Je vous propose un jeu pour essayer de comprendre la difficulté que l'on peut rencontrer lorsqu'il s'agit de se mettre d'accord sur les modalités d'organisation de la justice sociale. Qu'est-ce qui est juste ?
La commune comporte 5 100 habitants, 1 000 vont utiliser cet équipement:
- 20 agriculteurs (sur 300)
- 80 artisans, chefs d'entreprise (sur 400)
- 250 cadres et professions intellectuelles supérieures (sur 800)
- 300 professions intermédiaires (sur 1 000)
- 200 employés (sur 1 400)
- 150 ouvriers (sur 1 200)
Il existe, dans la réalité, plusieurs solutions possibles pour le financer selon que le poids est plutôt porté sur les usagers ( ceux qui utilisent ce service) et / ou sur les contribuables (ceux qui, en payant l’impôt, financent l’équipement)
Voici un résumé qui récapitule les différentes solutions possibles :
- la commune décide de donner la charge du terrain à une entreprise privée: c'est donc le client qui paie l'intégralité du coût plus la marge de l'entreprise (dont l'objectif est de réaliser un bénéfice): prix de l'heure de tennis: 10 euros (coût 7 euros + 3 euros de bénéfice)
- la commune décide de tout gérer, le financement repose totalement sur le contribuable. L'heure de tennis est gratuite, chaque contribuable voit ses impôts locaux augmenter de 7 euros (coût de l'heure de tennis)
- la commune décide de tout gérer, mais c'est l'usager (celui qui pratique ce sport) qui supporte le coût. L'heure de tennis est alors facturée 7 euros, le contribuable ne paye rien.
- la commune décide de tout gérer, elle partage le coût entre l'usager et le contribuable. Ainsi, le tarif de l'heure de tennis est de 3.5 euros. L'usager paye donc 3.5 euros, et le contribuable voit ses impôts augmenter de 3.5 euros.
- la commune délègue la gestion à une entreprise privée tout en subventionnant: le contribuable va voir ses impôts augmenter de 3 euros, l'heure de tennis est facturée 4 euros à l'usager, l'entreprise va faire une marge de trois euros.
Quelle est, selon vous, la solution de financement la plus juste ?
L'actualité de ces derniers jours illustre d'autres applications concrètes de ce dilemme: quelques communes ont annoncé la gratuité de la cantine.
Libération du 5 janvier 2007: