus concerné par la politique intérieure (le poste de premier ministre va disparaître à terme).
C
La première réussite de la démocratie participative de S.R. (que je vois en vrai dans sa région ...) c\\\'est de mettre le citoyen face à la difficulté des choix et de leur mise en oeuvre ... Quand on a eu à débattre pour faire un choix dans un budget donné (pour les lycées par exemple), à faire valoir son avis tout en écoutant et respectant ceux des autres, qu\\\'on a touché du doigt la difficulté de chaque étape, on devient plus indulgent face à nos dirigeants mais aussi mieux armé et plus adroit pour négocier d\\\'autres demandes ...
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E
Bonsoir,<br />  <br /> <br /> Je reviens sur votre chute : "Comment ne pas voir dans la multiplication des débats, dans la multiplication par les candidats à l'élection présidentielle des promesses d'Etats Généraux, de grandes conférences sur les salaires, les retraites, l'école etc... un moyen d'institutionnaliser les revendications"...<br />  <br /> <br /> Mais c'est bien la démocratie représentative qui n'aime pas les revendications et les conflits. Dans ce type de régime, le moyen d'expression est uniquement le vote. Ce dernier est le biais par lequel les revendications, attentes, mécontentements mais espoirs aussi doivent légitimement et exclusivement s'exprimer. <br />  <br /> <br /> Les difficultés de mise en place et d'exercice de la démocratie sociale, les faibles pouvoirs impartis aux diverses structures de démocratie participative et de proximité l'attestent. Ces difficultés ne sont pas uniquement dues aux réticences des politiques. Elles s'ancrent dans les fondements de la démocratie voulue par Montesquieu, Rousseau et les autres. Quand la démocratie a été pensée, le mouvement social était assimilé à une foule colérique, irrationnelle, déstabilisatrice, facteur de chaos...<br />  <br /> <br /> Aujourd'hui on commence à intégrer que le vote est indispensable mais non suffisant. D'où l'émergence des jurys citoyens, des budgets participatifs, de la démocratie sociale... Bref, par ces Grenelle de je ne sais quoi, les états Généraux... on admet, par sous entendu, les limites de notre système démocratique actuel.<br />  <br /> <br /> La seule qui le reconnait c'est............. BIP .............. La ficelle est un peu grosse. J'arrête!<br />  <br /> <br /> Bonne continuation et amicalement<br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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C
Bonjour Elie (une vieille connaissance), globalement d'accord avec ton post. Je rajoute qu'effectivement, ce qui me paraît être un des maux de notre système politique, social, c'est que, nous avons confié les commandes à des experts de l'Etat -puissance publique-. Cela a pu donner de formidables réussites, mais on a eu tendance également à ne pas écouter: le citoyen, les partenaires sociaux, l'usager... au nom de l'intérêt général ! Ce qui est paradoxal !Aujourd'hui, il y a un retour de bâton: le citoyen veut être informé, se renseigne (plus aucun maire n'est tranquille !), les partenaires sociaux (on l'a vu avec la lamentable affaire du CPE, mais aussi avec le plan Juppé en 1995, et Aubry en 1998 avec les 35 heures) doivent être consultés sur toute modification du code du travail...  Quant aux usagers, il y a encore du boulot... Alors évidemment, c'est plus long, c'est plus fatiguant de négocier (d'où la volonté de passer en force et le retour à l'autoritarisme..)Les dangers de cette démocratie participative sont aussi connus: on fait de la communication, le dialogue ne débouche pas sur de réelles mesures concrètes ou alors il s'agit de mesures tellement consensuelles (il a fallu obtenir de gré ou de force un compromis) qu'elles ne débouchent que sur des généralités (consensus mou)...C'est aussi aux politiques de proposer des pistes de réponse et non pas des généralités que l'on retrouve maintenant dans tous les programmes.L'équilibre n'est pas évident...
N
Mouai ... :)
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W
je suis d'accord sur le fait que mettre en avant son image de femme pour gagner les élections peu géner mais je crois qu'essayer de se faire passer pour l'homme proche de tous le monde, le sauveur des petits travailleurs qui ont des mauaises conditions de travail,quand on est a droite tel que Sarkozy et tenter de "voler" des électeurs de gauche c'est pas franchement mieux!!! Chacun sa technique et ses talens de comédien....<br /> On se croirais vraiment dans une piece de théatre!
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C
Mais c'est une pièce de théâtre !Tous les candidats ont une histoire à nous raconter. La victoire sera à celui ou celle qui aura le mieux raconté l'histoire collective que nous sommes prêts à entendre...